Abbaye du Gard

Abbaye du Gard
image de l'abbaye
Abbaye du Gard, vue générale (gravure)
Diocèse Amiens
Patronage Notre-Dame
Numéro d'ordre (selon Janauschek) CXLI (141)[1]
Fondation 1137
Début construction XIIe siècle
Fin construction XVIIIe siècle
Dissolution 1790-1815
1845
Abbaye-mère Cherlieu
Lignée de Clairvaux
Abbayes-filles Avant 1790 : aucune
Après 1815 : Mont des Cats (depuis 1826)
Congrégation Cisterciens (1137-1790)
Trappistes (1815-1845)
Chartreuses (1869-1904)
Frères auxiliaires du clergé (1967-2001)
Protection Logo monument historique Inscrit MH (1969)
Coordonnées 49° 57′ 49″ N, 2° 06′ 12″ E[2]
Pays Drapeau de la France France
Province Picardie Picardie
Région Hauts-de-France
Département Somme
Commune Crouy-Saint-Pierre
Géolocalisation sur la carte : Somme
(Voir situation sur carte : Somme)
Abbaye du Gard
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Abbaye du Gard

L'abbaye du Gard est une ancienne abbaye cistercienne située sur le territoire de l'actuelle commune de Crouy-Saint-Pierre dans la Somme en Picardie.

Histoire[modifier | modifier le code]

Fondation[modifier | modifier le code]

Cette abbaye cistercienne, fille de Clairvaux, fut fondée en 1137 sur une terre du vidame d'Amiens, Gérard de Picquigny, par Meynard et douze moines venus de l'abbaye de Cherlieu. Son nom proviendrait du picard « warder » (garder) évoquant un point de passage gardé sur la Somme. En 1139, l'abbaye reçut la visite de Bernard de Clairvaux[3].

L'abbaye dans la tourmente de la guerre de Cent Ans[modifier | modifier le code]

En février 1191, l'abbaye du Gard fut placée sous la protection du roi Philippe Auguste qui la recommanda au bailli d'Amiens[4].

Au XIIIe siècle, l'abbé du Gard possédait un hôtel particulier à Abbeville puis à Amiens[3]. Le , l'abbé du Gard accusé d'avoir favorisé l'intrusion dans Amiens de partisans du roi de Navarre, Charles le Mauvais, fut arrêté, jugé, condamné à mort et décapité à Amiens ainsi que seize notables de la ville[5].

L'abbaye fut ruinée pendant la guerre de Cent Ans[4].

29 abbés réguliers se succédèrent à la tête de l'abbaye jusque 1518 date à laquelle l'abbaye fut placée sous le régime de la commende instauré par le Concordat de Bologne de 1516.

L'abbaye mise en commende[modifier | modifier le code]

À partir de 1518, l'abbaye est placée sous le régime de la commende.

En 1657, Mazarin devient abbé commendataire de l'abbaye du Gard.

Au XVIIIe siècle, les moines doivent abattre le cloître et le dortoir, l'abbé commendataire Armand Jules de Rohan-Guémené approuvant le projet de reconstruction du prieur qui obtint à Clairvaux l'aval de l'abbaye-mère. La première pierre fut posée le par monseigneur d'Orléans de La Motte, évêque d'Amiens. Les travaux furent financés par une importante coupe de bois[3].

13 abbés commendataires se succédèrent à la tête de l'abbaye dont le plus célèbre fut Mazarin.

Disparition de l'abbaye[modifier | modifier le code]

En 1790, l'abbaye est déclarée bien national, puis vendue. Une partie des bâtiments est démolie par les acquéreurs, les terres sont mises en culture. L'église abbatiale tombe en ruine, son mobilier est acheté par plusieurs paroisses voisines : un autel, des confessionnaux, des lambris du chœur à Hangest-sur-Somme ; des sculptures à Crouy-Saint-Pierre[3].

29 abbés réguliers et 13 abbés commendataires s'étaient succédé à la tête de l'abbaye du Gard.

Une renaissance chaotique de la vie religieuse au XIXe siècle[modifier | modifier le code]

Sous la Restauration, des trappistes s'installèrent à l'abbaye de 1815 à 1845. En 1820, ils entreprirent de faire reconstruire la chapelle abbatiale. La première pierre fut posée le par monseigneur Marc Marie de Bombelles, évêque d'Amiens. Les travaux étaient achevés en 1824. En 1845, les trappistes quittèrent le Gard pour l'abbaye de Sept-Fons[3].

En 1848, l'abbaye fut achetée par les pères spiritains de François Libermann pour y loger des novices[6].

De 1856 à 1860, l'abbaye devint un orphelinat fondé par l'abbé Bosquillon de Jenlis [3].

De 1869 à 1906, des moniales chartreuses venues de Sainte-Croix de Beauregard (Coublevie), et de Labastide-Saint-Pierre s'installent au Gard. La loi sur les congrégations les contraignit à quitter la France[Note 1].

L'abbaye fut à nouveau vendue à des particuliers qui en cédèrent les matériaux et en ruinèrent une nouvelle fois les bâtiments [3]. Ces derniers perdirent leur toiture et se retrouvèrent à ciel ouvert.

Les Frères auxiliaires du clergé restaurent l'abbaye au XXe siècle[modifier | modifier le code]

En 1963, un zoo est aménagé dans les ruines[7].

En 1967, le Père Paul Dentin (1897-1980), fondateur de la congrégation des Frères auxiliaires du clergé décide d'y installer la maison-mère de son ordre et de restaurer le bâtiment abbatial. La toiture de ce bâtiment est reconstituée. L'édifice est à nouveau aménagé pour être habité.

Le Père Dentin, conseillé par l'architecte amiénois François Vasselle, obtient pour son œuvre le quatrième prix des chefs-d'œuvre en péril. L'abbaye ainsi restaurée devient un centre d'accueil et de prière[3].

Les bâtiments de l'abbaye du Gard sont protégés au titre des monuments historiques : inscription par arrêté du [8].

Au début du XXIe siècle, la maison-mère des Frères auxiliaires du clergé est transférée à Lyon. Les bâtiments de l'abbaye du Gard sont alors vendus le à un promoteur privé qui y crée une résidence divisée en 27 appartements de standing[9].

Architecture et description[modifier | modifier le code]

Outre le logis abbatial restauré, sont visibles aujourd'hui encore, la salle capitulaire, quelques éléments du cloître et les ruines de l'église abbatiale.

Filiation et dépendances[modifier | modifier le code]

L'abbaye du Gard est fille de Cherlieu et mère de Mont des Cats depuis 1826.

Liste des abbés[modifier | modifier le code]

Abbés réguliers[modifier | modifier le code]

Abbés commendataires[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Dom Brulliat, dernier aumônier des moniales chartreuses du Gard, La Chartreuse de Notre-Dame du Gard 1870-1906, Abbeville, Imprimerie F. Paillart, 1977 (ISBN 2853140172).
  • Florence Charpentier et Xavier Daugy, Sur le chemin des abbayes de Picardie, histoire des abbayes picardes des origines à nos jours, Amiens, Encrage Edition, 2008 (ISBN 978 - 2 - 911 576 - 83 - 6)
  • Maurice Crampon, Picquigny, le château-fort, la collégiale, la ville, Amiens, Société des antiquaires de Picardie, 1963.
  • Edouard-Eugène Delgove, L'Abbaye du Gard, Mazarin abbé du Gard, 1866, réédition Le Livre d'histoire Lorisse, 2010 (ISBN 978 - 2 - 7 586 - 0386 - 3).
  • Philippe Seydoux, Abbayes de la Somme, Paris, Nouvelles Éditions latines, 1975 (ISBN 2-307-33690-7) (BNF 34572163).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Lors de leur départ forcé de France, les chartreusines se réfugièrent à Burdinne en Belgique puis, en 1927, s'installèrent à Nonenque, dans l'Aveyron.

Références[modifier | modifier le code]

  1. (la) Leopold Janauschek, Originum Cisterciensium : in quo, praemissis congregationum domiciliis adjectisque tabulis chronologico-genealogicis, veterum abbatiarum a monachis habitatarum fundationes ad fidem antiquissimorum fontium primus descripsit, t. I, Vienne, Vindobonae, , 491 p. (lire en ligne), p. 58.
  2. (it) Luigi Zanoni, « Gard, le », sur cistercensi.info, Certosa di Firenze (consulté le ).
  3. a b c d e f g et h Philippe Seydoux, Abbayes de la Somme, Paris, Nouvelles Éditions latines
  4. a et b Edouard-Eugène Delgove, L'Abbaye du Gard, Mazarin abbé du Gard, 1866, réédition Le Livre d'histoire Lorisse, 2010 (ISBN 978 - 2 - 7 586 - 0386 -3).
  5. Albéric de Calonne, Histoire de la ville d'Amiens, tome 1 - chapitre VI, II : Intrigues et conspiration du roi de Navarre, Amiens, Piteux Frères, 1899 - réédition, Bruxelles, Éditions culture et civilisation, 1976
  6. Site de la Congrégation du Saint-Esprit, missionnaires spiritains du Québec.
  7. Maurice Crampon, Picquigny, le château-fort, la collégiale, la ville, Amiens, Société des Antiquaire de Picardie, 1963.
  8. Notice no PA00116128, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  9. André Guerville, Chapelles et oratoires en Pays de Somme, Abbeville, imp. Frédéric Paillart, coll. « Richesses en Somme », 4e trimestre 2003, 302 p., p. 134 (ASIN B000WR15W8).