Donatien Laurent

Donatien Laurent
Fonction
Directeur
Centre de recherche bretonne et celtique
-
Fañch Roudaut (d)
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 84 ans)
BrestVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Donatien Raymond Marie LaurentVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Père
Fratrie
Loeiz Laurent (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Membre de
Instrument
Directeur de thèse
Distinction
Archives conservées par

Donatien Laurent, né le à Belfort et mort le [2] à Brest, est un musicologue, ethnologue et linguiste français.

D'origine brestoise et nantaise, il a appris la langue bretonne, la danse et la musique bretonne, étudié la culture celtique. Il dirige ainsi pendant douze ans le Centre de recherche bretonne et celtique. Il fut l'un des premiers ethnologues à analyser la culture orale et la tradition chantée en Bretagne. Tout au long de sa carrière, il alterne entre collectes sur le terrain et travaux de réflexion sur documents existants. Ses recherches les plus importantes l'ont fait remonter aux origines de la gwerz de Louis Le Ravallec, la gwerz de Skolvan (proximité avec des textes du Livre noir de Carmarthen), et surtout Aux sources du Barzaz Breiz, sa thèse d’État publiée en 1989 après avoir retrouvé les carnets de collecte de l'auteur, La Villemarqué.

Biographie[modifier | modifier le code]

Né d’un père polytechnicien d’origine finistérienne, Pierre Laurent, et d’une mère musicienne originaire de Nantes, Donatien Laurent fréquente durant ses années de lycée à Paris la diaspora bretonne, et découvre la culture celtique[3]. Il fait partie du mouvement scout breton Bleimor à Paris, puis intègre, à la suite de son frère Loeiz, le bagad Bleimor et en devient le penn-soner[4]. Sonneur de cornemuse aguerri, il suit en 1956 son ami Herri Léon dit « La Pie », à l’île de Skye pour suivre un stage d’été organisé par le College of Piping ; ils en sortent diplômés d'un certificat élémentaire. Tous les deux révolutionneront l'utilisation de la grande cornemuse écossaise dans les bagadoù, ce qui créera des conflits au sein de Bodadeg ar Sonerion[5].

Dans le cadre de son intérêt pour la musique bretonne, il commence dès l'adolescence, seul ou accompagné de ses amis bretons de Paris à faire des collectes sonores notamment dans le pays vannetais, ainsi que dans la Bretagne intérieure, notamment à Scaër et Glomel. Le premier enregistrement qu'il effectue seul, sur le terrain, date de l'été 1956, au Conquet, sur le magnétophone de son frère. Après un grave accident survenu en avril de l'année suivante, assorti de 18 jours de coma, les médecins l'ayant déclaré inapte à poursuivre des études, il décide de se consacrer à des recherches sur la culture bretonne[6]. Inscrit à la Licence libre d'Ethnologie de la Sorbonne à Paris, encadrée par André Leroi-Gourhan, il se voit proposer par ce dernier, en 1964, de faire du terrain ethnologique à Plozévet.  

C’est à cette occasion, étant sur place de longs mois, qu'il parvient à rencontrer, au manoir de Keransquer, près de Quimperlé (Finistère), un descendant de Théodore Hersart de La Villemarqué.

En 1965, il rencontre lors d'une enquête sa future épouse, Françoise Prigent[7]. Elle lui apportera un soutien actif dans la rédaction des Sources de Barz[8].

Avec le descendant de La Villemarqué, il retrouve les carnets de collecte originaux sur lesquels le littérateur avait recueilli les chants qui ont servi de base à la rédaction du Barzaz Breiz. Cette découverte, qui fera l’objet, dix ans plus tard, d'une thèse soutenue en 1974 (suivie d'une version publique publiée quinze ans plus tard, en 1989), permet de mieux comprendre et juger la valeur du travail du vicomte, un temps mise en doute. Les carnets montrent que La Villemarqué connaissait parfaitement la langue bretonne (contrairement à ce que supposait en 1959 Francis Gourvil dans sa thèse sur le Barzaz-Breiz). Ils montrent aussi que La Villemarqué avait pris de grandes libertés en constituant son recueil, arrangeant certaines pièces, supprimant les mots trop français, etc., mais les carnets montrent surtout que certains chants, considérés par Luzel, Ferdinand Lot, Arbois de Jubainville, Anatole Le Braz, Francis Gourvil comme ayant été inventés par La Villemarqué, avaient bel et bien été recueillis : c'est le cas de Merlin barde, Le Faucon, La Vassal de Duguesclin...

Donatien Laurent a dirigé le Centre de recherche bretonne et celtique de l'Université de Bretagne occidentale (Brest) pendant une douzaine d'années. En 2015, Dastum en partenariat avec le CRBC et avec l'aide de Donatien Laurent et Laurent Bigot, met en ligne une partie du travail de documentation du fonds numérisé de Donatien Laurent, soit cent trente-six enquêtes, réalisées principalement en Basse-Bretagne du milieu des années 1950 à la fin des années 1970[9].

Il meurt dans la nuit du 24 au 25 mars 2020 à Brest[10],[11].

Ouvrages[modifier | modifier le code]

  • La Gwerz de Louis Le Ravallec, Arts et traditions populaires, 1967. 1. p. 19-79
  • La Gwerz de Skolvan et la légende de Merlin, revue Ethnologie française, no 1, 1971, p. 19-54
  • Berc'het, la déesse celtique du Menez Hom, 1971, Bulletin de la Société archéologique du Finistère
  • Aux origines du Barzaz-Breiz, BSAF, 1974
  • Autour du Barzaz-Breiz : Le Faucon (Ar Falc'hon), BSAF, 1977
  • Aymar de Blois et les Premières Collectes de chants populaires bretons, 1977, Cahier de l'Iroise
  • Récits et contes populaires de Bretagne, réunis dans le pays de Pontivy ; P., Gallimard (coll. Récits et contes populaires), 1978.
  • Aux sources du Barzaz-Breiz : la mémoire d’un peuple, Ar Men, 1989, 335 p. Version publique de la thèse soutenue, quinze ans plus tôt, en 1974.
  • Chant historique français et tradition orale bretonne, dans Autour de l’œuvre de Patrice Coirault, Actes du colloque de Poitiers, novembre 1994, p. 64-83.
  • La Bretagne et la Littérature orale en Europe(en collaboration avec F. Postic), Actes du colloque de Quimperlé, mai 1995, CRBC-Manoir de Kernault, 293 p.
  • La Nuit celtique, entretiens avec Michel Treguer, Presses universitaires de Rennes, éd. Terre de Brume, Rennes, 1996
  • Herri Léon et le Scolaich beg an treis, Donatien Laurent en collaboration avec Anne-Marie Léon (la fille d'Herri Leon), Armel Morgant, Gilles Goyat, éditions Diwaskell ar big 2004

Chapitres[modifier | modifier le code]

  • « Le juste milieu. Réflexion sur un rituel de circumambulation millénaire : la troménie de Locronan » dans Tradition et histoire dans la culture populaire: rencontres autour de l'oeuvre de Jean-Michel Guilcher, Centre alpin et rhodanien d'ethnologie, Grenoble, 1990, p. 255-292.
  • « La cime sacrée de Locronan » dans Hauts lieux du Sacré en Bretagne, Kreiz 6, 1996, p. 357-366.

Distinctions et hommages[modifier | modifier le code]

En 2010, Donatien Laurent est distingué par l'Institut culturel de Bretagne pour son œuvre en faveur de la Bretagne en recevant le collier de l'ordre de l'Hermine[12].

En 2014, un jardin Donatien-Laurent est inauguré à Locronan[13],[14].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « https://www.univ-brest.fr/crbc/menu/Biblioth%C3%A8que+Yves+Le+Gallo+%28UMS3554%29/Fonds+d%27archives/Fonds-Donatien-Laurent » (consulté le )
  2. État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970
  3. « Donatien Laurent, le breton à l'oral », Le Monde, 28 février 2003.
  4. Alain Cabon (préf. Alan Stivell), La Kevrenn Brest-Sant-Mark Bagad d'exceptions, Spézet, Coop Breizh, , 143 p., p. 31
  5. Anne-Marie Léon, Armel Morgant, Gilles Goyat et Donatien Laurent, Herri Léon et le Scolaich Beg an Treis, Association Diwaskell Ar Big, 2003
  6. « Donatien LAURENT », sur Skol-Uhel ar Vro (consulté le ).
  7. VINCENT DURUPT, « Sur des dizaines de scientifiques, un seul était bretonnant », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  8. « Donatien Laurent. Le gardien de la tradition bretonne »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur Le Telegramme, .
  9. « Du nouveau dans les Archives. Le Fonds Donatien Laurent », Musique bretonne, no 245,‎ , p. 44-46 (lire en ligne).
  10. « Donatien Laurent, grand spécialiste de la littérature orale du breton, est décédé », Ouest France, 25 mars 2020.
  11. « Donatien Laurent, spécialiste de la culture orale bretonne, est mort », sur Le Telegramme, (consulté le ).
  12. « Les quatre nouveaux colliers », sur letelegramme.fr, (consulté le ).
  13. « Donatien Laurent. Hommage dès demain », Le Télégramme, 10 juillet 2014
  14. Armel Morgant, Place Donatien Laurent. Une inauguration à Locronan, Musique bretonne, n°241, oct. 2014

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Ouvrages[modifier | modifier le code]

  • Donatien Laurent : Parcours d'un ethnologue, Emgleo Breiz, 2012, 326 p. (ISBN 978-2-35974-054-7)
  • Collectif et Fañch Postic (dir.), Bretagnes du cœur aux lèvres : Mélanges offerts à Donatien Laurent, Presses Universitaires de Rennes, coll. « Essais », , 421 p.

Articles[modifier | modifier le code]

  • Ifig Flatrès, « Donatien Laurent. Parcours d'un chercheur passionné », Musique bretonne, no 171, mars 2002, p. 34-35, lire en ligne
  • Guy Pellen, Donatien Laurent. Ethnologue d'exception, Le Télégramme, 3 avril 2013
  • Michel Treguer, « Chances et Génie d'un trépané. Aperçu sur la vie de Donatien Laurent» « Bretagnes du cœur aux lèvres », Fañch Postic (dir.) Presses universitaires de Rennes, 2009, [www.pur-editions.fr]

Interviews[modifier | modifier le code]

  • Pierre Gallais, « Donatien Laurent : « Quelles que soient ses fonctions, la chanson bretonne est d'abord le témoin d'une identité » », Le Peuple breton, no 227,‎
  • Armel Morgant, « Rencontre avec Donatien Laurent », Ar Soner, no 342,‎
  • Florence Cassagnau, « Donatien Laurent. Le gardien de la tradition bretonne », Le Télégramme,‎
  • Nicolas Weill, « Donatien Laurent, le breton à l'oral », Le Monde,‎
  • Nathalie Couilloud, « Donatien Laurent. Aux sources de l'ethnologie bretonne et celtique », ArMen, no 134,‎

Documentaire[modifier | modifier le code]

  • Qui a tué Louis Le Ravallec ? (2013), récit-documentaire de Philippe Guilloux, 1 h 30, produit par Carrément à l’Ouest, coproduit par Tébéo, Tébésud et TVR. extrait

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]