Rue aux Ours (Paris)

3e arrt
Rue aux Ours
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Vue générale.
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Situation
Arrondissement 3e
Quartier Sainte-Avoye
Début 189, rue Saint-Martin
Fin 60, boulevard Sébastopol
Morphologie
Longueur 90 m
Largeur 20 m
Historique
Création XIIIe siècle
Ancien nom Rue aux Oes / Oues
Géocodification
Ville de Paris 6897
DGI 6983
Géolocalisation sur la carte : Paris
(Voir situation sur carte : Paris)
Rue aux Ours
Géolocalisation sur la carte : 3e arrondissement de Paris
(Voir situation sur carte : 3e arrondissement de Paris)
Rue aux Ours
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La rue aux Ours est une rue du 3e arrondissement de Paris, située dans le coin sud-ouest de l'arrondissement.

Situation et accès[modifier | modifier le code]

Elle est prolongée vers l'est par la rue du Grenier-Saint-Lazare, et vers l'ouest et le 2e arrondissement par la rue Étienne-Marcel.

La rue aux Ours est desservie par la ligne 4 à la station Étienne Marcel et par la ligne 11 à la station Rambuteau.

Origine du nom[modifier | modifier le code]

Sauval indique qu'en 1209, 1297 ou 1300 cette rue est désignée dans un texte rédigé en latin médiéval vicus ubi coquuntur anseres, c'est-à-dire « rue ou l'on cuit les oies ».

Elle est citée dans Le Dit des rues de Paris (vers 1280-1300), de Guillot de Paris, sous la forme rue As Ouës « rue aux oies ». Un manuscrit de l'abbaye Sainte-Geneviève, datant de 1450, mentionne la rue aux Oes « idem ». La forme Ours semble apparaître vers le XVIIe siècle, puisqu'elle est citée sous le nom de rue aux Ours dans un manuscrit de 1636.

L'élément Ours est une altération d’un plus ancien Oe, Oues, c'est-à-dire « oies », qualificatif qui évoque les nombreux rôtisseurs installés autrefois dans cette rue[1],[2].

« Je dirai en passant que le nom de la rue aux Oues a été changé, & que mal à propos pour l'établir on a sculpé un ours contre une de ses maisons, puisque son vrai nom est celui de la rue aux Oues, parce que de tout tems c'étoit une Rotisserie publique : & comme alors on n'étoit pas si friand qu'aujourd'hui, les oisons du voisinage chargeoient plus les broches que les chapons du Mans, ni les autres viandes délicates, qu'on apporte de loin. Et de fait dans toutes les anciennes chartes, elle est appelée la Rue où l'on cuit les oies : ce changement de nom vient de ce que nos anciens prononçaient la lettre O, comme nous prononçons Ou, & ainsi appelloient Oue, ce que nous appelions Oie, si bien qu'il faudroit dire la rue aux Oies, & non pas la rue aux Oues[3] (Henri Sauval, 1723). »

En réalité, la forme oe, oue représente l'évolution régulière en langue d'oïl du latin auca « oie »[4], c'est la forme oie qui est aberrante. En effet, elle est sans doute motivée par l'attraction du oi- de oiseau[4]. En revanche, l'altération OueOurs s'explique mal et correspond peut-être à une réaction érudite, le français populaire ne prononçait plus le -r final des mots terminés par cette consonne. Le même phénomène s'observe dans le nom des rues homonymes de Rouen et de Metz.

Historique[modifier | modifier le code]

La rue était située à l'intérieur de l'enceinte de Philippe-Auguste entre la poterne du Bourg-l'Abbé à l'angle du boulevard Sébastopol et la deuxième porte Saint-Martin à l'angle de la rue Saint-Martin.

Selon Sauval, un proverbe disait « vous avez le nez tourné à la friandise, comme Saint-Jacques-l'Hôpital », car le portail de cette église se trouvait autrefois face à la rue aux Oies[2],[5].

Cette rue qui reliait depuis le XIIIe siècle la rue Saint-Martin à la rue Saint-Denis fut amputée lors du percement du boulevard de Sébastopol en 1854, puis une autre partie fut intégrée dans la rue Étienne-Marcel lors de son ouverture en 1881.

En 1817, la rue aux Ours, d'une longueur de 177 mètres, commençait aux 135-137, rue Saint-Martin et finissait aux 202-204, rue Saint-Denis. Elle était située dans l'ancien 6e arrondissement.

Les numéros de la rue étaient rouges[5]. Le dernier numéro impair était le no 55 et le dernier numéro pair était le no 60. Les numéros pairs étaient dans le quartier de la Porte Saint-Denis[6] et les numéros impairs étaient dans le quartier des Lombards[7].

La rue originellement très étroite est élargie au début du XXe siècle par démolition et reconstruction en recul des immeubles du côté nord (numéros pairs) pour un projet d'axe est-ouest qui aurait relié la rue Étienne-Marcel au boulevard Beaumarchais. Après un début d'exécution par l'élargissement de la rue de la Perle et percement de la courte rue Roger-Verlomme, ce projet est abandonné. La construction de l'immeuble du no 2 à l'angle de la rue Saint-Martin qui régularise la largeur de la rue est plus récente.

Traditions populaires[modifier | modifier le code]

C'était dans cette rue, au coin de la rue Salle-au-Comte (rue au Comte-de-Dammartin, disparue), qu'était enfermée, dans une grille en fer, une « Notre-Dame dite de la Carole », devant laquelle, jusqu'en 1789, on entretenait une lampe allumée. Selon la tradition, le , un Garde suisse sortant d'un cabaret, après avoir perdu son argent, frappa la statue de plusieurs coups de sabre et elle se mit alors à saigner. Le soldat fut arrêté, conduit devant le chancelier de Marle et condamné à mort. La véracité de l’histoire est douteuse car on n'en trouve aucune trace dans les textes officiels de l’époque, et le chancelier de Marle était mort victime de la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons le mois précédent. Néanmoins, une fête populaire en mémoire de cette histoire avait lieu dans la rue aux Ours tous les ans, le  ; il y avait un feu d'artifice et un mannequin gigantesque habillé en Garde suisse, que l'on appelait « le Suisse de la rue aux Ours » qui était brûlé. La Révolution mit fin à cette tradition burlesque[2].

Jean Lepautre exécuta une gravure représentant cet événement [8].

Gravure de Jean Lepautre représentant le miracle de la rue aux Ours.

Le , pour la fête de saint Leu et saint Gilles, qui est la fête patronale de la paroisse Saint-Leu-Saint-Gilles, un mât de cocagne est dressé avec pour trophée une oie et six blancs. Le meilleur grimpeur ne parvint pas jusqu’en haut mais on lui remit toutefois l’oie seule[9].

Bâtiments remarquables, et lieux de mémoire[modifier | modifier le code]

Henri Alexandre Saffrey : Rue aux Ours - Tour de Jean-sans-Peur (eau-forte, 1873).
  • Il y avait dans cette rue en 1675, une auberge à l'enseigne du Soufflet vert[10]
  • Le , Justin Goblin, maître chaircuitier à Paris, demeurant rue aux Ours : donation à Catherine David, veuve de François Boissierre, demeurant à Chelles-Sainte-Bauxotour, sa nièce, d'une rente de 14 livres tournois[11]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Isabelle Dérens, Le Guide du promeneur. 3e arrondissement, Parisgramme, 1994.
  2. a b et c Félix et Louis Lazare, Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments.
  3. Henri Sauval, Histoire et recherches des antiquités de la ville de Paris, p. 33.
  4. a et b Site du CNRTL : étymologie du mot oie (lire en ligne) [1]
  5. a et b Jean de La Tynna, Dictionnaire topographique, étymologique et historique des rues de Paris, 1817.
  6. Cadastre de Paris par îlot (1810-1836), plan 21e quartier « Porte Saint-Denis », îlot no 9, F/31/83/25, îlot no 10 bis, F/31/83/27, îlot no 9 bis, F/31/83/10, îlot no 10, F/31/83/11, îlot no 11, F/31/83/12
  7. Cadastre de Paris par îlot (1810-1836), plan 23e quartier « Lombards », îlot no 9 bis, F/31/83/10, îlot no 10, F/31/83/11, îlot no 11, F/31/83/12.
  8. « Miracle de la rue aux Ours »
  9. Auguste Vallet, Histoire de Charles VII, roi de France, et de son époque, 1403-1461, Renouard, 1863, p. 326.
  10. Archives nationales, Insinuations Y/231,fol. 18, Louis Ruelle, novice au couvent des Capucins du Faubourg Saint-Jacques : donation à Pierre Ruelle, marchand hôtelier, demeurant à Crespy en Valois et actuellement logé à Paris, rue aux Ours, à l'enseigne du Soufflet vert, son frère ainé, de tous ses biens meubles et immeubles.Notice n° 25,Date de l'acte : 8 décembre 1675
  11. Archives nationales de France: Insinuations Y/231, fol.256, notice 309

Bibliographie[modifier | modifier le code]