Myrsine guianensis

Myrsine guianensis
Description de cette image, également commentée ci-après
échantillon type de Myrsine guianensis collecté par Aublet en Guyane
Classification de Cronquist (1981)
Règne Plantae
Sous-règne Tracheobionta
Division Magnoliophyta
Classe Magnoliopsida
Sous-classe Dilleniidae
Ordre Primulales
Famille Myrsinaceae
Genre Myrsine

Espèce

Myrsine guianensis
Aubl.) Kuntze, 1891

Classification APG III (2009)

Clade Angiospermes
Clade Dicotylédones vraies
Clade Noyau des Dicotylédones vraies
Clade Astéridées
Ordre Ericales
Famille Primulaceae

Synonymes

  • Myrsine maritima Casar.
  • Myrsine ovalifolia (A. DC.) D. Dietr.
  • Rapanea guianensis Aubl. - Basionyme
  • Rapanea guianensis var. andicola Cuatrec.
  • Rapanea oblonga Pohl ex Miq.
  • Rapanea ovalifolia (Miq.) Mez[1]

Myrsine guianensis est une espèce de plantes à fleurs appartenant à la famille des Primulaceae. C'est un arbre originaire d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud.

Au Suriname, on le connaît sous les noms de Oakara (Arawak), Konaparan (Karib) ou Mannie botieie (Saramaka)[2]. En Colombie, on l'appelle Cucharo, Espadero ou Chagualo.

Description[modifier | modifier le code]

Myrsine guianensis est un arbuste ou un petit arbre à branches assez épaisses, pouvant atteindre 6(–15) m de haut[3]. Ses feuilles obovales-oblongues à elliptiques, longues de 6-10 cm pour 3-4 cm de large, sont coriaces, brillantes sur le dessus, obtuses ou arrondies à l'apex, s'effilant sur le pétiole sur environ 7 mm de long, avec des marges entières, souvent révolutes. Les inflorescences sont des ombelles sessiles, globuleuses, très courtes (environ 4 mm de long), et comportant 3-10 fleurs. Les pédicelles épais mesurent environ 1 mm de long. Les fleurs glabres et longues de 2 mm, comportent de petits sépales oblongs, plus ou moins aigus, un peu unis à la base, et des pétales elliptiques, un peu unis. Les anthères, aiguës à l'apex, sont légèrement plus petites que les pétales. Le stigmate est nettement lobé chez les fleurs femelles, et conique chez les fleurs mâles[2].

Répartition[modifier | modifier le code]

On rencontre Myrsine guianensis sur le plateau des Guyanes (Venezuela, Guyane, Suriname, Guyane) et au Brésil jusque dans le cerrado[3].

Écologie[modifier | modifier le code]

Myrsine guianensis pousse depuis le niveau de la mer jusqu'à 1400(-2800) m d'altitude, dans les forêts tropicales sempervirentes des basses terres aux forêts montagnardes, les forêts riveraines, et dans les savanes[3].

Myrsine guianensis présente des adaptations de résistance au passage du feu[4] : elle produit des jeunes pousses après le passage du feu[5] , mais le feu réduit la production de graines et nuit à l'installation des plantules[6]

Myrsine guianensis produit dans ses feuilles des tanins aux effets allélopathiques[7].

Le développement de Myrsine guianensis est accéléré en pépinière par des doses appropriées de phosphore et par l'inoculation de champignons mycorhiziens[8].

Myrsine guianensis est la plante hôte de diverses chenilles[9] :

Utilisations[modifier | modifier le code]

L'extrait de Myrsine guianensis présente des activités inhibitrices sur les venins des serpents Bothrops alternatus et Bothrops moojeni (inhibition des phospholipase, des activités coagulantes et hémorrhagiques)[10].

L'huile essentielle de Myrsine guianensis contient des molécules bioactives présentant des activités antibactériennes sur des souches bactériennes responsables d'intoxications alimentaires, avec notamment une forte inhibition des souche de Staphylococcus, agent responsable de la mammite bovine et de maladies transmises par le lait[11].

L'administration orale à des rates de rapanone (molécule produite par Myrsine guianensis), provoque une altération utérine et réduit leur fertilité[12].

Histoire naturelle[modifier | modifier le code]

En 1775, le botaniste Aublet propose la diagnose suivante[13] :

Myrsine guianensis par Aublet (1775) Planche 46.
On a groſſi toutes les parties de la fleur. Le fruit eſt de groſſeur naturelle. 1. Calice. - 2. Calice ouvert. Piſtil. - 3. Fleur ouverte. - 4. Ovaire. Style. Stigmate. - 5. Pétale. Étamine. - 6. Étamine. - 7. Baie. - 8. Baie coupée en travers. Graine[13].
« RAPANEA (Guianenſis). (Tabula 46.)

Frutex, trunco quinque-pedali, ad ſummitatem ramoſo ; ramis & ramulis undiquè ſparſis. Folia alterna, petiolata, craſſa, glabra, ovata, integerrima. Flores faſciculati ſubſeſſiles, ſparſi ſuprà corticem ramorum & ramuſculorum. Corolla alba. Germen immarurum transversè ſectum, quinque aut ſex semina oſtendit; fructu maturo, unicum femen reperitur. Bacca eſt violacea.

Florebat & frustum ferebat Decembri.

Habitat ad margines pratorum Caïennæ & Guianæ.
 »

« LA RAPANE de la Guiane. (PLANCHE 46.)

Le tronc de cet arbrisseau s'élève à cinq ou ſix pieds, ſur quatre à cinq pouces de diamètre. Son écorce eſt cendrée. Son bois eſt blanc, peu compacte. Il pouſſe à ſon ſommet des branches, de l'aiſſelle deſquelles naiſſent de petits rameaux. Ses feuilles ſont vertes, liſſes, molles, épaiſſes, entières, ovales, les unes terminées en pointe, d'autres échancrées : leur pédicule eſt très court, convexe en deſſous. Les autres nervures ne ſont pas apparentes ; ce n'eſt que dans la feuille deſſechée qu'on peut les diſtinguer. Les plus grandes feuilles ont trois pouces & demi de longueur ſur un pouce & demi de largeur.

Les fleurs naiſſent pluſieurs enſemble par petits paquets, preſque ſeſſiles, attachés & répandus ſur l'écorce des branches & des rameaux; chaque paqqet forme un petit bouquet de dix à douze fleurs. Chaque fleur a un très petit pédoncule.

Le calice eſt d'une ſeule pièce diviſée en cinq & quelquefois ſix parties vertes & aiguës.

La corolle eſt monopétale. Son tube eſt très court : il eſt partage très profondément en cinq ou ſix lobes blancs & arrondis : il eſt attaché au fond du calice, au deſſous de l'ovaire.

Les étamines ſont au nombre de cinq ou ſix, ſuivant les diviſions de la corolle. Elles ſont placées autour du tube de la corolle, au bas de chaque lobe. Leur filet eſt court. L'anthère eſt longue, & à deux bourſes.

Le piſtil eſt un ovaire preſque ſphérique, ſurmonté d'un style très court, terminé par un stigmate obtus.

L'ovaire devient une baie ſphérique, violette. Elle n'a qu'une loge, dans laquelle on trouvé une ſeule graine dure & coriace. L'ovaire étant coupé en travers avant ſa maturité, laiſſe voir une ſeule loge, & cinq ou ſix graines attachées à un placenta.

J'ai trouvé cet arbriſſeau dans les boſquets des ſavanes de l'habitation de Loyola à Caïenne, & dans des endroits ſemblables de la Guiane.

II étoit en fleur & en fruit au mois de Décembre. »

— Fusée-Aublet, 1775.


Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en-US) « Name - Myrsine guianensis Aubl.) Kuntze - synonyms », Tropicos, Saint Louis, Missouri, Missouri Botanical Garden (consulté le )
  2. a et b (en) A. A. Pulle, Flora of Suriname : Myrsinaceae (pars) - addition and corrections: Apocynaceae - Convolvulaceae - Loganiaceae - Rubiaceae - Ericaceae - Campanulaceae - Boraginaceae - Labiaceae, vol. IV, PART 1, Amsterdam, Kol. Ver. Indisch Inst., , 433-513 p., p. 438-439
  3. a b et c (en) Elêna Maria de Lamare Ochionni, Julian A. Steyermark (eds.), Paul E. Berry (eds.), Kay Yatskievych (eds.) et Bruce K. Holst (eds.), Flora of the Venezuelan Guayana, vol. 6, Liliaceae–Myrsinaceae, St. Louis, MISSOURI BOTANICAL GARDEN PRESS, , 803 p. (ISBN 9780915279814), p. 769-770
  4. (en) WILLIAM A. HOFFMANN, « Direct and indirect effects of fire on radial growth of cerrado savanna trees », Journal of Tropical Ecology, vol. 18, no 1,‎ , p. 137-142 (DOI 10.1017/S0266467402002080)
  5. (en) William A. Hoffmann, « Post-burn reproduction of woody plants in a neotropical savanna: the relative importance of sexual and vegetative reproduction », Journal of Applied Ecology, vol. 35, no 3,‎ , p. 422-433 (DOI 10.1046/j.1365-2664.1998.00321.x)
  6. (en) William A. Hoffmann et Otto T. Solbrig, « The role of topkill in the differential response of savanna woody species to fire », Forest Ecology and Management, vol. 180, nos 1–3,‎ , p. 273-286 (DOI 10.1016/S0378-1127(02)00566-2)
  7. (pt) Fabiana MARASCHIN-SILVA et Maria Estefânia Alves AQÜILA, « Contribution to the study of native species allelopathic potential », Revista árvore, vol. 30, no 4,‎ , p. 547-555 (DOI 10.1590/S0100-67622006000400007, lire en ligne)
  8. (pt) L. M. PARRON, F. A. VIEIRA, J. C. C. de MIRANDA et L. A. TSUBOI, « Desenvolvimento inicial de Myrsine guianensis Aubl. e Diospyros sericea A. dc. em viveiro, em função de doses de fósforo e inoculação com fungos micorrízicos. », Boletim de Pesquisa e Desenvolvimento (INFOTECA-E) - Embrapa Cerrados, vol. 10,‎ , p. 14 (lire en ligne)
  9. (en) Ivone R. Diniz, Helena C. Morais et Amabílio 1. A. Carnargo, « Host plants of lepidopteran caterpillars in the cerrado of the Distrito Federal, Brazil », Revista Brasileira de Entomologia, vol. 45, no 2,‎ , p. 107-122 (lire en ligne)
  10. (es) OS Xavier, STD Souza, FB Tumang, LM Alves, MM Machado, RV Melo, NJ Chagas, PV Fonseca et ILF Moreira, « Antiophidic activity of extracts from Myrsine guianensis, Jatropha curcas and Zanthoxylum monogynum », Revista Cubana de Medicina Tropical, vol. 71, no 2,‎ (lire en ligne)
  11. (en) Genilson Silva de Jesus, Ana Camila Micheletti, Rafael Gonçalves Padilha, Jessica de Souza de Paula, Flavio Macedo Alves, Cassia Rejane Brito Leal, Fernanda Rodrigues Garcez, Walmir Silva Garcez et Nidia Cristiane Yoshida, « Antimicrobial Potential of Essential Oils from Cerrado Plants against Multidrug−Resistant Foodborne Microorganisms », Molecules, vol. 25, no 14,‎ , p. 3296 (DOI 10.3390/molecules25143296)
  12. (en) J Calle, J Olarte, R Pinzon, L. F Ospina, M. C Mendoza et M.J Orozco, « Alterations in the reproduction of mice induced by rapanone », Journal of Ethnopharmacology, vol. 71, no 3,‎ , p. 521-525 (DOI 10.1016/S0378-8741(99)00214-7)
  13. a et b Jean Baptiste Christian Fusée-Aublet, HISTOIRE DES PLANTES DE LA GUIANE FRANÇOISE, rangées suivant la méthode sexuelle, avec plusieurs mémoires sur les différents objets intéreſſants, relatifs à la culture & au commerce de la Guiane françoiſe, & une Notice des plantes de l'Iſle de France. volume I, Londres et Paris, P.-F. Didot jeune, Librairie de la Faculté de Médecine, quai des Augustins, (lire en ligne), p. 121-123

Liens externes[modifier | modifier le code]

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  • « Myrsine guianensis », sur la chaussette rouge, (consulté le )