ʚ

epsilon fermé, ö volapük, oe volapük
Image illustrative de l’article ʚ
Graphies
Capitale
Bas de casse ꞝ, ʚ
Utilisation
Alphabets alphabet phonétique international (anciennement)
Phonèmes principaux [ɞ], [œ]

(minuscule : ), appelée ö volapük ou oe volapük, et la lettre ʚ, appelée epsilon fermé, sont une lettre additionnelle de l’alphabet latin qui a été utilisée dans quelques ouvrages volapüks et, avec la même valeur, pendant quelques années, dans l’alphabet phonétique international et dans certaines transcriptions phonétiques.

Utilisations[modifier | modifier le code]

Alphabet phonotypique[modifier | modifier le code]

L’epsilon fermé a été utilisé dans l’alphabet d’Andrew Comstock publié en 1846[1], un alphabet dérivé de l’alphabet phonotypique d’Isaac Pitman. Dans cet alphabet, la lettre ‹ Ꞝ ꞝ › est décrite comme une nouvelle lettre, formée de l’epsilon Ɛ, pour représenter la combinaison des sons du e de end et du u de up, tel que dans les mots air, there, hare[2], c’est-à-dire la diphthongue [ɛə].

Alphabet de Comstock de 1855 avec la lettre ꞝ.
« Alphabet phonétique américain » de Cincinnati, basé sur l’alphabet phonotypique, dans The Phonetic Educator, 1883.

Volapük[modifier | modifier le code]

Cette lettre est utilisée par Johann Martin Schleyer dans les années 1880, avec les lettres ae ‹ Ꞛ ꞛ › et ue ‹ Ꞟ ꞟ › pour l’écriture du volapük. Initialement, Schleyer utilise le point suscrit de son Weltalfabet[3],[4] pour indiquer l’umlaut avant d’adopter ces lettres ; alternativement, le tréma est utilisé sur les voyelles comme en allemand. Schleyer l’utilise déjà en 1883, notamment dans la revue Weltsprachblatt (Volapükabled) et dans sa grammaire volapük, Grammatik der Universalsprache[5]. Ces trois lettres sont définitivement remplacées par les lettres avec tréma ‹ Ä ä, Ö ö, Ü ü ›, utilisé comme alternative jusque-là, lors du congrès volapük de Munich du [6],[7].

Alphabets phonétiques allemands[modifier | modifier le code]

Les lettres , , citées comme anciennes lettres de l’orthographe allemande utilisée dans le journal Reform dans un article de 1893.

Le journal allemand Reform de la Verein für vereinfachte deutsche Rechtschreibung [Association pour l’orthographe allemande simplifiée], dirigée par Friedrich Wilhelm Fricke, utilise brièvement les lettres , , dans l’orthographe qu’il promeut. Après une proposition d’August Diederichs de 1881[8],[9], celles-ci remplacent les lettres ‹ ä, ö, ü ›, initialement avec la forme de lettres barrées ‹ a, ɵ, ʉ › dans l’orthographe de Fricke, pour ensuite prendre une encoche à gauche dans l’écriture manuscrite cursive[10] et prendre leurs formes finales dans les caractères romains ; avant que celles-ci ne soient définitevement abandonnées[11],[12] après quelques années.

La Zentralverein für vereinfachte deutsche Rechtschreibung (Association centrale pour l’orthographe allemande simplifiée), fondée en 1879, basée à Vienne et dirigée par Johann Max Schreiber, adopte aussi les lettres ꞛ, ꞝ, ꞟ dans son orthographe phonétique. Celles-ci représentent des voyelles longues[13].

Test de l’orthographe de Schreiber dans Zeitschrift für Orthographie en 1881.

Alphabet phonétique international[modifier | modifier le code]

Symboles proposés par Kewitsch dans Zeitschrift für Orthographie en 1881.

En 1881 dans l’article Internationale Alphabet[14] publié dans le Zeitschrift für Orthographie (journal dirigé par Wilhelm Viëtor), Kewitsch propose ‹ ꞝ › comme une lettre composée de ɛ et o pour remplacer le ‹ ä › allemand, qu’il considère plus adéquat que la lettre composée de e et o proposée par Johann Friedrich Kräuter dans en 1877.

Publicité de l’éditeur D. Soltau avec l’epsilon fermé, parue dans le Maître phonétique de juillet-aout 1897.
Article du Maître phonétique de 1900 proposant les symboles de Viëtor ʚ et ɵ.

L’epsilon fermé ‹ ʚ › et le o barré ‹ ɵ › ont été utilisés par certains linguistes allemands, dont Wilhelm Viëtor en 1899[15], comme alternative aux symboles de l’alphabet phonétique international, respectivement, e dans l’o ‹ œ › pour une voyelle mi-ouverte antérieure arrondie [œ] et o barré diagonalement ‹ ø › pour une voyelle mi-fermée antérieure arrondie [ø]. Les deux symboles sont proposés pour l’API par W. Tilley[16] en avril-mai 1900 et de nouveau par Kewitsch en juillet 1900[17]. Ils sont reconnus comme symboles alternatifs déjà établis par l’Association phonétique internationale en 1904[18] ainsi qu’en 1909[19] et sont utilisés durant plusieurs années au début du XXe siècle. Ils figurent notamment dans L’écriture phonétique internationale : exposé populaire publié par l’Association phonétique internationale en 1921, mais avec des valeurs centrales au lieu de [œ] et [ø], c’est-à-dire les voyelles aujourd’hui transcritent [ɞ] et [ɵ].

L’epsilon fermé ‹ ʚ › est utilisé pour représenter une voyelle mi-ouverte antérieure arrondie [œ] dans le Handbook of the linguistic geography of New England publié en 1939[20].

En 1993, l’Association phonétique internationale adopte le symbole epsilon réfléchi fermé ‹ ɞ › pour représenter une voyelle mi-ouverte centrale arrondie[21], mais celui-ci est imprimé non réfléchi ‹ ʚ › dans le journal et dans le tableau API de 1993. En 1995, la forme du symbole est corrigée[22] et est réfléchi dans le tableau API de 1996.

Représentations informatiques[modifier | modifier le code]

Cette lettre peut être représentée avec les caractères Unicode (Alphabet phonétique international, Latin étendu D) suivants :

formes représentations chaînes
de caractères
points de code descriptions notes
minuscule ʚ ʚU+029A U+029A lettre minuscule latine epsilon fermé codé pour l’Alphabet phonétique international
majuscule U+A79C U+A79C lettre majuscule latine ö volapük codé pour le volapük
minuscule U+A79D U+A79D lettre minuscule latine ö volapük codé pour le volapük

Références[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (vo) « Notèds », Volapükabled lezenodik, no 191,‎ , p. 801-802 (lire en ligne)
  • (en) « Irish comments on ISO/IEC PDAM 2 10646:2012 », dans Summary of Voting on SC 2 N 4228, ISO/IEC 10646: 2012/PDAM 2, Information technology -- Universal Coded Character Set (UCS) -- AMENDMENT 2: Caucasian Albanian, Psalter Pahlavi, Old Hungarian, Mahajani, Grantha, Modi, Pahawh Hmong, Mende, and other characters (no L2/12-275, N4233), (lire en ligne)
  • Association phonétique internationale, L’écriture phonétique internationale : exposé populaire publié, (lire en ligne)
  • (de) E. Colas, « Zeitschriften. Reform. Zeitšrift des algemeinen fereins für fereinfaɦte deutše reɦtšreibung. Herausg. fon Dr. F. V. Frikke in Visbaden. (Bremen, j. Kühtmann’s ferläg.) 1881. Nr. 5. », Zeitschrift für Orthographie, no 10,‎ (217 sur Google Livres)
  • (en) Andrew Comstock, « Comstock’s Phonetic Alphabet, graphic and typic », Comstock’s Phonetic Magazine, vol. 1, no 1,‎ , p. 2 (lire en ligne)
  • (en) Andrew Comstock, A Treatise of Phonology, Philadelphie, E. H. Butler & Co., , 2e éd. (lire en ligne)
  • (de) August Diederichs, Unsere Selbst-und Schmelzlaute (auch die englischen) in neuem Lichte, Straßburg, Karl J. Trübner, (lire en ligne)
  • (en) John H. Esling, « News of the IPA », Journal of the International Phonetic Association, vol. 25, no 1,‎ , p. 48 (DOI 10.1017/S0025100300000207)
  • (en) Michael Everson, Alois Dicklberger, Karl Pentzlin et Eveline Wandl-Vogt, Revised proposal to encode “Teuthonista” phonetic characters in the UCS N4081, L2/11-202, (lire en ligne)
  • (de) Friedrich Wilhelm Fricke, Abriss der vereinfachten Volksorthographie, Wiesbaden, , 2e éd. (1re éd. 1884) (lire en ligne)
  • (de) H. G. Holle et Edward Lohmeyer, « Šprāɦliɦes unt fereinsangelegenheiten: Noɦmāls grafologi unt šule », Reform: Zeitschrift des allgemeinen Vereins für vereinfachte Rechtschreibung und des Vereins für Lateinschrift, vol. 17, no 3,‎ , p. 46-50 (lire en ligne)
  • (en) International Phonetic Association, « Council actions on revisions of the IPA », Journal of the International Phonetic Association, vol. 23, no 1,‎ , p. 32-34 (DOI 10.1017/S002510030000476X)
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  • (en) Hans Kurath (dir.), Marcus L. Hansen, Julia Bloch et Bernard Bloch, Handbook of the linguistic geography of New England, (lire en ligne)
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  • Paul Passy, « desiːzjɔ̃ dy kɔ̃ːsɛːj », lə mɛːtrə fɔnetik [Le Maître Phonétique], vol. 19, no 4,‎ , p. 63‒65 (JSTOR 44700564)
  • Paul Passy, « desiːzjɔ̃ dy kɔ̃ːsɛːj », lə mɛːtrə fɔnetik [Le Maître Phonétique], vol. 24, no 5‒6,‎ , p. 74‒76 (JSTOR 44700643)
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  • (de) Johann Martin Schleyer, « Ein Weltalfabet », Sionsharfe, Monatsblätter für katholische Poesi, Sigmaringen, no 21,‎ , p. 186‒188 (lire en ligne)
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  • (de) Johann Martin Schleyer, Grammatik der Universalsprache für alle gebildete Erdbewoner nebst kurzem Wörterbuche, Überlingen, , 4e éd. (lire en ligne)
  • (de) Johann Martin Schleyer, Wéltspràche : mittlere Grammátik der Universalsprache Volapük, Schleyer’s Weltspràche-Zentràlbüro, , 8e éd. (lire en ligne)
  • (de) Johann Max Schreiber, « Proben deutscher Reform-Orthographieen : 8. Zentralverein für vereinfachte Rechtschreibung in Wien, gegründet 1879 », Zeitschrift für Orthographie, Orthoepie und Sprachphysiologie, vol. 2, no 2,‎ , p. 38 (lire en ligne)
  • (de) Johann Max Schreiber, Schrift und Sprache : Regelung der deutschen Orthographie, Wien,
  • (de) Sigmund Spielmann, Volapük-Almanach für 1888, Leipzig, Eduard Heinrich Mayer, (lire en ligne)
  • (en + fr) W. Tilley, prɔpoːzisjɔ̃ tipografik, vol. 15, , 45 p., chap. 4-5
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  • (de) Wilhelm Viëtor, Deutsches Lesebuch in Lautschrift (zugleich in der amtlichen Schreibung), vol. 2, Leipzig, B.G. Teubner, (lire en ligne)
  • (de) Wilhelm Viëtor, Deutsches Lesebuch in Lautschrift (zugleich in der amtlichen Schreibung), vol. 1, Leipzig, B.G. Teubner, , 3e éd. (lire en ligne)
  • (de) Wilhelm Viëtor, Deutsches Lesebuch in Lautschrift (zugleich in der amtlichen Schreibung), vol. 2, Leipzig, B.G. Teubner, (lire en ligne)
  • (de) Wilhelm Viëtor et Ernst A. Meyer, Deutsches Aussprachewörterbuch, O. R. Resiland, (lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]