Jean-Louis Fargette

Jean-Louis Fargette
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Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 44 ans)
VallecrosiaVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Jean-Louis Simon Marcel FargetteVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité

Jean-Louis Fargette, JLF, Savonnette ou Le Grand, est un parrain du milieu varois des années 1970 à 1993. Il est né le à La Valette-du-Var (Var) et est mort assassiné le à Vallecrosia, en Italie.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse[modifier | modifier le code]

Il naît le à La Valette-du-Var, une commune limitrophe de Toulon. Il passe une partie de son enfance en Nouvelle-Calédonie, où son père d'origine jurassienne est militaire. En 1959, la famille se réinstalle à Toulon. Son père décède la même année, lors de la catastrophe du barrage de Malpasset. Devenu orphelin, c'est à cette époque que sa vie bascule dans la délinquance. Ses premiers revenus proviennent de prostituées de Bandol travaillant pour un proxénète incarcéré. Il va ensuite s'écarter de cette activité après avoir eu maille à partir avec des proxénètes.

Début du parcours criminel[modifier | modifier le code]

Fargette a 18 ans à peine lorsqu'il se fait remarquer par Louis Régnier le "Seigneur des Sablettes", seul véritable caïd du milieu varois, qui l'intègre à la Bande des Trois Canards à Paris. Au sein de cette bande, il côtoie Tany Zampa, Auguste Ricord, Eugène Matrone ou les frères Guidicelli. Loulou Régnier le surnommera JLF Le Grand et sera un deuxième père pour Fargette.

En 1971, il est inscrit au fichier du grand banditisme avec la note suivante : « Capable de toutes les actions pour s'imposer au Milieu toulonnais ». Ses revenus proviendraient principalement du racket. Ses hommes de main incendient les bistrots qui ne cédent pas au racket[1]. Il achète un bar à Toulon, le Tonneau. Lui-même victime de racket, il se défend contre deux truands en leur tirant dessus. Innocenté, car considéré comme en état de légitime défense, il est tout de même condamné à 15 mois de prison avec sursis pour port d'arme illégal. Par la suite, il achète un deuxième bar dans le « Petit Chicago », le quartier chaud de Toulon.

Son nom apparaît dans l'affaire du Prix de Bride Abattue en 1973. Peu de temps après, il est désigné par le Milieu pour faire office de médiateur dans le conflit qui oppose Francis Le Belge à Tany Zampa. En 1976, il se marie avec Argelia, danseuse et strip-teaseuse. Fargette, malgré sa qualité de voyou, est considéré comme un père exemplaire. Le couple aura deux enfants, Linda et Romain. Ils ont aussi une lionne à demeure.

Mais les choses vont réellement démarrer en 1975. Épaulé par Loulou Régnier et son équipe (ses deux frères Guy et Robert Fargette, son homme de terrain Jacky Champoulier, Georges Costa, Paul Grimaldi, Tutu Iannetti, José Ordioni, Henry Diana, Tony Donati et son relais sur Marseille Daniel Savastano), il va se constituer un véritable petit empire. Il prend possession de plusieurs bars et discothèques, dont quatre directement. JLF multiplie les sources de revenus. En 1977, il est condamné pour vol de fourrures et détournement de chèques, passant trois mois en détention provisoire. Plus grave, il est soupçonné un temps d'avoir participé à l'assassinat d'un juge toulonnais[2].

Exil italien[modifier | modifier le code]

En 1982, il s'enfuit en Italie pour échapper à une condamnation d'un an de prison ferme pour le recel d'un malfaiteur, Pascal Damiano, braqueur en fuite italien. C'est à cette occasion qu'il gagne le surnom de « Savonnette ». Il s'installe tout d'abord à Rome sur les conseils de Tany Zampa. Puis il s'installe près de la frontière franco-italienne à Vallecrosia, où il acquiert un appartement de luxe. À seulement 200 kilomètres de Toulon, il reçoit deux fois par semaine ses lieutenants dans le salon d'un hôtel de San Remo. Il reçoit la visite de sa famille et de ses alliés politiques. Quand il ne reçoit pas, il passe ses journées au téléphone à gérer ses affaires, notamment le placement de machines à sous et le trafic de fausse monnaie.

En mai 1983, la police l'arrête et le relâche contre une caution d'un million de francs, tout comme en 1984 et 1987. Vers la mi-1980, il prend des parts dans "Hyéres-FM" par l'intermédiaire de son lieutenant Henri Diana. En 1988, il tente de faire assassiner Bernard Frank qui tentait de le concurrencer. En retour, on tente de l'assassiner à Rome. En Italie, il monte une affaire de jeans "JLF", qui fera faillite, et une pizzeria.

En 1991, Fargette arrive à réunir 15 millions de francs pour monter la plus grande discothèque de France, Le Cosmos, à La Valette. Mais celle-ci fait faillite et il tente alors de se diversifier avec des affaires légales dans les pays de l'Est, en Afrique, mais surtout dans le Var même avec le projet Sophia-Estérel à Fréjus, l'extension de l'aéroport d'Hyères et la création d'une société d'importation de ciment, les Ciments varois.

La prescription de sa condamnation pour recel de malfaiteurs en 1982 arrivant à son terme, il souhaite retourner en France. Mais en 1992, le fisc français lui réclame quatre millions de francs. Il décide donc de rester en Italie.

Assassinat[modifier | modifier le code]

Le , JLF est assassiné de cinq balles[3], dont deux dans la nuque, par un tueur embusqué. Yann Piat fut un temps soupçonnée d'avoir commandité le meurtre, mais la piste du Milieu semble être davantage privilégiée. Ses lieutenants pourraient en effet s'être débarrassés d'un patron trop gourmand, Jacky Champoullier en tête. La « succession » durera jusqu'en 1995 et fera plus de 10 morts.

À son enterrement à la Valette-du-Var, plus de 2 000 personnes sont présentes et ses hommes laissent une épitaphe sur la couronne mortuaire : « Tu es le boss et tu le resteras toujours ».

Caractère, personnalité[modifier | modifier le code]

Lien politique[modifier | modifier le code]

Il fut un intime de Maurice Arreckx, homme politique membre de l'UDF et longtemps maire de Toulon. Chacun des deux hommes va mettre ses ambitions propres au service de l'autre. Lors de la campagne pour les législatives de 1978, Arreckx place Fargette à la tête d’une officine électorale et lui demande d’assurer la sécurité des meetings de l'UDF. Bien que fiché au grand banditisme, il prononce le discours de bienvenue au premier ministre Raymond Barre lorsque celui-ci se rendit à Toulon pour soutenir les candidats UDF[1].

En 1980, Arreckx confie à JLF, un temps membre du SAC, le CAM (Comité d'action pour la majorité). Ils entretiennent une relation d'amitié, Fargette payant même des vacances à Maurice Arreckx, à qui cette relation sera beaucoup reprochée et qui lui a probablement coûté une carrière nationale. En 1982, Arreckx devient Président du Conseil Général du Var et redistribue l'argent public auprès de ses amis et associés. Fargette commence à réclamer sa part (environ 5 % par marché public).

Show-business[modifier | modifier le code]

Son ambition est démesurée. La politique ne lui suffit pas. Il commence à organiser des concerts monstres au stade Mayol. Il a aussi le projet hors-norme d'acheter le paquebot France[4] pour en faire un casino flottant au large de Toulon. Avec son associé Simon Wajntrob, dernier producteur de Mike Brant, il arrive à amasser 130 millions de francs, mais l'affaire tombe à l'eau pour des raisons administratives. Cela ne freine en rien Fargette qui crée en 1980 une société de distribution de boissons, Les Caves Varoises[4]. En imposant ses produits aux établissements varois, il effectue une sorte de double racket légal et illégal. Il crée aussi un regroupement d'intérêt économique, la CODIPRA.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Simon Fontvieille & Jean-Baptiste Malet, « À Toulon, le maire organise son plébiscite », sur Le Monde diplomatique,
  2. « humanite.fr/1993-03-22_Article… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  3. « humanite.fr/2001-03-22_Politiq… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  4. a et b « Magazine Digital - L'Obs », sur nouvelobs.com (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Fargette : caïd de la côte écrit par Jean-Yves Estrade (Édition Plein Sud).
  • Autopsie d'un crime exquis : l'affaire Yann Piat par Jean-Pierre Bonicco, 1998 (Editions Bartillat).

Liens externes[modifier | modifier le code]