Te Deum (Charpentier)

Marc-Antoine Charpentier

Fichier audio
Prélude du Te Deum (2:43)
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Le Te Deum (H. 146) en ré majeur de Marc-Antoine Charpentier est un grand motet versaillais (forme musicale née à la cour de Louis XIV). Il a été composé entre 1688 et 1698, durant le séjour du compositeur à l'église jésuite Saint-Louis, à Paris, où il était directeur musical[1] (en fait maître de musique, c'est-à-dire, en langage moderne, maître de chapelle). L’œuvre est écrite pour chœur, solistes et ensemble instrumental (orchestre).

Ce Te Deum est connu pour son prélude dont les huit mesures introductives servent d’indicatif à l’Eurovision[2].

La partition du motet nous est connue grâce à un manuscrit autographe qu'on a daté de - approximativement. Il est conservé à Paris à la Bibliothèque nationale de France sous la cote Rés. Vm1 259.

Charpentier aurait composé six Te Deum, bien que seuls quatre soient encore disponibles, H.145, H.146, H.147 et H.148[1],[a 1]. Il semble qu'il ait composé ou au moins exécuté cette pièce pour la célébration de la bataille de Steinkerque en [a 2], ou encore en 1696 pour la célébration du traité de Turin[3].

Structure[modifier | modifier le code]

La pièce comporte les parties suivantes :


\version "2.14.2"
\header {
  tagline = ##f
}

upper = \relative c'' {
  \set Staff.midiInstrument = "trumpet"
  \clef treble 
  \key d \major
  \time 2/2
  \tempo 2 = 65

\partial 4 a4 d d8 e fis4 d a'2 fis4.\prall fis8 g4 a8 g fis g a4 e8 d e fis e4
a, d d8 e fis4 d a'2 fis4.\prall fis8 g a fis g e4.\prall d8 d2. \bar "||"

}
lower = \relative c {
  \set Staff.midiInstrument = "church organ"
  \clef bass
  \key d \major
\partial 4 d4 d2 d4 d cis a d4. d8 g,4 g d'8 e fis g a2 a8 g fis e  
d2 d4 d cis a d4. d8 g4 d a' a, d2.
}

\score {
  \new PianoStaff <<
    \new Staff = "upper" \upper
    \new Staff = "lower" \lower
  >>
  \layout {
    \context {
      \Score
      \remove "Metronome_mark_engraver"
    }
  }
  \midi { }
}
  • Te Deum laudamus (basse solo)
  • Te æternum Patrem (solo SSAT et chœur)
  • Pleni sunt cœli et terra (chœur)
  • Te per orbem terrarum (trio, ATB)
  • Tu devicto mortis aculeo (basse solo et chœur)
  • Te ergo quæsumus (soprano solo)
  • Æterna fac cum sanctis tuis (chœur)
  • Dignare, Domine (duo, SB)
  • Fiat misericordia tua (trio, SSB)
  • In te, Domine, speravi (trio ATB et chœur)

Charpentier considère la tonalité en ré majeur comme « lumineuse et guerrière[1]. » L'introduction instrumentale, en forme de rondeau, précède le premier verset chanté par la basse seule. Le chœur et les autres solistes se joignent à elle progressivement. Charpentier semble avoir voulu concevoir la pièce d'après l'exégèse traditionnelle du texte latin. Ainsi, le chœur prédomine dans la première partie (versets 1-10, louanges à Dieu, dimension céleste), et les solistes dans la seconde partie (versets 10-20, partie christologique, dimension séculière). Dans les versets suivants, nos 21-25, les solistes et le chœur alternent et le verset final est une grande fugue pour chœur avec un court trio de solistes dans l'épisode central[1].

Effectif vocal et instrumental[modifier | modifier le code]

La pièce est écrite pour chœur (SATB) et cinq solistes (SSATB), accompagnés d'un ensemble instrumental composé de deux parties de violons, de deux deux parties d’altos (« hautes-contre de violon » et « tailles de violon »), deux flûtes, deux hautbois, trompette, basse de trompette et timbales colla parte, et basse continue. La basse continue est jouée à l’orgue et est doublée par les basses de violon, violes de gambe, bassons, basses de cromorne et serpent. Dans les moments où l'on choisit d'abandonner l'orgue, le clavecin et/ou le théorbes peuvent participer à la réalisation de la basse continue.

Réception et célébrité[modifier | modifier le code]

À suite de la redécouverte de ce Te Deum par le musicologue Carl de Nys en 1953, son premier enregistrement sur microsillon a été effectué la même année, avec la Chorale des Jeunesses musicales de France et l'Orchestre de chambre des Concerts Pasdeloup ; le chef d'orchestre était Louis Martini. Le disque a été accueilli avec enthousiasme et l'impact de ce Te Deum subsiste jusqu'à nos jours[a 3].

Discographie sélective[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Manuscrit autographe[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Traduction[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Ouvrage de Catherine Cessac[modifier | modifier le code]

  1. p. 617 - 618 ; motet Te Deum (H 146, cette œuvre), Te Deum à 8 voix avec flûtes et violons (H 145) ainsi que Prélude (H 145a), Te Deum à quatre voix (H 147) et Te Deum à quatre voix (H 148)
  2. p. 218
  3. a et b p. 21 ; « L'impact du Te Deum est tel à l'époque que la télévision choisit pour son indicatif de l'Eurovision la fanfare d'ouverture qui, avec trompettes et timbales, signale la retransmission des grands événements sportifs, artistiques et politiques. Le monde entier connaît au moins huit mesures de Marc-Antoine Charpentier. »

Autres sources[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d (en) Marc Antoine Charpentier (trad. Taylor, Steve, préf. Schauerte-Maubouet, Helga), Te Deum (H. 146). Vocal score, Cassel, Bärenreiter Verlag, , p. V-VIII ISMN M-0006-52543-0
  2. Thierry Geffrotin, Les 100 mots de la musique classique, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? » (no 3930), , 1re éd., 127 p., 11,5 × 17,6 cm (ISBN 978-2-13-058907-5 et 2-13-058907-3, BNF 42539593, SUDOC 155576003, présentation en ligne), entrée « Eurovision » [lire en ligne (page consultée le 6 janvier 2016)].
  3. 1696-Célébration du Traité de Turin - Te Deum – Marc Antoine Charpentier (1643-1704).
  4. a et b (en) Johan Fornäs, Signifying europe, Bristol, Intellect Press, , 371 p. (ISBN 978-1-84150-521-3, lire en ligne), p. 187
  5. Catherine Cessac, Les manuscrits autographes de Marc-Antoine Charpentier, Wavre, Mardaga, , 312 p. (ISBN 978-2-87009-941-4, lire en ligne), p. 6