Affaire Pegasus

Le scandale Pegasus est une affaire d’espionnage politique qui a eu lieu en 2021 en ce qui concerne le volet français. Un consortium de médias a révélé le 18 juillet 2021 que des personnalités politiques, journalistes, opposants ou acteurs de la société civile ont été espionnés dans le monde entier grâce à un logiciel de piratage de smartphone baptisé « Pegasus » sous le compte du gouvernement marocain. Les services secrets marocains sont accusés d’avoir espionné plusieurs pays comme la France, l’Espagne ou encore l’Algerie. Le logiciel aurait notamment surveillé les téléphones des représentants politiques de ces pays comme Emmanuel Macron ou encore Édouard Philippe.

Historique[modifier | modifier le code]

Faits[modifier | modifier le code]

Le logiciel espion Pegasus destiné à attaquer les smartphones sous iOS et Android est conçu et commercialisé dès 2013 par l'entreprise israélienne NSO Group mais les premières traces de ses intrusions ne sont découvertes qu'en 2016.

Installé à distance sur un appareil, il peut contourner tous les systèmes de sécurité et accéder aux fichiers, messages, photos et mots de passe sur les smartphones. Il peut aussi écouter les appels téléphoniques, et déclencher l'enregistrement audio, la caméra ou la géolocalisation.

Pegasus peut être considéré comme une « arme de guerre »[1] et sa vente nécessite une licence d'exportation du ministère israélien de la Défense. Pour des raisons de sécurité nationale, Israël ne permet donc pas qu'il cible les pays de l’alliance « Five Eyes », qui regroupe États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, l’Australie et la Nouvelle-Zélande[2].

Accusations et plaintes[modifier | modifier le code]

Les accusations proviennent de Forbidden Stories, une association d’investigation qui a coordonné l’enquête après avoir obtenu une liste de 50 000 numéros de téléphone potentiellement ciblés par le logiciel espion. 17 médias internationaux associés, dont Le Monde et Radio France, ont également eu accès à ces données. Ils les ont analysées pendant six mois avec l’appui d’Amnesty international dans le cadre d’une enquête baptisée « Projet Pegasus ».

Mis en cause, le Maroc attaque alors en diffamation Amnesty international et Forbidden Stories devant le tribunal correctionnel de Paris[3].

En France, plusieurs personnes morales et physiques effectivement espionnées ou sélectionnées pour un espionnage potentiel déposent ou annoncent déposer plainte, parmi lesquelles : Mediapart et ses journalistes Lénaïg Bredoux et Edwy Plenel[4], l'ONG Reporters sans frontières[5], Le Canard enchaîné et son ancienne journaliste Dominique Simonnot aujourd'hui contrôleuse générale des lieux de privation de liberté[6],[7],[8], ainsi que les députés Cédric Villani et Adrien Quatennens[9]. Le parquet de Paris ouvre une enquête, confiée à l'Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l'information et de la communication (OCLCTIC)[4]. Dans ce cadre, l'analyse du téléphone d'un journaliste de France 24 par l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi) ainsi que celle, par les analystes, des smartphones d'Edwy Plenel et Lenaïg Bredoux, confirment leur infection par Pegasus[10].

Autre enquête[modifier | modifier le code]

Concernant le "volet français", en juin 2022, le parquet de Paris confie à un juge d’instruction l’enquête en France sur l’utilisation du logiciel d’espionnage[11].

Références[modifier | modifier le code]

  1. Yannick Chatelain, « "Pegasus" : du software à l'arme de guerre », sur Contrepoints, .
  2. Damien Leloup et Martin Untersinger, « Pegasus : le service de renseignement extérieur allemand a également utilisé le logiciel espion », sur Le Monde, .
  3. Rédaction, « Pegasus : tout comprendre à cette affaire de cyberespionnage », La Croix, .
  4. a et b « Projet Pegasus : le parquet de Paris ouvre une enquête sur l’espionnage de journalistes de « Mediapart » », Le Monde, .
  5. « Scandale Pegasus : pourquoi Reporters sans frontières porte plainte », Le Point, .
  6. « Logiciel espion : le "Canard" porte plainte pour la deuxième fois de son histoire », Le Canard Enchaîné,‎ .
  7. AFP, « Espionnés par le Maroc, Mediapart et Le Canard enchaîné portent plainte », Le Parisien, .
  8. Damien Leloup et Martin Untersinger, « Pegasus : au cœur d’une enquête mondiale sur l’espionnage de téléphones » [audio], sur Le Monde, .
  9. Maxence Kagni, « Affaire Pegasus : plusieurs députés ciblés, Villani et Quatennens portent plainte », LCP, .
  10. Martin Untersinger, Laurent Richard (Forbidden Stories) et Sandrine Rigaud (Forbidden Stories), « « Projet Pegasus » : les analyses des autorités françaises confirment l’infection de téléphones de journalistes », Le Monde, .
  11. AFP, « Affaire Pegasus : L’enquête menée en France confiée à un juge d’instruction », sur 20 Minutes, .