Satya

Satya (devanāgarī: सत्य ; pali : sacca) est un mot sanskrit qui peut être traduit par « vérité » ou « réalité »[1].

Ce terme a différentes acceptions dans le l'hindouisme, le bouddhisme et le jaïnisme.

Étymologie[modifier | modifier le code]

Satya est défini en sanskrit par l'expression « sate hitam satyam », qui peut se traduire par « ce qui conduit vers sat (« l'Être, le réel[1] ») est satya »[2].

C'est un dérivé nominal du participe présent du verbe as (être), sat (étant), auquel s'ajoute le suffixe -ya, qui sert à former des adjectifs possessifs ou des substantifs neutres abstraits. Il forme aussi des participes futurs passifs, avec sens passif d'obligation, de nécessité ou de possibilité[3]. Cette possibilité explique les interprétations de satya comme « ce qui devrait être ».

Dans les religions et philosophies orientales[modifier | modifier le code]

Hindouisme[modifier | modifier le code]

Cette notion de réalité universelle est commune dans la philosophie indienne. Combiné avec d'autres mots, satya devient un modificateur comme « ultra » ou « grand » ou « plus vrai », connotant la pureté ou l'excellence. Exemples : Satyaloka (plus haut ciel), Satya Yuga (l'âge d'or des quatre âges cosmiques (yuga) de l'hindouisme, l'époque actuelle le Kali Yuga étant le pire de ces âges).

Selon Gandhi : « Vérité est peut-être le nom le plus important de Dieu. En fait, dire que la Vérité est Dieu est plus juste que de dire que Dieu est Vérité. [...] Sat ou Satya est, pour désigner Dieu, le seul nom qui soit exact et qui ait un sens complet. [...] Comment réaliser cette Vérité, qui rappelle un peu la pierre philosophale ou la vache intarissable ? On y parvient, nous dit la Bhagavad Gîtâ, par une dévotion [bhakti] à laquelle on consacre tout son esprit et par l'indifférence à tous les autres intérêts que peut offrir la vie[4]. »

Bouddhisme[modifier | modifier le code]

Dans le bouddhisme, le terme Satya est traduit comme « vrai » dans le Noble sentier octuple, comme le Satya Vishwas (vraie croyance), Satya Karma, (vraie/bonne action), etc. Les Quatre nobles vérités sont appelées par le Bouddha « arya satya »[5]. Le terme satyadvaya est également utilisé dans le bouddhisme pour décrire les deux aspects de la réalité : la vérité ultime (paramārtha-satya), et la vérité relative (saṃvṛti-satya)[6]; cette dernière est distinguée par Chandrakirti selon trois sens :

  1. Qui obscurcit l'ainsité (tattvâvacchâdana) ;
  2. Objets mutuellement dépendants (parasparasambhavana) ;
  3. Conventions mondaines (lokavyavahâra)[7].

Après lui, dans le chapitre IX du Bodhicaryāvatāra, le maitre Śāntideva explique que[8]

« Deux vérités ont été reconnues
L’une phénoménale, l’autre radicale
Le Réel est inaccessible à l’intelligence
L’intelligence est dite phénoménale. »

Jaïnisme[modifier | modifier le code]

Le jaïnisme considère satya comme un de ses cinq vœux primordiaux, un Mahavrata; une traduction proche serait : sincérité, ou vérité. Tous les moines-ascètes doivent y adhérer; tout comme à la non-violence, l'ahimsa, par exemple[9].

Ainsi, les fausses doctrines, la révélation des secrets, la déformation d'autres, la médisance, la confection de faux documents, les manquements à la vérité, sont aussi considérés comme des mensonges et, par conséquent, la malhonnêteté sous ses formes, le croyant doit s'en abstenir. Toutefois, il ne s'agit pas de l'« impératif catégorique » kantien car au nom de la non-violence (pour protéger un voleur qui risque la peine de mort, pour éviter qu'un animal, un homme soit tué ou blessé par exemple), on peut « mentir ».

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Gérard Huet, Dictionnaire Héritage du Sanscrit (lire en ligne).
  2. (en) « Practical Sanskrit : sate hitam satyam - सते हितं सत्यम् » (consulté le ).
  3. « Sanskrit Heritage Dictionary », sur inria.fr (consulté le ).
  4. Gandhi, Lettres à l'Ashram, édition numérique, (lire en ligne), « Vérité (satya) ».
  5. (en) Charles S. Prebish, The A to Z of Buddhism, New Delhi, Vision Books, , 280 p. (ISBN 978-81-7094-522-2), p. 51.
  6. The Princeton dictionary of buddhism par Robart E. Buswell Jr et Donald S; Lopez Jr aux éditions Princeton University Press, (ISBN 0691157863), page 788.
  7. (en) Jeffrey Hopkins, Tsong-Kha-Pa's Final Exposition of Wisdom, Ithaca, Snow Lion, , 410 p. (ISBN 978-1-55939-297-6), p. 109
  8. Alexis Lavis, La conscience à l’épreuve de l’éveil : Lecture, commentaire et traduction du Bodhicaryāvatāra de Śāntideva, Paris, Les Éditions du Cerf, coll. « Sagesses d’Asie », , 546 p. (ISBN 978-2-204-12762-2), p. 137–139.
  9. The A to Z of Jainism de Kristi L. Wiley édité par Vision Books, page 135, (ISBN 8170946816)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]