P-800 Oniks

P-800 Oniks / Yakhont
P-800 Oniks
Un missile Yakhont/Oniks P-800 au forum international militaire et technique de 2018 (Moscou).
Présentation
Type de missile Missile de croisière antinavire supersonique
Constructeur Drapeau de l'URSS NPO Mashinostroyeniya
Déploiement 2002 - aujourd'hui[1]
Caractéristiques
Moteurs statoréacteur alimenté en kérosène T-6
masse : 2 000 kg
poussée : 4 000 kgp
Masse au lancement 3 100 kg
Longueur 8,90 m
Diamètre 70 cm
Envergure 1,70 m
Vitesse en altitude : Mach 2,6 (750 m/s)
au niveau de la mer : Mach 2,0
Portée profil lo-lo : 120 km
profil hi-lo : 300 km
Altitude de croisière 10 m ou de 10 000 à 14 000 m
Charge utile 250 kg HE
Guidage navigation inertielle
(croisière)
radar actif et passif
(attaque terminale)
Plateforme de lancement navires de guerre, installations côtières, sous-marins, aéronefs

Le P-800 Oniks (en russe : « П-800 Оникс », signifiant « Onyx »), aussi connu à l'export sous la désignation de Yakhont (en russe : « Яхонт », signifiant « rubis »), est un missile antinavire supersonique russe, développé par l'entreprise NPO Mashinostroyeniya.

Généralités[modifier | modifier le code]

Il s'agit d'une version à statoréacteur du P-80 Zubr (en)[2], dont l'indice GRAU est 3M55[3] et le code OTAN serait SS-N-26 « Strobile ».

Le développement de cette arme commença officiellement en 1983. En 2001, il fut autorisé aux tirs depuis le sol, la surface, l'air et les sous-marins[2]. Il serait apparemment le futur remplaçant du P-270 Moskit, mais également du P-700 Granit. Il serait également utilisé comme base de développement pour le projet indo-russe de missile supersonique BrahMos.

Caractéristiques[modifier | modifier le code]

Fonctionnement et mise en œuvre[modifier | modifier le code]

Le missile est maintenu en vol par de petites ailes. L'accélérateur à carburant solide, qui propulse le missile lors du lancement, est situé dans la chambre de combustion du statoréacteur. Il est éjecté par la pression du vent relatif créé par le missile une fois qu'il a atteint sa vitesse de croisière, ce qui dégage de la place pour que le statoréacteur puisse se mettre en route.

Le profil de vol est de deux types différents : il peut voler au ras des flots (profil « low-low », signifiant « bas-bas » en anglais) afin de rester indétectable le plus longtemps possible, ou effectuer une phase de croisière à haute altitude et plonger au ras des flots à l'approche de sa cible (profil « high-low », signifiant « haut-bas » en anglais). Si la première solution le rend vraiment difficile à détecter (car il évolue en dessous de la capacité de détection des radars du navire visé), elle présente cependant l'inconvénient de réduire de manière importante la portée maximale du missile. Pour la seconde solution, la distance à partir de laquelle le missile devra effectuer son plongeon peut être programmée à l'avance[3].

Une batterie côtière équipée de missiles Oniks, désignée K-300 Bastion-P (en russe : « Бастион-П-Подвижный ») est généralement constituée des éléments suivants :

  • 4 lanceurs automoteurs K-340P, dotés de 2 missiles Yakhont (équipages de 3 personnes) ;
  • 1 ou 2 véhicules de commandement et de contrôle (ASBU) PBRK (équipages de 5 personnes) ;
  • 1 voiture de sécurité (MOBD) ;
  • 4 véhicules de transport et de chargement (TLV K342P).

Spécifications techniques[modifier | modifier le code]

  • Durée de stockage : 7 ans

Section radar :

  • Radar : Tout-temps de type monopulse, fonctionnement actif et passif, avec sauts de fréquences
  • Immunité : Haute, contre le brouillage actif et les leurres
  • Portée : 50 km en mode actif
  • État de la mer : Jusqu'à mer force 7
  • Temps de mise en œuvre depuis la mise sous tension : inférieur à 2 minutes
  • Consommation électrique sur le circuit 27 V : Jusqu'à 38 A
  • Angle maximal de débattement de l'antenne : ± 45°
  • Masse de la section radar : 85 kg

Avantages[modifier | modifier le code]

Le missile permet d'attaquer une cible au-delà de l'horizon (BVR : Beyond Visual Range), tout en étant capable de choisir parmi de nombreux types de trajectoires différentes (hautes altitudes, basses altitudes ou un mélange des deux). Il est également de type « tire et oublie », ce qui garantit une parfaite autonomie et permet aux véhicules lanceurs de rester discrets sur le plan des émissions radio. Il est également très résistant aux contre-mesures électroniques.

Il est supersonique durant toutes les phases du vol, ce qui permet de ne pas laisser de temps à la cible pour se défendre. Il peut être tiré depuis une grande variété de plateformes à terre, dans les airs, à la surface et même depuis les sous-marins.

Histoire opérationnelle[modifier | modifier le code]

Drapeau de la Syrie Syrie[modifier | modifier le code]

En 2010, Sergei Prikhodko, conseiller principal du président russe, a annoncé que la Russie avait l'intention de livrer le P-800 à la Syrie, suivant les contrats signés en 2007[4],[5], dont le montant serait de 300 millions de Dollars[6]. La Syrie a reçu deux systèmes de missiles Bastion, dotés de 36 missiles chacun (72 au total)[7]. Les tests du missile ont été filmés puis retransmis par la télévision d'état syrienne[8].

En , la Russie continua à honorer son contrat de livraison au gouvernement de Bachar el-Assad, délivrant à la Syrie des missiles dotés d'un radar amélioré, les rendant plus efficaces pour contrer toute tentative d'invasion des armées étrangères[9],[10]. Le hangar qui contenait les systèmes Bastion a été détruit par un raid aérien israélien, ciblant Lattaquié le , mais les services de renseignements américains pensent que certains missiles avaient pu être déplacés avant l'attaque[11].

Versions[modifier | modifier le code]

  • P-800 Oniks : Version de base pour la Russie.
  • P-800 Yakhont : Version d'exportation de l'Oniks.
  • P-800 Bolid : Version encapsulée du missile, lancée depuis les sous-marins[2].
  • BrahMos : Missile basé sur l'Oniks, développé en coopération avec l'Inde et produit par la firme BrahMos Aerospace Private Limited, en Inde. Une version hypersoniqque BrahMos-II est également en cours de développement.
  • Bastion-P : Système mobile de défense côtière.

Utilisateurs[modifier | modifier le code]

  • Drapeau de l'Indonésie Indonésie : 4 lanceurs verticaux (VLS) installés sur la frégate KRI Oswald Siahaan (354)[12], de classe Ahmad Yani. 50 missiles[13].
  • Drapeau de la Russie Russie : 3 complexes Bastion-P livrés en 2010. Tous ont été mis en service au sein de la 11e brigade d'artillerie-missile côtière indépendante, appartenant à la flotte de la mer Noire et stationnée près de la ville d'Anapa[14], ainsi que le Nakat (Projet 1234.7), une corvette unique de la classe Nanuchka IV commandée en 1987 avec 2 x 6 missiles Oniks[15]. Dans les années 1990, l'Oniks fut testé sur ce navire. En 2002, il avait terminé la majeure partie des tests et fut mis en service[16]. Le Bastion-P est déployé par les forces russes en Crimée[17].
  • Drapeau de la Syrie Syrie : 2 complexes Bastion-P reçus en 2011, pour un total de 72 missiles[18],[19]. Une partie de ce stock a été détruite par une attaque aérienne israélienne en .
  • Drapeau de la République socialiste du Viêt Nam Viêt Nam : 2 systèmes Bastion-P livrés, 40 missiles[13],[20].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « History », MIC "NPO Mashinostroyenia" (consulté le ).
  2. a b et c (en) « 3M55 Oniks / P-800 Yakhont / P-800 Bolid / SSN-X-26 », Federation of American Scientists (FAS), (consulté le ).
  3. a et b (en) Dr. Carlo Kopp, « Sunburns, Yakhonts, Alfas and the Region » [PDF], Air Power Australia, (consulté le ).
  4. (en) Jonathan Marcus, « Syria crisis: Russia "sends sophisticated weapons" », BBC News Middle-East, (consulté le ).
  5. (en) Barak Ravid, « Despite Israeli protests, Russia won't halt arms sale to Syria », Haaretz, (consulté le ).
  6. (en) Agence France Presse, « Russia in 300-million-dollar missile deal with Syria », DefenceTalk, (consulté le ).
  7. (en) RIA Novosti, « Bastion missile systems to protect Russian naval base in Syria », RUS-Navy.com, (consulté le ).
  8. (en) [vidéo] Syria Navy with Yakhont missile sur YouTube.
  9. (en) « Syria crisis : US rues Russian missiles sent to Damascus », BBC News Middle-East, (consulté le ).
  10. (en) Michael R. Gordon et Eric Schmitt, « Russia sends more advanced missiles to Aid Assad in Syria », The New York Times, (consulté le ).
  11. (en) Michael R. Gordon, « Some Syria missiles eluded Israeli strike, officials say », The New York Times, (consulté le ).
  12. (id) Eric Ireng, « Rudal Yakhont », Antara Foto, (consulté le ).
  13. a et b (en) Koh Swee Lean Collin, « Indonesia's anti-ship missiles : New development in naval capabilities – Analysis », Eurasia Review, (consulté le ).
  14. (ru) « Ракетный комплекс «Бастион» будет защищать берега Анапы », RuFox,‎ (consulté le ).
  15. (en) Eric Wertheim, The Naval Institute's guide to combat fleets of the World : Their ships, aircrafts, and systems, Naval Institute Press (Annapolis, MD), , 1058 p. (ISBN 978-1-59114-955-2, lire en ligne), p. 625.
  16. (en) « Russian Navy : Nakat », RUS-Navy.com (consulté le ).
  17. (en) Nicholas de Larrinaga, Peter Felstead et Bruce Jones, « Russia parades Bastion-P in Crimea », IHS Jane's 360, (consulté le ).
  18. (ru) « Россия поставила Сирии противокорабельные комплексы "Бастион" », Lenta.ru (Лента.Ру),‎ (consulté le ).
  19. (en) « Report : Russia delivers supersonic cruise missiles to Syria », Haaretz, (consulté le ).
  20. (ru) « Россия поставила Вьетнаму второй ПБРК «Бастион» », Arms Trade,‎ (consulté le ).

Articles connexes[modifier | modifier le code]