Scientist Rebellion

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Scientist Rebellion est une organisation internationale de scientifiques militants en faveur de l'écologie. Cette organisation est née de la conviction profonde, basé sur des faits scientifiques, que le réchauffement climatique constitue l'un des défis les plus pressants de notre époque et que des actions immédiates et audacieuses sont nécessaires pour y faire face. En s'engageant dans la désobéissance civile non-violente, Scientist Rebellion vise à sensibiliser le public à l'urgence climatique et à inciter les décideurs politiques à prendre des mesures significatives pour préserver la planète pour les générations futures. En cela ils s’inspirent du mouvement de désobéissance civile Extinction Rebellion. Forts de leur expertise scientifique, les membres de ce mouvement s'efforcent de promouvoir des solutions fondées sur des preuves pour atténuer les effets du changement climatique et protéger l'environnement fragile.

La branche française du mouvement s'appelle Scientifiques en rébellion.

Organisation et histoire de Scientist Rebellion[modifier | modifier le code]

Le mouvement « Scientist Rebellion » a vu le jour en février 2020[1]. Il tire ses origines du mouvement « Extinction Rebellion [2]», créé en 2018 par un groupe d'activistes protestant contre le dérèglement climatique par le biais de la désobéissance civile. Scientist Rebellion encourage également le recours à des formes de protestation non violentes[3] pour sensibiliser le public aux enjeux du dérèglement climatique.

L'exemple de désobéissance civile le plus connu qui a permis au mouvement de gagner en notoriété et en visibilité[4] est celui où des scientifiques se sont attaqués à la British Royal Society en septembre 2020, en appliquant de la peinture sur son entrée. Cette action a inspiré de nombreux scientifiques à travers le monde. Scientist Rebellion est une organisation horizontale, basée sur les principes de l'auto-organisation[5]. Cela signifie qu'aucune personne n'est désignée comme responsable de celle-ci. Elle est autoorganisée, sans chef ni hiérarchie. Les membres se réunissent pour discuter de leurs actions, qu'il s'agisse de lancer une pétition ou d'organiser des actions de désobéissance civile.

Cependant, bien qu'il n'y ait pas de hiérarchie, des structures ont été mises en place. En effet, il existe le Front Office (première ligne) et le Back Office (arrière ligne) pour évaluer le degré d'implication dans des actions à haut ou faible risque[6]. Par exemple, les membres du Back Office se chargent d'organiser des conférences, des interviews ou encore de gérer les structures financières. Tandis que ceux du Front Office sont responsables des actions de désobéissance civile. Il faut avoir le statut de scientifique ou d'universitaire pour pouvoir participer aux protestations non violentes. Pour les personnes qui ne sont pas encore prête à s'engager ou qui n'on pas ces statuts peuvent aisément faire partie du back office. Pour faciliter l'intégration et le contact, Scientist Rebellion a mis en place des conférences appelées « welcome meetings », organisées fréquemment dans différents pays[7].

Les actions menées par Scientist Rebellion sont des réponses à l'impressions de ne pas être assez écoutés face aux sentiments d'urgence sur le changement climatique. En effet malgré de nombreux rapports du GIEC les actions et les promesses faites par les politiques ne semblent pas suffire pour empêcher le réchauffement climatique[8]. Alors en faisant de la désobéissance civile Scientist Rebellion espère rendre visible aux yeux du grand publique l'urgence de cette situation.

Actions marquantes de Scientist Rebellion[modifier | modifier le code]

  • L'organisation Scientist Rebellion a démarré son activité en septembre 2020, lorsque les deux co-fondateurs Mike Lynch-White et Dr. Tim Hewlett, ont lancé leurs première action, utilisant des pinceaux chargés de peinture et des morceaux de papier collés, contre le siège de la Royal Society à Londres. Le fait que la première action soit menée à la Royal Society n'est pas un hasard, car elle est l'une des plus anciennes institutions scientifiques encore en activité dans le monde. Elle représente un pilier essentiel de la communauté scientifique internationale, avec pour mission la promotion et le soutien de la progression de la science par le biais de la recherche, de l'éducation et de la communication. Suite à cette action, l'organisation a gagné en visibilité, entraînant une augmentation du nombre de membres et favorisant son expansion. Cette action a également entraîné un procès pour dommages intentionnels, au cours duquel les deux co-fondateurs ont été jugés non coupables en 2023[9].
  • Le 6 avril 2022, le scientifique de la Nasa Peter Kalmus et quelques autres scientifiques,se sont enchaînés à la porte d’entrée d’une grande banque américaine ,la JPMorgan Chase, à Los Angeles, pour alerter sur la crise climatique. Action pour laquelle ils seront arrêtés au bout de quelques minutes. Cette action à apporté de la visibilité à l’organisation et le message qu'ils voulaient faire passé grâce aux médias[10].
  • Le 29 octobre 2022, à Munich, les scientifiques ont collés leurs mains à la glu sur une automobile de sport de luxe, déployés des banderoles et jeté de la peintures dans le showroom BMW, s'en ai suivit l'intervention de la police, l'arrestation et le jugement de 16 scientifiques. 13 scientifiques ayant participé à cette action, dont le chercheur rouennais Marceau Minot, était toujours en détentions provisoire 4 jours après leurs arrestation. Cette action est l'une de celles qui ont fait le plus parlé en Europe[11].
  • Début décembre 2023, en parallèle de la COP28 se déroulant à Dubaï,la branche française de Scientist Rebellion, Scientifiques en Rébellion, ont organisé une COP alternative sur une période de quatre jours à Bordeaux. Des conférences sur la durabilité ont eu lieu, abordant les limites de l'agriculture intensive et les stratégies pour s'opposer aux grands projets d'infrastructure. Les membres du comité ont également organisé des manifestations pacifiques dans le centre-ville, vêtus de blouses blanches, avec banderoles et micros. Cela à eu pour conséquence d'aidé à faire connaître l'organisation en France[12].

Le mouvement Scientist Rebellion a étendu sa présence à l'échelle mondiale, et revendique sa représentation dans 30 pays. À travers des actions variées, plus ou moins importantes dans ces pays, il a suscité l'intérêt des médias, contribuant ainsi au recrutement de nouveaux membres et à la diffusion de ses valeurs et objectifs.

Analyses et contradictions[modifier | modifier le code]

Une méta étude de 2016 portant sur le consensus scientifique sur le changement climatique et son origine anthropique dévoile que celui-ci est quasiment établi avec 97% des articles scientifiques analysés allant dans ce sens[13]. Pourtant, la question de la place des scientifiques dans le débat et l'action engagée contre le changement climatique reste entière. Le média Libération publie par exemple un article sur l'engagement de scientifiques en blouse blanche en avril 2024, interrogeant ainsi la notion de "neutralité des scientifiques"[14]. Celle-ci repose sur la notion de neutralité axiologique[15] de Max Weber, qui souligne l'importance d'une prise de distance entre les travaux scientifiques et l'engagement et les biais personnels du scientifique. L'objectif est ici d'éviter de faire du travail scientifique en lui même une plateforme de diffusion militante (inconsciemment ou non) et de conserver la rigueur scientifique dans sa conception. La démarche nécessite alors une prise de recul de la part du scientifique afin de produire un travail aussi objectif que possible. Max Weber reconnaît toutefois lui même que la neutralité totale n'est pas atteignable. Il s'agit alors de faire preuve de réflectivité sur sa propre vision du monde afin de prendre le plus de distance possible avec ses biais.

Si la neutralité axiologique s'applique à la méthodologie de recherche scientifique, la notion de "neutralité scientifique", s'applique quant à elle, aux scientifiques eux mêmes. La figure du scientifique est alors vue comme une figure de neutralité constante. Il se contente de donner des faits et reste loin des clivages politiques et d'opinions[16]. En cela il endosse aussi un rôle d'arbitre, cherchant toujours le juste milieu entre deux idées opposées. Cette dichotomie entre "scholarship" et "commitment"[17] est d'autant plus présente sur le sujet de l'écologie, hautement politisé et clivant renforçant encore plus le débat sur Scientist Rebellion[14]. La neutralité scientifique ne fait cependant pas l'unanimité au sein de la communauté scientifique[16].

L'historien Fabien Locher estime par exemple en 2023 que les membres du collectif Scientifiques en Rébellion (la branche française du groupe) renouent par leur action de désobéissance civile avec une tradition ancienne : « la science ne se politise pas depuis l’avènement de Scientist Rebellion : elle est dès l’origine un savoir d’une fiabilité sans égale et d’une nature intégralement politique »[18].

Les militants de Scientist Rebellion ont donc décidé d'aller au-delà de leur rôle de donneurs de faits et de prendre une part active dans l'action contre le changement climatique[19].

Personnalités[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. rédaction de futura, « Scientifiques en Rébellion : « Nous cherchons d’autres façons d’être entendus » », (consulté le )
  2. équipe de france inter, « Des scientifiques en rebellion » [audio] + doc, (consulté le )
  3. (en) « We are scientists uniting against climate failure. » [page web] (consulté le )
  4. (en) Édité par Alison J. Green Révisé par Nicholas Maxwell, « “Beyond being analysts of doom”: scientists on the frontlines of climate action », (consulté le )
  5. (en) « FAQ "who is in charge" »
  6. (en) Édité par Alison J. Green Révisé par Nicholas Maxwell, « Belonging and participating »,
  7. (en) « Talks & Events »
  8. équipe de france inter, « Une impression de ne pas être écouté »,
  9. (en) « Scientist Rebellion Co-Founders Not Guilty of the Group's First Action at The Royal Society » Accès libre, (consulté le )
  10. Fabrice Pouliquen, « 20 minutes » Accès libre, (consulté le )
  11. Thomas Baïetto, « Crise climatique : des scientifiques français emprisonnés en Allemagne pour des actions de désobéissance civile », franceinfo,‎ (lire en ligne Accès libre)
  12. Anne Denis, « Scientifiques en rébellion : le collectif qui prône la décroissance en blouse blanche », Le Point,‎ (lire en ligne Accès payant)
  13. John Cook, Naomi Oreskes, Peter T Doran, William R L Anderegg, Bart Verheggen, EdW Maibach, J Stuart Carlton, Stephan Lewandowsky, Andrew G Skuce, Sarah A Green, Dana Nuccitelli, Peter Jacobs, Mark Richardson, Bärbel Winkler, Rob Painting et Ken Rice, « Consensus on consensus: a synthesis of consensus estimates on human-caused global warming », IOP publishing,‎ (lire en ligne Accès libre ["pdf"])
  14. a et b Copélia Mainardi, « Ecologie : un chercheur sachant militer est-il un bon chercheur ? » Accès limité, sur Liberation.fr (consulté le )
  15. Isabelle KALINOWSKI, « NEUTRALITÉ AXIOLOGIQUE » Accès limité, sur Encyclopædia Universalis (consulté le )
  16. a et b Aurélien Berlan, « Comment l’idée de neutralité scientifique nous aveugle », Écologie & politique, no N° 67,‎ , p. 131-146 (lire en ligne Accès limité)
  17. Louis Pinto, « « Neutralité axiologique », science et engagement. Une lettre de Pierre Bourdieu », Savoir/Agir, vol. vol. 16, no no. 2,‎ , pp. 109-113 (lire en ligne Accès limité)
  18. Fabien Locher, « Climat : les militants ont la science diffuse » Accès limité, sur Libération.fr (consulté le )
  19. ARTICO Daniele, DURHAM Sarah, HORN Laura, MEZZENZANA Francesca, MORRISON Malik et NORBERG Anna, « “Beyond being analysts of doom”: scientists on the frontlines of climate action », Frontiers,‎ (lire en ligne Accès libre)
  20. « Peter Kalmus, la voix des scientifiques en rébellion », sur France Inter, (consulté le )
  21. « Résistance civile : des scientifiques en rébellion... », sur France Culture, (consulté le )
  22. « Quand les scientifiques se rebellent pour le climat », sur France Inter, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Appels pour le climat, dont :

Liens externes[modifier | modifier le code]