Charrue lourde à versoir

Charrue lourde à versoir

La charrue lourde à versoir a remplacé l'araire, à partir du XIe siècle[1], et permis de réaliser des semis plus profonds, en retournant mieux la terre, en particulier les terres riches et grasses de l'Europe du Nord.

Elle permet aussi de mieux contrôler les adventices, d'enfouir les résidus végétaux et éventuellement le fumier. Ces débris sont en effet susceptibles de compliquer l'action de la herse et du semoir mécanique s'ils restent en surface.

Elle était probablement inconnue des Romains et ne connut qu'un développement progressif en Europe du Sud, où une saison sèche permet un contrôle plus aisé des adventices.

Cela aurait été l'invention agricole la plus importante du Moyen Âge, selon l'historien Jean Gimpel, qui lui consacre trois pages de son livre La Révolution industrielle du Moyen Âge[2]. Pour d'autres comme Pascal Reignez, il serait illusoire de vouloir réaliser une typologie des diverses sortes de charrues au Moyen-Âge ; il s'agirait simplement d'une tendance parmi des fabrications extrêmement diverses et par ailleurs fort mal documentées[3].

Description

La charrue se distingue d'abord de l'araire par le fait qu'elle effectue un travail plus profond et dissymétrique en versant la terre d'un seul côté. Mais des aménagements intermédiaires ont existé (tourne-oreille).

Deux types de charrues possibles au Moyen-Âge. Le coutre et le soc symétrique sont en fer et le versoir peut être placé à gauche ou à droite. Ce système dit tourne-oreille a l'avantage de permettre le travail dans les deux sens.
Autre type possible. Système dissymétrique comme sur les « vraies » charrues. Soc et coutre sont ici forgés d'une seule pièce ou reille. Les très riches heures du Duc de Berry, 1410.

Dans l'idéal la charrue lourde est armée d'un coutre pénétrant verticalement le sol, d'un soc dissymétrique sectionnant les racines et d'un versoir recourbé qui renverse la terre sur le côté. Elle nécessite une ou deux roues facilitant le contrôle de la profondeur de travail et un meilleur système d'attelage. Elle doit être tirée par au moins une paire de bœufs ou de chevaux. Le coutre et le soc sont en fer ou en acier. C'est, dans les principes, la charrue utilisée jusqu'au XXIe siècle en grandes cultures.

Notes et références

  1. Isaac Johsua, La face cachée du Moyen Age, la brèche1988 (réimpr. 1988), p. 118.
  2. Jean Gimpel, La Révolution industrielle du Moyen âge, Éditions du Seuil, (ISBN 2-02-054151-3, 978-2-02-054151-0 et 2-02-004210-X, OCLC 2122688, lire en ligne), p. 61
  3. Pascal Reigniez, L'outil agricole en France au Moyen âge, Errance, (ISBN 2-87772-227-9 et 978-2-87772-227-8, OCLC 689957512, lire en ligne), p. 77-88

Voir aussi

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