Émile Bernard (peintre)

Émile Bernard
Émile Bernard, Autoportrait au vase de fleurs (1897),
Rijksmuseum Amsterdam.
Naissance
Décès
Sépulture
Période d'activité
Nom de naissance
Émile Henri Bernard
Nationalité
Activité
Formation
Maître
Représenté par
Lieux de travail
Mouvement
Mécène
Influencé par
A influencé
Fratrie
Madeleine Bernard (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Andrée Fort (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Distinction
Archives conservées par
Archives départementales des Yvelines (166J, Ms 672-689 et al, 77 pièces, -)[1]Voir et modifier les données sur Wikidata
Œuvres principales

Émile Bernard, né le à Lille et mort le à Paris, est un peintre, graveur et écrivain français.

Artiste postimpressionniste, il est associé à l'école de Pont-Aven. Il a fréquenté Vincent van Gogh, Paul Gauguin, Eugène Boch et plus tard Paul Cézanne.

Ses œuvres les plus radicales ont été réalisées durant sa jeunesse, dans les années 1887-1892 où il participe aux innovations stylistiques de la fin du XIXe siècle : il inaugure le cloisonnisme avec Louis Anquetin et Paul Gauguin. Ses recherches de simplification de la forme le conduisent vers le synthétisme, puis le symbolisme. Il part habiter en Égypte en 1893 où il vit jusqu'en 1904. À partir de 1893, il évolue progressivement vers un retour au classicisme inspiré par les maîtres anciens, comme les primitifs italiens ou plus tard les peintres vénitiens, mais aussi Raphaël, Nicolas Poussin ou Diego Vélasquez.

Son travail littéraire est moins connu, il a écrit de la poésie sous le pseudonyme de Jean Dorsal, plusieurs romans, une pièce de théâtre et également de la critique d'art.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance[modifier | modifier le code]

Émile Henri Bernard naît à Lille le [2]. Il est le fils d'Émile Ernest Bernard, marchand d'étoffes, et d'Héloïse, née Bodin. Sa grand-mère maternelle, Sophie Bodin-Lallement, dirige une blanchisserie. En 1870, la famille fuit à cause de la guerre et s'installe près de Rouen. Sa sœur Madeleine Sophie Héloïse Bernard naît le . La famille déménage à Paris en 1878, où son père dirige la branche parisienne d'une compagnie textile. Le jeune Émile prend des cours de dessin à l’école des Arts décoratifs. En 1881, il entre au collège de Sainte-Barbe à Fontenay-aux-Roses, où il étudie durant trois ans.

En 1884, par l'intermédiaire du peintre russe, Michail de Wylie (1838-1910), un ami de la famille, il entre à 16 ans dans l'atelier de peinture de Fernand Cormon, où il se lie notamment avec Louis Anquetin et Henri de Toulouse-Lautrec. Les deux peintres l'emmènent au musée du Louvre mais aussi dans les cabarets de Montmartre.

L'École de Pont-Aven[modifier | modifier le code]

Toulouse-Lautrec, Portrait d'Émile Bernard (1886), Londres, National Gallery.

Exclu de l'atelier Cormon en 1886 pour manque de discipline, il quitte Paris pour un voyage à pied en Normandie et en Bretagne. À Concarneau, il rencontre le peintre Émile Schuffenecker qui lui donne une lettre d’introduction à l’attention de Paul Gauguin. Bernard se rend à Pont-Aven, mais il a peu de contacts avec Gauguin.

Pendant l’hiver 1886-1887, il rencontre Vincent van Gogh à Paris. Il traverse alors une période pointilliste. Au printemps 1887, il visite à nouveau la Normandie et la Bretagne, et décore sa chambre à l'auberge de Mme Lemasson à Saint-Briac, où il passe deux mois avant de se rendre à Pont-Aven. Gauguin et Charles Laval sont alors en Martinique. Émile Bernard abandonne le pointillisme pour le cloisonnisme, élaboré avec Louis Anquetin.

En a lieu la véritable rencontre avec Gauguin. Bernard est à Pont-Aven avec sa sœur Madeleine, de trois ans sa cadette. Gauguin et Bernard sont alors à un moment charnière de leurs évolutions artistiques respectives, ils se dirigent tous deux vers la synthèse conceptuelle et la synthèse formelle d'où naît le symbolisme de Pont-Aven : le synthétisme se traduit par une suppression de tout ce qui n'est pas mémorisé après la visualisation, les formes sont simples et la gamme de couleur est restreinte. En 1887, il note à l'arrière de sa toile Pot de grès aux pommes : « Premier essai de synthétisme et de simplification »[3].

En , a lieu une exposition des peintres du groupe de Pont-Aven, chez Volpini en marge de l'exposition universelle de Paris, où Émile Bernard présente 25 œuvres, dont deux sous le pseudonyme de « Ludovic Nemo »[4].

Fin 1889, il perd le soutien financier de sa famille et s'installe chez sa grand-mère, à Lille, où il trouve un emploi de dessinateur chez un fabricant de textile de Roubaix.

De retour à Paris en , il assiste aux obsèques de Vincent van Gogh, avec Théo van Gogh, Paul Gachet, le père Tanguy, Charles Laval, Lucien Pissarro, Marie Auguste Lauzet et d'autres proches.

En , Bernard se brouille avec Gauguin. La rupture sera définitive, Émile Bernard accuse Gauguin de s'attribuer tous les mérites des inventions du groupe de Pont-Aven. Il participe aux salons de la Rose-Croix qu'Antoine de La Rochefoucauld, son mécène, organise et finance. Il participe également à la 1re et 2e expositions des Peintres impressionnistes et symbolistes chez Le Barc de Boutteville (1891-1892).

Les autoportraits[modifier | modifier le code]

La maîtrise du portrait de Bernard s’exprime et se concentre dans les autoportraits. On en connaît une quarantaine déclinés durant plus de cinquante ans, qui témoignent d’abord bien sûr de la perception qu’avait le peintre de sa propre personne, ensuite de son évolution stylistique puisqu’ils couvrent ses trois principales périodes.

Autoportrait, 1890, musée des Beaux-Arts de Brest.

De 1886 à 1941, Bernard peint son autoportrait au moins une fois par an. Le premier autoportrait de Bernard connu est l’autoportrait avec portrait de Gauguin daté de 1888. C’est Vincent van Gogh qui avait demandé à ses amis Gauguin et Bernard de se peindre mutuellement, ce qui leur a posé problème. Ils ont trouvé le compromis de réaliser chacun un autoportrait devant un portrait de l’autre, ce qui illustre bien une certaine rivalité.

En pleine expérimentation du cloisonnisme, Bernard s’est représenté avec un chapeau, le regard intense, le visage fermé devant un portrait de Gauguin accroché à un mur bleu. Cet autoportrait pourrait s’inscrire dans la période bleue de Picasso, sur lequel l'influence de Bernard est manifeste, en particulier sur la période bleue. Signé Émile Bernard et dédicacé « à son copaing Vincent », il est aujourd’hui conservé au musée Van-Gogh d’Amsterdam, où il est exposé avec son pendant l’autoportrait de Gauguin avec portrait de Bernard. L’expression de Gauguin n’est pas très différente de celle de Bernard, son visage est peut-être encore plus fermé. Ils portent tous les deux bouc et moustache. Un portrait de Bernard de profil et tenant une palette à la main est accroché sur un mur jaune. Une couleur complémentaire du bleu utilisé par Bernard. La toile est légendée Les misérables et dédicacée « à l’ami Vincent ». Dans une lettre à Van Gogh, Gauguin explique qu’il s’est peint en bandit, en Jean Valjean. Bernard a offert les deux toiles à Vincent van Gogh qui les aimait beaucoup.

Le plus connu des autoportraits de Bernard est probablement celui de 1890 conservé au musée des Beaux-Arts de Brest. Le peintre est alors âgé de 22 ans et en pleine période synthétiste. Le visage est déterminé, le regard intense et pénétrant. Il s’est peint dans son atelier, devant Baigneuses à la vache rouge. Il existe un autre autoportrait devant ce même tableau, l’autoportrait aux nus qui est passé en vente chez Christie's en 2019. Il a été préempté par l’État français pour 778 000 euros et a depuis rejoint les cimaises du musée d’Orsay. Ces deux toiles ont été réalisées à Pont-Aven.

L’Autoportrait symbolique, dit aussi Vision, daté de 1891 est conservé au musée d’Orsay. La toile est brutale, l’esthétisme n’y prime pas sur l’idée. Le peintre s’y représente soucieux au premier plan tandis qu’au fond il a représenté ce qui occupe ses pensées : un couple nu enlacé entouré d’une dizaine de femmes nues traitées dans une tonalité de roses. Les corps sont très stylisés et annoncent déjà plus que la période rose de Picasso, le traitement fait déjà penser aux fameuses demoiselles d’Avignon. Au-dessus de cette masse de corps flotte une grosse tête, un peu comme flotterait un ballon gonflé d’hélium dans une fête foraine. Des cheveux longs flottent autour de cette tête couronnée d’épines, qui ne ressemble en rien aux représentations convenues du christ chrétien.

L’Autoportrait au turban jaune est quant à lui conservé au musée des Beaux-Arts de Quimper. Le peintre a troqué son chapeau pour un turban de calife sur cette toile de la première période égyptienne datée de 1894. Le bouc est devenu une vraie barbe et il s’est représenté en compagnie de sa jeune épouse Hanenah, égyptienne de famille chrétienne qui semble être en prière sur cette composition, les yeux clos. En 1894, Bernard n’en a pas encore terminé avec les couleurs vives.

En 1897, Bernard est à Séville, il y réalise au moins trois autoportraits très semblables : le célèbre Autoportrait au vase de fleurs, dédicacé « à nos amis de Hollande » et conservé au Rijksmuseum d’Amsterdam, où il se représente de trois quarts dans un intérieur à dominante bleue. L’œil est perçant, les sourcils hauts, le visage presque sculpté.

Il reprend cette pose à l’identique dans une toile où il porte une robe de dure et peint debout devant un crucifix. Enfin un troisième autoportrait daté 1897 représente le peintre de face, toujours dans ce ton bleu qui va si fortement marquer le jeune Picasso lorsqu’il découvrira ces toiles de la période espagnole en 1901 à l’exposition chez Ambroise Vollard. Cette toile est conservée à Roubaix au musée de La Piscine, où est désormais regroupé un ensemble de travaux du peintre, dont le catalogue a été publié en 2014.

L’autoportrait conservé au musée des Beaux-Arts de Laval le représente âgé de 34 ans. Peint en 1902, le peintre a trouvé son style propre, tout en rouges sombres et en bruns, et en coups de pinceaux nerveux. Sur cette toile on assiste aussi à une réelle transformation physique : les cheveux et la barbe sont longs et en bataille, le sourcil est toujours haut mais c’est la première fois où Bernard se représente fatigué.

Vers 1908 il réalise la famille à Tonnerre, un de ses compositions les plus déroutantes : au centre du tableau sa compagne Andrée Fort, imposante, énorme, le dos nus, entourée de leurs six jeunes enfants. Lui reste en retrait à droite de la scène, perdu dans la contemplation de la mère de ses enfants.

En 1912, Bernard vient de s’installer dans un hôtel particulier de l’île Saint-Louis sur la porte duquel il a écrit « Émile Bernard, élève du Titien ». Il se représente une palette à la main, un pinceau dans l’autre, l’air plus lointain que jamais, mais peut-être un peu moins farouche que dans sa jeunesse. Le regard s’est adouci mais n’exprime nulle joie. Pourtant toute la lumière est concentrée sur le visage.

En 1933, il se représente encore jeune sur une des fresques de l’église Saint-Malo à Saint-Malo-de-Phily[5]. Une lumière qui s’atténuera dans les années suivantes, les toiles deviennent plus sombres à mesure que les cheveux grisonnent et que la barbe blanchi.

L'orientalisme et l'Égypte[modifier | modifier le code]

En 1893, Antoine de La Rochefoucauld l'aide financièrement à partir en Égypte. Bernard y séjourne dix ans, s'y marie et y produit des tableaux d'inspiration orientaliste.

Mars 1893. Bernard est à Pise puis Gènes, d’où il écrit ses enthousiasmes à ses chers parents : « La tour penchée, le campanile, le Baptistère, le dôme, voilà des merveilles. Dans le dôme fulmine une splendide mosaïque byzantine, un christ géant. À Gènes, ville maritime, port suant d’exotiques richesses, des palais peints à fresque, d’un or lointain, trouent l’azur, ô féérie ! À Genova (Gènes) Saint Laurens mosquée christianisée est d’un marbre splendidement ouvré, l’arabesque y enrichit de ses entrelacs la logique occidentale ».

De l’Italie, Bernard continue jusqu’à Samos où il peint des fresques, Constantinople, Jérusalem et finalement l’Égypte, Alexandrie d’abord où il peint Le Repos des danseuses, Tantah où il peint de grandes fresques illustrant la vie de Saint-Louis, et enfin Le Caire.

Charles Laval épouse Madeleine, la jeune sœur de Bernard. Ils sont tous deux tuberculeux, et lui est sujet à des crises de démence. Très mystique et catholique pratiquant, il choisit de revenir à la peinture traditionnelle avant de mourir en 1894 à Paris. Madeleine qui part retrouver son frère en Égypte ne lui survivra pas longtemps.

Bernard reste dix ans en Égypte, s’y marie le avec une jeune fille de 15 ans appartenant à la communauté syriaque orthodoxe. Sa mère vient de mourir et son père est malade. Elle lui donnera cinq enfants, dont deux seulement vivront. Pour subvenir aux besoins de ce foyer, sa correspondance avec sa famille révèle qu’il demande à sa mère de vendre le stock de tableaux de Gauguin qui sont en sa possession, puis quelques-unes des trente toiles de Van Gogh qu’il détient. Il peint et écrit beaucoup, surtout de la poésie. Il continue de contribuer au Mercure de France. Sa sœur Madeleine qui vient le retrouver au Caire y succombe de la tuberculose en 1895. L’année suivante, le jeune couple vend tout pour partir en Espagne où il connaîtra une misère noire. Le , par un froid glacial, Bernard manque même de mourir asphyxié par la fumée d’un vieux poêle.

Bernard est vraiment un artiste à tiroirs. Ainsi au cours de ce qu’il est convenu d’appeler sa période d’Égypte, on trouve une période espagnole et une période italienne. En , le jeune couple est de retour au Caire. Bernard se lie avec mademoiselle Coste, une femme qui l’aide à trouver des travaux et un logement plus grand. Le portrait qu’il peint d’elle est exemplaire de la variété de ses talents de portraitiste.

Bernard revient à Paris en 1901 pour exposer chez Vollard. C’est lors de ce séjour parisien qu’il rencontre Andrée Fort, sœur du poète Paul Fort. Elle repartira avec lui en Égypte et y sera quelques années sa deuxième concubine, quelques années de ménage à trois entrecoupées de séjours à Venise avant de revenir pour de bon en France où il finira par l’épouser religieusement en , après le décès d’Hanenah. Elle restera sa femme et la mère de nombreux enfants, ce qui ne l’empêchera pas le peintre d’entretenir de nombreuses autres relations féminines.

Gauguin meurt en 1903. Cette même année, Bernard passe huit mois à Venise en compagnie d’Andrée Fort. Huit mois de passion et de peinture dans la cité des doges. Il peint de très grandes compositions dont une des plus fameuses est Sur un pont à Venise, où un groupe de femmes et d’enfants est figuré grandeur nature devant un arrière-plan quasi monochrome d’un bleu argenté. Le retour en Égypte ne doit pas très bien se passer puisqu’en , il quitte définitivement l’Égypte pour rentrer s’installer en France, abandonnant son épouse Hanenah au Caire. Son séjour en Égypte aura duré onze années.

Paul Cézanne et le retour en France[modifier | modifier le code]

Bernard est de retour en France en . Il se rend tout de suite à Aix-en-Provence où il passe un mois en compagnie de Paul Cézanne, qu’il photographie dans son atelier. Il publie des entretiens réalisés avec Cézanne dans la revue L'Occident, et contribue ainsi grandement à sa reconnaissance, après avoir contribué à faire connaître Van Gogh.

Ce n’est pas un hasard qu’à son retour en France il aille tout de suite trouver Paul Cézanne. Celui-ci est probablement l’artiste qui avait le plus influencé sa première période, à l’époque du cloisonnisme, alors que le père Tanguy était le seul à exposer ses œuvres. L’influence des baigneuses de Cézanne est évidente sur celles du jeune Bernard, comme les fameuses Baigneuses à la vache rouge. En allant le voir, Bernard voulait en avoir le cœur net.

En hiver 1904, il parcourt l’Allemagne avec son ami le peintre Ignacio Zuloaga, puis l’Italie.

Le retour au classicisme[modifier | modifier le code]

Après le bain ou Les Nymphes (1908), palais des Beaux-Arts de Lille.

De retour à Paris en 1904, Émile Bernard se dirige vers « un retour à l’art de tradition, à la grande peinture, à l’art classique » qui l'éloigne des expérimentations avant-gardistes de ses débuts[6]. En 1905, il s’installe à Tonnerre et fonde une revue, La Rénovation esthétique, qui paraîtra jusqu’en 1910, et dans laquelle il publie notamment le futuriste italien Marinetti. Il s’agit d’un mensuel dans lequel Bernard mène une véritable campagne traditionaliste, en multipliant les pseudonymes : il rédige lui-même la plupart des articles. On retrouve Armand Point et Paul Fort au sommaire.

Entre 1905 et 1907, trois enfants naissent de sa relation avec Andrée Fort : Milandre en 1905, Michel-Ange en 1906 et Émilienne en 1907. Mais Bernard passe plus souvent son temps à Montmartre où il s’occupe de sa revue qu’en Bourgogne.

En 1909, Bernard expose à Prague.

L'île Saint-Louis[modifier | modifier le code]

Son père meurt en 1911. L’héritage lui permet de s’installer sur l’île Saint-Louis au 15, quai de Bourbon, dans un appartement qui fut quelques siècles plus tôt l’atelier de Philippe de Champaigne, premier peintre de Catherine de Médicis qui représenta onze fois le cardinal de Richelieu en grand costume et membre fondateur de l’Académie Royale de Peinture et de Sculpture en 1648, académie où il prononce le une conférence sur un tableau du Titien représentant la Vierge, l’Enfant Jésus et saint Jean Baptiste. Et Bernard écrit sur la porte de son atelier : « Émile Bernard, élève du Titien ». Peintre austère et acharné au travail, Philippe de Champaigne reste connu pour son bleu argenté et la qualité de ses compositions. Bernard ne quittera plus cet atelier jusqu’à la fin de ses jours, un lieu certainement privilégié pour dialoguer en esprits avec les grands artistes de la tradition.

La sultane arménienne[modifier | modifier le code]

Portrait d'Armène Ohanian, 1913, localisation inconnue.

Dans ses Mémoires, Émile Bernard écrit qu'il fit la connaissance d'Armène Ohanian au cours du Banquet des Orientalistes en 1912. Une liaison s'ébaucha bientôt entre eux. L'Orient est le point commun entre le peintre et la danseuse. Armène lui rappelait tout ce qui l'avait frappé dans ces pays lointains : la lumière, la chaleur, la sensualité, la langueur, la musique. De son côté, la danseuse avait estimé, en Émile Bernard, l'homme qui avait connu et compris l'Orient. Elle avait, en outre, l'élégance, le don des langues, la connaissance du monde. Retournée aux chants et aux danses de son pays, apte aux expressions les plus diverses, elle fut tour à tour pour le peintre : la Sultane évoquant les charmes de l'Orient, Ève après le péché, Salomé aux désirs impérieux, une madone transpercée de douleurs. C'est ainsi, nous dit Émile Bernard, qu'il la représenta plus de 25 fois entre 1913 et 1915.

Graveur sur bois[modifier | modifier le code]

Émile Bernard a commencé à graver le bois, le cuivre et le zinc dès la période de Pont-Aven en 1886. En Égypte, il a sculpté un certain nombre de bas-reliefs en bois, et à continué à produire des bois gravés modernes dont il illustrait ses publications. Associé à l'éditeur Ambroise Vollard à partir de 1915, ils produiront ensemble cinq ouvrages de luxe destinés aux bibliophiles, pour l'illustration desquels le peintre était très bien payé. À partir de 1915, Émile Bernard vit donc davantage de son activité de graveur que de ses peintures.

Avec Vollard, il illustre Les Amours de Ronsard (1915), Les Fleurs du mal de Baudelaire, les œuvres de François Villon (1918), Les Petites fleurs de saint François d'Assise (1928) et l'Odyssée d'Homère (1930).

Vollard présente Bernard à Louis Barthou qui lui commande l'illustration du poème de Victor Hugo, La Fin de Satan. L'ouvrage illustré de 50 eaux-fortes` de Bernard paraît aux éditions Le Livre contemporain à l'occasion du cinquantenaire de la disparition du poète, en 1935.

Il illustre également les chansons de Paul Fort de cent bois gravés en 1922 (Paris, Édouard Pelletan Helleu et Sergent éditeurs, 1922).

Le Cantique des Cantiques de Salomon, illustré de bois gravés, de Bernard paraît à titre posthume en 1946 chez Grasset.

Émile Bernard aura réalisé plus de 2 000 bois gravés durant sa longue carrière. Il en a coloré à la main un grand nombre, que ce soit à l'encre, à l'aquarelle ou à la sépia.

1914-1918 où la divine épopée[modifier | modifier le code]

Couverture pour Le Juif errant, 1928, bois gravé.

C’est durant la Première Guerre mondiale que Bernard s’attaque à la rédaction de son œuvre poétique la plus ambitieuse, La divine épopée, comprenant trois volumes, Adam ou l'homme, Le Juif errant et Christophe Colomb. Paul Jamot à qui Bernard avait dès 1918 envoyé un résumé de son Juif errant après l'avoir lu avec intérêt et admiration écrit : « pas de doute : l'idée est magnifique. C’est toute l'histoire religieuse et même philosophique ou morale de l'humanité dans des tableaux qui se prêtent tour à tour à la plastique et au lyrisme. »

Le Juif errant, 1928, bois gravé.

Adam ou l'homme, poème en trois chants, est édité par Venezia La Bella à Paris en avec un tirage confidentiel. Il n'a jamais été réédité depuis lors. Le Juif errant, poème en vingt chants composé, illustré et gravé par Émile Bernard fut écrit pendant la guerre 1914-1918 et achevé d'imprimer par les soins de son fils Michel-Ange à Tonnerre en 1928, à un tirage de 250 exemplaires. Grand voyageur rarement en France, Émile Bernard ne dessina les bois destinés à illustrer son texte qu'au cours d’un de ses voyages en Italie, à Venise. Ceux-ci ne furent commencés d'être gravés que plusieurs années après. Ce fut à la suite d'un voyage officiel à Pont-Aven où Émile Bernard était allé présider à l’inauguration de la plaque de la célèbre école qu'il termina les quelques bois qu’il lui restait à graver. À peine avait-il achevé ce travail qu'il mourait à Paris dans son atelier au quai de Bourbon, en . Son fils Michel-Ange Bernard mettra sous presse les 21 plaques de bois après son décès et insérera les images dans les exemplaires du livre imprimé en 1928, qui ne sera proposé à la souscription qu'en 1945. Le livre n'a jamais été réédité. Les 21 bois gravés sont consultables et téléchargeables sur le site du musée Van Gogh d'Amsterdam, qui en possède une suite.

Le dernier tome de la trilogie, Christophe Colomb, n'a jamais été publié.

Le portraitiste[modifier | modifier le code]

Portrait d'Ambroise Vollard, 1916, Saint-Denis, musée Léon-Dierx.

Émile Bernard reste fidèle à ses amis de toujours, dont le plus proche d'entre eux, Louis Anquetin, pour lequel il réalise un portrait en 1932, quelque temps avant sa mort et qu'il lui dédicace : « À Louis Anquetin en témoignage de ma plus profonde admiration. » Sa correspondance des années 1932-1933 énonce également son amitié admirative pour le peintre Auguste Durand-Rosé[7].

Le portrait est un genre que Bernard pratiquera toute sa vie et dans lequel il excellera. La plupart de ses portraits sont peu connus et ne quittent pas les collections privés où ils sont conservés, mais on en connaît quelques-uns : ceux du docteur Gachet, du Père Tanguy, de Louis Anquetin, du peintre Sabater, d’Ambroise Vollard, de madame Shuffenecker, de l’écrivain catholique et nationaliste Émile Beauman, le portrait d’Édouard Rose, de dom Willibord Verkade conservé à Saint-Germain-en-Laye, un portrait de Paul Léautaud conservé au musée de Calvet d’Avignon, une série d’une vingtaine de toiles représentant la danseuse, chorégraphe et femme de lettre arménienne Armen Ohanian, un des grands amours du peintre. Il a aussi bien sûr peint Andrée Fort sa seconde épouse, la jeune égyptienne Hanenah Saati sa première épouse, sa sœur Madeleine, et bon nombre de modèles anonymes. Bernard peint ses portraits avec une grande économie de moyens, et la lumière dont il baigne les traits est toujours savamment étudiée.

Quatre années à Venise, le Cycle humain[modifier | modifier le code]

La Biennale de Venise de 1922 consacre une salla à Émile Bernard. Il s'y rend en compagnie de son seul élève et futur gendre André Maire. Il séjourne quatre ans dans la cité des Doges où il rédige un livre consacré à Michel-Ange publié en 1924, et il s'attèle à une de ses réalisations les plus ambitieuses, Le Cycle humain, dont il expose une première version en 1925 au Salon des Tuileries. Quatre très grandes toiles figurant les quatre phases de l’humanité : La Construction du Temple, Les Héros et les dieux, Le Christ guérissant les malades et Le Doute. Exposé en 1926 galerie Charpentier à Paris, la version définitive du Cycle ne séduit pas le public français. Il rencontre par contre un grand succès en Italie où il est conservé à Venise à la Ca' Pesaro.

Saint-Malo de Phily[modifier | modifier le code]

L'église Saint-Malo à Saint-Malo-de-Phily, édifiée en 1900 par l'architecte Henri Mellet.

En 1933, à la demande de l'abbé Duparc[Note 1], Émile Bernard peint dans l'église Saint-Malo à Saint-Malo-de-Phily une série de fresques sur le thème de l'histoire de la récupération des reliques de ce saint[8],[9],[10],[11].

  • Félix. Qui a reçu les reliques dans sa maison est miraculeusement guéri.
  • Rociantour et les envoyés d'Aleth implore de Childebert III le corps de saint Malo.
  • À l'épreuve proposée par le roi, la tête et la main de saint Malo se séparent de son corps.
  • Saint Malo.
  • Marc Mathurin Leroux. Vicaire de Saint-Malo-de-Phily, martyrisé à Rennes en 1793, puis guillotiné le en compagnie d'autres prêtres. Cette scène est peinte sur le pilier sud du chœur de l'église paroissiale de Saint-Malo-de-Phily.

1939, le retour à Pont-Aven[modifier | modifier le code]

En 1939, au soir de sa vie, il retourne à Pont-Aven pour deux ans. Durant ce séjour, Bernard écrit La Tour, un roman breton demeuré inédit, et termine de graver les bois gravés destinés à illustrer son long poème Le Juif errant. Il y reprend de nombreuses fois le thème des lavandières bretonnes, dans une série de grandes toiles qui ne sont finalement pas si différentes par leur traitement de celles de la période de Pont-Aven. Ce qui frappe dans ces représentations, c’est son abandon des couleurs vives au profit de nuances de noirs et de bruns profonds. La composition est rigoureuse et sobre. Ces lavandières sont restées très peu connues, du fait probablement de leur conservation dans des collections particulières, mais aussi de l’absence de publicité pour la peinture de Bernard, qui peignait dans une grande liberté, ses contrats avec le marchand Ambroise Vollard pour l’illustration de beaux livres ornés de bois et de cuivres gravés lui assurant alors un revenu confortable.

Émile Bernard a travaillé en collaboration avec la peintre et céramiste quimperroise Berthe Savigny (1882-1958), sœur aînée de Pierre du Belay et auteur des célèbres bébés commercialisés par la manufacture de faïences de Quimper. Il l’aurait connue toute petite et ils seraient restés liés toute leur vie, réalisant des peintures à quatre mains. Si on trouve cette information dans plusieurs ouvrages[réf. nécessaire], on ne connaît pourtant aucune de ces œuvres.

Il meurt le dans son atelier parisien de l'hôtel Le Charron au 13-15, quai de Bourbon, dans l'île Saint-Louis, qu'il occupait depuis 1926. Il est inhumé au cimetière parisien de Pantin dans la 43e division[12].

L'homme de lettres[modifier | modifier le code]

Le poète[modifier | modifier le code]

Émile Bernard publie plusieurs recueils de poèmes sous le pseudonyme de Jean Dorsal. Guillaume Apollinaire apprécie ses différents talents dans une lettre publiée en préface à son recueil de poèmes La Lumière mythique[Note 2] Son poème le plus ambitieux, Le Juif errant, poème en vingt chants, paraît à titre posthume en 1945, illustré par 21 bois gravés de l'auteur.

Le romancier[modifier | modifier le code]

Émile Bernard est aussi auteur de quelques romans, dont La Danseuse persane (Calmann-Lévy, 1928).

Le chroniqueur[modifier | modifier le code]

Chroniqueur au Mercure de France depuis 1893, Émile Bernard y a publié 33 textes jusqu’en 1938. Émile Bernard a écrit plusieurs ouvrages sur la peinture dont ses Propos sur l’art, deux volumes réédités par Anne Rivière chez Séguier en 1994.

Il fonde en une revue avec Théodore Goutchkoff, un jeune Russe résidant à Paris, qui lui propose d'en subventionner la publication pour diffuser ses idées face à ceux qui l'accusent de minimiser le rôle de Paul Gauguin : La Rénovation esthétique paraît jusqu'en , et est rejointe en par Louis Lormel, ami d'enfance de Bernard[13],[14].

Distinctions[modifier | modifier le code]

Plaque commémorative au 15, quai de Bourbon à Paris.

Œuvres dans les collections publiques[modifier | modifier le code]

Peintures et œuvres sur papier[modifier | modifier le code]

Sculpture[modifier | modifier le code]

  • Le Paradis Perdu, 1888, meuble bas en pin et chêne sculpté par Paul Gauguin et Émile Bernard, ouvrant à deux portes, signé en bas et au centre et daté, 100 × 119 × 60 cm, localisation inconnue[29].
  • Bas-relief non daté pour décorer un meuble destiné à Ernest de Chamaillard. Gauguin de son côté en fera un également pour le même meuble[30].
  • Le J. Paul Getty Museum de Los Angeles conserve une sculpture[Laquelle ?] réalisée par Émile Bernard et Gauguin[31].
  • Une autre sculpture[Laquelle ?] de Gauguin et de Bernard est répertoriée en 1989 dans la collection Samuel Josefowitz à Lausanne. Localisation actuelle inconnue[31].

Tapisserie[modifier | modifier le code]

Peinture murale[modifier | modifier le code]

  • Saint-Briac, rue Croix-des-Marins : L'Adoration des Bergers, La Circoncision, L'Évangile ouvert. Émile Bernard s'installe en 1888 au 1er étage de l'auberge de Mme Lemasson pour y réaliser ces peintures murales. En 1889, il y peint deux fenêtres à la manière de vitraux. Plus tard, ce commerce est devenue une épicerie et ces œuvres ont disparu[32],[Note 3],[33].
  • Saint-Malo-de-Phily, peintures murales de l'église, 1933 :
    • Rociantour et les envoyés d'Aleth implorant Childebert pour le corps de saint Malo ;
    • Épreuve proposée par le roi avec la tête et la main de saint Malo se séparant de son corps ;
    • Félix habitant de la paroisse est guéri par les reliques du saint[34].
  • Villeneuve-lès-Avignon, abbaye Saint-André : cycle de trois peintures représentant l’Annonciation avec deux scènes d’anges musiciens exécuté en 1914 dans la propriété de son ami le peintre Louis Yperman, restaurateur des fresques du Palais des papes.

Estampes[modifier | modifier le code]

Femmes assemblant des gerbes de paille, zincographie avec gouache et aquarelle, musée d'Art d'Indianapolis.

Dans ses collections Jacques Doucet, la bibliothèque de l'Institut national d'histoire de l'art conserve plus de 80 estampes, principalement des lithographies de sujets religieux ou des scènes de genre, ainsi que des gravures sur bois[35]. Le musée d'Art d'Indianapolis possède de Bernard des zincographies, un procédé proche de la lithographie.

Le musée des Beaux-Arts de Brest conserve deux estampes :

  • Judith et Holopherne, 1893, gravure en manière noire, 34,7 × 25 cm[36] ;
  • La Crucifixion, 1895, gravure sur bois, 35,1 × 14,9 cm[37].

Publications[modifier | modifier le code]

  • Propos sur l'art, 2 tomes, (ISBN 2-84049-031-5).
  • L'Esclave nue, suivi de La Danseuse persane, roman.
  • Le Parnasse oriental. Le Caire, Beth el Baabri, impr. de E. Messina, 1903. Revue éphémère créée en 1902[38].
  • Le Voyage de l'être, poèmes d'évolution. Susurrements, Cœur nu, Sentimentalités solitaires, Sensualismes, Malaises cordiaux, Foi, Extases et luttes, suivi de Paysages et du Livre d'hommages, Le Caire, Impr. Moussa Roditi, 1898 (Poésies 1886-1898).
  • La Méthode de Paul Cézanne. Exposé critique , Mercure de France, CXXXVIII, , p. 289-318.
  • Une conversation avec Cézanne, Mercure de France, CXLVIII, , p. 372-397
  • Jean D'Orsal [Émile Bernard], Les Figurations éternelles suives Des Ruines, poèmes, Paris, Gênes La Superbe, 1922.
  • Jean D'Orsal [Émile Bernard], Adam ou L'Homme, poème en trois chants, Paris, Venezia La Bella, 1922.
  • Jean D'Orsal [Émile Bernard], La Coupe De Cristal, poèmes, Yonne, Éditions de La Rénovation esthétique, 1925.
  • Souvenirs sur Paul Cézanne. Une conversation avec Cézanne, la méthode de Cézanne, Paris, Chez Michel, 1925.
  • Le Juif errant. Poème en vingt chants avec vingt-et-un bois gravés par l'Auteur, Paris, Floury, 1927.
  • La Lumière mythique, Jean Dorsal, Paris, Éditions de la Rénovation Esthétique, 1933.
  • Le Sablier, suivi de Les Regrets, Jean Dorsal, Paris, Éditions de la Rénovation Esthétique, 1933.
  • Jean D'Orsal [Émile Bernard], Les colères sacrées, suives d'Exil et du Miroir intime, Éditions de la Rénovation Esthétique, 1937.
  • Les modernes, comédie en trois actes. Préface d'Ambroise Vollard, Éditions les chemins nouveaux, 1938.
  • Les Lettres d’un artiste (1884-1941), Dijon, Les Presses du réel, 2012 (ISBN 978-2-84066-498-7).

Livres illustrés[modifier | modifier le code]

  • Pierre de Ronsard, Les Amours, 156 bois et 16 cuivres dessinés et gravés, Paris, Ambroise Vollard, 1915.
  • Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, illustrations dessinées et gravées sur bois, 2 volumes, Paris, Ambroise Vollard, 1916.
  • Œuvres de François Villon, édition richement illustrée de gravures sur bois, Paris, Ambroise Vollard, 1918.
  • Paul Fort. Chansons Françaises, 100 gravures originales sur bois dans et hors le texte, Paris, Éditions d'art Édouard Pelletan Helleu et Sergent éditeurs, 1922.
  • Saint François d'Assise. Les petites fleurs de Saint-François, édition illustrée de 302 bois originaux, Paris, Ambroise Vollard, 1928.
  • Homère, L'Odyssée, Vol. 1 et 2, bois originaux, traduction de Mme Dacier, Paris, Ambroise Vollard, 1930.
  • Le Cantique des cantiques qui est de Salomon. C'est le grand et excellent d'entre les autres cantiques, bois originaux, Paris, Grasset, 1946.

Expositions[modifier | modifier le code]

  • Exposition internationale des Arts décoratifs de 1925 à Paris : Femme dans une prairie, écran en tapisserie d'Aubusson.
  • Exposition « Émile Bernard », Kunsthalle de Brême, du au , en coopération avec le palais des Beaux-Arts de Lille.
  • « Époque de Pont-Aven », exposition Émile Bernard, Paris, du au , galerie Malingue, 26, avenue Matignon, Paris[39].
  • Exposition collective au musée des Beaux-Arts de Quimper, regroupant 29 œuvres dont neuf d'Émile Bernard, printemps 2009.
  • Exposition « Frictions of Ideas: Van Gogh, Gauguin, Bernard » Ordrupgaard, Copenhague, printemps 2014, et musée des Beaux-Arts de Göteborg, Suède, été 2014.
  • Exposition « Émile Bernard (1868-1941)[40] », musée de l'Orangerie, Paris, du au .
  • Exposition « Émile Bernard. Au cœur de l’art moderne », Kunsthalle de Brême, du au , en coopération avec les musées d'Orsay et de l'Orangerie.
  • Exposition « Émile Bernard. De Van Gogh à Gauguin », Centre Cristel Éditeur d'Art, Saint-Malo, du au .
  • Exposition « Émile Bernard, héraut de la peinture moderne », presbytère de Saint-Briac, à l'occasion de la 20e édition du Festival d'art de Saint-Briac, du au .

Filmographie[modifier | modifier le code]

  • Émile Bernard parti de Saint-Briac, film documentaire de Christophe Penot, Cristel Éditeur d'Art, 2015.

Iconographie[modifier | modifier le code]

Marché de l'art[modifier | modifier le code]

Les œuvres d'Émile Bernard sont cotées de manière inégale sur le marché de l'art, en fonction de ses époques. Ses œuvres de jeunesses, les plus colorées, sont les plus recherchées, et réalisent depuis peu des enchères millionaires. Son record mondial[réf. nécessaire] aux enchères est atteint avec Le Salon, huile sur toile de 89 × 116 cm peinte vers 1890-1892, vendue 1 322 500 euros le chez Christie's à Paris[réf. nécessaire]. Le record est battu le par la toile Bretonnes ramassant des pommes adjugée 1 940 000 dollars chez Sotheby's à New York. Le , la toile Bretonnerie (bretonnes dans une prairie) est adjugée pour 3 420 000 dollars chez Christie's à New York.

Hommages[modifier | modifier le code]

En Bretagne, au moins cinq rues portent son nom[43]. En France, de nombreuses rues portent également son nom[réf. nécessaire].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Curé de l'église Saint-Louis-en-l'Île, dont Émile Bernard est un des paroissiens.
  2. « Monsieur,
    Pardonnez à un admirateur d'Émile Bernard et de Jean Dorsal sa surprise en apprenant l'identité de ces deux artistes.
    Mon admiration devenue unique, a pris soudain plus de force. J'irai, si vous me le permettez, vous visiter et vous dire quels sentiments je ressens pour le peintre que vous êtes, me contentant de vous écrire à la hâte, que j'aime un poète dont la grande voix n'a rien de barbare.
    Il émane de vos poèmes une puissante et belle volupté. Aucun poète n'a aujourd'hui autant de noblesse ni autant de liberté. La force lyrique de vos images me transporte. Vous les concevez au semblant des plus beaux, des plus riches objets naturels ; votre œuvre a le calme passionné, lumineux et inévitable ; et, cherchant une métaphore touchant votre art poétique, je trouve que chacun de vos vers est un rayon de soleil.
    Vous êtes un homme admirable, vous connaissez la beauté plastique et le lyrisme. Depuis la Renaissance on n'a pas vu d'homme plus complet. Je suis l'admirateur du savant, du peintre et du poète ; d'Émile Bernard et de Jean Dorsal. »

    — Apollinaire, Lettre du .

  3. Une plaque commémorative orne le mur de l'ancienne auberge de Mme Lemasson : « C'est dans cette demeure que le peintre Émile Bernard jeta les premières bases picturales de l'École dite de Pont-Aven. Il y séjourna de 1886 à 1891. »

Références[modifier | modifier le code]

  1. « https://archives.yvelines.fr/rechercher/archives-en-ligne/correspondances-du-musee-departemental-maurice-denis/correspondances-du-musee-maurice-denis », sous le nom BERNARD Emile (consulté le )
  2. Archives du Nord, commune de Lille, acte de naissance no 1911, année 1868 (page 238/1064).
  3. Claire Bernardi, Les Choses. Une histoire de la nature morte, Paris, Lienart éditions, , 447 p. (ISBN 978-2-35906-383-7), p. 188
  4. André Mellerio, Le Mouvement idéaliste en peinture, Floury, 1896, p. 11, 59-60 (lire en ligne).
  5. « Saint-Malo de Phily, une église d'exception » [PDF], sur Art et histoire. pays de Fougères - Église néo-romane de Saint-Malo de Phily (consulté le ).
  6. Bénédicte Bonnet Saint-Georges, « Un tableau d’Émile Bernard préempté par le musée d’Orsay » sur le site de La Tribune de l'Art, .
  7. Maison de vente Alde, Lettres d'Émile Bernard à Auguste Durand-Rosé, 1932-1933.
  8. Notice no IM35009237, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture.
  9. Notice no IA35007385, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  10. Notice no IM35009237, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture.
  11. Fernand Daucé, « Saint-Malo-de-Phily et les fresques d'Aleth Émile Bernard », Annales de Bretagne, 1962 (en ligne sur persee.fr).
  12. Dans son Journal littéraire, Paul Léautaud écrit, à la date du  : « Paul Fort me dit qu'il vient d'apprendre la mort d'Émile Bernard, son beau-frère, d'une congestion pulmonaire »Journal littéraire, t. III, Mercure de France, 1987, p. 325.
  13. Jean Dorsal [Émile Bernard], « Louis Lormel », Revue illustrée, Paris, (en ligne sur Gallica).
  14. Neil McWilliam, « Ténébreux compagnons de toute solitude » : Émile Bernard et la littérature, Collections électroniques de l'INHA, en ligne sur openedition.org.
  15. Paul Léautaud
  16. Notice de la base Joconde.
  17. Notice de la base Joconde.
  18. Notice de la base Joconde.
  19. Notice de la base Joconde.
  20. Notice de la base Joconde.
  21. Notice de la base Joconde.
  22. Notice de la base Joconde.
  23. Notice de la base Joconde.
  24. Notice de la base Joconde.
  25. Didier Rykner, « "Le Pardon" d’Émile Bernard acquis par Orsay grâce au mécénat d’Axa », latribunedelart.com, 13 mai 2019 (en ligne).
  26. Alexandre Lafore, « Un autoportrait d’Émile Bernard préempté par le Musée d’Orsay », latribunedelart.com, 18 octobre 2019 (en ligne).
  27. Fernand Daucé, « Saint-Malo-de-Phily et les fresques d'Emile Bernard », Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest,‎ , p. 161-169 (lire en ligne)
  28. Marie-Dominique Menant et Elise Lauranceau, « Peintures monumentales : Vie de saint Malo », sur Ministère de la Culture - POP : la plateforme ouverte du patrimoine, (consulté le )
  29. La Gazette de Drouot, , no 44, p. 19 : vente du , hôtel Georges V à Paris, étude Maître Trajan, expert M. Baille.
  30. Maurice Guérin, L'Œuvre gravé de Gauguin, Paris, H. Floury, 1927. À propos de ce bas-relief : « Pour en garder le souvenir, ils prirent des empreintes de leurs reliefs avec du papier de soie ; cela donnait l'aspect d'une vieille xylographie du Moyen Âge », cité par Sylvain Alliod in « À la recherche du Paradis Perdu », Gazette de l'hôtel Drouot, no 44, , p. 19.
  31. a et b Sylvain Alliod, op. cit.
  32. Lettre du d'Émile Bernard citée dans Ouest-France, .
  33. Peinture murale de Saint-Malo de Phily, sur passioncreations.over-blog.com.
  34. Ces peintures murales ont fait l'objet d'un classement et d'une restauration en 2011-2012 (Ouest-France,  ; cf. Fernand Daucé, op. cit.).
  35. « Estampes d'Émile Bernard », sur INHA (consulté le ).
  36. Notice de la base Joconde.
  37. Notice de la base Joconde.
  38. Bibliothèque de l'INHA , M. 62 cat.32.
  39. Exposition Émile Bernard, site de la galerie Malingue.
  40. Exposition « Émile Bernard (1868-1941) ».
  41. Renaissance du Musée de Brest, acquisitions récentes : [exposition], Musée du Louvre, Aile de Flore, Département des Peintures, 25 octobre 1974-27 janvier 1975, Paris, , 80 p..
  42. « Notice Joconde ».
  43. Emmanuel Salmon Legagneur, Les noms qui ont fait l'histoire de Bretagne, Éd. Coop Breizh et Institut culturel de Bretagne, 1997.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Périodiques[modifier | modifier le code]

  • Emmanuelle Amiot-Saulnier, Estelle Beauseigneur, Eva Bensard, Myriam Escard-Bugat et Pierre Pinchon, Émile Bernard : exposition à l'Orangerie (périodique Dossier de l'art, no 221), , 98 p. (ISSN 1161-3122).
  • Christophe Averty, Jean-Michel Charbonnier, Manuel Jover, François Legrand et Danielle Marti, Émile Bernard au musée de l'Orangerie (périodique Connaissance des arts, hors-série no 639), , 66 p. (ISSN 2102-5371). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • Fernand Daucé, « Saint-Malo-de-Phily et les fresques d'Émile Bernard », Annales de Bretagne, 1962, vol. 69, no 69-1, p. 161-169 (en ligne sur persee.fr).

Ouvrages[modifier | modifier le code]

  • Collectif, Époque de Pont-Aven, catalogue exposition « Émile Bernard », Paris, du au , 48 p., édité par la galerie Malingue, 26, avenue Matignon, 75008 Paris Exposition « Émile Bernard », (ISBN 2-9518323-5-4).
  • Dorothée Hansen, Fred Leeman, Rodolphe Rapetti, Valérie Sueur-Hermel et Marie-Paule Vial, Émile Bernard 1868-1941 (Catalogue d'exposition, Paris, musée de l'Orangerie, 16 septembre 2014-5 janvier 2015), Paris, Flammarion, , 247 p. (ISBN 978-2-08-134304-7). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Fred Leeman, Émile Bernard (1868-1941), Citadelles & Mazenod éditeurs ; Wildenstein Institute Publications, 2013, 495 p. (ISBN 9782850885716).
  • Jean-Jacques Luthi et Armand Israël, Émile Bernard, sa vie, son œuvre, catalogue raisonné, Éditions des Catalogues raisonnés, 2014.
  • Jean-Jacques Luthi et Armand Israël, Émile Bernard, 1868-1941, éditions de l'Amateur, (ISBN 2-85917-387-0).
  • Daniel Morane, Émile Bernard. Catalogue de l'œuvre gravé, musée de Pont-Aven, 2000.
  • Clément Siberchicot, L'Exposition Volpini, 1889. Paul Gauguin, Émile Bernard, Charles Laval. Une avant-garde au cœur de l'Exposition universelle, Classiques Garnier, Paris, 2010 (ISBN 2812402156).
  • Christophe Penot, Émile Bernard. Héraut de la peinture moderne, Cristel éditeur d'art, 2015.
  • Marie-Helène Prouteau, Madeleine Bernard - La Songeuse de l'invisible, Éditions Hermann, 2021 (présentation en ligne) (ISBN 9791037006851).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :