Jardin potager

Jardin potager
Exemple de jardin potager
Présentation
Type

Un jardin potager[1] ou potager est un jardin ou une partie de jardin où se pratique la culture vivrière de plantes potagères destinées à la consommation familiale, soit principalement des légumes, des fruits non cultivables en verger et des plantes aromatiques. Le jardin potager, en plus de sa fonction alimentaire et de son intérêt économique[2] peut avoir un rôle ornemental, une vocation éducative, constituer une activité de loisir bonne pour la santé physique et morale et contribuer au maintien de la biodiversité animale et végétale.

Histoire[modifier | modifier le code]

Ce type de culture de plantes alimentaires et potagères et d'histoire de la sélection végétale remonte à la période préhistorique de la révolution néolithique de l'humanité, avec l'invention de l'agriculture par les chasseurs-cueilleurs du Néolithique. Elle s'est progressivement enrichie durant la période des jardins médiévaux et de l'exploration de monde, avec les découvertes des différents légumes et leurs proliférations dans le monde.

Motivations et aspects économiques[modifier | modifier le code]

Pendant les périodes de pénurie, notamment pendant les guerres, les jardins potagers permettent d'assurer une production alimentaire complémentaire. Plus récemment c'est le plaisir de produire soi-même des fruits et des légumes qui est le plus souvent la première motivation des jardiniers. Pour les habitants des villes (ou des zones périurbaines) et du fait du confinement imposé par la crise du Covid-19, le jardinage a connu un nouvel essor car il permet de faire de l'exercice physique et de passer du temps à l'extérieur, surtout pour des populations plus jeunes.

Le poids économique et alimentaire des jardins potagers est loin d'être négligeable. Dans la France contemporaine, l'Insee les prends en compte lors des enquêtes sur la consommation des ménages. En 1994, selon l'Insee, les productions d'un potager permettent à un ménage d'assurer 41 % de son budget en fruits et légumes; cette proportion est plus élevée dans les jardins ouvriers et familiaux. Au début d es années 2000, l'autoconsommation s'établirait à 23 % des dépenses par personne en légumes et à 12 % en fruits[3].

Potager du roi du château de Versailles (France).
Hameau de la Reine du château de Versailles (France).
Jardins du palais des papes d'Avignon (Provence).
Jardins familiaux près de Bonn (Allemagne).
Jardin potager spatial (NASA).

Types de jardins[modifier | modifier le code]

Différents types de jardins potagers peuvent être distingués :

Types de plantes cultivées[modifier | modifier le code]

Un jardin potager peut accueillir :

Mise en œuvre d'un potager[modifier | modifier le code]

La création et l'organisation d'un potager n'est pas un point anodin : biens conçues, elles permettront d'optimiser les résultats et de faciliter les travaux.

Localisation géographique et climat[modifier | modifier le code]

Le jardin potager accueille de façon bénéfique des espèces adaptées à sa localisation géographique et son climat. Son environnement est également un point à prendre en compte. Il peut être complété par une serre pour permettre des cultures nécessitant plus de protection contre le froid, le vent ou les parasites.

Jardin potager au carrés (France).

Situation[modifier | modifier le code]

La grande majorité des plantes cultivées ont besoin d'un ensoleillement suffisant pour se développer. Un jardin exposé au sud, au sud-est ou au sud-ouest et qui soit protégé au nord et au nord-est par un mur, une maison, un rideau d'arbres ou un talus est toujours préférable. Une exposition à l'est ou au nord sera difficile. Dans l’hémisphère nord, les terrains inclinés vers le sud-est sont plutôt favorables. Au contraire, les pentes regardant le nord ou l’ouest ne le sont pas. Il faut naturellement éviter l’ombre des grands arbres ou de murs élevés. Cette constatation est à inverser pour l’hémisphère sud.

Nature du sol[modifier | modifier le code]

Horticulture.

Au départ, les anciennes tourbières, les marais asséchés (d'où le nom de « maraîcher » donné aux cultivateurs de légumes) sont bien adaptés. Les prairies, les pelouses une fois défoncées en profondeur sont excellentes. Mais de nombreux sols divers, après un travail régulier et des apports importants en matières organiques peuvent à la longue faire de bons sols de potager.

Il est toujours utile de faire une analyse de sol pour déterminer les types d'engraissements qui permettront de l'améliorer et/ou de détecter des causes de difficultés particulières (carences, excès, présence éventuelle de polluants , etc.).

Dans les contextes de sols pollués (par les métaux et métalloïdes, ou les pesticides notamment), les légumes récoltés dans les potagers peuvent êtres des sources de contamination des consommateurs, plus ou moins selon la biodisponibilité et la toxicité des polluants (biodégradables ou persistants).

Le ver de terre est l'un des bioindicateurs permettant d'évaluer la qualité des sols ; mais de par son activité essentielle de bioturbation il peut bioaccumuler, remonter ou disperser certains polluants persistants et modifier leur présentation biochimique (et donc leur biodisponibilité et leur toxicité). Si le ver de terre est lui-même victime de ces polluants, les cycles biogéochimiques vitaux peuvent être perturbés. Via la bioturbation, le ver de terre a des effets sur la phytodisponibilité, la bioaccessibilité et la biodisponibilité pour l'homme de nombreux polluants (notamment démontrés par des études en mésocosmes, in vitro et in situ).

Ces paramètres dépendent fortement des caractéristiques physico-chimiques des sols (acidité notamment). L’analyse des communautés de vers de terre d'un site contaminé permet d’évaluer la qualité des sols (via des mesures d’abondance, de diversité et de taux de juvéniles de ces animaux bioindicateurs[4].

Tracé[modifier | modifier le code]

Un jardin potager peut être agencé de différentes manières. Le travail peut être facilité si sa forme est assez régulière :

Par exemple :

  • un jardin carré partagé en quatre parties égales par deux allées en croix de 1 m de large ;
  • un jardin de forme allongée divisé en trois bandes de deux allées parallèles si sa longueur suit la ligne Est-Ouest, en deux moitiés par une allée centrale si sa longueur est dirigée Nord-Sud.

Les planches de légumes peuvent autant que possible avoir leur plus grande dimension dans l'axe Est-Ouest. Toutefois, s'il s'agit d'un terrain incliné, il est conseillé de créer des planches dont la plus grande dimension sera perpendiculaire à la pente de façon à éviter le ravinement produit par les eaux de pluie. Si la pente est forte, il est préférable de créer des terrasses.

Afin de faciliter la circulation pour les différents travaux de semis, de plantation et d'entretien (désherbage, arrosage, etc.), il est préférable de faire des plates-bandes d'une largeur inférieure à 1,30 m – ce qui permet d'exécuter tous les travaux sans piétiner le sol de la planche –, séparées par des allées, dont certaines assez larges pour permettre le passage d'une brouette. Ces allées permettent aussi un meilleur ensoleillement des différentes plates-bandes. Une possibilité est de réaliser les plates-bandes en ados plutôt plats[5] orientés nord-sud. Il est également possible de créer des potagers surélevés, dont certains assez hauts pour être accessibles notamment aux personnes en fauteuil roulant ou à celles ayant des difficultés à se baisser.

Le passepied, à aménager entre chaque planche, aura environ 40 cm de large (la largeur d'un râteau). La longueur à donner aux planches dépend de la dimension de la parcelle. Les allées et les planches peuvent se tracer au cordeau et à l'aide du râteau ou de la serfouette.

Certains légumes se développant sur plusieurs mètres au sol (cucurbitacées) ou en hauteur (haricots, tomates), il faut anticiper ce type de croissance dans la conception initiale du jardin pour éviter que les plantes ne se recouvrent ou se fassent de l'ombre l'une l'autre.

Potager de Gargantua du château du Rivau (Touraine).

Rotation des cultures et disposition des différentes espèces[modifier | modifier le code]

Il est important de pratiquer une rotation culturale afin d'éviter de « fatiguer » la terre en cultivant toujours les mêmes espèces au même endroit et de réduire les risques de développement de maladies et de ravageurs spécifiques d'une espèce ou d'espèces voisines.

  • Pour limiter la concurrence entre les plantes de même genre et favoriser des interactions bénéfiques, il est utile d'associer des « plantes compagnes »[6].
  • On peut également planter en bordure du potager des fleurs (telles que cosmos ou œillet d'Inde par exemple) pour le plaisir des yeux mais aussi pour leur capacité à attirer certains pollinisateurs ou repousser certains parasites[7].
  • Les arbres fruitiers sont à placer au verger, et non au potager, afin de ne pas faire trop d'ombre aux plantes du potager ; toutefois, dans les régions à fort rayonnement solaire, des arbres judicieusement disposés en périphérie du jardin créeront un microclimat favorable jusqu'à la récolte.

Aménagements[modifier | modifier le code]

Le jardin potager peut être agrémenté d'accessoires utiles comme un hôtel à insectes collectif ou d'abris monospécifiques à l'image des nichoirs à osmies, tout comme il peut également contenir des éléments plus culturels comme l'épouvantail.

Le calendrier du potager[modifier | modifier le code]

Le tableau ci-dessous détaille les mois où semer (S) et ceux où planter ou repiquer (P) les différentes espèces[réf. nécessaire]. Il s'agit d'un calendrier construit pour le bassin parisien, en France. Si la localisation du jardin est dans une région au climat plus chaud ou plus froid, le calendrier des cultures doit être avancé ou reculé de une à plusieurs semaines.


Janv. Fév. Mars Avril Mai Juin Juil. Août Sept. Oct. Nov. Déc.
Ail Plantation






Plantation
Oignon
Plant. Sem. & plant.



Semis Plantation
Aubergine
Semis

Plant.





Carotte
Semis

Semis
Choux fleur
Semis Sem. & Plant. Plantation
Semis

Épinard
Semis


Semis

Laitue
Semis Semis & plantation Semis


Radis & Navet
Semis


Poireau
Semis Sem. & Plant. Plantation Sem. & Plant.



Échalote

Plantation




Plant.
Rhubarbe

Plant.








Brocoli

Semis Semis & plantation Plant.



Fève

Semis





Semis
Persil

Semis





Piment

Semis
Plant.





Tomate

Semis
Plant.






Pois

Semis






Choux pommé

Semis & plantation Semis
Plant.
Pomme de terre


Plant.







Betterave & Blettes


Semis





Céleri


Sem.
PPlant.





Chou de Bruxelles


Sem.
Plant.





Concombre


Semis Plant.





Panais


Semis






Endive



Semis





Courgette



Semis




Haricot



Semis




Melon



Sem. Plant.





Potiron



Sem. Plant.





Fraisier






Plantation

Mâche






Semis


Exemples de jardins potagers remarquables[modifier | modifier le code]

En France[modifier | modifier le code]

Événements[modifier | modifier le code]

Concours[modifier | modifier le code]

Différents concours sont organisés autour des potagers, dont des concours des plus beaux légumes dans de nombreuses villes et pays.

En France, le Concours national des jardins potagers est organisé chaque année depuis 2001 par la section jardins potagers et fruitiers de la Société nationale d'horticulture de France (SNHF)[8]. Des prix récompensent les jardins les plus méritants dans cinq catégories : jardin potager privatif, jardin familial, jardin potager situé dans un environnement paysager, jardin ou parcelle pédagogique, jardin potager partagé.

Musique[modifier | modifier le code]

Télévision[modifier | modifier le code]

Art[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Stéphanie De Margerie, Potager 2000, préétude en vue d'une nouvelle gestion du Potager du Roi à Versailles ; mémoire de DESS, ENSP Versailles/ Université Paris 1, Panthéon-Sorbonne, 1995.
  • Yves-Marie Allain, Une histoire de jardins potagers, Edition Quae 144 pages [1]
  • Joyce Russel, Construire un potager hyperproductif, Chine, Marabout, , 192 p. (ISBN 978-2-501-12511-6)
  • Serge Schall, De mémoire de potagers, Toulouse, Plume de carotte, , 204 p. (ISBN 978-2-915810-25-7)
  • Collectif sous la responsabilité d'Anne Perrin, Le guide Clause Vilmorin du jardin, Saint Quentin Fallavier, Oxadis, , 720 p. (ISBN 2-9512916-4-7)
  • Pierre Nesmann, Le potager de père en fils, Paris, Delachaux et Niestlé, , 160 p. (ISBN 978-2-603-02642-7)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Le terme « potager » dérive de potage, c'est-à-dire les légumes cuits dans un pot.
  2. Anoucha Joubert ; Etude réalisée en 2018 « Intérêt économique des jardins potagers et fruitiers »
  3. Florent Quellier, Histoire du jardin potager, Paris, Armand Colin, , 191 p. (ISBN 978-2-200-27177-0), p. 189
  4. Leveque T (2014) Biomonitoring environnemental et sanitaire des sols pollués par les éléments traces métalliques (Doctoral dissertation) ; réumé
  5. Jean-Marie Lespinasse - "Le Jardin Naturel" - Éditions du Rouergue - 2009
  6. Jean-Michel Groult - "Jardiner durablement" - Éditions Ulmer 2007 - (ISBN 9782841382781)
  7. Voir Compagnonnage (botanique)
  8. Concours national des jardins potagers
  9. [vidéo] Jacques Dutronc - Le petit jardin sur YouTube

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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