Collège Sévigné

Collège Sévigné
Le n° 10 de la rue de Condé où était situé le collège Sévigné.
Histoire
Fondation
3 novembre 1880
Cadre
Type
Forme juridique
Domaine d'activité
Enseignement supérieurVoir et modifier les données sur Wikidata
Pays
Coordonnées
Langue de travail
Organisation
Fondateur
Société pour la propagation de l'instruction parmi les femmes
Site web
Identifiants
RNA
SIREN
SIRET
Carte

Le collège Sévigné, fondé en , est un établissement privé laïque parisien sous contrat d'association avec l'État. Il est l'un des premiers établissements scolaires secondaires ouvert aux jeunes filles en France. On trouve parmi ses anciennes élèves nombre de personnalités du monde de l'éducation.

Classé 11e en 2023 par Le Figaro[1] parmi les meilleurs lycées privés de France, il propose aujourd'hui un enseignement qui couvre le primaire, le secondaire avec une section bilingue et le supérieur (préparations aux concours).

Histoire[modifier | modifier le code]

Contexte de la fondation[modifier | modifier le code]

L'établissement fut fondé le [2] par les membres de la Société pour la propagation de l'instruction parmi les femmes (dont Michel Bréal, Marie-Joséphine de Marchef- Girard, Frédéric Passy), déjà à l'initiative de la création de l'École alsacienne l'année précédente. L'historienne Marie-Joséphine de Marchef-Girard en assura la direction de 1880 à 1883[3].

Depuis la Révolution française, les femmes n'ont plus accès à l'enseignement secondaire en France, contrairement par exemple aux États-Unis ou à l'Allemagne. C'est en décembre de la même année que fut promulguée la loi Camille Sée instituant les lycées de jeunes filles, mais ceux-ci ne les préparaient pas encore au baccalauréat.

Mathilde Salomon devint directrice du collège Sévigné dès 1883 ; elle en assura la direction jusqu'à son décès en 1909[4].

Externat privé et laïque, l'établissement était alors le seul en France à proposer aux filles un enseignement équivalent à celui des lycées de garçons ; il se taille rapidement une réputation d'excellence[5].

Formation de jardinières d'enfants[modifier | modifier le code]

En 1909, le collège Sévigné ouvre un jardin d'enfants, et forme dès lors chaque année une trentaine d'élèves au métier de jardinière et d'institutrice. Sous l'impulsion de Thérèse Sance, la nouvelle directrice, membre de la Nouvelle éducation, le collège Sévigné devient le premier établissement en France où sont enseignés les principes de Fröbel, Maria Montessori et John Dewey[6].

Le philosophe Alain y donne de à un cours de pédagogie enfantine[7], tout comme l'écrivain et critique littéraire Jean Guéhenno, qui y enseigne[8] et la professeure de philosophie, socialiste, féministe et pacifiste Jeanne Halbwachs[9].

Corps enseignant[modifier | modifier le code]

Toujours dans les années -, plusieurs autres professeurs sont engagés par la directrice Mathilde Salomon pour rejoindre le corps enseignant du collège Sévigné : le philosophe Frédéric Rauh, le philosophe Raoul Allier, l'historien Arthur Giry, le biologiste et chimiste Émile Duclaux, l'historien et homme politique socialiste Albert Thomas[10] ou encore Marguerite Thibert, docteur ès lettres et historienne[11]. Plus tard, une seconde génération de professeurs vint également rejoindre la précédente : le philosophe Maurice Merleau-Ponty[12], le sociologue franco-russe Georges Gurvitch, le philosophe et musicologue Vladimir Jankélévitch, le linguiste Georges Dumézil, l'historien Fernand Braudel, le philosophe Emmanuel Mounier, l'historien Jérôme Carcopino ainsi que la femme de lettres Jacqueline de Romilly. De septembre 1941 à 1942, date de son départ pour rejoindre les Forces françaises libres de Londres, le journaliste et résistant Pierre Brossolette enseigna l'histoire au collège Sévigné[13]. Il entre au Panthéon en .

Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Plusieurs élèves ont été déportés et sont morts assassinés à Auschwitz : Francine Bloch (1923-1944), Claude Hirtz (1924-1942), Juliette Mowszowicz (1924-1943), Suzanne Sahel (1925-1942), Michel Sikora (1935-1943)[14].

Le 24 mai 2023, l'établissement rend hommage à ces élèves et à ses anciennes élèves Justes parmi les Nations, Josèphe Massé née Cardin (1923-1992), Madeleine Steinberg née White (1921-2008) et Suzanne Guimbretière née Mathieu (1923-2016)[15].

Influence[modifier | modifier le code]

Nombre d'anciennes élèves du collège Sévigné furent elles-mêmes des fondatrices d'école.

Madeleine Daniélou s'inspira des méthodes de Sévigné où elle avait étudié puis enseigné. Elle fonda en 1913 le collège Sainte-Marie de Neuilly, permettant aux jeunes filles catholiques de poursuivre leurs études jusqu'au baccalauréat, tout en leur évitant de perdre la foi par une éducation par trop laïque[16].

Mais c'est surtout le cours de jardinières d'enfants qui devint un vivier pour l'éducation nouvelle en France. Émilie Brandt y enseigna et participa à la création en 1918 d'une annexe au collège à Strasbourg, avant de créer sa propre école, qui prit ensuite son nom, à Levallois-Perret[17].

Germaine Girard, directrice par la suite de l'école du Père Castor y fut également enseignante. Marie Rist y fut formée avant de créer l'École nouvelle d'Antony en 1961[18].

Anciennes et anciens élèves[modifier | modifier le code]

  Élève du collège Sévigné (Paris) 

L'établissement actuel[modifier | modifier le code]

L'établissement est situé au 28 rue Pierre-Nicole, dans le 5e arrondissement de Paris, depuis 1925 ; s'y déroulent les cours de la sixième à la terminale. Il a fait l'objet d'une rénovation intégrale durant l'année 2021-2022. Une annexe se trouve au 39 rue Henri-Barbusse ; s'y déroulent les cours de préparation aux concours (CAPES, agrégations, École du Louvre, grandes écoles de cinéma). Depuis la rentrée , les cours de la petite section de maternelle au CM2 se tiennent dans une deuxième annexe au 95 boulevard Arago.

En 2023, grâce à son taux de réussite au bac de 100 % et son taux de mention de 96 %, le lycée du collège Sévigné est classé 11e meilleur lycée privé de France par Le Figaro, passant ainsi devant l'École alsacienne. Le lycée Sévigné obtient en outre +11, l'une des meilleures « valeur ajoutée » (part des élèves de seconde restant dans l'établissement jusqu'au bac) du classement national.

En , le lycée se classe 15e sur 114 au niveau départemental en termes de qualité d'enseignement selon le quotidien Le Parisien et 36e sur 112 ainsi que 193e sur 2277 au niveau national selon le magazine L'Express[23],[24]. Le classement est établi sur trois critères : le taux de réussite au bac, la proportion d'élèves de première qui obtient le baccalauréat en ayant fait les deux dernières années de leur scolarité dans l'établissement, et la « valeur ajoutée » (calculée à partir de l'origine sociale des élèves, de leur âge et de leurs résultats au diplôme national du brevet)[25].

En 2023, un professeur d'histoire est suspendu à titre provisoire par l’établissement à la suite d'accusations d'emprise par trois anciennes étudiantes. L'enseignant dément les accusations[26].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Notre palmarès 2023 des 60 meilleurs lycées publics et privés de France », sur LEFIGARO, (consulté le )
  2. « Accueil », sur College Sevigne (consulté le )
  3. Le Livre du Centenaire, 1880-1980, Paris, Nathan, (ISBN 2-09-186000-X), p. 155
  4. Catherine Nicault, « Mathilde Salomon, pédagogue et pionnière de l'éducation féminine », Archives juives, vol. 37, no 1 (2004),‎ , p. 129-134 (lire en ligne).
  5. Blandine Dominique Berger, Madeleine Daniélou, 1880-1956, Cerf, p. 35-36.
  6. Annick Ohayon, Dominique Ottavi et Antoine Savoye, L'Éducation nouvelle, histoire, présence et devenir, Peter Lang, , 330 p. (ISBN 978-3-03911-483-2, lire en ligne), p. 237.
  7. Baptiste Jacomino, Alain et Freinet, L'Harmattan, , p. 34-36.
  8. Jeanyves Guérin, Jean-Kely Paulhan et Jean-Pierre Rioux, Jean Guéhenno. Guerres et paix, Presses Univ. Septentrion, (lire en ligne), p. 133.
  9. Nicole Racine, « Cédric Weis, Jeanne Alexandre (1890-1980). Une pacifiste intégrale », sur Le Maitron, (consulté le ).
  10. Vincent Duclert, Réinventer la République. Une constitution morale, Armand Colin, (lire en ligne).
  11. Thébaud, Une traversée du Siècle. Marguerite Thibert. Femme engagée et fonctionnaire internationale, Paris, Belin, (ISBN 978-2-410-00549-3)
  12. a et b Bernadette Moussy, Les Pédagogues dans l’Histoire, Chronique sociale (lire en ligne), « Collège Sévigné ».
  13. a et b « Histoire/Valeurs », sur Collège Sévigné.
  14. « Le Collège Sévigné (Paris 5e) honore la mémoire de ses anciennes élèves - [Cercle d'étude de la Déportation et de la Shoah] », sur www.cercleshoah.org (consulté le )
  15. « AJPN.org » (consulté le )
  16. Blandine Dominique Berger, Madeleine Daniélou, 1880-1956, Cerf, p. 39-40.
  17. Fabienne Serina-Karsky, « L'accueil de l'enfant à l'école maternelle : recherche sur la collaboration entre une enseignante et une éducatrice de jeunes enfants ».
  18. Marie et Noël Rist, Une pédagogie de la confiance, Syros, .
  19. Dominique Missika, Thérèse. Le grand amour caché de Léon Blum, ALMA, (lire en ligne).
  20. Françoise Hardy, Le Désespoir des singes... et autre bagatelles, Groupe Robert Laffont, (ISBN 978-2-221-11943-3, lire en ligne)
  21. Vincent Duclert et Gilles Candar, Jean Jaurès, Fayard, (lire en ligne), « Les cercles de l'amitié ».
  22. Feletin, Clarisse., Hélène Viannay : l'instinct de résistance de l'occupation à l'école des Glénans, Paris, Pascal, , 250 p. (ISBN 2-35019-000-5 et 978-2-35019-000-6, OCLC 57056918, lire en ligne)
  23. Classement départemental et national du lycée.
  24. Palmarès du lycée.
  25. Méthodologie du classement national des lycées français.
  26. Mathilde Goanec, « Dans un lycée huppé, trois anciennes élèves dénoncent « l’emprise » de leur prof », sur Mediapart, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Article connexe[modifier | modifier le code]

Lien externe[modifier | modifier le code]