Raymond Keruzoré

Raymond Keruzoré
Image illustrative de l’article Raymond Keruzoré
Raymond Keruzoré (à droite) en 1971.
Biographie
Nationalité Français
Naissance (74 ans)
Châteauneuf-du-Faou (France)
Taille 1,73 m (5 8)
Période pro. 1971-1984
Poste Meneur de jeu puis entraîneur
Parcours junior
Années Club
1961-1965 US Châteauneuf-du-Faou
Parcours senior1
AnnéesClub 0M.0(B.)
1965-1966 US Châteauneuf-du-Faou
1966-1967 Stade quimpérois
1967-1973 Stade rennais 102 0(7)
1973-1974 Olympique de Marseille 029 0(2)
1974-1975 Stade rennais 022 0(0)
1975-1979 Stade lavallois 130 (20)
1979-1981 Stade brestois 047 0(1)
1981-1984 EA Guingamp 091 0(6)
Sélections en équipe nationale2
AnnéesÉquipe 0M.0(B.)
1970-1973 France espoirs 008
1971-1972 France universitaire
1972-1973 France militaire
1973-1978 France A' 001 0(0)
1976-1978 France 002 0(0)
Parcours entraîneur
AnnéesÉquipe Stats
1981-1986 EA Guingamp 85v 54n 54d
1986-1987 Brest Armorique FC 16v 14n 13d
1987-1991 Stade rennais 67v 42n 51d
1992-1993 FC Tours 08v 09n 18d
1995-1997 Stade quimpérois 24v 26n 32d
1998-1999 DC Carhaix
1 Compétitions officielles nationales et internationales.
2 Matchs officiels (amicaux validés par la FIFA compris).

Raymond Keruzoré, né le à Châteauneuf-du-Faou dans le Finistère, est un footballeur international français, professionnel de 1971 à 1984, devenu entraîneur de clubs professionnels. En 2014, il est désigné meilleur footballeur breton de l'histoire par France Football.

Biographie[modifier | modifier le code]

Carrière amateur[modifier | modifier le code]

Photographie représentant une vue de Châteauneuf-du-Faou depuis les berges de l'Aulne.
Raymond Keruzoré commence le football à Châteauneuf-du-Faou.

Raymond Keruzoré chausse ses premiers crampons à l'US Châteauneuf-du-Faou. Au début des années 1960, il est régulièrement présenté par son entraîneur au concours du jeune footballeur, mais ne fut jamais qualifié pour la finale nationale à Paris[1]. A seize ans il joue déjà avec l'équipe première en PH[2]. En février 1966 il est sélectionné dans l'équipe des cadets de l'Ouest[3], avec Loïc Kerbiriou et Francis Smerecki[4]. Quelques semaines plus tard il est contacté par le Stade rennais et le FC Nantes pour participer à un stage[5]. Il joue finalement en CFA au Stade quimpérois, parallèlement à ses études au lycée de Quimper où il obtient le baccalauréat.

En 1967, il poursuit des études de physique-chimie à la faculté des Sciences de Rennes[6]. Il prend alors une licence amateurs au Stade rennais[Note 1]. Étudiant, il évolue alors comme meneur de jeu, et débute dans l'équipe réserve, qui joue alors en Division d'Honneur. Jean Prouff, l'entraîneur du Stade rennais, le repère et le pousse à devenir professionnel.

Carrière professionnelle[modifier | modifier le code]

Stade rennais et OM[modifier | modifier le code]

Photo de Jean Prouff avec l'équipe de France en 1949.
Jean Prouff lance Keruzoré en D1 en 1969.

Raymond Keruzoré dispute son premier match professionnel le à l'âge de 22 ans (un match de Division 1 entre le Stade rennais et le FC Metz (0-3). Il obtient une licence en sciences en 1970.

Pour Jean Prouff, son premier entraîneur, « il allie à une vision impeccable du jeu une technique exceptionnelle »[7].

À partir de 1970, il devient titulaire indiscutable. Il signe son premier contrat professionnel le 6 avril 1971, trois jours après son premier but en D1. Il participe à la victoire du club breton en Coupe de France en juin 1971 (victoire 1-0 en finale contre l'Olympique lyonnais).

La saison suivante, il joue les deux matchs du Stade rennais en Coupe des coupes, contre les Glasgow Rangers (1-1 au match aller à Rennes et 0-1 au match retour à Glasgow). Il est alors international espoir.

En 1973, Raymond Keruzoré est recruté sans avoir son mot à dire[8] par l'Olympique de Marseille en raison des problèmes financiers du Stade rennais. Il est vendu pour la somme record de 750 000 francs[9]. Il bénéficie d'un temps de jeu assez important, disputant notamment 4 matchs en Coupe UEFA. En octobre 1973, il est appelé en équipe de France pour un match face à la RFA de Beckenbauer et Müller[10], mais n'entre pas en jeu lors de la rencontre[11]. Ses performances à Marseille sont plutôt décevantes, et à l'issue de la saison, il retourne au Stade rennais, séduit par le discours des dirigeants bretons qui voulaient bâtir une grande équipe.

Après un bon début de saison, il se brouille peu à peu avec ses dirigeants[Note 2] et avec la plupart de ses coéquipiers. Taxé de gauchiste-maoïste par les uns[12], d'intello par les autres[13], son tempérament contestataire et volontiers provocateur lui vaut des inimitiés dans son club et plus généralement dans le monde du football. Il est chassé du club après la relégation en deuxième division[14] avec une condamnation de rupture de contrat, cassée en appel[15].

Le joueur : « Cela fait cinquante ans que je traîne tous les dimanches sur les terrains de football. Et je n’ai jamais vu un joueur comme vous. ».

Henri Bisson, président du Stade lavallois, en 1972[Note 3],[8].

Au sujet de son année mitigée à Marseille et de cette seconde expérience rennaise, Raymond Keruzoré affirme en 2004 : «- Avez-vous des regrets ? - Un peu par rapport à mon passage à Marseille. Je n'aurais pas dû partir aussi vite. Je suis arrivé en 1973 et je suis retourné à Rennes un an après. En fait, je me suis laissé convaincre par les dirigeants rennais qui voulaient bâtir une grande équipe. Cela a été le choix du cœur, mais finalement une erreur[16]. »

Stade lavallois[modifier | modifier le code]

Michel Le Milinaire en 1979.
Michel Le Milinaire relance Keruzoré à Laval.

Il apparait comme un rebelle banni du football professionnel[17]. À la surprise générale, il est recruté en 1975 par le Stade lavallois, alors présidé par Henri Bisson et entraîné par Michel Le Milinaire. Il reprend d'ailleurs à ce moment-là ses études à Rennes.

Vrai poète du jeu, il conquiert rapidement le public mayennais par sa gentillesse, sa simplicité, sa valeur sportive et humaine[13]. En effet, il s'impose comme le maître à jouer des Tangos, dont il devient rapidement le capitaine, et qu'il conduit aussitôt en Division 1. En 1976, il est sur le point de signer au FC Nantes, mais les dirigeants lavallois le retiennent finalement. C'est une décision judicieuse, car il réalise une saison 1976-1977 exceptionnelle : il contribue grandement au maintien du club, et à titre individuel, il est récompensé par une première sélection en équipe de France et par l'étoile d'or de France Football.

Keru et ses débuts à Laval : « Dès mon premier match à Le Basser, les supporters entonnaient déjà des « Keru, Keru ». Ce sont des souvenirs qui marquent. C’était très fusionnel. Je n’avais jamais connu cela ailleurs. À l’époque, il y avait une grosse rivalité entre Laval et Rennes. D’ailleurs, quand on monte en D1, le Stade rennais retrouve la D2. C’était un joli pied de nez de l’histoire. ».

Raymond Keruzoré[18].

La saison suivante, Raymond Keruzoré confirme ses bonnes performances. Il figure dans la liste des 40 présélectionnés pour la Coupe du monde de football de 1978 en Argentine, mais il ne fait finalement pas le voyage, n'étant pas retenu par Michel Hidalgo dans la liste finale des 22. Il est victime de la concurrence de Michel Platini, qui joue au même poste que lui.

Il effectue ensuite une dernière saison à Laval : l'équipe se maintient difficilement, mais Raymond Keruzoré brille encore, en marquant sept buts.

Son passage à Laval reste probablement l'apogée de sa carrière. « Il y avait un vrai esprit breton là-bas. Un bon entraîneur, Michel Le Milinaire, et un super groupe. Ce sont mes plus belles années », déclare-t-il en 2019[19]. En 2002, il est élu « joueur du siècle du Stade lavallois » par les supporters mayennais[20].

Retour en Bretagne[modifier | modifier le code]

De 1979 à 1981, il joue au Stade brestois, fraîchement promu en Division 1. L'équipe termine dernière du championnat. Malgré la relégation, Raymond Keruzoré reste au club. Toutefois, gravement blessé à la cheville, il rate une bonne partie de la saison et ne contribue pas beaucoup à la remontée du club en Division 1.

En 1981, il rejoint Guingamp comme entraîneur-joueur, amorçant ainsi sa reconversion.

Carrière d'entraîneur[modifier | modifier le code]

Raymond Keruzoré reste 5 saisons à Guingamp, d'abord comme entraîneur-joueur puis comme entraîneur à plein temps à partir de 1984. Lors de la saison 1982-83, le club guingampais, qui évolue alors en Division 2, réussit un bon parcours en Coupe de France, en sortant Laval (0-0, et 4-2 aux tirs au but), avant de perdre contre Tours en quarts-de-finale.

Devenu entraîneur, il prône un football fait de jeu et de plaisir[21], à l'image de ce qu'il fut comme joueur. Il s'inspire notamment des idées de Jean Prouff.

En 1986, il rejoint le Stade brestois, où il dirige notamment Paul Le Guen. Le club termine 8e du championnat (meilleur classement de son histoire). Malheureusement, ses relations avec le président François Yvinec deviennent très conflictuelles, et il est contraint de quitter le club au bout d'une saison.

De 1987 à 1991, il est entraîneur du Stade rennais. Il permet au club de remonter en Division 1 à l'issue de la saison 1989-1990. La saison suivante est catastrophique : il se brouille avec la plupart des dirigeants, des entraîneurs des équipes amateurs, de la structure de formation et des services administratifs et commerciaux du club[22]. L'équipe termine bonne dernière du championnat, ne devant son maintien qu'aux rétrogradations administratives de Bordeaux, de Brest et Nice. À l'issue de la saison, Raymond Keruzoré est licencié, et remplacé par Didier Notheaux.

Un an plus tard (en 1992), il devient entraîneur de Tours, alors en Division 2. Au bout d'une saison, il est contraint au départ en raison du dépôt de bilan du club tourangeau.

Il effectue une année en National comme entraîneur du Stade quimpérois, en proie à de graves difficultés financières. Le club le licencie pour faute grave en janvier 1996, après des propos insultants envers ses propres dirigeants et des incidents consécutifs à des retards de paiement de salaires[23],[24].

Victime de problèmes récurrents à la cheville[16], il est contraint de quitter le métier en 1999, après une saison aux Dernières Cartouches de Carhaix. Il vit à Thorigné-Fouillard dans la banlieue rennaise, où il entraîne les jeunes de l'OC Cesson[9] et de l'ES Thorigné, puis enseigne la physique chimie[25], avant de s'installer à Concarneau en 2021[26].

En 2001 il fait partie de l'équipe du centenaire du Stade rennais, comme remplaçant. En avril 2014, il est désigné meilleur footballeur breton de l'histoire par le magazine France Football[27]. En 2016 Ouest-France le désigne comme le sixième meilleur joueur de l'histoire du Stade rennais[28]. En 2020 les internautes du Télégramme le désignent dans l'équipe type du XXe siècle au Stade rennais[29]. En 2021 une statue en bronze œuvre des sculpteurs Kere Dali et Laëtitia-May Le Guélaff, symbolisant son célèbre extérieur du pied, est inaugurée au Panthéon des plus populaires des Bretons, à Carhaix-Plouguer[30]. En 2022, le magazine So Foot le classe dans le top 1000 des meilleurs joueurs du championnat de France, à la 181e place[31].

Clubs[modifier | modifier le code]

Joueur[modifier | modifier le code]

Entraîneur[modifier | modifier le code]

Palmarès[modifier | modifier le code]

En club[modifier | modifier le code]

En sélection[modifier | modifier le code]

Distinctions individuelles[modifier | modifier le code]

Statistiques[modifier | modifier le code]

Palmarès entraîneur[modifier | modifier le code]

Vie privée[modifier | modifier le code]

Il est le père de Valérie Keruzoré, comédienne et épouse de l'acteur Tchéky Karyo[34].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Il avait été contacté deux ans auparavant par ce même club.
  2. Le président Bernard Lemoux et l'entraîneur Antoine Cuissard.
  3. Après un 32e de Coupe de France contre le Stade rennais à Quimper, lors de la saison 1971-1972

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Histoire & Palmarès de l'US Châteauneuvienne » Accès libre, sur Union Sportive Châteauneuvienne - Footeo (consulté le )
  2. Ouest-France, édition Morbihan, 13 septembre 1965
  3. « Jeune espoirs de l'U.S.C à l'honneur : Raymond Keruzoré », Ouest-France, édition Châteaulin,‎ , p. 10 (lire en ligne Accès payant)
  4. « Quinze cadets de l'Ouest en stage à Dinard », Ouest-France, édition Maine-et-Loire,‎ , p. 5 (lire en ligne Accès payant)
  5. « Keruzoré (U.S. Châteauneuf) contacté par Rennes et Nantes », Ouest-France, édition Finistère-Nord,‎ , p. 15 (lire en ligne Accès payant)
  6. Raymond Keruzoré, Monsieur 100 % foot, Ouest-France, 3 mai 2009
  7. Michel Jouneaux, Le Stade lavallois, une histoire, Siloë, 1994, p. 212.
  8. a et b Raymond Keruzoré : « Le verdict, c’est le 20 avril »
  9. a et b « Portrait de Raymond Kéruzoré » Accès libre, sur Le Télégramme, (consulté le )
  10. « Retour de Michel dans l'équipe de France et apparition de Keruzoré », Ouest-France,‎
  11. « Fiche du match RFA - France (2-1), 13 octobre 1976. » Accès libre, sur fff.fr (consulté le )
  12. Yann Dey-Helle, « Saison 74/75: la chasse aux sorcières est ouverte au Stade Rennais » Accès libre, sur Dialectik Football, (consulté le )
  13. a et b Michel Jouneaux, Le Stade lavallois, une histoire, Siloë, 1994, p. 38.
  14. Avec les autres "intellos" du club : Philippe Redon, Loïc Kerbiriou et Le Floch.
  15. Raymond Keruzoré: Un homme libre, stadelavallois-museum.com
  16. a et b Que sont-ils devenus ? Raymond Keruzoré, lequipe.fr, 22 juin 2004
  17. Yann Dey-Helle, « Raymond Keruzoré, le sang rouge et noir », sur Dialectik Football, (consulté le )
  18. « Raymond Keruzoré : « Le verdict, c'est le 20 avril » » Accès libre, sur Stade Rennais Online, (consulté le )
  19. « Raymond Kéruzoré. Ses clubs, ses souvenirs… », Le Télégramme,‎ (lire en ligne Accès payant)
  20. « Infos centenaire : Les 22 joueurs du siècle » Accès libre, sur stade-lavallois.com, (consulté le )
  21. « Raymond Keruzoré », Loire et Charbonneau 2001, p. 92
  22. Claude Loire, Le Stade rennais, fleuron du football breton 1901-1991, Éditions Apogée, 1994, p. 441
  23. « Stade quimpérois: les vérités de Keruzoré », Le Télégramme,‎ (lire en ligne Accès libre)
  24. « Affaire Kéruzoré - Stade quimpérois Keruzoré débouté en cassation », Le Télégramme,‎ (lire en ligne Accès libre)
  25. « Derby Rennes-Brest samedi. Kéruzoré, le symbole » Accès payant, sur Le Télégramme, (consulté le )
  26. « Raymond Keruzoré : « Être pas loin de Hinault, c’est flatteur ! » » Accès payant, sur Le Télégramme, (consulté le )
  27. Olivier Bossard, Éric Champel, Jean-Marie Lanoë et Patrick Urbini, « Le top 50 des joueurs bretons », France Football, no 3550,‎ , p. 28-33 (ISSN 0015-9557)
  28. « Stade Rennais. Et les dix meilleurs joueurs de l'histoire sont... », Ouest-France,‎ (lire en ligne Accès libre)
  29. « Brest, Guingamp, Lorient, Rennes : vos équipes de rêve du XXIe siècle ! » Accès payant, sur Le Télégramme, (consulté le )
  30. Anthony Rio, « Légende du football breton, Raymond Keruzoré a inauguré sa statue à Carhaix », Ouest-France,‎ (lire en ligne Accès libre)
  31. « Top 1000 : les meilleurs joueurs du championnat de France (190-181). #181 : Raymond Keruzoré » Accès libre, sur SoFoot.com, (consulté le )
  32. « Fiche de Raymond Keruzoré » Accès libre, sur fff.fr (consulté le )
  33. « Fiche de Raymond Keruzoré », sur footballdatabase.eu
  34. « Tchéky Karyo, serein et apaisé : L'acteur de 59 ans est papa ! » Accès libre, sur Purepeople.com, (consulté le )

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Claude Loire et Virginie Charbonneau, Stade rennais FC, 100 ans en rouge et noir, l'album du centenaire, Rennes, Éditions Apogée, , 123 p. (ISBN 2-84398-107-7) Document utilisé pour la rédaction de l’article

Liens externes[modifier | modifier le code]