Théâtre romain des Câteliers

Théâtre romain des Câteliers
Image illustrative de l’article Théâtre romain des Câteliers
Localisation
Pays Drapeau de la France France
Lieu Noyers-sur-Andelys
Type Théâtre romain
Protection Logo monument historique Classé MH (1928)
Coordonnées 49° 15′ 25″ nord, 1° 24′ 33″ est
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Théâtre romain des Câteliers
Théâtre romain des Câteliers
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Théâtre romain des Câteliers
Théâtre romain des Câteliers
Histoire
Époque Ier siècle

Le théâtre gallo-romain des Câteliers est un édifice de spectacle antique situé à l'écart de l'ancienne ville d’Andeliacum, aujourd'hui Les Andelys, dans le département de l'Eure, en France.

D'un diamètre de 120 m, il est l'un des plus grands théâtres antiques de toute la Gaule, mais il n'en subsiste plus que quelques vestiges de murs et une silhouette dans le paysage. Son plan l'apparente à un théâtre romain classique ou à un amphithéâtre gallo-romain, édifice à vocation mixte, jeux et spectacles.

Probablement construit au Ier ou au IIe siècle apr. J.-C., il est classé au titre des monuments historiques depuis 1928.

Localisation[modifier | modifier le code]

Le théâtre est situé sur la commune des Andelys, dans le département français de l'Eure, à environ 1,3 km au nord du chef-lieu communal, sur le territoire de la civitas antique des Véliocasses[1].

Le théâtre fait partie d'un site antique dont il est le seul vestige connu avec une villa. Construit à 370 mètres au sud de cette dernière et tourné vers le sud, le monument occupe le haut de la déclivité faisant face aux vallées du Gambon et du ruisseau de Paix, mesurant chacune 7 km[2].

Le territoire de la Haute-Normandie, à l'époque antique, semble être couvert par au moins seize édifices de spectacles qui ne sont jamais à plus de 40 km l'un de l'autre[3].

Fouilles et études[modifier | modifier le code]

Premières mentions[modifier | modifier le code]

En 1863, Julien-Ludovic Brossard de Ruville évoque rapidement le mont de Noyers. L'apparence et la localisation des ruines qu'il évoque peuvent se rapporter au théâtre, bien que l'auteur n'émette lui-même aucune hypothèse. Un fragment d'inscription en marbre blanc est porté au musée d'Évreux[4].

Travaux de Léon Coutil[modifier | modifier le code]

Le théâtre est au sens propre découvert par Léon Coutil en 1927. Enfant du pays, Léon Coutil est aussi l'inventeur du théâtre antique de Pîtres. Il en arrive à s'intéresser au site du lieu-dit des « Câteliers », orthographe retenue suivant la cartographie IGN, sur les hauteurs des Andelys, au hameau de Noyers. Ce toponyme évoque la présence d'un ouvrage fortifié qui peut aussi bien résulter d'une mauvaise interprétation des ruines de bâtiments anciens, voire antiques, que de leur réelle mise en défense après l'abandon de leur fonction première[5].

Il découvre d'abord une villa agraria[6] (la Marguerite) puis le théâtre, à peu de distance, confirmant ainsi l'origine des anomalies de relief curvilignes observées dès la fin du XIXe siècle[7] ; un éboulement a révélé des maçonneries dans un angle de la cavea[5].

Rapidement fouillé, le site est classé sur la liste des monuments historiques dès 1928[8].

Recherches ultérieures[modifier | modifier le code]

C'est seulement en 1955, à l'initiative de la société d'archéologie locale, que de nouvelles recherches sont effectuées sur le site. Les deux angles du mur de scène sont mis au jour et, pour l'essentiel, ces fouilles réduites confirment les résultats obtenus par Léon Coutil[9].

En 2006, en l'absence de nouvelles investigations, la forme du théâtre est fossilisée sous une épaisse couverture végétale dense et irrégulière. Les sondages ne sont pas remblayés et une partie des murs reste visible[10],[3].

Aucune étude scientifique exhaustive de ce site n'a été publiée et aucun document d'illustration n'est accessible au grand public, à l'exception du plan établi dans les années 1920[11] et retouché dans les années 1950[12].

Description[modifier | modifier le code]

Dispositions générales[modifier | modifier le code]

Plan schématique d'après les fouilles de 1955-1959.

La construction du théâtre peut être datée du Ier ou du IIe siècle apr. J.-C.[2].

Probablement pour réduire les travaux de terrassement et de maçonnerie, le théâtre est adossé à une pente naturelle orientée vers le sud[3] ; cette disposition n'est pas idéale pour les spectateurs qui risquent d'être éblouis par le soleil, comme le souligne Vitruve quand il conçoit le théâtre romain idéal[13], mais les contraintes topographiques l'ont emporté lors de la construction du monument. Par ses dimensions, ce théâtre est l'un des dix plus grands de la Gaule[14], le plus vaste étant, selon des relevés de 2018, celui de Mandeure (150 m)[15] : la longueur combinée de son double mur périmétral rectiligne est de 120 m. Son mur de scène n'est pas rectiligne, mais accuse un léger angle vers l'intérieur de la cavea. Un des angles formant la jonction entre le mur périmétral curviligne épais de 1,20 m et le mur périmétral rectiligne large de 2 m[16] est retrouvé sous un bosquet[6].

Les maçonneries préservées sont composées d'un parement en moyen appareil de calcaire dont les joints sont marqués au fer, avec un noyau en silex lié au mortier, tous ces matériaux semblant d'une origine locale ou proche. Aucune terre cuite architecturale ne semble intervenir dans la confection des murs encore en place, bien qu'il en existe des tessons dans les terres déplacées par l'érosion[17].

Cavea[modifier | modifier le code]

Le mur de précinction de l'orchestra n'a pas été retrouvé, ni celui de séparation des gradins ; Léon Coutil fait cependant figurer un tracé hypothétique pour les précinctions dans son plan d'origine. Aucune trace des gradins ne subsiste[18], les spectateurs s'asseyant peut-être directement sur le talus engazonné[12]. Une structure traverse la cavea de part en part et du nord au sud ; il s'agit peut-être d'un vomitoire médian transformé en ravine par l'érosion et le ruissellement[6].

Le mur périmétral de la cavea est conservé de chaque côté sur un tronçon d'environ 20 m de long. Il est renforcé par des contrforts plaqués, trois sont conservés à l'ouest et trois à l'est[19].

Dessin partiel de la cavea depuis l'angle sud-est (Léon Coutil, octobre 1927).

Orchestra et scène[modifier | modifier le code]

Le mur de scène est conservé à ses deux extrémités : à l'ouest, 35,50 m de mur, à l'est, 15,50 m. Le mur périmétral rectiligne, au sud, n'est pas conservé dans son intégralité. Il est rythmé, sur la façade extérieure, par une série de contreforts en pierres maçonnées de 2,50 m de côté, conservés sur 2,50 m de hauteur, dont six sont conservés dans la partie occidentale et trois dans la partie orientale. La partie centrale de ce mur sur laquelle devait s'appuyer la scène a été retrouvée à 2 m et 2,50 m de profondeur, recouverte entre autres par les terres éboulées de la cavea[20].

N'ayant pas retrouvé de vestiges probants d'une bâtiment de scène et ignorant les dimensions précises de l'orchestra, Léon Coutil suggère le théâtre des Câteliers puisse être un amphithéâtre gallo-romain, possédant une cavea incomplète et une arène circulaire ou elliptique[21].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Michel Roblin, « La frontière entre les Véliocasses et les Bellovaques à l'époque gallo-romaine et franque », Bulletin de la Société des antiquaires de France,‎ , p. 301 (DOI 10.3406/bsnaf.1971.2243).
  2. a et b Coutil 1926-1927, p. 366.
  3. a b et c Laurence Ciezar-Épailly et al., « Des édifices de spectacle », Archéologie-Haute-Normandie, no 2 « Aspects de l'architecture monumentale antique, un itinéraire caché »,‎ , p. 11 (lire en ligne).
  4. Julien-Ludovic Brossard de Ruville, Histoire de la ville des Andelis et de ses dépendances, vol. I, Les Andelys, Delcroix, , 504 p. (lire en ligne), p. 312-313.
  5. a et b Coutil 1926-1927, p. 363.
  6. a b et c Léon Coutil, « Villa agraria et théâtre romain d'Andeleius », Bulletin de la Société préhistorique française, t. XXV, no 3,‎ , p. 166-168 (lire en ligne).
  7. Coutil 1926-1927, p. 362.
  8. « Théâtre antique », notice no PA00099310, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  9. Michel Le Pesant et Michel de Boüard, « Fouilles et découvertes archéologiques (IV) », Annales de Normandie, vol. VI, no 3,‎ , p. 349-354 (lire en ligne).
  10. Guy San Juan et Florence Delacampagne, La mise en valeur du patrimoine monumental antique en Normandie, Presses universitaires de Rouen et du Havre, , 142 p. (ISBN 978-2-8777-5500-9, lire en ligne), p. 21.
  11. Coutil 1926-1927.
  12. a et b Henri Van Effenterre, « Circonscription de Caen », Gallia, no 2,‎ , p. 331 (lire en ligne).
  13. Jean-Claude Golvin (en collaboration avec Catherine Salles), Le théâtre romain et ses spectacles, Archéologie Nouvelle, coll. « Archéologie vivante », , 152 p. (ISBN 979-1-0914-5806-1), p. 51-56.
  14. Gérard Coulon, Les Gallo-Romains, Paris, Errance, coll. « Civilisations et cultures », , 219 p. (ISBN 2-8777-2331-3), p. 13.
  15. « Le théâtre gallo-romain de Mandeure devient le "plus grand théâtre des Gaules" grâce à une découverte », sur ici, par France Bleu et France 3, (consulté le ).
  16. Coutil 1926-1927, p. 364.
  17. Henri Van Effenterre, « Circonscription de Caen », Gallia, no 2,‎ , p. 330-331 (lire en ligne).
  18. Sear 2006, p. 221.
  19. Coutil 1926-1927, p. 363-366.
  20. Coutil 1926-1927, p. 364-365.
  21. Coutil 1926-1927, p. 365.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Léon Coutil, « Les ruines romaines de Noyers-sur-Andelys », Recueil de la société d'agriculture, sciences, arts et belles lettres du département de l'Eure,‎ 1926-1927, p. 361-367 (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) Franck Sear, Roman Theatres : An Architectural Study, OUP Oxford, , 465 p. (ISBN 978-0-1981-4469-4, lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]