Patrisse Cullors

Patrisse Cullors
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When They Call You a Terrorist: A Black Lives Matter Memoir (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Patrisse Cullors (Patrisse Khan-Cullors), née le à Los Angeles, est une artiste et militante américaine queer. Elle milite notamment pour l'abolition des prisons et contre les violences policières à l'égard des personnes afro-américaines, ainsi qu'au sein du mouvement LGBT.

Elle est l’une des trois fondatrices en 2013 du mouvement militant antiraciste et intersectionnel Black Lives Matter, avec Alicia Garza et Opal Tometi.

Biographie[modifier | modifier le code]

Patrisse Cullors est née le à Van Nuys, un quartier de Los Angeles en Californie situé dans la vallée de San Fernando[1], au plus haut de la guerre contre la drogue des autorités fédérales américaines[2]. Elle est élevée comme Témoin de Jéhovah, mais s'en distancie au début de l'adolescence et se tourne vers l'Ifá, un système de divination pratiqué par les Yoruba, après s'être intéressée à la spiritualité indigène de son arrière-grand-mère issue des tribus amérindiennes Chactas et Pieds-Noirs. À l'âge de seize ans, ses parents l'excluent du domicile familial lorsqu'elle leur révèle son identité queer[3]. Durant la majeure partie de sa vie adulte, son père et son frère font des allers-retours avec la prison, ce qui façonne fortement sa vision des questions raciales et son engagement militant[2],[4]. Elle étudie dans une école secondaire orientée vers la justice sociale[2].

À l'âge de 17 ans[2], elle rejoint la Bus Riders Union (en), une organisation destinée à la lutte contre le racisme dans les transports à Los Angeles[5]. Elle fonde ensuite Dignity and Power Now, une coalition de lutte contre la brutalité du personnel des prisons du comté de Los Angeles[2].

À l'âge de 24 ans, elle décide de poursuivre ses études et obtient en 2012 son diplôme de l'Université de Californie à Los Angeles, où elle étudie la religion et la philosophie[2] tout en poursuivant son militantisme au niveau local[6].

En 2013, elle lance le mouvement militant antiraciste Black Lives Matter avec ses amies Alicia Garza et Opal Tometi suite à l’acquittement de George Zimmerman, responsable de la mort d'un jeune afro-américain Trayvon Martin, 17 ans et non armé[7]. Alicia Garza, choquée par la nouvelle, poste un texte sur sa page Facebook auquel Patrisse Cullors répond en ajoutant le hashtag #BlackLivesMatter (« Les vies noires comptent »), très largement repris[8],[9]. Le mouvement s'amplifie en 2014 avec la mort de Mike Brown, un adolescent noir tué par un policier blanc et les manifestations qui ont suivi à Ferguson dans le Missouri[10],[11].

Des militants queer[12], Cullors et les deux autres fondatrices de Black Lives Matters se revendiquent l’héritage du mouvement des droits civiques et des Black Panthers mais souhaitent proposer un projet beaucoup plus inclusif, intersectionnel, apolitique et non fondé sur une religion[8],[13]. Cullors affirme qu'elle et Alicia Garza sont marxistes[14].

Controverse et démission[modifier | modifier le code]

Au printemps 2021, la presse commente le paradoxe de sa « frénésie d'achats immobiliers » avec son statut de « marxiste autoproclamé ». Au cours des dernières années, Patrisse Cullors a en effet acquis quatre maisons haut de gamme pour 3,2 millions de dollars rien qu'aux États-Unis, selon les registres immobiliers[15]. D'après le New York Post, elle possède également une propriété aux Bahamas dans un complexe ultra-exclusif où Justin Timberlake et Tiger Woods ont tous deux des maisons[16]. En avril 2021, elle achète de plus une luxueuse villa estimée à 1,4 million de dollars à Topanga Canyon, une banlieue huppée de Los Angeles[17]. Selon The Washington Times, la critique au sujet de cet achat de maison est intense, car la fondatrice de BLM s'était ouvertement opposée au capitalisme et plaidait pour les « communautés noires ». Or, Topanga est composé à 82 % de Blancs et à seulement 1,6 % de Noirs, en 2018[18].

Dans un communiqué, la Black Lives Matter Global Network Foundation a déclaré que Patrisse Cullors était directrice exécutive « à titre bénévole et ne recevait ni salaire ni avantages sociaux ». Selon la Fondation, « Patrisse a reçu un total de 120 000 dollars depuis la création de l'organisation en 2013, pour des fonctions telles que servir de porte-parole et s'engager dans un travail d'éducation politique ». Elle n'a reçu aucune compensation après 2019[réf. souhaitée].

Hawk Newsome, le directeur de Black Lives Matter Greater New York City, qui n’est pas affilié à Black Lives Matter Global Network Foundation de Khan-Cullors, a appelé à « une enquête indépendante » pour savoir comment le réseau mondial dépense son argent[16].

Le 28 mai 2021, Patrisse Cullors annonce sa démission mais précise que celle-ci était prévue de longue date et n'aurait rien à voir avec les polémiques liées à son patrimoine immobilier détenu dans des quartiers huppés[19].

En janvier 2022, The New York Post évoque également le fait que Black Lives Matter a transféré des millions à M4BJ, un organisme de bienfaisance canadien dirigé par l'épouse de Patrisse Cullors, Janaya Khan. M4BJ a acheté un vaste manoir qui avait autrefois servi de siège au Parti communiste pour l'équivalent de 6,3 millions de dollars en espèces en juillet 2021. L'achat de la propriété de Toronto, nommée Wildseed Centre for Art and Activism, est révélé, selon The New York Post, à un moment où existe des inquiétudes croissantes concernant le manque de transparence du groupe BLM dans ses finances[20].

Philosophie et opinions politiques[modifier | modifier le code]

Cullors se définit comme « abolitionniste » de la prison, de la police et de la militarisation[21], une position inspirée selon elle « de la lutte anti-coloniale des Noirs aux États-Unis et à travers les Amériques, notamment Haïti. »[22],[23] Elle est également en faveur de réparations de diverses sortes, qu'elle justifie par les « douleurs et dommages historiques causés par la colonisation de peuplement européenne »[24],[21].

Déclarant que ses collègues organisateurs de Black Lives Matter et elle étaient des « marxistes formés »[25], elle cite Eric Mann (en), militant de gauche radicale et ancien de l'organisation terroriste de Weather Underground, comme son mentor dans le militantisme quand elle débute à la Bus Riders Union (en)[5]. Comme inspirations idéologiques, elle cite notamment Angela Davis, Frantz Fanon et Audre Lorde[26],[23]. Lors de la promotion de son livre When They Call You a Terrorist: A Black Lives Matter Memoir en 2018, elle réaffirme son soutien à l'idéologie marxiste[25].

En , elle fait part de son soutien pour les candidatures d'Elizabeth Warren et de Bernie Sanders aux primaires présidentielles du Parti démocrate, affirmant que les progressistes doivent s'unir pour battre « les [Michael] Bloomberg et [Joe] Biden de ce monde », qui ont « amené une grande dévastation dans nos communautés »[27].

Publication[modifier | modifier le code]

Filmographie[modifier | modifier le code]

  • 2018 : Resist (série documentaire) - productrice[28]
  • 2019-2020 : Good Trouble - actrice (elle-même)[29]

Distinctions[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en-US) « A founder of Black Lives Matter answers a question on many minds: Where did it go? », sur Los Angeles Times, (consulté le )
  2. a b c d e et f (en-US) Hillel Aron, « These Savvy Women Have Made Black Lives Matter the Most Crucial Left-Wing Movement Today », sur LA Weekly, (consulté le )
  3. (en) MSNBC, « Queerness on the front lines of #BlackLivesMatter », sur MSNBC.com, (consulté le )
  4. (en-US) Judith Ohikuare, « Meet the Women Who Created #BlackLivesMatter », sur Cosmopolitan, (consulté le )
  5. a et b (en) Democracy Now!, « “When They Call You a Terrorist”: The Life of Black Lives Matter Co-Founder Patrisse Khan-Cullors », (consulté le )
  6. (en-US) « Patrisse Cullors ’12 – UCLA Our Stories Our Impact », sur ourstoriesourimpact.irle.ucla.edu (consulté le )
  7. « 2016 vue par Patrisse Cullors de Black Lives Matter: “Un appel à l’action” », sur Les Inrockuptibles, (consulté le )
  8. a et b S. D., « D’où vient « Black Lives Matter », le cri de ralliement de la jeunesse antiraciste ? », sur L'Obs, (consulté le )
  9. « Black Lives Matter : les habitants du monde entier s’unissent contre le racisme - Elle », sur elle.fr (consulté le )
  10. « Aux Etats-Unis, Black Lives Matter organise la colère noire », sur L'Obs (consulté le )
  11. Sylvie Laurent, « Black Lives Matter, le renouveau militant », sur Le Monde diplomatique, (consulté le )
  12. (en) National Center for Institutional Diversity, « Hearing the Queer Roots of Black Lives Matter », sur Medium, (consulté le )
  13. Juliette Pousson, « Mort de George Floyd : cinq questions sur Black Lives Matter, mouvement militant antiraciste », sur Le Parisien, (consulté le )
  14. (en-US) Jared A. Ball, « A Short History of Black Lives Matter », sur The Real News, (consulté le ) : « The first thing, I think, is that we actually do have an ideological frame. Myself and Alicia in particular are trained organizers. We are trained Marxists. »
  15. « BLM co-founder, with $3M real estate portfolio, says Black homeownership is a way to ‘disrupt white supremacy' », sur Fox Business, (consulté le )
  16. a et b Inside BLM co-founder Patrisse Khan-Cullors’ million-dollar real estate buying binge, nypost.com, 10 avril 2021
  17. « Une cofondatrice marxiste de Black Lives Matter s'achète une villa à 1,4 million de dollars dans un quartier blanc », sur Valeurs actuelles, (consulté le )
  18. (en) « Topanga, CA | Data USA », sur datausa.io (consulté le )
  19. (en) « Patrisse Cullors: Black Lives Matter co-founder resigns », sur bbc.com, (consulté le )
  20. (en) Black Lives Matter sent millions to Canada charity to buy mansion, nypost.com, 29 janvier 2022
  21. a et b (en) Patrisse Cullors, « Abolition And Reparations: Histories of Resistance, Transformative Justice, And Accountability », sur Harvard Law Review, (consulté le ) : « Our task is not only to abolish prisons, policing, and militarization, which are wielded in the name of “public safety” and “national security.” »
  22. I am an abolitionist. What does this mean? Abolitionist resistance and resilience draws from a legacy of black-led anti-colonial struggle in the United States and throughout the Americas including places like Haiti, the first black republic founded on the principles of anti-colonialism and black liberation.
  23. a et b (en) « Abolitionists still have work to do in America | Patrisse Cullors », sur The Guardian, (consulté le )
  24. Reparations campaigns encompass a wide array of demands. Most commonly, reparations in our contemporary movements are justified by the historical pains and damage caused by European settler colonialism and are proposed in the form of demands for financial restitution, land redistribution, political self-determination, culturally relevant education programs, language recuperation, and the right to return (or repatriation).
  25. a et b (en) Yaron Steinbuch, Black Lives Matter co-founder describes herself as ‘trained Marxist’, nypost.com, 25 juin 2020
  26. We draw upon the theoretical work of many before us. Professor Angela Y. Davis — philosopher, Marxist, and former Black Panther whose work on prisons, abolition, and Black struggle has proven relevant over time — has informed our movements and communities for decades. Her political theories and reflections on anticapitalist movements around the world have sought not only to transform U.S. society by challenging white supremacy in U.S. laws, institutions, and relationships, but also to act as a catalyst toward building a broader antiracist and antiwar movement internationally. Another significant theorist is Frantz Fanon, a psychologist and political theorist from Martinique whose work on colonial violence in Algeria and across the Third World makes timely connections necessary to understanding the current global context for Black individuals on the African continent and in our multiple diasporas. And finally, the poet and theorist on interlocking identities Audre Lorde embodies this abolitionist praxis in her moving testimonies and observations through a Black, queer, feminist lens.
  27. (en) James Walker, « Black Lives Matter Co-Founder Endorses Sanders and Warren, Says It Is Time for Biden to Stand Down », Newsweek,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  28. « Blackpills, la télé sur smartphone », sur www.franceinter.fr (consulté le )
  29. Good Trouble (TV Series 2019– ) - IMDb (lire en ligne)
  30. « The Mario Savio Young Activist Award :: The Award », sur www.savio.org (consulté le )
  31. « Patrisse Cullors Awarded Clarkson University Honorary Degree | Clarkson University », sur www.clarkson.edu (consulté le )
  32. (en) « 2018 Women Making History Awards », sur National Women's History Museum (consulté le )
  33. « LGBTQ Pride Month: A Conversation with Patrisse Cullors », sur www.gc.cuny.edu (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]