Siegfried Freytag

Siegfried Freytag
Surnom "Le lion de Malte"
Naissance
Dantzig
Décès (à 83 ans)
Aubagne
Origine Allemagne
Allégeance Drapeau de la France France
Arme Luftwaffe
Légion étrangère
Grade commandant de la Luftwaffe
sergent-chef de Légion étrangère
Années de service 19371945 (dans la Luftwaffe)
1952 - 1970 (à la Légion étrangère)
Commandement 6./JG 77, 1./JG 77, II./JG 77, JG 77, JG 51
Conflits Seconde Guerre mondiale
Guerre d'Indochine
Guerre d'Algérie
Faits d'armes Campagne de Norvège
Bataille d'Angleterre
Campagne des Balkans
Front Est
Théâtre méditerranéen
Défense du Reich
Distinctions Ritterkreuz
Deutsches Kreuz im Gold

Siegfried Freytag est un militaire allemand et français, né le à Dantzig, près de l'aérodrome de Langfuhr dans une famille de brasseurs, et décédé à Aubagne (France) le [1].

La Luftwaffe[modifier | modifier le code]

En 1938, Freytag s'engage dans la Luftwaffe, l'armée de l'air allemande. Obergefreiter, il est engagé avec son unité sur le front polonais. Nommé sous-officier-pilote en 1940, il obtient son Abitur, sésame pour embrasser une carrière d'officier. Nommé Leutnant, Freytag est affecté au 2e groupe de chasse de l'escadre 77 et participe à la Campagne de Norvège. À la fin de 1940, le pilote est transféré avec son escadrille à Brest - Guipavas pour relever les unités allemandes épuisées par la bataille d'Angleterre.

Le , alors qu'il sert dans les Balkans, Siegfried Freytag est abattu par la DCA alliée en Grèce. Transporté dans un hôpital d'Athènes, il s'en évade et regagne son unité. De retour à son escadrille, il participe à l'opération Barbarossa à l'été 1941. Freytag remporte victoire sur victoire contre l’aviation soviétique aux commandes de son Messerschmitt Bf 109 E. En août, il affiche sa 12e victoire et en octobre, la 19e, en novembre, il totalise 26 avions abattus. Freytag est alors décoré de l'Eisernes Kreuz de 1re classe.

Après une accalmie durant l'hiver, il reprend la lutte en 1942 et obtient de nouvelles victoires en vol. Le , il reçoit l'Ehrenpokal der Luftwaffe[2], coupe d'honneur réservée aux pilotes les plus méritants. Le , il est promu Staffelkapitän et prend le commandement de la 1re escadrille de chasse de son escadre. Il totalise alors 57 victoires et reçoit la Ritterkreuz des Eisernen Kreuzes le [2].

En juillet, son escadre rejoint la Sicile et est affectée sur le front de la Méditerranée. Il est abattu au large de La Valette le , mais il est récupéré par une vedette, à la barbe des Britanniques. Il termine la campagne de Malte avec 78 victoires et y gagne son surnom : Der Löwe von Malta, le « Lion de Malte ». En , il est envoyé sur le front d’Afrique du Nord avec son groupe de chasse où il enregistre encore des victoires.

Le , il reçoit la Deutsches Kreuz im Gold, distinction attribuée pour des actes de bravoure exceptionnels[2]. Le , ayant 90 victoires à son palmarès, Siegfried Freytag est promu Hauptmann et prend le commandement du 2e groupe de chasse. Après la défaite des troupes allemandes en Afrique du Nord, son groupe rejoint Trapani en Sicile. Le Feldmarschall Goering ayant demandé la traduction devant un tribunal d’un homme par escadrille pour « avoir failli contre les bombardiers alliés », Freytag se porte volontaire. Comme ses camarades, il est traduit devant les juridictions militaires, mais tous seront relaxés.

Le , il est abattu, mais parvient encore à rejoindre son unité. Le , Freytag quitte le front Italien pour bénéficier d’un congé médical en Allemagne. En janvier 1944, son groupe est basée à Aix-en-Provence pour opérer en Italie du Nord. Le , Freytag est blessé au cours d'une attaque au sol de bombardiers américains.

Le Freytag, promu Major, commandant, fête sa 100e victoire officielle. En , son groupe stationne un temps sur la base d’Orange, en vue de s’opposer à un débarquement des Alliés, puis gagne l’Italie, qui est définitivement abandonnée par l'Allemagne le . Le groupe est envoyée sur le front des Pays-Bas, où il participe à la bataille d’Arnhem. Le Major Freytag commande alors l'escadre 77, par intérim, à l'âge de 25 ans.

En janvier 1945, Freytag prend part à l’Opération Bodenplatte visant les aérodromes alliés. Il remporte alors sa 102e et dernière victoire. Son escadre est envoyée en Tchécoslovaquie. En , il prend officiellement le commandement de son escadre, mais pour quelques jours seulement, car il est rapidement envoyé commander l'escadre de chasse 51. Le , il commence sa formation de pilote sur le tout nouveau chasseur à réaction Messerschmitt Me 262. Selon le livre sur les chevaliers de la croix de fer de la Luftwaffe, il a été proposé pour recevoir les feuilles de chêne (Eichenlaub) puis on perd sa trace après guerre[3].

On ne sait en effet pas grand-chose de la vie de Siegfried Freytag après-guerre, mis à part ce qu’il a lui-même déclaré. Capturé près de Ratisbonne par les troupes américaines, il est employé en qualité d’interprète. Libéré, il se retrouve sans emploi et sans famille. Un de ses frères a été tué en 1944 en URSS, sa sœur et le reste de sa famille ont disparu dans le naufrage du Wilhelm Gustloff torpillé par les soviétiques. Les biens familiaux ayant été confisqués par les découpages territoriaux d'après-guerre, il devient successivement mineur puis technicien. On a même avancé qu’il avait été chauffeur de taxi à Francfort-sur-le-Main[4]. Le retour à la vie civile est donc pour lui un véritable choc et se révèle particulièrement difficile.

La Légion étrangère[modifier | modifier le code]

En 1952, Siegfried Freytag s’engage dans la Légion étrangère croyant qu’on y recrute des pilotes. C’est du moins la version officielle, une rumeur faisant état d’une rixe qui aurait mal tourné[5].

Affecté au 5e régiment étranger d'infanterie après son instruction de base à Sidi-bel-Abbès[6], en Indochine puis à la 13e demi brigade de Légion étrangère au sein de laquelle il sert pendant 12 ans, à Djibouti[6]. Nommé sergent en 1962, il est, à sa demande, rétrogradé caporal-chef puis sert au 1er régiment étranger de 1965 à 1970[réf. souhaitée], date à laquelle il quitte le service actif.

Il se retire alors à l’Institution des invalides de la Légion étrangère à Puyloubier sans rien dire de son passé. Il obtient cependant une pension du fonds social des anciens pilotes de chasse allemands, des légionnaires d’origine allemande, également retraités à Puyloubier, ayant fait état dans leur correspondance de la présence à leurs côtés d’un ancien as de la chasse.

Le , l’homme aux 102 victoires est enterré avec les honneurs militaires au carré militaire du cimetière de Puyloubier[6].

En plus des honneurs militaires dus à un ancien légionnaire, le directeur de l'institution s'est adressé au défunt en lui disant : « Mon commandant, votre passé glorieux dans l'aviation allemande ne sera pas oublié ». Sur le coussin des décorations, en plus des décorations françaises, figurait la Ritterkreuz.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970
  2. a b et c Siegfried Freytag sur luftwaffe.cz
  3. Die Ritterkreuztrâger der Luftwaff 1939-1945, Bd I Jagdflieger, Verlag Dieter Hoffman, 1989 (2e édition), in Histoire de guerre no 46, p. 46, note 21.
  4. Jean-Louis Roba, « Siegfried Freytag un soldat perdu », revue Histoire de Guerre, no 46,‎ , p. 15.
  5. Jean-Louis Roba, « Siegfried Freytag un soldat perdu », revue Histoire de Guerre, no 46,‎ , p. 15, note 24
  6. a b et c collectif (préf. E. de Montety), La Légion étrangère : Histoire et dictionnaire, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1140 p. (ISBN 978-2-221-11496-4), p. 393

Sources[modifier | modifier le code]

  • D'après JL Roba, Képi Blanc.
  • Jean-Louis Roba, Siegfried Freytag un soldat perdu, revue Histoire de Guerre, no 46, , p. 8 à 15
  • « Siegfried Freytag », dans Jean-Louis Roba, Les As de la chasse de jour Allemand 1939-1945, EATI, , 192 p. (ISBN 978-2-7268-9635-8), p. 145
  • Archives de la société des amis du musée de la Légion étrangère
  • (de) Walther-Peer Fellgiebel, Die Träger des Ritterkreuzes des Eisernen Kreuzes, 1939-1945 : die Inhaber der höchsten Auszeichnung des Zweiten Weltkrieges aller Wehrmachtteile, Friedberg/H, Podzun-Pallas, (ISBN 3-7909-0284-5)
  • (de) Ernst Obermaier, Die Ritterkreuzträger der Luftwaffe : Jagdflieger 1939 - 1945, Mayence, Hoffmann, , 256 p. (ISBN 3-87341-065-6).
  • (de) Klaus Patzwall et Veit Scherzer, Das deutsche Kreuz : 1941-1945 : Geschichte und Inhaber, Norderstedt, Patzwall, (ISBN 978-3-931533-45-8 et 9783931533465).
  • (de) Veit Scherzer, Die Ritterkreuzträger : die Inhaber des Ritterkreuzes des Eisernen Kreuzes 1939-1945 von Heer, Luftwaffe, Kriegsmarine, Waffen-SS, Volkssturm sowie mit Deutschland verbündeter Streitkräfte nach den Unterlagen des Bundesarchivs, Ranis/Jena, Scherzers Militaer-Verlag, (réimpr. 2005, 2006), 846 p. (ISBN 978-3-938845-17-2 et 3-938845-17-1, OCLC 891773959).
  • (en) « Aces of the Luftwaffe », Siegried Freytag (consulté le )
  • (en) J. E. Johnson, Wing leader : top-scoring Allied fighter pilot of World War Two, Manchester, Crécy Pub, (ISBN 0-907579-87-6).