Kaïnite

Kaïnite
Catégorie VII : sulfates, sélénates, tellurates, chromates, molybdates, tungstates[1]
Image illustrative de l’article Kaïnite
échantillon du puits Brefeld à Staßfurt
Général
Classe de Strunz
Classe de Dana
Formule chimique KCl.MgSO4.3 H2O
Identification
Couleur incolore en cristal unique; blanc; jaune à brun; gris, gris verdâtre, bleuâtre, jaunâtre ou rougeâtre; parfois rouge, violet, bleu ou bleu-violet.
Système cristallin monoclinique
Classe cristalline et groupe d'espace C 2/m
Clivage parfait sur {001}, bon clivage
Cassure en esquilles, fragile en échardes
Habitus agrégat cristallin, granulaire, agrégats saccharoïdes (à gros grains) massifs, en masse parfois fibreuses
Faciès vitreux, exceptionnels cristaux aplatis, souvent tabulaires, à nombreuses faces, dans les cavités de dissolution saline
Échelle de Mohs 3 parfois 2,5 sur l'échelle Mohs
Trait blanc
Éclat vitreux humide ; parfois terreux
Propriétés optiques
Indice de réfraction a=1,495,
b=1,506,
g=1,519
cristaux polyaxes
Biréfringence Biaxial (-) ; 0,022
Pléochroïsme visible x = violet, y = bleu, z = jaunâtre
Dispersion optique faible
Fluorescence ultraviolet aucune
Transparence Transparent à translucide, surtout translucide
Propriétés chimiques
Densité 2,1
Fusibilité facilement fusible
Solubilité se dissout facilement dans l'eau
Comportement chimique saveur salée et amère
Propriétés physiques
Magnétisme aucun
Radioactivité aucune

Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire.

La kaïnite ou cénite est un corps minéral de formule brute KMg(SO4)Cl·3H2O[2]. Cette dernière peut aussi s'écrire KCl.MgSO4.3 H2O, mettant en évidence la proportion stœchiométrique de chlorure de potassium (sylvine sans eau de structure) et de sulfate de magnésium hydraté.

Ce minéral sédimentaire typique des formations par évaporation marine est abondant. Il est nullement déliquescent[3]. Caractérisé par sa saveur salée et amère, il est très soluble dans l'eau.

Facilement fusible, la kaïnite fond dans la flamme et colore cette flamme en orangé. En abondance dans les formations salines de Staßfurt, il y était utilisé comme engrais potassique et sources de sels potassiques pour l'industrie chimique.

Cristallochimie[modifier | modifier le code]

Maille cristalline délimité en bleu: K indigo, Mg vert clair, S vert olive, Cl vert jaunâtre, O rouge, eau magenta...

C'est un cristal de maille monoclinique du groupe de symétrie 2/m, de densité 2,1, de dureté 3. Avec son éclat vitreux, parfois terreux, ce minéral peu dur, léger et fragile, est typique des roches évaporites marines. Les cristaux sont tabulaires pseudorhombiques.

La kaïnite se forme souvent en masses grenues ou granulaires assez irrégulières, et même d'épaisses formations rocheuses. La présence d'oxyde de fer la colore alors en jaune et en rouge, d'où les teintes jaunâtres ou rougeâtre de la roche.

Après dissolution dans l'eau chaude, la recristallisation donne la schönite.

La roche, en masse grise, parfois bleue, violette, ou le plus souvent rougeâtre et jaunâtre, est souvent en alternance avec d'autres masse de sels alcalins, potassiques ou magnésiens.

On trouve d'exceptionnels cristaux aplatis, souvent tabulaires, à nombreuses faces, dans les cavités de dissolution saline.

Les très beaux cristaux de Wolfenbüttel ont une couleur intermédiaire entre bleu et violet.

Dépôts d'évaporites marines[modifier | modifier le code]

Dans les gisements sédimentaires de roches évaporites, elle représente un minéral secondaire formés par les derniers et ultimes dépôts chimiques d'évaporation : elle est associée à la halite ou sel gemme, au gypse ou à l'anhydrite, mais aussi à la sylvite, la kiesérite, la carnallite, la polyhalite, la boracite et la hilgardite, en particulier dans la partie haute des gisements de Staßfurt en Saxe-Anhalt, exploitée industriellement dès les années 1860.

La kaïnite est aussi abondante dans les mines salines à Hallstadt en Autriche, à Saratov en Ukraine, à Kalusz en Pologne, comme dans le bassin permien au Nouveau-Mexique.

Usages[modifier | modifier le code]

Elle permet de fabriquer des engrais potassiques à 12 % K2O, elle constitue par ses saumures une source de sels potassiques, et au-delà de potassium et parfois de magnésium.

Origine[modifier | modifier le code]

Kainit est le mot originel allemand proposé en 1865 par le minéralogiste C.F. Zincken pour désigner les masses minérales de Staßfurt dont il estime qu'elles sont issues d'une minéralisation secondaire, donc plus récentes que les couches classiques d'évaporites marines[4].

La terminologie est admise en 1868 par la communauté scientifique, générant ainsi l'anglais kainite et le français kaïnite. L'étymon provient du grec scientifique kainos, signifiant "récent, nouveau" que l'on retrouve en français par exemple dans le préfixe de Cénozoïque. C'est pourquoi les minéralogistes français l'appelaient aussi cénite.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. La classification des minéraux choisie est celle de Strunz, à l'exception des polymorphes de la silice, qui sont classés parmi les silicates.
  2. Les dictionnaires chimiques anciens la qualifie de chlororosulfate hydraté de sodium et de potassium ou plus prosaïquement sel double hydraté naturel de chlorure de potasse et sulfate de magnésie, elle s'écrit kainite en anglais, die Kainite en allemand. Définition TLF
  3. La kaïnite se distingue ainsi de la carnallite hygroscopique, mais qui a aussi une densité plus faible de l'ordre de 1,6.
  4. Zincken C., "Über ein neues Mineral, Kainit", Mittheilung an Prof. H.B. Geinitz vom 18. März 1865, in Neues Jahrbuch für Mineralogie, Geologie und Paläontologie, 310, 1865 et Zincken C., "Über die Zusammensetzung des Kainits von Leopoldshall bei Stassfurth", in Berg- und hüttenmännische Zeitung, 24, 288, 1865.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • A. Montana, R, Crespi, G. Liborio, Minéraux et roches, éditions Fernand Nathan, Paris, 1981, 608 pages, en particulier § 128 Kaïnite, (ISBN 2-09-284208-0). Traduction-adaptation par Jean-Louis Parmentier de l'ouvrage italien Minerali e rocce, edition Arnaldo Mondadori, Milan, 1977.

Liens externes[modifier | modifier le code]