Mikhail Dieterichs

Mikhail Konstantinovitch Dieterichs
Михаил Константинович Дитерихс
Mikhail Dieterichs

Naissance
Décès (à 63 ans)
Shanghai
Origine Russe
Allégeance Empire russe
Armées blanches
Arme Armée impériale russe
Armées blanches
Grade Général
Années de service 1894 – 1923
Commandement Armée de Sibérie
Conflits Guerre russo-japonaise
Première Guerre mondiale
Guerre civile russe
Distinctions Ordre de Saint-Vladimir IIe classe Ordre de Saint-Vladimir

Ordre de Sainte-Anne IIe classe Ordre de Sainte-Anne
Ordre de Saint-Stanislas Ie classe Ordre de Saint-Stanislas

Autres fonctions Président du gouvernement russe de Vladivostok

Mikhail Konstantinovitch Dieterichs (en russe : Михаил Константинович Дитерихс), né le et décédé le à Shanghai, est un général russe et une personnalité politique, monarchiste, des Armées blanches en Sibérie, président du gouvernement russe de Vladivostok (1922).

Biographie[modifier | modifier le code]

Formation[modifier | modifier le code]

Mikhail Dieterichs est né en 1874 dans la famille du général d'infanterie Constantin Alexandrovitch Dieterichs (1823-1899), de lointaine ascendance tchèque de Moravie, qui avait servi dans l'Armée impériale russe du Caucase. Sa mère, Olga Iossifovna Mousnitskaïa, est issue de la noblesse russe, fille d'un général. Sa sœur aînée Anna (1859-1927) deviendra l'épouse du tolstoïen Vladimir Tchertkov, sa sœur Elena, l'épouse du prince A. A. Obolenski, sa sœur Olga épousera Andrei Tolstoï, sixième fils de Leon Tolstoï et sa sœur Maria un noble espagnol, Rafael de Ferran. Il a trois frères, Iossif (Joseph) qui deviendra secrétaire de Tolstoï, Léonid qui deviendra journaliste et historien d'art et Vladimir qui deviendra contre-amiral de la flotte impériale pendant la guerre de 1914-1917.

En 1894, Mikhail Dieterichs, diplômé du Corps des Pages intègre la 2e brigade d'artillerie de la Garde impériale. Après une formation complémentaire à l’académie d’état-major il sert de 1900 à 1903 dans la région militaire de Moscou. En 1903 il prend le commandement d’un escadron du 3e régiment de dragons.

Mikhail participe à la Guerre russo-japonaise. En 1910, il est nommé adjudant-major-principal dans la circonscription militaire de Kiev.

La Première Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

La brigade russe du corps expéditionnaire allié en Orient commandée par Dieterichs.

Dieterichs participe à la plupart des batailles de la Première Guerre mondiale. Il trace les plans des opérations qui vont mener le général Alexeï Broussilov à une victoire sur le front Sud-Ouest.

En il se rend d’Arkhangelsk à Thessalonique où il est le chef d'état-major de la 3e armée en Grèce. Il commande une brigade russe du corps expéditionnaire allié d’Orient. Le général Maurice Sarrail dit le plus grand bien de lui et de son unité[1]. Lui et ses hommes combattent principalement en Serbie avec les troupes françaises. Ils arrivent à briser le front bulgare et permettent ainsi la prise de Monastir. En 1917, il est nommé général de division toujours sur le front de Salonique[2].

Mikhail et Paul Leblois à Monastir en décembre 1916

Les deux révolutions[modifier | modifier le code]

Mikhail Dieterichs est chef d'état-major dans l'armée de terre d'août à [2]. En , on lui propose le poste de Ministre de la Guerre, mais il y renonce en et est nommé au Haut-état-major.

Après la révolution d'octobre Dieterichs échappe à une arrestation par les bolcheviks et rejoint sa famille à Kiev le . Il est nommé rapidement chef d'état-major du corps tchèque de l'armée de la jeune République populaire ukrainienne à la demande des Tchèques et des Slovaques (-)[2]

Le chef d'état-major Dieterichs part de Kiev quand la République populaire ukrainienne signe le traité de Brest-Litovsk le , et rejoint la Sibérie. Il emmène avec lui les bataillons tchèques, dont les hommes veulent combattre sur les fronts occidentaux[3].

Le général Dieterichs va à Vladivostok échappe à une arrestation[4].

Les légions tchèques lui demandent de prendre leur commandement. Il a déjà aidé les Tchèques lors de leur résistance aux rouges en . Il obtient de l'aide en conseillers et en matériel à la fois des Britanniques et des Anglais[5]. Il dirige 10 000 hommes et a le soutien de Masaryk[6]. Mikhail Dieterichs est assez impatient de les renvoyer combattre les bolcheviks. Eux beaucoup moins[7]...

La guerre civile russe[modifier | modifier le code]

Ivan Pavlovitch Kalmykov, ataman des cosaques de l’Oussouri mène des actions de guérilla contre les garnisons bolcheviks à l'est du chemin de fer de l’Est chinois et s'empare le de la gare de Grodekovo où il installe son quartier-général. Avec le renforcement d'éléments tchèques dépendant du général Dieterichs et l'aide de la 12e division d'infanterie japonaise, Kalmykov s'empare de Khabarovsk en .

Avec Koltchak (novembre 1918)[modifier | modifier le code]

Alexandre Koltchak lui ordonne de procéder à des arrestations de membres du Directoire d'Oufa, mais il retarde son déplacement. Après quelques jours, le , il doit accepter d'obéir finalement à l'ordre de Koltchak et en même temps il démissionne de son commandement du Corps tchécoslovaque après une période de relations tendues. Dieterichs doit aussi arrêter Victor Tchernov, politicien socialiste révolutionnaire, membre du gouvernement de Samara à Iekaterinbourg et lui demande d'arrêter 20 parlementaires à Omsk[8].

De janvier à Mikhail Dieterichs supervise personnellement, en tant que proche de Koltchak, l'enquête du juge Nicolaï Sokolov sur l'assassinat du Tsar Nicolas II de Russie et de sa famille[9],[10].

En Dieterichs prend le commandement de l'armée de Sibérie de l'amiral Alexandre Koltchak. De l'avis de ses pairs, le général Dieterichs est sans doute le plus expérimenté des officiers d'état-major disponibles en Sibérie[11].

Durant tout la fin de l'été, la retraite se poursuit. Les armées blanches sibériennes, en désagrégation croissante, n'opposent qu'une faible résistance. Koltchak est forcé de quitter Iekaterinbourg, son dernier quartier général. Enfin, après un violent combat, les forces rouges sont entrées dans Tcheliabinsk, ultime station du transsibérien en territoire administratif d'Europe, tandis que, davantage au Nord, elles parviennent à 300 kilomètres à l’est de Perm. Il s'ensuit que les soldats du gouvernement d'Omsk sont ramenés en Asie, à l'intérieur des limites sibériennes. L'étendue et la rapidité de leur retraite établissent la pénurie relative des moyens dont dispose l'amiral Koltchak et surtout la faiblesse de ses réserves.

L'armée blanche rétablit une ligne le long des rivières Tobol et Ichim pour stopper temporairement les rouges. Mikhail Dieterichs mène une contre-offensive, rejette l’Armée rouge de l’autre côté du Tobol et avance de 150 km dans certains secteurs[12]. Elle tient cette ligne jusqu'à octobre, mais la perte constante des hommes tués ou blessés l'affaiblit, alors que les rouges se renforcent.

En , Mikhail Dieterichs démissionne après une âpre querelle avec Koltchak et émigre à Harbin en Mandchourie.

En , la plupart des troupes étrangères partent de Vladivostok et Mikhail Dieterichs et son armée se retrouvent seuls face à une grande partie de l'Armée rouge[13].

Le Zemski Sobor de 1922[modifier | modifier le code]

Le gouvernement provisoire de Priamour (kraï du Primorié) est le dernier bastion des Armées blanches au cours de la guerre civile russe et se maintient entre et le . Il est né d'un coup d'État à Vladivostok et dans ses environs, dont le but est de rompre avec la République d'Extrême-Orient. Ce coup d'État est mené par les anciens compagnons du général Vladimir Kappel.

Le gouvernement est dirigé en premier par les frères Merkoulov. Un peu plus tard, l'Ataman cosaque Grigori Semenov essaie de prendre le pouvoir, mais il n'est pas soutenu par les Japonais et se retire. Les hommes de Kappel, les Kappelevtsy, le détestent.

Peu à peu l'enclave réussit à s'étendre à Khabarovsk et Spassk, à 125 km au nord de Vladivostok. Les Merkoulov sont écartés le et Mikhail Dieterichs prend le commandement des forces le . Le même jour, il devient président provisoire du gouvernement. Il convoque le l'Assemblée nationale. Mikhail Dieterichs offre la régence de Vladivostok et sa région à Maria Fedorovna, la mère de Nicolas II de Russie.

Le Japon annonce à l'été 1922, l'évacuation de ses troupes.

En rassemble un Zemski sobor de la région de l'Amour à Vladivostok. En faisant cela il ressuscite la réunion d'États généraux, assemblées remontant presque au Moyen Âge.

Ce Zemski sobor appelle le peuple russe à se repentir d'avoir renversé Nicolas II et demande le retour à la monarchie avec, comme tsar, le grand-duc Nicolas Nikolaïevitch Romanov. Le patriarche Tikhon, qui n'est pas présent, le nomme président honoraire. Mikhail Dieterichs est élu président du gouvernement presque à l'unanimité le .

Mikhail Dieterichs prend des mesures visant à améliorer l'efficacité opérationnelle de l'armée, imitant Wrangel. Il fait des efforts pour obtenir l'appui de la population locale pour sa cause, son combat et appelle à une sainte croisade contre le bolchévisme. Il essaie également, en vain, de convaincre les Japonais de ne pas retirer leur soutien militaire. Mais les Japonais ne fournissent même plus de munitions à ses troupes[14].

Cependant, deux mois plus tard, la région de l'Amour tombe aux mains des bolcheviks.

L'exil[modifier | modifier le code]

Mikhail Dieterichs et les Armées blanches sont vaincus. Ils évacuent de Vladivostok en direction de la Chine et de la Corée en empruntant des navires japonais. Lui va au Japon[2]. En Dieterichs passe par un camp de réfugiés militaires à Harbin, ville où sont installés de nombreux émigrés blancs. Il est nommé chef pour l'Extrême-Orient de l’Union générale des combattants russes, dirigé par l'ancien général des armées blanches et dirigeant Piotr Nikolaïevitch Wrangel. En 1931, de Shanghai, il envoie des tracts et le Livre blanc de l'émigration russe dans le monde, qui appelle à la lutte contre la Russie soviétique. Il dirige pour l'Asie cette association anticommuniste de 1923 à 1937[2].

En 1920 Dieterichs donne ses conclusions sur l'assassinat du Tsar Nicolas II de Russie et de sa famille, après avoir enquêté avec le juge Nicolaï Sokolov dans un article de la Revue des deux Mondes[15]. Il publie en 1922 un livre. Cet ouvrage est intitulé : Le meurtre de la famille royale et des serviteurs de la Maison des Romanov dans l'Oural (en russe : Убийство Царской семьи и членов Дома Романовых на Урале). Dans ce livre Dieterichs démontre qu'ils sont tous morts et affirme aussi que « la révolution et le massacre des Romanov sont dus aux juifs. »

Les blancs sont divisés en plusieurs mouvements et sur l'attitude à adopter face aux nouveaux totalitarismes qui menacent le monde. La plupart des jeunes rejoignent l'Union des solidaristes russes. Dans l'été 1937, Dieterichs rédige un testament[16]. Mikhail Dieterichs est décédé à Shanghai en , à l'âge de 63 ans.

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Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Mon commandement en Orient (1916-1918), Maurice Sarrail, E. Flammarion, 1920, p. 249.
  2. a b c d et e (en) John Stephan, The Russian Far East : a history, Stanford, Calif, Stanford University Press, , 481 p. (ISBN 978-0-8047-2701-3), p. 316
  3. The Russian Far East, p. 123
  4. Jean-David Avenel, Interventions alliées pendant la guerre civile russe, 1918-1920, Paris, Economica, coll. « Campagnes et stratégie / Grandes batailles » (no 36), , 224 p. (ISBN 978-2-7178-4152-7), p. 149
  5. (en) John Crane et Sylvia Crane, Czechoslovakia : anvil of the Cold War, New York, Praeger, , 352 p. (ISBN 978-0-275-93577-1), p. 40
  6. Czechoslovakia: Anvil of the Cold War, p. 13 et 19
  7. The Russian Far East, p. 124
  8. The Testimony of Kolchak, p. 189 et 191
  9. Nikolaĭ Ross, La mort du dernier tsar : la fin d'un mystère, L'AGE D'HOMME, , 304 p. (ISBN 978-2-8251-1386-8, lire en ligne), p. 14, 33, 167
  10. L'Histoire, Société d'éditions scientifiques (Paris, France), no.184-189 1995, p. 66.
  11. La guerre des rouges et des blancs, p. 263
  12. Fleming 1967, p. 212
  13. The Russian Civil War (2): White Armies, Mikhail Khvostov, Andrei Karachtchouk, Illustré par Andrei Karachtchouk, Osprey Publishing, 1997, p. 23.
  14. The Russian Far East, p. 153
  15. Marc Ferro, Nicolas II, Paris, Payot, coll. « Petite bibliothèque Payot » (no 62), , 369 p. (lire en ligne), p. 288
  16. Nikolaĭ Ross, La mort du dernier tsar : la fin d'un mystère, L'AGE D'HOMME, , 304 p. (ISBN 978-2-8251-1386-8, lire en ligne), p. 87.


Liens externes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Article illustré sur l'amiral Koltchak in Je sais tout (Paris), P. Lafitte (Paris), 1919/07/15 (N164)-1919/12/15 (N169).
  • « Le Gouvernement Koltchak en Sibérie », La Revue de Paris, 1920/11, (A27,T6), p. 433 et suivantes.
  • Peter Fleming, Le destin de l'amiral Koltchak, Plon, , 348 p..
  • Marina Grey, Les armées blanches. l'odyssée blanche 1917-1920 - Kornilov - les cosaques - Denikine et Koltchak - tchèques et français - massacres en Sibérie - Wrangel. Stock, Témoins de Notre Temps, 1968 (1968)
  • George Montandon, Deux Ans Chez Koltchak Et Chez les Bolchéviques pour la Croix-Rouge de Genève (1919-1921), Fb&c Limited, 2017, , 388 p. (ISBN 978-0-243-49932-8).
  • Lodewijk Hermen Grondijs, Le cas-Koltchak : Contribution à l'histoire de la Révolution russe, S.n., , 302 p. (lire en ligne).
  • Jean Joseph Rouquerol, La guerre des rouges et des blancs : l'aventure de l'amiral Koltchak, Payot, , 187 p. (lire en ligne).
  • (en) Jonathan D. Smele, Civil war in Siberia : the anti-Bolshevik government of Admiral Kolchak, 1918-1920, Cambridge New York, Cambridge University Press, , 788 p. (ISBN 978-0-521-02907-0, lire en ligne).
  • (en) Richard Connaughton, The Republic of the Ushakovka : Admiral Kolchak and the Allied Intervention in Siberia 1918-1920, Milton, Routledge, coll. « The Russian Civil War », , 228 p. (ISBN 978-1-351-80516-2, lire en ligne).
  • E. E. Dwinger, Zwischen Weiß und Rot, Diederichs Verlag, Jena, 1930.
  • Wladimir Maximow, Der Weisse Admiral, Langen/Müller Verlag, München/Wien, 1986.
  • (en) Harold Henry Fisher et Anton Zakharovich Ovchinnikov, The Testimony of Kolchak and Other Siberian Materials, Stanford University Press, , 466 p. (ISBN 978-0-8047-2220-9, lire en ligne).