Julien Chanoine

Julien Chanoine
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 28 ans)
Dan Kori (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom officiel
Charles Paul Jules ChanoineVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Allégeance
Formation
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Père
Fratrie
Autres informations
Arme
Grade militaire
Conflit
Distinctions
Prononciation

Charles Paul Jules Chanoine dit Julien Chanoine est un officier et explorateur français. Né à Paris (9e) le [1], mort à Mayjirgui (Soudan Central, aujourd'hui au Niger) le , il est le fils aîné du général Jules Chanoine, qui fut ministre de la guerre en 1898, et frère du général Jacques Chanoine, mort pour la France en 1944. Il est également un petit-fils du général Charles-Auguste Frossard, gouverneur du prince impérial en 1868 et vaincu par les armées prussiennes à la bataille de Forbach-Spicheren le 6 août 1870.

Il est le commandant en second de la mission coloniale Voulet - Chanoine, avec le capitaine Voulet. Après de nombreuses atrocités contre les populations du Soudan (Niger), les deux capitaines de la mission tuent le l'officier français venu les relever. Le capitaine Chanoine est tué deux jours plus tard par ses propres tirailleurs.

Biographie[modifier | modifier le code]

Un début de carrière prometteur[modifier | modifier le code]

Julien Chanoine, élève à l'École militaire de Saint-Cyr (1888-1890, promotion du Grand Triomphe), opte pour la cavalerie.

Volontaire pour le Soudan, il embarque en 1895 ; se distinguant au sein de la colonne du Dakol et au combat de Sangha en particulier (), il est inscrit d’office au tableau d’avancement de capitaine de 1896.

Second du lieutenant Paul Voulet, il s’illustre dans la conquête du Royaume Mossi ( à  ; prise de Ouagadougou le [2]) et, seul, du Gourounsi (mars à ).

À cette occasion, il effectue de très nombreux relevés et travaux topographiques (cette région est alors inexplorée) qui lui valent des concerts d'éloges et plusieurs prix de sociétés de géographie.

La mission Voulet - Chanoine[modifier | modifier le code]

Le capitaine Julien Chanoine (gravure parue en une du journal L'Illustration no 2948, samedi 26 août 1899).

En 1898, avec le capitaine Paul Voulet dont il est toujours le second, il met sur pied la mission Afrique centrale qui a pour objectif de rejoindre par l’ouest le lac Tchad (en partant du Sénégal) où doit s’opérer la jonction avec les missions Foureau – Lamy (venant du sud algérien) et Gentil (par le Congo et le Chari[2]).

Mais les moyens accordés ne sont pas à la hauteur des exigences de la mission[réf. nécessaire]. Aussi ses chefs se débrouillent-ils pour les étoffer avec les moyens du bord. Ils renforcent leur colonne en recrutant de nombreux auxiliaires tout en comptant vivre sur le pays, pratique courante au Soudan. Or, à l’est du fleuve Niger, le contexte est totalement différent et ne permet pas de recourir à de tels expédients ; les populations rencontrées sont alors pressurées, avec, en cas de résistance, des massacres et atrocités diverses[2].

Les rumeurs d’exactions multipliées et aggravées arrivant jusqu’au ministère des colonies, celui-ci décide de relever les officiers de leur commandement[2] ; en fin de séjour au Soudan, le lieutenant-colonel Arsène Klobb, de passage à Kayes, est désigné pour remplir cette tâche.

À marches forcées, il réussit à rejoindre la colonne Voulet – Chanoine près de Zinder. Les circonstances de la rencontre demeurent encore mal éclaircies, mais, le , Voulet fait ouvrir le feu et le lieutenant-colonel Klobb est tué, après que les deux capitaines ont momentanément écarté les autres officiers. Les deux chefs de la mission sont eux-mêmes abattus par leurs propres troupes le 16 et le 17 juillet et inhumés sur place[2].

Postérité et légende[modifier | modifier le code]

En 1923, un jeune administrateur colonial, Robert Delavignette, fait ouvrir les tombes et les trouve vides[3]. Une légende prétend que Chanoine aurait pu fuir avec une poignée de spahis[réf. nécessaire], devenant ensuite le mythique « émir blanc du Tibesti ». En 1916 et 1917, ce personnage aurait empêché le soulèvement des tribus touareg, permettant ainsi à ces contrées de demeurer sous l’influence de la France ; l’émir serait mort en 1921[2].

Décorations[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Fonds du Service historique de l’armée de terre.
  • Annie Merlet (éd.), Textes anciens sur le Burkina (1853-1897) : textes de Barth, Monteil, Voulet et Chanoine, Sépia, Association découvertes du Burkina (ADDB), coll. « Découvertes du Burkina. Série verte », no 1, 1995, 294 p., (ISBN 2-907888-73-0), présentation en ligne.
  • Capitaine Chanoine, Itinéraire de la mission du Tchad, Société de géographie, 184 boulevard Saint Germain, Paris, 1899, 21 p., in-8. Tiré à part de l'article du capitaine Chanoine, « Mission Voulet-Chanoine. Itinéraire du capitaine Chanoine de Dienné à Sansonné-Haoussa », Bulletin de la Société de géographie, 7e série, tome XX, Paris, Société de géographie, 1er trimestre 1899, p. 220-236, lire en ligne.
  • Général Chanoine, L’expansion française dans l’Afrique centrale — Correspondance du capitaine Chanoine pendant l’expédition du Mossi et du Gourounsi et correspondance de la mission Afrique centrale.
  • Général Meynier, Les conquérants du Tchad. 1923.
  • Général (Paul) Joalland, Le Drame de Dankori : mission Voulet-Chanoine - mission Joalland-Meynier, Paris, Nouvelles Éditions Argo (NEA), , 256 p.
  • Mme Klobb, Un drame colonial — A la recherche de Voulet — Mission Klobb-Meynier. Nlles Éditions Argo, 1931.
  • Robert Delavignette, Soudan, Paris, Bourgogne. Grasset, 1935, in-12°, 248 p.
  • Joseph Conrad, Au cœur des ténèbres.
  • René Guillot, Le blanc qui s’était fait nègre . SFELT, Paris, 1946.
  • Octave Meynier, Mission Joalland-Meynier. Éditions de l’empire français (Collection les grandes missions coloniales), Paris 1947.
  • Muriel Mathieu, thèse de doctorat soutenue à l’université de Toulouse-Mirail, 1975.
  • Jacques-Francis Rolland, Le grand capitaine. Grasset, 1976.
  • Henri Brunschwig, L’Afrique Noire au temps de l’empire français. Denoël, 1988.
  • M. Tourot, La griffe du destin. La pensée universelle, 1993.
  • Mission Afrique centrale. L’Harmattan, 1995.
  • Annie Merlet, Henri Barth et Parfait-Louis Monteil, Textes anciens sur le Burkina (1853-1897). Éditions Découvertes du Burkina, 1995, 290 p.
  • Jean-Claude Simoën, Les fils de roi. J.C. Lattès, 1996.
  • Patrick Girard, La Soudanite. Le livre de poche, Calmann-Lévy, 2002.
  • Serge Saint-Michel et René Le Honzec, Les Bâtisseurs d’empire. Histoire des troupes de marine, t. II, p. 26-27.
  • Serge Moati et Yves Laurent, Capitaines des ténèbres. Librairie Fayard, 2006. (ISBN 2213626103).
  • Marc Carlier, « La mission Voulet-Chanoine », dans L’Ancre d’Or Bazeilles, no 352 mai – , p. 46-47.

Filmographie[modifier | modifier le code]

  • Capitaines des ténèbres, de Serge Moati, diffusé le sur Arte ainsi que les 19 et sur TV5MONDE.
  • Blancs de mémoire, documentaire de Manuel Gasquet (2004), qui recherche les traces du passage de la mission encore présentes dans les populations du Niger.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Son acte de naissance (n°2216) dans les registres de naissance du 9e arrondissement de Paris pour l'année 1870.
  2. a b c d e et f Nathalie Funes, « Enfants pendus, décapitations... l'atroce conquête du Tchad, il y a 120 ans », sur L'Obs, (consulté le )
  3. Christian Roche, « L'Afrique noire et la France au XIXe siècle.: Conquêtes et résistances »
  4. a et b Base Léonore, « Dossier Charles Paul Jules Chanoine - cote LH//480/49 » (consulté le )

Article connexe[modifier | modifier le code]