Voirloup

Représentation moderne d’un voirloup (dessin numérique, 2009).

Le voirloup est une créature fantastique maléfique et nocturne mentionnée dans le folklore français propre au pays d’Othe[1]. Contrairement à une croyance répandue, il ne s’agit pas d’une sorte de loup-garou, mais d’un « cousin » de celui-ci, puisqu’il peut se transformer en d’autres animaux que le loup.

Région d’origine[modifier | modifier le code]

Le voirloup est propre au pays d’Othe. Ce massif s’étend entre Sens, Troyes et Joigny en unissant les départements de l’Aube et de l’Yonne ; il forme une bande d’environ vingt kilomètres de large sur cinquante kilomètres de long. La région comprise, à l’est, entre Maraye-en-Othe et Bercenay-en-Othe est la plus fertile en légendes sur les voirloups.

Description[modifier | modifier le code]

Les voirloups sont à l’origine des hommes ou des femmes aux âmes noires, coupables des sept péchés capitaux[2] et qui se laissent posséder par Satan[3],[4] ou Bélial[5]. Pendant leur période de transformation, ces créatures peuvent prendre la forme de loups, mais aussi de renards, de sangliers, de boucs, ou de chats, de toutes les bêtes malfaisantes dans la peau desquelles il leur est facile de nuire impunément[4].

Les voirloups se métamorphosent à minuit, après s’être enduit les quatre membres inférieurs avec une mixture nommée l’amalgame[6] (composée de semence humaine obtenue dans les sabbats, du sang nuptial d’une vierge, de la graisse d’un porc tué le vendredi saint, à trois heures de l’après-midi, devenue rance, et d’un filet de bave du Diable[4],[5]). Ils adressent une supplique à Satan[Note 1] et se couvrent du pelage de l’animal désiré tout en conservant l’entendement humain[6]. Ils fréquentent la forêt de minuit à l’aube sans faire de bruit[4], égorgent et dépècent les chiens et le bétail et se désaltèrent du sang de leurs victimes. La vue du sang les affole et ils ne se calment qu’en versant le sang à leur tour[6]. Les voirloups sont généralement solitaires, mais ils savent se retrouver pour associer leurs pouvoirs maléfiques[5].

Ce sont des adversaires très dangereux pour l’être humain auquel ils s’attaquent ; toutefois, ils ne les tuent pas, mais leur sucent parfois le sang comme des vampires[4]. Les voirloups sont invulnérables, et lorsqu’on les blesse, même s’ils sont insensibles à la douleur, ils guérissent vite, mais conservent toujours des cicatrices[4]. Les yeux du voirloup peuvent enflammer la paille ou le fourrage à distance, à flanc de coteau, dans les champs, les granges ou les sinots[4],[6]. Plusieurs témoignages rapportent des feux nocturnes aux environs de Maraye-en-Othe et de Bercenay-en-Othe ; chaque fois, une silhouette furtive et inquiétante, mi-bête mi-homme, se dessinait sur la crête[5]. Les voirloups sont de plus nyctalopes et redoutent les premières lueurs du jour car, lorsque le Soleil se lève et que le coq se met à chanter, leur peau animale éclate et ils reprennent forme humaine[4],[6].

Les voirloups passent leurs journées à épier les mortels pour vérifier qu’on ne dit ni n’écrit rien sur eux[4]. Ceux qui se risquent à les décrire sous leur forme animale les rencontrent à la nuit tombée. On les piège difficilement ; ils n’ont pas la faculté de jeter des sorts, mais ils sont par nature poussés à faire le plus de mal possible au nom de Satan. Sous leur forme humaine, ils sont facilement reconnaissables à la tache rougeâtre qu’ils présentent au bas de la colonne vertébrale, ou encore à la fourche à deux dents qui se dessine sur leur épaule gauche[6].

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Dont la formule cabalistique finale ne pourrait être connue des non initiés et se rapprocherait de « Seigneur Satan, maître de l’univers, ton humble et dévoué serviteur t’invoque pour que par ta puissance, il puisse en cette nuit de ton règne se changer en (donner le nom de l’animal choisi) afin d’obéir à toutes tes volontés et semer la terreur chez ceux qui se refusent à te servir ».

Références[modifier | modifier le code]

  1. Notre pays d’Othe, Jeanne Martel-Jeannine Velut, Office de tourisme du pays d’Othe et de la vallée de la Vanne, imprimeries Paton, Troyes 2003. (ISBN 2-907894-32-3)
  2. Édouard Brasey, Le grimoire des loups-garous, Place Des Editeurs, 2010 p.198
  3. Ronnie G. Martin-Alain Richard, Le Chasseur de voirloups, imprimeries La Renaissance, Troyes, Dargaud, 1986 (ISBN 978-2205034257).
  4. a b c d e f g h et i Édouard Brasey, La Petite Encyclopédie du merveilleux, Le pré aux clercs, Paris, 2008, p. 385 (ISBN 978-2-84228-321-6).
  5. a b c et d Sur la piste des voirloups.
  6. a b c d e et f Mystérieuse forêt d’Othe, Gabriel Groley, imprimerie Paton, Troyes 1976.

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]