Maurice Janin

Maurice Janin
Maurice Janin en 1919.
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Pierre Thiébaut Charles Maurice JaninVoir et modifier les données sur Wikidata
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Maurice Janin, né le à Paris et mort le à Saint-Sébastien (Isère), est un général français ; il était chargé de la mission militaire française en Russie durant la Première Guerre mondiale et la guerre civile russe. Il fut également commandant en chef des armées tchécoslovaques en Russie et commandant en chef des troupes alliées en Russie.

Début de carrière[modifier | modifier le code]

Maurice Janin est un ancien élève de l'École spéciale militaire de Saint-Cyr. En 1893, il est attaché à la mission militaire russe en visite en France et devient plus tard diplômé de l'Académie militaire de Moscou. Il participe à plusieurs tournées officielles en Russie dont un séjour en 1912 en qualité d'instructeur à l'Académie militaire Saint-Nicolas de l'État-major-général (de Saint-Pétersbourg). Au commencement de la Première Guerre mondiale, il combat à la tête d'une brigade sur la Marne et l'Yser puis est appelé à l'état-major[2].

Mission militaire en Russie[modifier | modifier le code]

En 1916, le général Janin est nommé chef de la mission militaire française en Russie.

Commandant de la Légion tchécoslovaque[modifier | modifier le code]

Le , le maréchal Foch le nomme commandant en chef des forces alliées en Russie et lui assigne la mission d'embarquer les troupes tchèques, présentes sur le territoire russe, vers l'Europe. La Légion tchécoslovaque est alors composée d'environ 70 000 hommes (des anciens prisonniers de guerre tchèques et slovaques libérés par Kerensky après la révolution de Février) placés sous commandement français après un accord militaire entre le Conseil national tchécoslovaque et le gouvernement français. La question du rapatriement en Europe des forces tchécoslovaques devient, en , le facteur déterminant de l'intervention alliée en Sibérie[3].

Winston Churchill nomme à la même période le major-général Knox (en) à la tête de la mission militaire britannique ; ce dernier agit quasi systématiquement de façon autonome sans consultation préalable de ses homologues alliés[4]. Janin, qui prend son poste trop tardivement, ne contrôle en fait que le bataillon français et les forces tchécoslovaques. Lui et son adjoint, le général Štefánik, sont affectés à l'ouest du lac Baïkal ; la mission militaire française comprend deux cent cinq officiers et neuf cents soldats.

Le , le Directoire issu de la coalition des gouvernements blancs d'Omsk et de Samara est liquidé par un coup d'État et remplacé par une dictature militaire. Sur proposition du conseil des ministres, l'amiral Koltchak est nommé chef suprême de toutes les Russies[5]. Le , le général Janin arrive à Omsk. En désaccord avec Koltchak, il démissionne de son poste de commandant en chef des forces alliées pour se consacrer au seul corps d’armée tchécoslovaque. Janin est alors convaincu que les Anglais ont installé Koltchak pour servir leurs intérêts[6]. Dans son rapport du , il écrit, à propos du gouvernement d'Omsk, « un amiral d’un grand prestige l’a remplacé grâce à l’obligeance d’un Anglais qui a bien voulu lui tenir l’étrier. Mais sera-t-il meilleur cavalier ? Tout est là. »[4]. Dès lors, les relations entre Koltchak et Janin ne cesseront de se détériorer, malgré l'intervention diplomatique de Paul Pelliot.

Au début de l'hiver 1919, les forces bolcheviques contre-attaquent et entament leur marche à l'est. Les armées blanches sibériennes, en désagrégation croissante, n'opposent qu'une faible résistance. Les Alliés, dont le général Janin, et les Blancs, ainsi que de nombreux civils, quittent Omsk et s'entassent dans des convois sur la ligne du Transsibérien. Le , l'armée rouge entre à Omsk. Les relations entre Koltchak et les soldats tchécoslovaques, qui possèdent la maîtrise du chemin de fer et des gares, deviennent exécrables. Bientôt, le train du chef suprême se retrouve immobilisé à Nijneoudinsk puis à Glaskov, dans la banlieue d'Irkoutsk. Le , Koltchak démissionne de son poste de chef suprême en faveur du général Dénikine et se place sous protection alliée[7].

Devenu incontrôlable, le corps d'armée tchécoslovaque soutient déjà depuis plusieurs mois les différents soulèvements socialistes-révolutionnaires qui ébranlent la Sibérie. Le , deux officiers tchèques montent dans le train de Koltchak et le livrent aux autorités locales formées de mencheviks et socialistes-révolutionnaires. Les Tchèques disent agir sur ordre de Janin[8]. Koltchak est livré aux bolcheviks qui l'exécutent le . Au moment de l'arrestation de l'amiral Koltchak, le général Janin, ainsi que l'ensemble des commandements alliées, se trouvent à quelques centaines de kilomètres plus à l'est. Des protestations sont adressées à Janin, lequel affirme ne pas avoir eu les moyens d'empêcher le drame. Courant février, une déclaration du détachement tchèque présent à Irkoutsk justifie l'arrestation de l'amiral Koltchak : « Nous avons livré au Centre Politique l'amiral Koltchak […]. L'amiral Koltchak ne pouvait compter recevoir aucun asile auprès des Tchécoslovaques, contre lesquels il a commis un crime […] »[9].

Démobilisation et retour en France[modifier | modifier le code]

Lorsque la nouvelle de ce qui était arrivé à Irkoutsk atteint Paris, le gouvernement français le relève de son commandement et lui donne ordre de rentrer en France. Le général quitte Kharbine en avril 1920 emportant avec lui trois valises et un coffre contenant 311 reliques impériales, des documents et les dernières photographies de la famille impériale retenue prisonnière dans la villa Ipatiev[10]. Ces pièces lui sont confiées par le général Dieterichs et Pierre Gilliard, témoin des derniers instants de Nicolas II et de sa famille.

À son retour en France, Maurice Janin est reçu à Paris au Ministère des Affaires Étrangères[11]. Après avoir pris quelque temps de repos, il est affecté à un poste de moindre importance.

Références[modifier | modifier le code]

  1. « https://francearchives.fr/fr/file/ad46ac22be9df6a4d1dae40326de46d8a5cbd19d/FRSHD_PUB_00000355.pdf »
  2. Fleming 1967, p. 127.
  3. Fleming 1967, p. 25.
  4. a et b Jean-David Avenel, Interventions alliées pendant la guerre civile russe (1918-1920).
  5. Fleming 1967, p. 145 à 148.
  6. Fleming 1967, p. 149.
  7. Fleming 1967, p. 255.
  8. Fleming 1967, p. 265
  9. Fleming 1967, p. 307-308.
  10. Fleming 1967, p. 317
  11. Fleming 1967, p. 319.

Œuvre[modifier | modifier le code]

  • Le Monde slave - Au Q.G. russe , 1927, 2 volumes
  • Ma mission en Sibérie 1918-1920, Payot, Paris, 1933

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Arsène Vergé (préf. Paul Painlevé), Avec les Tchécoslovaques : invraisemblable et véridique Epopée, Editions René Guillon, , 201 p..
  • Maurice Janin, Ma mission en Sibérie, 1918-1920; avec deux croquis., Paris, Payot, , 307 p..
  • Peter Fleming, Le destin de l'amiral Koltchak, Paris, Plon, . Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Jean-David Avenel, Interventions alliées pendant la guerre civile russe (1918-1920, Paris, Économica, coll. « Campagnes & stratégies / Grandes batailles » (no 36), , 234 p. (ISBN 978-2-7178-5972-0, OCLC 691067408). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Alexandre Alymoff, Adieu ma Russie : journal illustré de l'exode d'un garçon de quinze ans pendant la revolution sibérienne, Paris, Les Éditions Noir sur Blanc, , 139 p. (ISBN 978-2-88250-090-8, OCLC 82727026) (récit et croquis d'un garçon russe de 15 ans, fils d'un général, évacué vers Harbin dans le convoi du général Janin)

Filmographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]