Bernard Jullien

Bernard Jullien
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Marcel Bernard JullienVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Enfant
Autres informations
A travaillé pour
Chaire
Idéologie
Directeur de thèse

Marcel-Bernard Jullien, né le à Paris où il est mort le , est un érudit français, grammairien et lexicographe.

Biographie[modifier | modifier le code]

Fils de l’universitaire Bernard Jullien[a], il a suivi avec distinction les classes du collège de Versailles, et débuté dans l’enseignement comme professeur de septième à Sainte-Barbe[2]. Il a ensuite professé la rhétorique dans différents collèges, avant de revenir quelque temps à Paris, puis d’exercer, de 1831 à 1835, les fonctions de principal au collège de Dieppe.

Écarté, en 1836, de l’enseignement pour ses opinions politiques, il a pris l’état de professeur libre et d’écrivain, pour se consacrer à la grammaire et à la critique littéraire. La même année, il est venu s’établir définitivement à Paris, où il a fait un doctorat ès-lettres en Sorbonne sous Joseph-Victor Leclerc avec une thèse latine sur la physique d'Aristote[b] et Sur l’étude et l’enseignement de la grammaire, puis une licence ès-sciences[3].

Il s’est consacré à de nombreux travaux d’enseignement et d’érudition[4]. La grammaire surtout l’attirait, et il y a trouvé son heure de renommée[3]. Il a été l’un des membres les plus actifs et pendant longtemps le secrétaire de la Société des méthodes d’enseignement. De 1843 à 1850, il a dirigé la Revue de l’instruction publique, créée en 1842 par la librairie Hachette[2].

Pendant cette même période, il a assidument collaboré, pour l’enseignement de la langue française, au Manuel général de l’instruction primaire. Plus tard, quand Émile Littré a entrepris la publication de son grand Dictionnaire de la langue française, il a été, avec Édouard Sommer, l’aide de tous les jours de cet illustre lexicographe. « Tous les deux, écrit Littré dans sa préface en 1863, mettent au service du Dictionnaire leurs lectures, leur expérience, leur savoir ; et quand j’ai sous les yeux ces épreuves où sont consignées leurs observations et leurs critiques, je ne puis jamais assez me féliciter de leur zèle, de leurs lumières et de la sécurité qu’ils me donnent. » Depuis, Sommer est mort prématurément, mais Jullien a pu conduire l’œuvre jusqu’à son terme, en 1866[2].

Cet anti-romantique nostalgique du Premier Empire s’était approprié avec beaucoup de bon sens et d’élévation les doctrines de l’école, trop dédaignée peut-être à son époque, des grammairiens philosophes du XVIIIe siècle, appuyant ses doctrines grammaticales sur une étude approfondie de l’Antiquité. Préférant le rationalisme du siècle des Lumières au romantisme, il n’a pu progresser dans la carrière universitaire avant le Second Empire français, et s'est senti injustement traité, comme le montre la préface de son de Histoire de la poésie française à l’époque impériale de 1844[5]. Sa pensée a pu se développer pleinement sous Napoléon III dans six thèses approfondies sur la grammaire, la littérature, l’histoire et la philosophie.

Plusieurs de ses ouvrages, tel son Cours supérieur de grammaire, ont longtemps fait autorité. C’était aussi un amateur et un connaisseur très distingué en archéologie musicale. Ses études sur la musique et la métrique ancienne ont été estimées par les meilleurs juges. Son fils Adolphe Jullien l’a d’ailleurs suivi dans cette voie. Il enfin publié des travaux d’histoire littéraire, notamment une Histoire de la littérature française à l’époque impériale, qu’il juge, en général, avec une bienveillance quelque peu exagérée[2].

Jugements[modifier | modifier le code]

« Jullien n’était pas un simple maitre de grammaire, c’était un érudit dans la plus sérieuse acception du mot, docteur ès-lettres et licencié ès-sciences, auteur de sept voJames de thèses littéraires, critiques, historiques et philosophiques, qui dénotent un esprit précis et fécond. Son caractère indépendant loi suscita plus d’eo adversaire. D’ailleurs, il faut avouer que la polémique ne lui déplaisait pas et qu’il ne faisait rien pour l’éviter. li n’était pas complaisant aux nouveautés, et la grammaire historique, à la mode maintenant, avait spécialement le don de l’agacer. Il en était de même pour tout ce qui n’était pas le pur classique, dans lequel, par malheur, il comprenait le classique de la décadence. ll n’hésita jamais à rompre des lances à tout venant pour l’école du premier Empire : c’était le temps de sa jeunesse. Il eut plus d’une fois maille à partir à ce sujet avec Sainte-Beuve, dont cette école était la bête noire… Pourtant, il y avait un sujet où Jullien était fort compétent et où il n’approuvait pas l’esprit de conservation à outrance. C’était en fait d’orthographe. Comme Firmin Didot, il y proposait des réformes qui auraient mérité d’être prises en considération. Ses conseils à cet égard n’ont pas été suivis, et Dieu sait quelle débâcle future cela nous présage ! Un de ses principaux titres fut sa contribution au grand dictionnaire de Littré… C’est assurément un titre fait pour honorer toute une carrière. »

— Frédéric Baudry, Journal des Débats.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Né le au Péage-lez-Romans, maitre ès arts et professeur de l'ancienne Université de Paris, professeur au Prytanée militaire de Saint-Cyr et de la Flèche, émérite en 1816, mort au Péage, le 10 septembre 1826[1].
  2. Publiée En 1854 sous le titre De quelques points des sciences dans l'antiquité.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Bernard Jullien, Thèses de grammaire, Paris, L. Hachette, , 508 p. (lire en ligne), v.
  2. a b c et d « Jullien (Marcel-Bernard) », dans Ferdinand Édouard Buisson, Dictionnaire de pédagogie et d’instruction primaire, vol. 2, Paris, Hachette et Cie, (lire en ligne), partie 1, p. 1442.
  3. a et b C. D., « Nécrologie : M. Bernard Jullien », Manuel général de l'instruction primaire : journal hebdomadaire des instituteurs, Paris, Hachette, vol. 48, t. 17, no 50,‎ , p. 957 (lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  4. Gustave Vapereau, Dictionnaire universel des littératures : Contenant 1. Des notices sur les écrivains de tous les temps et de tous les pays, l’analyse et l’appréciation des principales œuvres individuelles, collectives, nationales, anonymes, etc., II. La théorie et l’historique des différents genres de poésie et de prose, les règles essentielles de rhétorique et de prosodie, III. La bibliographie générale et particulière, Paris, Hachette et Cie, , 2e éd., xvi-2121, 25 cm (OCLC 4599949, lire en ligne), p. 14.
  5. Histoire de la poésie française à l’époque impériale : ou Exposé par ordre de genres de ce que les poètes français ont produit de plus remarquable depuis la fin du XVIIIe siècle jusqu'aux premières années de la Restauration, t. 1, Paris, Paulin, , 466 p. (lire en ligne), v.

Publications[modifier | modifier le code]

  • Histoire de la poésie française à l'époque impériale, ou Exposé par ordre de genres de ce que les poètes français ont produit de plus remarquable depuis la fin du XVIIIe siècle jusqu'aux premières années de la Restauration, Paris, 1844, 2 vols.
    Notes de cours donnés à l’Athénée Royal, 1841-1842.
  • Polémique sur quelques points de métrique ancienne, Paris, 1854
  • De quelques points des sciences dans l'antiquité. Physique, métrique, musique, Paris, 1854
  • L'Harmonie du langage chez les Grecs et les Romains, ou Étude sur la prononciation de la prose élevée et des vers dans les langues classiques, Paris, 1867

Éditions scientifiques[modifier | modifier le code]

  • Fénelon, Dialogues des morts, Paris, 1847, rééd. 1893.
  • Antoine Houdar de La Motte, Les Paradoxes littéraires de Lamotte, ou Discours écrits par cet académicien sur les principaux genres de poèmes, Paris, 1859.

Manuels[modifier | modifier le code]

  • Grammaire générale. Abrégé de la grammaire française, Dieppe, 1832.
  • Histoire de la Grèce ancienne, Paris, 1837, Tours, 1838.
  • Abrégé de grammaire latine, Paris, 1841.
  • Petit traité d'analyse grammaticale, Paris, 1843.
  • Petit traité d'analyse logique, Paris, 1843.
  • Manuel des examens dans les écoles primaires, Paris, 1850.
  • Questions et exercices sur la Grammaire française de Lhomond, Paris, 1851.
  • Traité complet de grammaire française, Paris, 1852.
  • Vocabulaire grammatical de la langue française, Paris, 1852.
  • Le Langage vicieux corrigé, ou Liste alphabétique des fautes les plus ordinaires dans la prononciation, l'écriture et la construction des phrases, Paris, 1853.
  • Manuel de la conjugaison des verbes français, Paris, 1853.
  • Petit traité de rhétorique et de littérature, Paris, 1853.
  • Petit traité des participes français, Paris, 1853.
  • Explication des principales difficultés de l'enseignement de la grammaire, Paris, 1854.
  • Les Principales Étymologies de la langue française précédées d'un petit traité de la dérivation et de la composition des mots, Paris, 1862.
  • Les Éléments matériels du français, c'est-à-dire les sons de la langue française entendus ou représentés, Paris, 1875.
  • Les Formes harmoniques du français, savoir les périodes, les vers, les stances et les refrains, Paris, 1876.

Thèses[modifier | modifier le code]

  • Thèses de grammaire, Paris 1855, dans Coup d’œil sur l’histoire de la grammaire, 1-50.
  • Thèses de littérature, Paris 1856.
  • Thèses de critique et poésies, Paris 1858.
  • Thèses supplémentaires de métrique et de musique anciennes, de grammaire et de littérature, Paris 1861.
  • Thèses d'histoire et nouvelles historiques, Paris 1865.
  • Thèses de philosophie, Paris 1873.

Liens externes[modifier | modifier le code]