Convoi no 76 du 30 juin 1944

Convoi no 76 du 30 juin 1944
Contexte Seconde Guerre mondiale
Mode de transport Chemin de fer
Départ Drapeau de la France Camp de Drancy, France ()
Arrivée Drapeau de l'Allemagne Auschwitz-Birkenau, Reich allemand ()
Déportés Juifs
· Total 1 156
· Hommes 564
· Femmes 495
· Moins de 16 ans 167
Survivants le 8 mai 1945 204
But de la déportation Extermination

Le convoi no 76 du 30 juin 1944, surnommé « Convoi 76 », est un convoi de la déportation de Juifs en France parti du camp de Drancy vers la gare de Bobigny à destination du camp d'extermination d'Auschwitz[1].

Histoire[modifier | modifier le code]

Le convoi no 76 est parti le 30 juin 1944 du camp de Drancy à destination du camp d'extermination d'Auschwitz, comprend 1 156 déportés, 564 hommes et 495 femmes dont 167 enfants[2]. Arrivé le 4 juillet 1944, la « sélection » est immédiatement appliquée[2]. Les 91 enfants de moins de 13 ans du convoi sont tous gazés à leur arrivée[3].

Quatre déportées sont reconnues comme déportées résistantes après la guerre[4].

Déportés connus[modifier | modifier le code]

Parmi les survivants de ce convoi se trouve Georges Wellers (38 ans), chimiste français[5] et Henriette Cohen (25 ans), qui deviendra en 2019 la doyenne des survivants d'Auschwitz (sa belle-mère, Rosine Cohen (62 ans), est tuée à l'arrivée du convoi)[6].

Parmi les victimes, on peut nommer Luise Straus-Ernst (50 ans), journaliste allemande[7], le rabbin de Sedan Mathieu Wolf (76 ans) et sa femme Delphine Wolf (68 ans)[5] et la résistante Suzanne Buisson (60 ans)[8]. D'après le témoignage de David Nathan, Armand Moukvoz, déporté dans le convoi 76 comme lui est pendu pour avoir volé le casse-croûte d'un Meister de son kommando[9]. On trouve également les trois derniers enfants d'Izieu : Lucienne Friedler (5 ans)[10] ainsi que les deux sœurs Claudine (5 ans) et Mina Halaunbrunner (8 ans)[11].

Composition du convoi[modifier | modifier le code]

D'après des recherches menées dans les Archives du camp de Drancy, 21 nationalités sont représentées dans son convoi même si les Français (751 personnes) représentent deux tiers des déportés, ce qui est une spécificité du convoi, les Français représentant seulement 1/3 des 67 000 déportés Juifs de France[12]. On trouve également de nombreux Polonais, des Turcs, des Russes et des Allemands pour les nationalités les plus représentées[12]. Deux tiers de l'effectif sont âgés de 35 à 55 ans et 190 personnes ont entre 60 et 85 ans[12].

450 Juifs sont arrêtés à Paris en juin 1944 auxquels s'ajoutent 139 livrés par la prison de Cafarelli de Toulouse, 117 de la prison Montluc de Lyon et 93 de la région de Marseille[13]. Après le 21 juin, 180 internés des camps parisiens sont envoyés à Drancy dont 115 seront déportés dans le convoi 76[12]. Dans ce convoi se trouvent également des déportés d'abord arrêtés pour les actes de Résistance et dont la qualité de Juif fut reconnu par la suite[14].

Le sort des déportés du convoi 76[modifier | modifier le code]

Sur les 1 156 personnes composant le convoi, 398 hommes (matricule A.16537 à A.16934) et 223 femmes (matricules A.8508 à A.8730) sont déclarés« aptes » (expression des nazis) pour le travail forcé soit près de la moitié des femmes et 61 % des hommes lors de l'arrivée le 4 juillet 1944[2]. Les hommes du convoi sont envoyés à Monowitz qui accueille l'usine IG Farben tandis que les femmes sont envoyées à Birkenau[15].

En 1945, on compte 109 femmes (47 %) et 95 hommes (22,8% ) survivants[3], soit 18,4 % de survivants, ce qui en fait le pourcentage le plus élevé de survivants de tous les convois de la déportation des Juifs de France[16].

Chronologie[modifier | modifier le code]

  • 30 juin 1944 : Départ de Drancy
  • 4 juillet 1944 : Arrivée à Auschwitz. 398 hommes et 223 femmes sont déclarés« aptes » (expression des nazis) pour le travail forcé[2]
  • 14 octobre 1944 : dix-neuf déportés masculins sont sélectionnés pour la chambre à gaz[17].
  • octobre 1944[18] :
  • novembre 1944[18] :
  • janvier 1945[18] :
  • avril 1945 : vingt-deux hommes sont envoyés par train depuis Buchenwald vers Dachau. Le voyage dure 21 jours et sur les 3 500 déportés, seuls 200 sont encore en vie à l'arrivée (dont seulement 2 français)[18].

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « Convoi 76 de Drancy,Camp,France à Auschwitz Birkenau,Camp d'extermination,Pologne le 30/06/1944 », sur Yad Vashem (consulté le ).
  2. a b c et d Dossin et Thomas 2010, p. 93-94
  3. a et b Dossin et Thomas 2010, p. 121
  4. Dossin 2018, p. 113
  5. a et b Voir Klarsfeld 2012.
  6. « Henriette Cohen, la doyenne des rescapés d'Auschwitz-Birkenau est décédée », CRIF,‎ (lire en ligne)
  7. Mechthild Gilzmer, « Le trésor d’une nomade. Luise Straus-Ernst : le récit de vie d’une Allemande réfugiée en France », Diasporas. Circulations, migrations, histoire, no 22,‎ , p. 117–126 (ISSN 1637-5823, DOI 10.4000/diasporas.223, lire en ligne, consulté le )
  8. Dossin 2018, p. 77
  9. Dossin et Thomas 2010, p. 105
  10. « Lucienne Friedler », sur Déporté·e·s de Lyon et sa région (consulté le )
  11. « Sur les traces de la famille Halaubrenner »
  12. a b c et d Dossin et Thomas 2010, p. 35-36
  13. Dreyfus et Gensburger 2003, p. 245
  14. Dossin et Thomas 2010, p. 58
  15. Dossin et Thomas 2010, p. 94-97
  16. Dossin et Thomas 2010, p. 221
  17. Wellers 1991, p. 301-303
  18. a b c et d Dossin et Thomas 2010, p. 115-117
  19. Dossin et Thomas 2010, p. 233

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Chantal Dossin et Jeanine Thomas, L'avant-dernier convoi Drancy-Auschwitz : Le convoi 76 du 30 juin 1944. Paroles de témoins et documents d'archives., Paris, Cercle d'étude de la Déportation et de la Shoah - Amicale d'Auschwitz, coll. « Petit Cahier / 2e » (no 12), , 243 p. (ISBN 978-2-917828-05-2). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Chantal Dossin, Elles étaient juives et résistantes : Convoi 76, Paris, éditions Sutton, , 125 p. (ISBN 978-2-8138-1112-7). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Jean-Marc Dreyfus et Sarah Gensburger, Des camps dans Paris : Austerlitz, Lévitan, Bassano, juillet 1943-août 1944 (texte remanié d'une thèse de doctorat d'histoire), Paris, Fayard, coll. « Pour une histoire du XXe siècle », , 330 p. (ISBN 2-213-61707-4, OCLC 417396644, présentation en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Serge Klarsfeld, Le Mémorial de la Déportation des Juifs de France, Paris, FFDJF, .
  • George Wellers, Un Juif sous Vichy, Paris, Fayard, , 301 p..

Articles connexes[modifier | modifier le code]