Hyperpop

Hyperpop
Origines stylistiques Bubblegum pop, chiptune[1], cloud rap, dance, dubstep, Jersey club, musique électronique, emo, rap emo, Eurodance, crunkcore[2], glitch[3], hip-hop, trap, J-pop, heavy metal, nu metal, nu rave, punk rock, trance, metal extrême
Origines culturelles Début des années 2010 ; Royaume-Uni
Instruments typiques Boîte à rythmes, Auto-Tune, synthétiseur, pitch shifter, échantillonneur, hi-hats, bruit
Voir aussi PC Music

L'hyperpop est un mouvement musical[4] et microgenre issu de l'EDM et de la pop traditionnelle qui s'inspire de l'emo, du hip-hop et du lo-fi, ainsi que d'autres genres plus anciens comme le rock ou l'electro des années 1990 se plaçant à l'interstice de la musique grand public et de la musique savante.

Elle naît au Royaume-Uni en 2013[5] avec la création du label PC Music par le producteur A. G. Cook ; d'abord sous le nom de « Bubblegum Bass »[6]. En 2019, Spotify crée une playlist nommée « Hyperpop » reconnaissant et ré-intitulant ainsi le microgenre, parmi les artistes de cette playlist : 100 Gecs, Slayyyter, Gupi, Caroline Polachek, Hannah Diamond, Charli XCX et Kim Petras. Désormais, les deux termes sont utilisés de façon interchangeable, mais peuvent aussi être dissociés[6] ; le genre bubblegum bass étant plus proche de l'EDM et d'une idée de pop post-ironique et sur-féminine, quand le genre hyperpop utilisera quelques années plus tard cette influence passée pour la marier avec une tendance plus hip-hop, voir lofi (dérivé qu'on peut également nommer digicore, ou glitchcore).

Associé à la culture internet, le microgenre gagne en popularité notamment grâce à des applications comme TikTok[7].

Histoire[modifier | modifier le code]

Les musiciens anglais Sophie (gauche) et A. G. Cook (droite) sont considérés comme les fondateurs de l'hyperpop.

Le terme « hyperpop » semble avoir été inventé pour la première fois en par l'écrivain Don Shewey dans un article sur le groupe écossais de dream pop Cocteau Twins[8], affirmant que l'Angleterre des années 1980 avait « nourri les phénomènes simultanés de l'hyperpop et de l'antipop[9]. »

Si le terme est effectivement parfois appliqué dans les années 1980, son acceptation moderne nait 30 ans plus tard, avec l'émergence du label PC Music[10].

Complex déclare que « les origines de l'hyperpop sont enchevêtrées et obscures, comme le sont souvent les choses conçues sur Internet. ». Le terme « Hyperpop » a parfois été utilisé au sein de la scène musicale nightcore de SoundCloud pour décrire ce genre[1]. Glenn McDonald, analyste de Spotify, déclare avoir vu le terme utilisé pour la première fois en référence au label britannique PC Music en 2014, mais pense que le nom ne pouvait pas être qualifié de microgenre avant 2018[11]. Les origines du style sont généralement situées dans la production de PC Music au milieu des années 2010, avec des artustes hyperpop affiliés ou directement inspirés par le label[11],[12]. Will Pritchard de l'Independent déclare qu'« il est possible de voir [l'hyperpop] comme une expression non seulement des genres auxquels elle emprunte, mais aussi de la scène qui a évolué autour du label PC Music d'A. G. Cook (qui a accueilli Sophie et Charli XCX, entre autres) au Royaume-Uni au début des années 2010[13]. »

Caractéristiques[modifier | modifier le code]

L'hyperpop reflète une approche exagérée, éclectique et autoréférentielle de la musique pop. Elle utilise généralement des mélodies de synthétiseurs effrontées, des voix autotunées, des changements de pitch, des compressions et des distorsions excessives, ainsi que des références surréalistes ou nostalgiques à la culture Internet des années 2000 et à l'ère du web 2.0[13]. Parmi les caractéristiques communes, on trouve des voix pitch shiftées, des percussions métalliques et mélodiques, des synthétiseurs décalés, des refrains accrocheurs, des chansons courtes et une « esthétique brillante et mignonne » juxtaposée à des paroles angoissées[13]. Mark Richardson, du Wall Street Journal, décrit le genre comme intensifiant les tropes « artificiels » de la musique populaire, résultant en « un mur de bruit caricatural qui embrasse des airs accrocheurs et des crochets mémorables. » La musique oscille entre « beauté et laideur, les mélodies chatoyantes se heurtant à des instruments malmenés[14]. »

L'hyperpop se présente comme une version maximaliste[15] et auto-référentielle de la pop. Usant d'un univers grotesque, les artistes usent de palettes flashy, autant dans la création musicale que visuelle. Elle reprend et détourne également la culture web et musicale des années 2000. Pour le magazine American Songwriter (en), le journaliste Joe Vitagliano décrit l'hyperpop comme « un genre excitant, grandiloquent et iconoclaste — si on peut parler de « genre » — [...] composé de synthétiseurs, d'autotunes, de percussions inspirées de glitch et d'une ambiance dystopique de fin du capitalisme »[16].

L'hyperpop est souvent liée à la communauté LGBTQ+ et à l'esthétique queer[13]. Plusieurs de ses principaux praticiens s'identifient comme homosexuels, non binaires ou transgenres[17]. L'accent mis par le microgenre sur la modulation vocale a permis aux artistes d'expérimenter la présentation de leur voix en fonction du genre[13].

Sous-genres[modifier | modifier le code]

Digicore[modifier | modifier le code]

La digicore est un microgenre lié à l'hyperpop, plus influencé par la musique SoundCloud. Le terme « digi » (l'abréviation du terme digital) est adopté au milieu des années 2010 par une communauté en ligne d'adolescents musiciens, communiquant via le réseau social Discord, pour se distinguer de la scène hyperpop préexistante[18]. Les artistes de la scène digicore puisent souvent dans une variété de genres comme l'emo du Midwest, la transe et la drill de Chicago, entre autres. Les débuts de la digicore sont enracinés dans la culture Internet et de nombreux producteurs populaires du microgenre sont âgés de 15 à 18 ans, utilisant les plateformes telles que Discord pour interagir[19]. En 2018, Dalton (une figure des relations artistiques digicore) lance un serveur Minecraft et Discord appelé Loser's Club qui devient un refuge pour plusieurs des artistes les plus populaires de la scène digicore, tels que Quinn (en) ou Glaive (en). Ce sens de l'entraide et de la collaboration est devenu un principe clé au sein de la scène et a contribué à l'augmentation de la popularité du microgenre dans son ensemble, une majorité de la scène préférant l'idée d'augmenter la popularité en tant que collectif plutôt qu'en tant qu'individus[19]. En 2021, l'album de digicore Frailty de Jane Remover (en) reçoit des éloges sur les sites de musique grand public Pitchfork et Paste[20].

La digicore comporte des codes musicaux semblables à ceux de l'hyperpop. Elle en diffère principalement par les identités raciales de ses artistes, leur âge généralement moins grand[19] et l'utilisation plus distordue des instruments. Là où l'hyperpop a un son plutôt poli et glabre, la digicore est décrite par Quinn comme « beaucoup plus sale, avec des paysages sonores non masterisés et des 808 distordus qui prennent généralement le dessus sur toute la chanson. »[21]

En France, la digicore est également portée par de nombreux artistes Soundcloud et empreint de la culture Internet. Le mouvement noue avec les codes de l'hyperpop, notamment dans les effets extrêmes appliqués aux voix des artistes, dans la libération des codes des genres musicaux et dans l'utilisation de la voix. L'artiste Thanas décrit la digicore comme « un mouvement d'acceptation de soi, de bienveillance[22]. » En 2022, le jeune artiste Snorunt décrit également sa découverte de la scène digicore comme « une révélation », dans la mesure où, sur cette scène, il peut enfin « laisser libre court à son imagination, à ses nombreuses idées et concepts[22]. »

Le microgenre en Francophonie apparait également comme une continuité au mouvement « new wave » du hip-hop français, avec des sonorités dérivées de la trap et des performances vocales très mélodieuses, auto-tunées et modifiées[23]. En 2022, le beatmaker abel31 est salué par la critique pour sa mixtape 200, « prête à repousser les murs de son genre musical », avec les codes de son « esthétique à la fois futuriste et digitale. »[24]

Glitchcore[modifier | modifier le code]

La glitchcore est un microgenre lié à l'hyperpop et au digicore[25]. Il se caractérise par des voix aigües, des 808 aigus et des hi-hats fréquents. Comme un article l'a déclaré, « le glitchcore ressemble à de l'hyperpop sous stéroïdes »[26], se référant aux voix exagérés, aux distorsions, aux bruits glitchés, et aux autres éléments pop présents dans le glitchcore. L'un des éléments les plus déterminants de la glitchcore est ce modèle de glitchs vocaux, créés en répétant rapidement une section d'un échantillon vocal. Sur la scène francophone, la digicore et la glitchcore comportent des codes musicaux semblables[27].

Dariacore[modifier | modifier le code]

La dariacore, également connue sous le nom d'hyperflip, est un microgenre lié à l'hyperpop[28]. Il est créé par Jane Remover (en), sous le pseudonyme Leroy, à la suite de son album Dariacore (en) (2021) et de ses deux suites, Dariacore 2 : Enter Here, Hell to the Left et Dariacore 3 ... At Least I Think That's It's Called ? Le terme « dariacore » est un hommage à Daria, une série télévisée d'animation de la fin des années 1990[29]. Le microgenre gagne en popularité sur SoundCloud en 2021 et 2022, et se caractérise par des samples accélérés et décalés de la musique pop et d'autres médias populaires, des breakbeats et l'influence de la Jersey club[30].

Artistes notables[modifier | modifier le code]

Les artistes internationaux comprennent : A. G. Cook, Dylan Brady (en), Sophie, Charli XCX, Shygirl (en), Slayyyter, Hannah Diamond (en), Gupi (en), Dorian Electra, PinkPantheress, 100 Gecs, et Putochinomaricón (en). En France, un certain nombre d'artiste hyperpop sont cités[31] dont : Oklou, Timothée Joly, Ascendant Vierge et Planet 1999 (en).

Plusieurs artistes attrayant au microgenre de la digicore sont aussi à nommer[32] : Abel31, Snorunt[33] et Winnterzuko[34].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (en) Eli Enis, « This is Hyperpop: A Genre Tag for Genre-less Music », Vice, (consulté le ).
  2. (en) Aliya Chaudhury, « Why hyperpop owes its existence to heavy metal », sur Kerrang!, (consulté le ).
  3. (en) « The rise and rise of hyperactive subgenre glitchcore », sur NME, (consulté le ).
  4. (en) « This is Hyperpop: A Genre Tag for Genre-less Music », sur vice.com (consulté le ).
  5. Agnès, « Splendeurs et excès de l’hyperpop » (consulté le ).
  6. a et b (en) « Bubblegum Bass - Music genre - RYM/Sonemic », sur Rate Your Music (consulté le ).
  7. Julie Ackermann, « 2020 a une musique à son image, l'hyperpop », sur Slate.fr, (consulté le )
  8. (en) Emma Madden, « How Hyperpop Became a Force Capable of Reaching and Rearranging the Mainstream », sur Billboard, (consulté le ).
  9. (en) Arun Starkey, « Did Spotify invent hyperpop? », sur Far Out Magazine, (consulté le ).
  10. import, « Hyperpop : tout savoir sur un hyper-genre », sur L'Éclaireur Fnac, (consulté le )
  11. a et b (en) Ben Dandridge-Lemco, « How Hyperpop, a Small Spotify Playlist, Grew Into a Big Deal » Accès limité, sur The New York Times, (consulté le ).
  12. (en) Chai Ravens, « 7G », sur Pitchfork, (consulté le ).
  13. a b c d et e (en) Will Pritchard, « Hyperpop or overhyped? The rise of 2020's most maximal sound », sur The Independent, (consulté le ).
  14. (en) Mark Richardson, « Hyperpop's Joyful Too-Muchness », sur The Wall Street Journal, (consulté le ).
  15. « Tout, tout de suite : l’étoile filante de l’Hyperpop », sur BEYEAH, (consulté le )
  16. (en-US) « A. G. Cook Is Changing Popular Music As We Know It », sur American Songwriter, (consulté le )
  17. (en) Spencer Kornhaber, « What is Hyperpop? », sur The Atlantic, (consulté le ).
  18. « 404 Error, Genre Not Found: The Life Cycle of Internet Scenes | Complex », sur web.archive.org, (consulté le )
  19. a b et c « What is digicore? The future of pop music explained - i-D », sur web.archive.org, (consulté le ).
  20. (en-US) « No Album Left Behind: Jame Remover's Frailty Is an Electrifying Work of Unpredictability », sur Paste Magazine (consulté le )
  21. (en) Dazed, « Goodbye hyperpop: the rise and fall of the internet’s most hated ‘genre’ », sur Dazed, (consulté le )
  22. a et b « La Digicore, un ravissant mystère :: Le Club », sur le-club04.webnode.fr, (consulté le )
  23. (en) « Digicore - Music genre - RYM/Sonemic », sur Rate Your Music (consulté le )
  24. La rédaction Abcdr du Son, « abel31 - 200 », sur Abcdr du Son - L'année Rap 2022, (consulté le )
  25. Julie Ackermann, « 2020 a une musique à son image, l'hyperpop », sur Slate.fr, (consulté le )
  26. (en-GB) Kyann-Sian Williams, « "It might become as big as hip-hop”: the rise and rise of hyperactive subgenre glitchcore », sur NME, (consulté le )
  27. « Hyperpop, Digicore, Glitchcore, Bubblegum Bass – What? Internetmusik erklärt. », sur www.m4music.ch (consulté le )
  28. « dariacore », dans Wiktionnaire, le dictionnaire libre, (lire en ligne)
  29. « Francis Fukuyama a encore tort : le dariacore ou l’interminable fin de l’histoire pop [archives journal] – Musique Journal », sur musique-journal.fr (consulté le )
  30. (en-US) Kieran Press-Reynolds, « An 18-year-old invented a new genre of meme-heavy music called 'dariacore' that's like 'pop music on steroids' », sur Business Insider (consulté le ).
  31. « Musique : la vague de l’hyperpop saisit les artistes français », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  32. « Top artistes de digicore », sur Last.fm (consulté le )
  33. « Le phénomène Snorunt : chansons tristes, BPM agressifs et voix charcutées », sur Radio France (consulté le ).
  34. « Winnterzuko, rappeur extra-temporel », sur Konbini, (consulté le ).