Tony Minartz

Tony Minartz
Probable autoportrait de Tony Minartz,
publié dans La Revue de l'art ancien et moderne en 1903.
Naissance
Décès
(à 74 ans)
Cannes
Nom de naissance
Antoine Guillaume Minartz
Pseudonyme
Tony MinartzVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Maître

Tony Minartz, pseudonyme d'Antoine Guillaume Minartz, né le [1] à Cannes et mort dans cette même ville le , est un peintre, dessinateur, illustrateur et graveur français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Peintre autodidacte, Tony Minartz commence à se faire connaître en 1896 en exposant des toiles au Salon de la Société nationale des beaux-arts, puis décore à Paris le théâtre Pompadour de panneaux peints pour des spectacles façon « Grand-Guignol », mis en scène par L. Darthenay. En 1903, Henri Béraldi, avec qui il travaillera, fait son éloge dans La Revue de l'art ancien et moderne, écrivant « qu'il a trente ans », et qu'il a bénéficié des conseils de Paul Renouard pour se former à la technique de l'eau-forte. Béraldi ajoute que ses sujets de prédilections sont « Paris le soir, Paris la nuit, toujours ». Minartz donne d'ailleurs quelques eaux-fortes remarquables à La Revue de l'art ancien et moderne jusqu'en 1910 : bals, café-concerts, parisiennes dans leurs plus belles toilettes, mais aussi cafés-concerts, music-halls, restaurants, grands et petits théâtres, sont les décors privilégiés de ses compositions.

C'est de la sorte jusqu'à la Première Guerre mondiale que Tony Minartz expose régulièrement au Salon de la Société nationale des beaux-arts « sur le thème du spectacle : celui de la rue avec ses scènes populaires, celuide la nuit aussi, de ses acteurs et de ses spectateurs : les artistes, les danseuses, les fêtards. Sans doute s'est-il bien amusé, insouciant et fantaisiste, prenant la vie du bon côté, tout occupé à être le chroniqueur et le témoin d'un temps où l'on savait vivre »[2].

La période féconde de Tony Minartz semble donc s'achever en 1914. Outre au Salon de la SNBA, Minartz expose à Paris à la galerie Barthélémy (1903), au Salon des indépendants (1905, 1906) et à la galerie Devambez (1909) et reçoit les palmes académiques. Il collabore occasionnellement à des périodiques illustrés comme L'Almanach des sports (Ollendorff, 1899), ou satiriques tels Gil Blas et L'Assiette au beurre[3]. Il illustre également quelques partitions musicales et un certain nombre d'ouvrages de bibliophilie.

Durant les années 1900 et 1910, il travaille pour le couturier Jacques Doucet, exécutant dessins et aquarelles d'élégantes et de défilés.

Durant la Belle Époque, en témoin attentif de Montmartre, il réside à Paris au 37, rue Pierre-Fontaine. Il participe en 1918 à une exposition au profit des œuvres de guerre puis se retire définitivement à Cannes pour se consacrer à la peinture. Françoise de Perthuis restitue : « Lassé de l'atmosphère de la capitale, Tony Minartz est parti un jour pour la Côte d'Azur. La Riviera, entre les deux guerres, c'est tout un monde : corsos fleuris, marchés animés, scènes de plage ou de pêche, casinos, feux d'artifice, fêtes populaires, Tony Minartz va nous décrire ce monde avec un sens aigu de l'observation, un crayon nerveux et enlevé, une étonnante maîtrise des couleurs jusque dans ces scènes nocturnes pourtant si difficiles à rendre »[2].

Le , Tony Minartz « s'éteint dans un dénuement total, oublié de tous »[2].

Ouvrages illustrés[modifier | modifier le code]

  • Henri Conti, Guignol, Paris, éd. Charpentier et Fasquelle, 1897.
  • Auguste Bosc, Frétillante : schottisch pour piano, partition, Paris, A. Bosc, 1902[4].
  • Raoul Gineste, Soirs de Paris, 60 dessins gravés par Henri Paillard, Paris, Librairie A. Durel / Ch. Lahure et H. Béraldi, 1903.
  • Albert Flament, Fauteuils et couloirs, 21 eaux-fortes, Paris, Imprimé pour Henri Béraldi, 1906.
  • Henri Lavedan, De Paris au Bois de Boulogne, eaux-fortes en couleurs, Paris , éd. J. Borderel, 1908.
  • Albert Flament, Fleurs de Paris, dessins gravés sur bois par Henri Paillard, Paris, H. Béraldi, 1909.

Expositions[modifier | modifier le code]

Réception critique[modifier | modifier le code]

  • « Il reste un des plus fins observateurs de la vie heureuse d'une certaine société de la Belle Époque aux Années Folles. L'œuvre de Minartz se place sous le signe de la spontanéité. Spontanéité du trait, maîtrise du dessin. Ce virtuose du dessin est capable de croquer en quelques minutes une amusante scène de rue, une violente altercation en coulisses, les intimes confidences ou la lassitude d'une danseuse, l'excitation qui règne dans les salles de jeux, ou la gaieté populaire qui éclate à la vue d'un feu d'artifice. Minartz demeure un témoin authentique de son temps au risque de paraître démodé à quelques-uns. Ses créations de 1900 à 1940 peuvent être considérées comme autant d'irremplaçables morceaux d'anthologie, populaire ou mondaine. Elles s'inscrivent aux côtés des œuvres des meilleurs "crayons" de son époque tels que Forain, Steinlen, Willette, Hermann Paul, Caran d'Ache et Abel Faivre. » - Claude Robert[7]
  • « Les œuvres de Tony Minartz font parfois penser à celles de Bottini : elles aussi tournent autour du spectacle, du cabaret, du théâtre et des fêtes populaires. Des sujets qu'il traite de façon feutrée, comme il convient au monde de la nuit, profilant quelques personnages en gros plan sur des fonds animés. » - Gérald Schurr[8]
  • « Plus intéressant, plus personnel aussi dans sa façon de saisir l'instant et le coucher sur toile, Antoine Guillaume Minartz, que les amis appelaient Tony, fut considéré comme le peintre du Paris nocturne : Les bals, les prostituées, les fêtes, les restaurants et les lupanars, les grands boulevards à partir de une heure du matin n'avaient plus de secrets pour lui. "Notre temps est stupéfiant de snobisme et d'ironie", s'écriait-il. Son temps, c'est la Belle Époque qu'il sut si bien saisir. Spirituel observateur montmartrois aux touches et aux taches bariolées, dans son En quittant le Moulin Rouge (1901) il se fit plus discret en harmonisant les verts, les roses et les bruns. Tony Minartz semble nous questionner : où est la véritable fête, à l'intérieur ou à l'extérieur de l'établissement ? Où est la vraie vie ? » - Francesco Rapazzini[9]

Collections publiques[modifier | modifier le code]

France[modifier | modifier le code]

Musée de la Castre, Cannes

Royaume-Uni[modifier | modifier le code]

  • British Museum, Londres, département des gravures et dessins, Fauteuils et couloirs d'André Flament, 21 eaux-fortes originales de Tony Minartz, 1906.

Drapeau de la Russie Russie[modifier | modifier le code]

Collections privées[modifier | modifier le code]

  • Ancienne collection Raphaël Esmerian : Les soirs de Paris, 63 dessins originaux à la plume pour l'ouvrage de Raoul Gineste, localisation inconnue[14].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. État civil 1870, acte de naissance n°141
  2. a b et c Françoise de Perthuis, « la fête de Tony Minartz », La Gazette de l'Hôtel Drouot, n°37, 4 novembre 1983, p. 7.
  3. « L'Article de Paris » par Minartz, in L'Assiette au beurre no 45 du 8 février 1902.
  4. Consultable sur Gallica.
  5. F. M., « Notes sur la Salon de la Société nationale », L'Art et les Artistes, tome IX, avril-septembre 1909, p. 140.
  6. Ville de Reims, Elles aussi étaient en guerre, livret de visite de l'exposition, 2018.
  7. Claude Robert, « Tony Minartz », Catalogue de la vente de l'atelier Tony Minartz, Hôtel Drouot, Paris, 21 novembre 1983.
  8. Gérald Schurr, Le Guidargus de la peinture, Les Éditions de l'Amateur, 1996, page 645.
  9. Francesco Rapazzini, Le Moulin Rouge en folies - Quand le cabaret le plus célèbre du monde inspire les artistes, Le cherche midi, 2016.
  10. Bibliothèque I.N.H.A., Tony Minartz dans les collections.
  11. Musée d'Orsay, Tony Minartz dans les collections.
  12. Musée des beaux-arts de Reims, les femmes à l'usine à travers les dessins de Tony Minartz.
  13. Albert Kostenevitch, Franch art treasures at the Hermitage : splendid masterpieces, new discoveries, Éditions Harry. N. Abrams, 1999.
  14. Tajan, commissaire-priseur, Catalogue en cinq volumes de la bibliothèque Raphaël Esmerian, vol.5, Palais Galliera, Paris, 18 juin 1974.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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