Marshall Rosenberg

Marshall Rosenberg
Portrait de Marshall Rosenberg
Marshall Rosenberg en 2005.
Biographie
Nom de naissance Marshall Bertram Rosenberg
Naissance
Canton
Décès
Albuquerque
Nationalité Américaine
Père Fred Rosenberg (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère Jean Rosenberg (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Thématique
Formation Université du Wisconsin à Madison, université du Michigan et Cooley High School (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Profession Psychologue et universitaireVoir et modifier les données sur Wikidata

Marshall Bertram Rosenberg[1] est un psychologue américain né le à Canton (Ohio) et mort le à Albuquerque (Nouveau-Mexique)[2].

Il est le créateur d'un processus de communication appelé « communication non violente » (CNV). Il a travaillé dans le monde entier en tant que faiseur de paix ainsi que comme directeur pédagogique du  « Centre pour la Communication Nonviolente » (Center for Nonviolent Communication)[3], une organisation internationale à but non lucratif qu'il a fondé en 1984.

Biographie[modifier | modifier le code]

Marshall Rosenberg enseignant durant un atelier de Communication Non Violente à Neve Shalom - Wahat as Salam en Israël (1990).

Famille[modifier | modifier le code]

Ses parents, d'origine juive[4], s'appelaient Jean (Weiner) Rosenberg et Fred Donald Rosenberg. Ses parents divorcent deux fois, une fois lorsque Rosenberg a trois ans, et une autre fois lorsqu'il quitte la maison.

La famille déménage à Detroit, Michigan, en 1943 où Rosenberg découvre l'antisémitisme à l’école[5].

Etudes[modifier | modifier le code]

À l'âge de 13 ans, Rosenberg est inscrit dans une école hébraïque puis en est exclu. Rosenberg rédige une dissertation sur la psychologie criminelle au lycée. Il commence ses études supérieures à la Wayne State University, puis les poursuit à l'Université du Michigan. En 1961, Marshall Rosenberg passe sa thèse en psychologie clinique à l’université du Wisconsin à Madison[6] grâce à une bourse d’État[5]. Sa thèse, intitulée « Situational Structure and Self-evaluation », préfigure certains aspects de ses travaux ultérieurs sur la communication non violente en se concentrant sur « la relation entre (la) structure des situations sociales et deux dimensions de l'auto-évaluation ; l'auto-évaluation positive et la certitude de l'auto-évaluation ».

Influences[modifier | modifier le code]

Le professeur Michael Hakeem marque Rosenberg par son affirmation que la psychologie et la psychiatrie sont dangereuses dans la mesure où ces disciplines mélangent les jugements scientifiques et de valeur morale. Hakeem fait lire à Rosenberg des ouvrages sur la thérapie morale traditionnelle dans laquelle les clients sont considérés comme malchanceux plutôt que comme malades. Rosenberg est influencé par les ouvrages The Myth of Mental Illness de Thomas Szasz et Asylums d'Erving Goffman publiés en 1961, ainsi que par la lecture d’Albert Bandura sur « La psychothérapie en tant que processus d'apprentissage ».

Les stages de Rosenberg se déroulent au Wisconsin Diagnostic Center, dans des écoles pour filles et garçons délinquants et au Mendota State Hospital. Dans ce dernier, Rosenberg rapporte que le psychiatre Bernie Banham « ne voulait pas que l'on parle d'un client en son absence ». A Mendota, Rosenberg commence à pratiquer la thérapie familiale avec toutes les parties présentes, y compris les enfants.

Élève de Carl Rogers[modifier | modifier le code]

Élève de Carl Rogers, Rosenberg a montré un besoin d'explorer et d'essayer des choses différentes. Le psychologue l'a inspiré et guidé : « Demandez à Carl Rogers. Il m'a demandé de faire partie de son projet de recherche parce qu'il voulait que beaucoup de gens fassent beaucoup de choses différentes »[5].

Pratique clinique[modifier | modifier le code]

En 1966, l'American Board of Examiners in Professional Psychology lui décerne le statut de diplômé en psychologie clinique. Rosenberg débute dans la pratique clinique à Saint-Louis, dans le Missouri, en formant Psychological Associates avec des partenaires.

Naissance de la CNV[modifier | modifier le code]

En 1968, en faisant une analyse des problèmes des enfants à l'école, il a découvert l’importance de leurs difficultés d'apprentissage, ce qui lui inspire son premier livre, Diagnostic Teaching. Il fait également la connaissance d'Al Chappelle, un leader des Zulu 1200, un groupe de libération noire de Saint-Louis[7]. Rosenberg enseigne alors ses idées sur la résolution des conflits au collectif en échange de la présence de Chappelle aux conventions de déségrégation organisées dans différents lieux aux Etats-Unis à l’époque. Tout en continuant avec Chappelle à aborder la communication contre le racisme, il collabore avec Vicki Legion pour contrer le sexisme. Puis un directeur des écoles, Thomas Shaheen vivant à Rockford dans l'Illinois, fait appel à Rosenberg pour gérer les conflits dans une école alternative.

En 1970, Shaheen devient directeur des écoles de San Francisco, en Californie, et est chargé de l'intégration raciale dans les écoles de la ville. Il fait appel à Rosenberg pour l'aider dans cette tâche. Le psychologue prévoit d’organiser un groupe mais Shaheen est renvoyé avant que celui-ci n’ai commencé son travail. Rosenberg a décidé de rester en Californie et y promeut le Community Council for Mutual Education avec l'aide de Vicki Legion.

Rosenberg témoigne que ces expériences ont contribué à la naissance de la CNV : « Elle est née de ma pratique avec des gens qui souffraient et de mes expériences avec ce qui pouvait leur être utile, que ce soit dans une école correctionnelle pour filles ou avec des personnes étiquetées schizophrènes »[5]. Ensuite, il a travaillé pendant quatre ans à l'intégration scolaire de Norfolk, en Virginie. En guise de caricature de son programme dans la rue, il a offert cette version, parlée à lui-même : « Voyou, identifie le comportement observable. Identifie le sentiment. Identifie la raison de ce sentiment. Identifie tes désirs. Sors ça. Assurez-vous que l'autre personne s'y identifie. Et voyou, tu verras qu'un miracle commence à se produire au bout d'un moment »[5].

Vers 1982, Rosenberg s'inscrit à la Midwest Radical Therapy Conference dont il dira qu’elle a été très profitable. L'importance des marques d'appréciation ou d'affirmation, entre les personnes qui communiquent, avait été soulignée, par exemple, par les adeptes de l'analyse transactionnelle.

Diffusion de la CNV[modifier | modifier le code]

Par la suite, Rosenberg a été appelé dans de nombreux états, pays et conflits pour apporter son expertise en communication non violente qui s'inspire notamment de Gandhi[8].

En 2004, il visitait environ 35 pays par an dans le cadre de sa mission de pacificateur itinérant[4]. Rosenberg a connu le succès dans son travail : « Des choses tellement incroyables se produisent lorsque je quitte des groupes, que lorsque j'y retourne, j'ai du mal à croire ce qu'ils ont accompli depuis ma dernière visite. Je vois cela partout où je vais. Les personnes avec lesquelles je travaille veulent faire rayonner ce processus et transformer les choses. Ils veulent que tout le monde ait accès à ces principes, et ils ont une énergie énorme pour diffuser ce type de travail »[4].

Décès[modifier | modifier le code]

De son domicile d'Albuquerque, Rosenberg a soutenu ses adeptes ailleurs avec un Centre de communication non violente au Nouveau-Mexique. Il est décédé chez lui le 7 février 2015. Le Centre a continué, après la mort de Rosenberg, à mettre en relation des personnes du monde entier avec des formateurs certifiés en CNV à proximité[9].

Héritage[modifier | modifier le code]

Œuvres[modifier | modifier le code]

Selon le thérapeute cognitif Albert Ellis, Ted Crawford, qui a coécrit le livre Making Intimate Connections avec Ellis, « aimait particulièrement la philosophie de résistance à la colère de Marshall Rosenberg et a fait des présentations à ce sujet »[11].

Il a écrit de nombreux livres.

La CNV[modifier | modifier le code]

Marshall Rosenberg est à l'origine d'un mouvement qui porte aujourd'hui le nom de CNV en France et NVC dans les pays anglophones et qui offre une méthodologie simple pour apprendre à communiquer sans violence (et non pas sans colère). Le concept de la CNV repose sur quatre fondamentaux, selon l'acronyme OSBD (observation, sentiment, besoin, demande). Ces quatre piliers constituent le fondement de la CNV et sont directement reliés à l'empathie, à l'écoute profonde et à l’empathie pour soi-même. Au-delà de la méthodologie, Marshall Rosenberg propose une attitude, un chemin de vie qui bouleverse les paradigmes et permet un nouveau langage avec lequel chacun peut se donner le maximum de chances d'obtenir ce qu'il souhaite.

Marshall Rosenberg laisse derrière lui un réseau mondial de la CNV qui agit pour diffuser ce processus vecteur de changement social et de paix.

Activités[modifier | modifier le code]

Le Centre for Nonviolent Communication (CNVC) a émergé d'un travail réalisé avec des défenseurs des droits civiques au début des années 1960. Durant cette période il offre des formations en médiation et en communication à des communautés travaillant à libérer les écoles et les institutions de la ségrégation.

Il est membre du comité de parrainage de la Coordination internationale pour la décennie de la culture de paix et de non-violence.

En 2004 :

Prix[modifier | modifier le code]

2000 : Prix de l'auditeur de l'année décerné par l'Association internationale de l'écoute.

2002 : Certificat d'appréciation de la princesse Anne d'Angleterre et du chef de la police de la justice réparatrice[10].

2004 : Prix de l'homme de paix à l'occasion de la Journée internationale de prière pour la paix par Healthy, Happy Holy.

2004 : Prix international Golden Works pour les études religieuses.

2005 : Prix de la lumière de Dieu dans la société décerné par l'Association des églises de l'unité.

2006 : Prix de la non-violence « Bridge of Peace » de la fondation « Global Village »[11].

2014 : Prix du héros et du combattant du pardon décerné par la Worldwide Forgiveness Alliance[12].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Vers Une Éducation Au Service De La Vie, Les Éditions de l'Homme, 2019.
  • La communication non violente : le langage de la vie, troisième édition, Encinitas, Californie : PuddleDancer Press, 2015
  • Living Nonviolent Communication: Practical Tools to Connect and Communicate Skillfully in Every Situation, 2012.
  • Communication & Pouvoir, Edizioni Esserci, Reggio Emilia Italie, 2008. (ISBN 88-87178-74-7)
  • Élever Nos Enfants Avec Bienveillance - L'approche De La Communication NonViolente, éditions Jouvence, 2007.
  • Dénouer les conflits par la Communication Nonviolente, Ed. Jouvence, 2006. (ISBN 2-88353-496-9)
  • Nous arriverons à nous entendre ! - Suivi de : Qu'est-ce qui vous met en colère ?, éditions Jouvence, 2005. (ISBN 2-88353-424-1)
  • Being me, loving you : a practical guide to unusual relationships, 2005.
  • Spiritualité Pratique - Les Bases Spirituelles De La Communication Non Violente, Jouvence, 2005.
  • Talk peace in conflict : what you say next will change your world, Encinitas, Californie, PuddleDancer Press, 2005.
  • The surprising purpose of anger : Beyond anger management : in search of the gift, 2005.
  • Surmonter la douleur entre nous : guérison et réconciliation sans compromis, 2004.
  • The heart of social change : how to change the world for the better, 2004.
  • Raising children with compassion : education through non-violent communication, 2004.
  • Teaching children with compassion : how pupils and teachers can achieve mutual understanding, 2004.
  • Enseigner Avec Bienveillance - Instaurer Une Entente Mutuelle Entre Élèves Et Enseignants, Jouvence, 2004.
  • We can solve this : resolving conflict in a peaceful and powerful way, 2004.
  • Enrichir les vies : les ONG aident les écoles à améliorer l'apprentissage, à réduire les conflits et à renforcer les relations, 2003.
  • La communication non violente : le langage de la vie, deuxième édition, Encinitas, Californie : PuddleDancer Press, 2003.
  • Talking about the world : Connecting with others through non-violent communication, livre audio), 2003.
  • La Communication Nonviolente au quotidien, Editions Jouvence, 2003. (ISBN 2-88353-314-8)
  • Les mots sont des fenêtres, ou bien ils sont des murs : introduction à la communication non violente [« Non violent communication: a language of compassion »] (trad. de l'anglais par Annette Cesotti et Christiane Secretan, préf. Charles Rojzman), Paris, La Découverte & Syros, , 266 p. (ISBN 2-84146-735-X et 9782841467358, OCLC 43315433, BNF 37087387).
  • Communication non violente : le langage de la compassion, première édition, Encinitas, Californie : PuddleDancer Press, 1999, p.266.
  • Les mots sont des fenêtres (ou des murs) : Introduction à la communication nonviolente, Ed. Jouvence, 1999. (ISBN 2-88353-432-2)
  • Contes de canards et conseils pour apprivoiser les chacals, 1986, Livret (épuisé).
  • Un modèle de communication non violente, Philadelphie, Pennsylvanie : New Society Publisher, 1983.
  • Un guide de la pensée et de la communication « responsables », St. Louis, Michigan : Conseillers psychologiques résidentiels, 1972.
  • L'éducation mutuelle : vers l'autonomie et l'interdépendance, Bernie Straub Publishing Co, 1972 (épuisé).
  • Publications spéciales pour enfants sur l'enseignement du diagnostic, 1968 (épuisé).

Notes[modifier | modifier le code]

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Marshall Rosenberg » (voir la liste des auteurs).

Références[modifier | modifier le code]

  1. Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs) - Introduction à la Communication NonViolente - Éditions La Découverte, 1999, 2004 - (ISBN 9782707143815)
  2. (en) « Marshall Rosenberg passed from this life on Saturday, February 7th. 2015 », sur cnvc.org,
  3. « The Center for Nonviolent Communication », sur cnvc.org (consulté le ).
  4. a b et c (en-US) « Interview with Marshall Rosenberg: The Traveling Peacemaker », sur Inquiring Mind (consulté le )
  5. a b c d et e (en) Witty, Marjorie Cross, « 7. Marshall Rosenberg », sur search.library.northwestern.edu, (consulté le )
  6. Marshall B. Rosenberg, « Nonviolent Communication: A Language of Compassion », dans Transforming Terror, University of California Press, (lire en ligne), p. 304–311
  7. (en) Kenneth Jolly, Black Liberation in the Midwest: The Struggle in St. Louis, Missouri, 1964-1970, Routledge, (ISBN 978-1-135-52659-7, lire en ligne)
  8. « Citation de Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs) - Marshall B. Rosenberg par Bruno_Cm », sur Babelio (consulté le )
  9. « The Center for Nonviolent Communication | Center for Nonviolent Communication », sur www.cnvc.org (consulté le )
  10. Marshall B. Internet Archive, Nonviolent communication : a language of life, Encinitas, CA : PuddleDancer Press, (ISBN 978-1-892005-03-8, lire en ligne)
  11. « 2006 Bridge of Peace Awards - Global Village Foundation », sur web.archive.org, (consulté le )
  12. « Yogi Times | February 2005 », sur web.archive.org, (consulté le )

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles de presse[modifier | modifier le code]

  • « Le “langage du cœur”, arme anti-conflits », Pascale Santi, , in Le Monde
  • « Choisir ses mots pour désamorcer la violence », Anna Lietti, in Le Temps (http://www.letemps.ch/QueryForm/avancee)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sites en français[modifier | modifier le code]

Autres sites[modifier | modifier le code]