Hortense Mancini

Hortense Mancini
Hortense Mancini par sir Godfrey Kneller (1671).
Titre de noblesse
Duchesse
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 53 ans)
ChelseaVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Activité
Période d'activité
Père
Michele Lorenzo Mancini (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Fratrie
Conjoint
Enfants
Blason

Hortense Mancini, duchesse de Mazarin, comtesse de Rozoy, née le à Rome, morte le à Chelsea, est une nièce du cardinal Mazarin et la sœur de Laure, Paul, Olympe, Marie, Philippe, Alphonse et Marie-Anne Mancini.

Biographie[modifier | modifier le code]

Hortense Mancini est la fille de Geronima Mazzarini et du baron romain Michele Mancini. Elle est mariée le au duc Armand-Charles de La Meilleraye (1632-1713) sous la condition que celui-ci prenne le nom et les armes de Mazarin. Quatre enfants naissent de cette union : Marie-Charlotte (1662-1729), Marie-Anne (1663-1720), Marie-Olympe (1665-1754) et Paul-Jules (1666-1731). Le couple est mal assorti : Hortense est jeune, vive et légère, elle aime le monde, et est entourée d'une foule de prétendants ; le duc de Meilleraye au contraire est avare et jaloux, engoncé dans une dévotion exagérée, fuit la société et oblige sa femme pourvue d'une dot de trente millions à renoncer au séjour de Paris et à le suivre de ville en ville dans ses différents gouvernements. Ils résident au Grand-Logis de Mayenne.

La fuite en Italie[modifier | modifier le code]

Hortense décide de s'affranchir de ce qu'elle appelle "un esclavage odieux". Grâce à son frère Philippe, duc de Nevers, qui lui procure des chevaux et une escorte, elle s'enfuit dans la nuit du à Rome où elle se réfugie auprès de sa sœur Marie, la princesse Colonna.

Aussitôt, son mari porte plainte au Parlement contre le duc de Nevers pour avoir favorisé son départ. Il obtient un arrêt par lequel il est autorisé à faire arrêter sa femme partout où elle se trouverait. Hortense, pressée par ses parents, écrit à son époux, le prie de lui pardonner et de la recevoir, promettant de ne se conduire à l'avenir que d'après ses conseils. Il lui fait répondre que, "quand elle aurait demeuré deux ans dans un couvent, il verrait ce qu'il aurait à faire". À court d'argent, elle engage ses bijoux pour une somme très inférieure à leur valeur.

La protection de Louis XIV et du duc de Savoie[modifier | modifier le code]

Hortense revient en France afin de solliciter une pension sur les grands biens qu'elle a apportés à son mari. Le roi Louis XIV se déclare son protecteur. Agacé par le comportement du duc qui, pris d'un accès de bigoterie, mutile des œuvres d'art de la précieuse collection de Mazarin, le monarque est touché et lui fait obtenir une pension annuelle de vingt-quatre mille livres et douze mille livres argent comptant pour s'en retourner à Rome, malgré l'ire du mari.

Portrait de Hortense Mancini (1646-1699), Duchesse de Mazarin, à la manière d'Aphrodite, d'après Jacob Ferdinand Voet

Elle quitte Rome peu après, en compagnie de sa sœur, la princesse Colonna. Elle se retire seule à Chambéry, où elle séjourne trois ans. Autour d'elle se crée un cercle de gens distingués et bien nés. Le duc de Savoie, Charles-Emmanuel II, se déclare aussi son protecteur mais il meurt jeune. Hortense craint d'avoir à confier son destin à la régente Marie-Jeanne-Baptiste de Savoie-Nemours et, en 1675, choisit l'exil en Angleterre. L'abbé de Saint-Réal, qui lui est très attaché, l'accompagne.

Charles II d'Angleterre[modifier | modifier le code]

Charles II accueille Hortense avec bienveillance et lui octroie sur sa cassette une pension de quatre mille livres sterling. Elle aurait probablement remplacé la duchesse de Portsmouth dans le cœur du monarque si elle ne s'était montrée sensible aux soins que lui rendait le prince de Monaco. Le roi, irrité de la préférence qu'elle semble accorder à son rival, supprime la pension qu'il lui consent, et puis la rétablit quelques jours plus tard, honteux de s'être abandonné à un mouvement de jalousie sans motif réel. Cet incident, ainsi que la liaison d'Hortense avec Anne Palmer Fitzroy, fille légitimée du roi et de Barbara Palmer, sonne la fin de sa liaison avec le roi.

Le cercle constitué autour d'Hortense devient bientôt en vue dans le tout-Londres. Parmi les beaux esprits qui le fréquentent, on voit Justel, Vossius, Leti et Saint-Évremond. Elle se pique de littérature, mais les jeux d'argent la minent : elle passe ses nuits au jeu de la bassette, y perd des sommes considérables, et s'endette auprès de ses amis.

Parmi les prétendants qui la pressent, elle jette son dévolu sur le baron de Banier, gentilhomme suédois. Mais l'un des neveux de la duchesse, le prince Philippe de Savoie-Carignan[1], présent à Londres et jaloux de cette liaison, provoque Banier en duel et le tue d'un coup d'épée en 1683. Très affectée, Hortense fait tapisser sa chambre de noir et y reste enfermée plusieurs jours sans prendre aucune nourriture. Parmi ses amis, Saint-Évremond tente de la convaincre qu'elle se nuit à elle-même en affichant une douleur excessive ; elle lui répond qu'elle veut passer en Espagne et finir ses jours dans le couvent où languit sa sœur, la princesse ; il n'a aucune peine à lui prouver qu'elle ne s'accoutumerait jamais à la vie régulière et tranquille d'une religieuse. Quelque temps plus tard, Hortense reprend goût aux plaisirs et rouvre sa porte à la plus brillante société de Londres.

La révolution d'Angleterre, qui appelle au trône Guillaume III d'Angleterre, la prive de la pension qu'elle reçoit, son unique ressource.

Son mari, le duc de Mazarin, lui envoie Françoise de Soissan, qui a la confiance des deux conjoints, pour tenter de la convaincre de revenir en France[2]. Ensuite, le duc de Mazarin lui intente un nouveau procès. En 1689, il obtient du Grand Conseil un arrêt qui la déchoit de tous ses droits si elle ne reprend la vie conjugale[3]. Hortense objecte qu'elle a contracté des dettes et qu'elle ne peut pas sortir d'Angleterre sans avoir remboursé ses créanciers. De fait, ses meubles sont saisis. Elle est dans le plus grand dénuement lorsque le roi Guillaume III, informé de sa situation, lui assure une pension de deux mille livres sterling. Elle revient alors à la vie mondaine, passant l'hiver à Londres et la belle saison à Chelsea. En juin 1699, elle y tombe malade et meurt le . Sa dépouille est rapatriée en France et elle est inhumée dans l'Église Saint-Laurent de Rozoy-sur-Serre[4].

Hortense Mancini était considérée comme l'une des plus belles femmes de son siècle[5]. Douée d'un esprit vif et d'une parole très agréable, elle n'avait pas de prétention littéraire : pour preuve, elle permettait à Saint-Évremond de la railler sur ses fautes d'orthographe.[réf. nécessaire]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Les Mémoires que nous avons sous le nom de la duchesse Mazarin sont considérées par certains comme l'ouvrage de l'abbé de Saint-Réal. Pierre Bayle n'est pas de cet avis ; mais Desmaizeaux nous apprend qu'il est possesseur d'un exemplaire de la première et rare édition de 1675 qui a appartenu à Hortense et qui est chargé de corrections marginales de la main de Saint-Réal.

Ces Mémoires ont été réimprimés dans le Mélange curieux des meilleures pièces attribuées à St-Evremond, t. 2, et dans le Recueil des œuvres de St-Réal, t. 6.

On peut aussi consulter :

On a publié à Paris, en 1808, La duchesse Mazarin, mémoires écrits par elle-même, in-8 et 2 vol. in-12, réimpression des Mémoires faits par Saint-Réal, et que l'on a défigurées par des additions tirées de sources qui ne méritent pas toutes la même confiance.

Voir aussi : Pierre Combescot, Les Petites Mazarines, 1999, Grasset/Livre de Poche. (ISBN 2-253-14982-9)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Il était fils d'Olympe Mancini, seconde des sœurs d'Hortense, mariée à Eugène Maurice de Savoie, comte de Soissons.
  2. Lucien Bély, Louis XIV, le fantôme et le maréchal-ferrant, Paris, Presses universitaires de France, , 675 p. (ISBN 978-2-13-082747-4, lire en ligne).
  3. Madame de Sévigné disait, avec St-Evremond, que "la duchesse était dispensée des règles ordinaires, et qu'on voyait sa justification en voyant M. de La Meilleraye". Quand on lui représentait qu'elle devait retrouver son mari, elle répétait, comme pendant la guerre civile : Point de Mazarin, point de Mazarin ! (Voir la Lettre, de madame de Sévigné à sa fille du .)
  4. Mien-Péon, Isidore Philoximène, Le Canton de Rozoy-sur-Serre, Saint Quentin, 1865, p. 74
  5. Barbier et Beauvais 1829, p. 1837

Sources partielles[modifier | modifier le code]