Dhātu

Dhātu (en sanskrit IAST ; devanāgarī : धातु )[1] signifie élément, partie d'un tout, racine verbale. Dans le bouddhisme ce sont les quatre éléments physiques (bhūta) constitutifs de la matière. Leur analyse englobe les phénomènes physiques et partiellement mentaux sous forme de dix-huit éléments[2].

Grammaire[modifier | modifier le code]

Une racine verbale (dhātu) est un radical qui est verbal, comme dans la plupart des langues indo-européennes, duquel on dérive des thèmes verbaux (présent, aoriste,…) et des thèmes nominaux (nom d’action, d’agent, …)[3]. Les dictionnaires de sanskrit répertorient les verbes par leur racine verbale, contrairement aux dictionnaires de pali par exemple, qui les répertorient par leur 3e personne sg. du présent.
Les dictionnaires répertorient près de deux mille racines (parfois sous plusieurs formes donc le nombre d'entrées dépasse souvent les 2000). Toutefois, la connaissance de huit cents racines environ suffit à une connaissance approfondie du sanskrit et des langues qui en sont issues.

Hindouisme[modifier | modifier le code]

Āyurveda[4][modifier | modifier le code]

Bouddhisme[modifier | modifier le code]

Quatre dhātu[modifier | modifier le code]

L'analyse bouddhique en quatre éléments est proche de la conception ésotérique occidentale : il s'agit bien des éléments Terre, Eau, Feu et Vent.

Cependant, cette analyse se réfère plutôt aux caractéristiques de ces éléments, respectivement, la solidité, la cohésion, la chaleur et le mouvement. Le corps, par exemple, sera analysé selon ces quatre : voir rūpa.

De plus, la conception bouddhique est parfois « atomiste », et dans ce cas l'analyse d'éléments ne va pas à l'encontre de cette croyance, là où les quatre éléments en Grèce participaient bien de ce débat.

Dix-huit dhātu[modifier | modifier le code]

Cette analyse est en fait l'usage le plus courant de la notion de dhātu. Elle relève de l'épistémologie bouddhique[5], qui considère les trois séries par lesquelles l'expérience sensorielle est possible: six facultés des sens, six objets des sens et six consciences :

  • Élément oculaire, élément visible, élément de conscience oculaire ;
  • Élément auriculaire, élément audible, élément de conscience auriculaire ;
  • Élément nasal, élément odorant, élément de conscience nasale ;
  • Élément lingual, élément sapide, élément de conscience linguale ;
  • Élément corporel, élément tangible, élément de conscience corporelle ;
  • Élément mental, élément connaissable, élément de conscience mentale.

Il s'agit là de l'une des trois principales taxonomies des dharmas (pris ici au sens de « choses ») que l'on trouve dans les sûtras, aux côtés des skandhas et des âyatanas[5]. Cette classification englobe la totalité des phénomènes connaissables[6]. Les dhatus constituent par ailleurs un modèle de classification plus primitif que ceux développés plus tard dans les analyses de la littérature de l'Abhidharma[5],[6].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. The Sanskrit Heritage Dictionary de Gérard Huet
  2. Nyanatiloka, Vocabulaire pali-français des termes bouddhiques, Adyar, .
  3. Sylvain Brocquet, Grammaire élémentaire et pratique du sanskrit classique, avec exercices corrigés et textes, Bruxelles, Éd. Safran, coll. « Langues et cultures anciennes », 2010 (ISBN 978-2-874-57020-9)
  4. L'Āyurveda ne se rattache en réalité à aucune religion mais comme elle trouve son origine dans l'Inde védique, on peut l'associer ici à l'Hindouisme
  5. a b et c (en) Robert E. Buswell Jr. et Donald S. Lopez Jr., The Princeton Dictionary of Buddhism, Princeton, Princeton University Press, , 1265 p. (ISBN 978-0-691-15786-3), p. 235
  6. a et b Philippe Cornu, Dictionnaire encyclopédique du bouddhisme, Paris, Seuil, , 950 p. (ISBN 978-2-020-82273-2), p. 182-183

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]