Jawad Bendaoud

Jawad Bendaoud
Information
Naissance (37 ans)
Épinay-sur-Seine, France
Nationalité Française
Marocaine[1]
Surnom Le logeur de Saint-Denis, Le logeur de Daech
Sexe Masculin
Condamnation (violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner)
(trafic de stupéfiants)
(menaces et outrage sur personne dépositaire de l'ordre public)
(allégation de menace de mort)
et (allégation de menace de mort)[2],[3]
(recel de malfaiteurs terroristes)
(allégation de menace de mort)
Sentence 8 ans ferme (violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner)
8 mois ferme (trafic de stupéfiants)
4 ans ferme (recel de malfaiteurs terroristes, en appel)
1 an ferme (allégation de menace de mort, en appel)
6 mois ferme (allégation de menace de mort)
Actions criminelles Violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner, trafic de stupéfiants, détention d'armes, faux et usage de faux, conduite en état d'ivresse, violences conjugales, violences aggravées, marchandage de sommeil (complicité), menaces et outrage sur personne dépositaire de l'ordre public, allégation de menace de mort
Affaires Attentats du 13 novembre (relaxé en 1re instance)
Victimes David Manwal
Période -
Pays Drapeau de la France France
Régions Île-de-France
Ville Saint-Denis, Paris (allégation de menace de mort), Villepinte (allégation de menace de mort)
Arrestation (violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner)
(allégation de menace de mort)
Avocat Xavier Nogueras[4] et Marie-Pompéi Cullin[5]

Jawad Bendaoud, né le à Épinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), est un criminel franco-marocain. Il est connu pour avoir hébergé, « sans le savoir » selon lui, dans un appartement de Saint-Denis, à la demande d'Hasna Aït Boulahcen[6], les deux derniers terroristes en fuite à l'origine des attentats du 13 novembre 2015, Abdelhamid Abaaoud et Chakib Akrouh, raison pour laquelle il a été surnommé parfois « le logeur de Daech ». C'est dans ce même logement qu'a eu lieu l'opération policière durant laquelle ont péri les derniers terroristes ayant commis ces attentats.

Ses déclarations au moment de son arrestation en direct ont fait de lui un mème. Néanmoins, il n'a pas été reconnu coupable de complicité dans l'affaire des attentats du 13 novembre et a été relaxé en première instance. Il est jugé en appel en , écopant finalement de quatre ans de prison.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jawad Bendaoud est né le [7] à Épinay-sur-Seine[7], dans un milieu modeste, au sein d’une famille de cinq enfants d’origine marocaine d'Agadir[8].

Le , Bendaoud prend en poursuite un certain Fouad qu'il accuse d'avoir volé le téléphone mobile de sa mère. En s'interposant entre les deux hommes, David Manwal, un immigré camerounais de 16 ans et « meilleur ami » de Bendaoud, est mortellement poignardé par ce dernier à l'aide d'un tranchoir volé quelques minutes plus tôt dans une boucherie[9],[10]. Le soir-même, Jawad se rend aux policiers. Lors de son procès qui se déroule devant la cour d'assises de Bobigny les 4 et , il assure que le coup porté à son ami était involontaire[11]. Le caractère inintentionnel de l'homicide est retenu par le tribunal et il est condamné à huit ans de prison ferme (sur les douze requis par l'avocat général) pour violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner[12].

Libéré sous bracelet électronique en 2013, il devient le « caïd de la rue [du Corbillon] » selon les mots de Stéphane Peu, alors maire adjoint de Saint-Denis chargé de l'urbanisme et de l'habitat[13]. Des riverains excédés par ses menaces verbales auraient déposé une main courante contre lui[14]. En 2014 et 2015, il est condamné 13 fois à des peines de prison notamment pour infraction à la législation sur les stupéfiants, détention d'armes aggravée en réunion, faux et usage de faux, conduite en état d'ivresse, violences conjugales, ou encore violences aggravées en réunion[1].

Au moment des attentats de , Bendaoud travaille comme « homme de main » pour le compte de trois frères marchands de sommeil, qui possèdent plusieurs appartements en Seine-Saint-Denis[14]. Ayant l’interdiction de louer, les trois hommes ont recours à des intermédiaires pour gérer leurs biens. Ils emploient ainsi Bendaoud pour sélectionner des locataires, récupérer les loyers en espèces et expulser les mauvais payeurs. C'est dans un de ces logements, situé 48 rue du Corbillon que Bendaoud accepte d'héberger Abaaoud et ses complices, après les attentats du [1].

Le , alors qu'il est en détention provisoire à la prison de Villepinte, il saccage sa cellule avant d'y mettre le feu[15].

Le , Bendaoud est jugé pour un trafic de cocaïne qu'il avait avancé comme « alibi » (pour l'instruction sur les attentats) lors de sa garde à vue consécutive à l'opération policière du 18 novembre 2015 à Saint-Denis[16],[17]. Sa comparution devant le tribunal correctionnel de Bobigny dans le cadre de cette affaire est cependant écourtée par la présidente Delphine Jabeur qui ordonne son renvoi au dépôt à la suite d'injures proférées à l'encontre de policiers l'escortant. Il est finalement condamné par contumace à huit mois de prison ferme (sur les douze requis par le parquet)[18].

Le , il invite chez lui l'ancien garde du corps d'Emmanuel Macron[19], Makao, qui sera contraint d'arrêter toute mission avec l’Élysée sur ordre d'Alexandre Benalla[20],[21]. Une semaine plus tard, le , il se fait interner quelques heures en psychiatrie pour une crise de démence après avoir dégradé le domicile de ses parents[22].

Après une énième sortie de prison en [23],[24], l'animateur Cyril Hanouna l'invite à s'exprimer sur le plateau de son émission Touche pas à mon poste ! le avant de déprogrammer sa venue devant l'ampleur de la polémique suscitée par une telle invitation[25].

« Logeur » des djihadistes du 13 novembre 2015[modifier | modifier le code]

Après l'opération policière du , au cours de laquelle les trois terroristes sont tués, Jawad Bendaoud est appréhendé par la police nationale. Pendant son arrestation, il est brièvement interviewé par le journaliste Timothée Le Blanc (ou Leblanc[26]) de la chaîne BFM TV, auquel il affirme : « J’étais pas au courant que c’était des terroristes (...) On m’a demandé de rendre service, j’ai rendu service, Monsieur. On m’a demandé d’héberger deux personnes pendant trois jours, j’ai rendu service tout simplement. Je ne sais pas d’où ils viennent, on est au courant de rien, Monsieur »[27]. Quelques instants plus tard, il est emmené en garde à vue par les policiers. La vidéo de ses réponses à Timothée Le Blanc suscite de très nombreuses moqueries sur les médias sociaux. Surnommé le « logeur de Daech », il devient même, dans les jours qui suivent, un phénomène Internet, jusqu'à faire figure de « bouffon » servant d'exutoire à une opinion publique choquée[28].

Procès[modifier | modifier le code]

Jawad Bendaoud est ensuite mis en examen pour « recel de malfaiteurs terroristes », son procès s'ouvre le devant la XVIe chambre du Tribunal correctionnel de Paris. Il comparaît en même temps que Mohamed Soumah, l'un de ses complices habituels, et Youssef Aït Boulahcen, le frère d'Hasna Aït-Boulahcen. Pendant les audiences, Bendaoud se fait remarquer par son comportement fantasque et ses nombreuses déclarations qualifiées de surréalistes[29].

Il est relaxé, le , des faits qui lui étaient reprochés — le tribunal estimant qu'il n'est pas prouvé que l'homme a « fourni un hébergement à des terroristes en vue de les soustraire aux recherches »[30]. Le parquet, qui avait requis 4 ans de prison contre Jawad Bendaoud, fait aussitôt appel du jugement[31],[32].

Alors que son procès en appel doit se tenir le , il est placé en garde à vue le pour avoir proféré des menaces de mort sur son ex-compagne, en vue d'une comparution immédiate au tribunal de Bobigny le [33]. Jawad explique ces menaces par le fait que son ex-compagne lui avait envoyé des vidéos la montrant lors d'ébats amoureux avec un autre homme[34]. Les menaces qui lui sont reprochées remontent à fin mars et ont été faites « à distance » par « textos et appels ». Le parquet requiert dix mois de prison dont quatre avec sursis et mandat de dépôt, et le tribunal le condamne à six mois de sursis avec mise à l’épreuve, obligation de soins, de travail ou de se former[35].

Le , il est à nouveau placé en garde à vue au commissariat de Saint-Denis pour des faits d'outrage et rébellion commis à l'encontre de fonctionnaires de Police. Jawad Bendaoud aurait insulté des policiers tout en filmant la scène avec son téléphone. Lors de cette arrestation, il aurait encouragé des personnes présentes à proximité à le libérer. Il a également été trouvé porteur de quelques grammes de cannabis.

Lors de son procès en appel, il continue de nier violemment les accusations, jusqu'à faire suspendre l'audience[36]. Sa ligne de défense ne bouge pas : il dit qu'il avait des doutes sur ceux qu'il logeait, imaginant par exemple qu'ils étaient des voyous, mais pas des terroristes. Il affirme que son père lui avait dit après l'attentat que tous les terroristes étaient morts, et qu'ensuite il n'a pas regardé les journaux télévisés étant « défoncé » pendant plusieurs jours à la cocaïne et au cannabis[37].

Le , Jawad Bendaoud est condamné à 4 ans d'emprisonnement par la cour d'appel de Paris pour avoir logé deux terroristes, Abdelhamid Abaaoud et Chakib Akrouh, après les attentats du 13 novembre 2015[38]. La cour estime qu'il n'est pas crédible que Jawad Bendaoud « alors que la France était en proie au pire attentat de son histoire contemporaine se soit abstenu de voir les informations du samedi 14 au mardi 17 novembre et n’ait pas vu les photographies d’Abdelhamid Abaaoud présenté comme l’organisateur des attentats »[39]. Le , Jawad Bendaoud se pourvoit en cassation, uniquement sur le volet civil de sa condamnation, c'est-à-dire les indemnités à verser aux victimes directes et indirectes des attentats ainsi qu'aux résidents de l'immeuble 48 rue du Corbillon à Saint-Denis[40],[41],[42]. Le 15 février 2022, la cour de cassation confirme les sommes des indemnités à verser aux premières mais annule celles à verser aux seconds[42].

Le , il est condamné à six mois d'emprisonnement ferme pour avoir menacé de mort un surveillant lors de son transfert de la prison de Villepinte à celle de Beauvais le [43].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Paul Louis, « Le parcours sulfureux de Jawad Bendaoud, «caïd» de Saint-Denis devenu «logeur de terroristes» », Le Figaro, (consulté le )
  2. « Jawad Bendaoud condamné pour « menaces de mort » contre une victime des attentats du 13-Novembre », Le Monde, (consulté le )
  3. « Jawad Bendaoud condamné en appel à un an de prison pour "menaces de mort" », L'Obs, (consulté le )
  4. Claire Digiacomi, « L'avocat de Jawad Bendaoud dresse au "HuffPost" le bilan de ce procès "unique" », sur Le Huffington Post, (consulté le ).
  5. Esther Paolini et AFP agence, « Comment Jawad Bendaoud devint la risée des réseaux sociaux », Le Figaro,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. Il s'agit de la cousine d'un des terroristes hébergé : Abaaoud
  7. a et b Aurélie Sarrot, « Jawad Bendaoud : le procès très attendu du logeur de terroristes s'ouvre à Paris », sur LCI, publié le et mis à jour le .
  8. Emeline Cazi et Adrien Pécout, « Jawad Bendaoud, un  « logeur »  bien connu dans les rues de Saint-Denis », Le Monde, (consulté le )
  9. Marylène Lenfant, « Huit ans de prison pour le meurtrier de David », Le Journal de Saint-Denis, (consulté le )
  10. Emeline Cazi et Soren Seelow, « Jawad Bendaoud, logeur de terroristes du 13 novembre : « Je m’en doutais mais je voulais l’argent » », Le Monde, (consulté le )
  11. « J'étais son meilleur ami, je n'ai jamais voulu le tuer », Le Parisien, (consulté le )
  12. « Huit ans de prison pour le meurtrier de David », Le Parisien, (consulté le )
  13. Robin Verner, « Jawad Bendaoud, "logeur" des jihadistes du 13-novembre et ancien caïd », BFM TV, (consulté le )
  14. a et b Marie-Estelle Pech et Paule Gonzalès, « Le casier judiciaire chargé de Jawad Bendaoud, le logeur des terroristes », Le Figaro,‎ (lire en ligne)
  15. « Attentats de Paris : Jawad Bendaoud met le feu à sa cellule à la prison de Villepinte », RTL, (consulté le )
  16. « Jawad Bendaoud, «le logeur des djihadistes», pète les plombs à son procès », Le Parisien, (consulté le )
  17. Renaud Lecadre, « Jawad Bendaoud, un logeur impulsif pas sorti de l’auberge », Libération, (consulté le )
  18. Carole Sterlé, « Jawad Bendaoud, la rage aux lèvres », Le Parisien, (consulté le )
  19. Jacques Pezet et Fabien Leboucq, « Est-ce bien Makao, ex-garde du corps d’Emmanuel Macron, que l'on voit dans une vidéo en compagnie de Jawad Bendaoud ? », Libération, (consulté le )
  20. « Makao, l'autre garde du corps de Macron », Society,‎
  21. Closermag.fr, « Quand Brigitte Macron envoyait des SMS à Makao, l'ancien garde du corps d'Emmanuel Macron », Closermag.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  22. Cécile Ollivier, « Jawad Bendaoud interné en psychiatrie après une crise de démence », BFM TV, (consulté le )
  23. « La Cour de cassation examine jeudi le pourvoi de Jawad Bendaoud, «logeur» de djihadistes du 13 novembre », (consulté le )
  24. « Attentats du 13-Novembre: épilogue judiciaire pour Jawad Bendaoud, logeur de deux jihadistes », L'Express, (consulté le )
  25. Ronan Tésorière, « TPMP invite Jawad Bendaoud, avant de se rétracter : «L’impression qu’on nous crache au visage», réagissent les victimes du 13 Novembre », Le Parisien, (consulté le )
  26. « Le journaliste de BFMTV qui a interviewé Jawad Bendaoud à Saint-Denis témoigne », BFM TV, (consulté le )
  27. Justine Chevalier, « Les coulisses de l'interview de Jawad Bendaoud », BFM TV, (consulté le )
  28. Jawad, "le logeur de Daech" : un "bouffon médiatique" face à la justice , France Inter, 23 janvier 2018
  29. Procès de Jawad Bendaoud : les neuf moments les plus surréalistes de son interrogatoire, France Télévisions, 29 janvier 2018
  30. « Relaxe pour Jawad Bendaoud qui avait logé des jihadistes du 13 Novembre », sur liberation.fr/,
  31. Pascale Egré, « Pourquoi Jawad Bendaoud a été innocenté », sur leparisien.fr/,
  32. « Jawad Bendaoud relaxé : 4 éléments pour comprendre le jugement », sur lemonde.fr,
  33. Aziz Zemouri, « Jawad Bendaoud en garde à vue : son ex-compagne a porté plainte », lepoint.fr, (consulté le )
  34. « Jawad Bendaoud condamné à 6 mois avec sursis pour des menaces sur son ex-compagne », ladepeche.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  35. « Jawad Bendaoud condamné à six mois avec sursis pour menaces de mort sur son ex-compagne », 20minutes.fr, (consulté le )
  36. « «Le logeur de Daech» au bord de la crise de nerfs lors de son procès en appel », ladepeche.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  37. « «Le logeur de Daech» au bord de la crise de nerfs lors de son procès en appel », sur ladepeche.fr, (consulté le )
  38. « Attentats du 13-Novembre : Jawad Bendaoud condamné à quatre ans de prison ferme par la cour d'appel de Paris pour avoir hébergé deux terroristes », sur Franceinfo, (consulté le )
  39. « Attentats du 13-Novembre : Jawad Bendaoud condamné à quatre ans de prison en appel », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  40. « Jawad Bendaoud, le logeur de jihadistes du 13-Novembre, condamné en appel à 4 ans de prison », Capital, (consulté le )
  41. Marc Taubert avec Aude Blacher, « Attentats du 13-Novembre : Jawad Bendaoud se pourvoit en cassation », francetvinfo.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  42. a et b « Attentats du 13-Novembre: épilogue judiciaire pour Jawad Bendaoud, logeur de deux jihadistes », Le Point, (consulté le )
  43. Clémence Bauduin, « Jawad, «le logeur de Daech», condamné pour une agression sur un surveillant », Le Parisien, (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]