Guerre des Quatre Seigneurs

Guerre des Quatre Seigneurs
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Informations générales
Date 1324 - 1326
Lieu Metz et Pays messin
Issue Victoire des messins
Belligérants
Duché de Lorraine
Comté de Luxembourg
Archevêché de Trèves
Comté de Bar
République messine

Guerres féodales en Lorraine

La Guerre des Quatre Seigneurs ou Guerre de Metz est un conflit qui opposa la République messine à quatre princes du Saint-Empire romain germanique, entre 1324 et 1326.

Contexte historique[modifier | modifier le code]

Au XIVe et XVe siècles, la Lorraine devient le théâtre régulier d’affrontements entre différents seigneurs du Saint-Empire romain germanique. Les ducs de Lorraine, de Bar, de Luxembourg, les comtes de Deux-Ponts, de Vaudémont, l’archevêque de Trèves, les évêques de Metz, Toul et Verdun, s’allient ou s’opposent au gré des circonstances, dans un monde fortement marqué par la féodalité.

Le conflit[modifier | modifier le code]

À la suite de querelles avec la ville de Metz et de dettes contractées auprès des bourgeois de la cité, Jean Ier, comte de Luxembourg et roi de Bohême, l’archevêque de Trêves Baudouin de Luxembourg, le comte Édouard Ier de Bar et le duc Ferry IV de Lorraine forment une coalition pour s’emparer de la ville[1].

Les querelles, d'ordre juridique, étaient dues à l’enchevêtrement des terres et des possessions, les bourgeois messins ne respectant pas toujours leurs obligations de vassaux sur certaines d’entre elles. Quant aux dettes, leurs origines étaient aussi diverses que variées. Parmi ces dettes, on peut citer :

  • le paiement d’une rançon par le comte de Bar Édouard Ier, au duc Ferry IV de Lorraine, qui l’avait fait prisonnier après une bataille à Frouard en 1313 ;
  • le paiement d’une rançon par le duc de Lorraine, à Louis de Bavière, qui l’avait fait prisonnier après la bataille de Mühldorf en 1322 ;
  • un prêt de 50 000 livres à Henri VII, comte de Luxembourg, père de Jean Ier de Bohême, pour financer son élection comme empereur du Saint-Empire ;
  • la location des troupes de la cité messine, par Édouard Ier de Bar, dans un conflit qui l'opposait à l’évêque de Verdun Henri IV d’Aspremont.

En , la ville de Metz fait appel à des mercenaires rhénans, de la vallée de la Moselle, de la Sarre et du Rhin pour renforcer la milice municipale. Plus de 700 cavaliers et autant de fantassins sont ainsi gagés par la cité messine. Outre ces soldoyeurs, la ville achète à prix d’or les services de différents seigneurs, accompagnés de leurs chevaliers, de leurs écuyers et de leurs gens d’armes. Parmi eux, figuraient les comtes de Deux-Ponts-Bitche et de Saarwerden et le Raugraf Konrad[2], connus pour leur grande habitude des armes[3]. Les troupes des quatre seigneurs ravagent alors le plat-pays, faisant « œuvres inhumaines...,Sarasins, Turcks ou Juifs ne sceussent pis faire » dit la Chronique[1]. Après deux années de troubles, le pape Jean XXII refusant son assistance financière, les quatre princes ligués sont contraints de conclure une paix avec les Messins, le . Les bourgeois messins doivent s’engager à ne plus acheter de terres sur les fiefs des princes, sans leur consentement[1].

Ce traité est aussi appelé « Paix des harengs »[4]. Ce mets, très prisé à l’époque, fut en effet servi par les Messins, lors des négociations, qui eurent lieu à Pont-à-Mousson, alors que les routes commerciales étaient censées être contrôlées, par les seigneurs coalisés contre la cité messine.

C’est pendant le siège de Metz de 1324, qu’eut lieu le premier usage notable de canons en Occident[5]. Une couleuvrine et une serpentine au moins ont été utilisées durant le siège.

Conséquences[modifier | modifier le code]

La guerre a entraîné des coûts considérables pour la ville de Metz[1]. Le financement de cette charge financière, par le recours à des impôts lourds, suscitèrent d'autant plus de contestations que les choix fiscaux du gouvernement des paraiges semblaient épargner les grands propriétaires terriens. Le paraige du Commun demanda alors le bannissement de certains chefs patriciens, qui commencèrent, pour certains, à s'exiler, comme le maître échevin, le , suivi de plusieurs financiers importants.

Une partie du patriciat s'allia aux mécontents, qui trouvèrent un meneur en la personne du patricien Jacquemin Boileau, habitant du quartier d'Outre-Seille. Les patriciens exilés cherchèrent l'appui des comtes de Bar et de Luxembourg, ce qui fit craindre une nouvelle guerre féodale. Le danger conduisit les bourgeois messins à ouvrir des négociations avec les exilés, qui aboutirent au rétablissement de la situation antérieure, par un accord signé en [6].

Lorsque le patriciat rétablit son unité et son autorité sur les bourgeois, en 1327, il fit inscrire au-dessus de la Porte du Pont Rengmont[7] : « Si nous avons paix dedans, nous avons paix defor[8] »[6].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Le Moigne François-Yves, Histoire de Metz, 1986. (p. 146-147).
  2. Konrad von Stolzenberg, frère de Georg II (?).
  3. E. De Bouteiller: "La Guerre de Metz en 1324, poème du XIVe siècle'". Étude critique par F. Bonnardot, Paris, 1875. Notes page 277 et ss.
  4. Jean-Louis Masson, Histoire administrative de Lorraine, 1982, p. 31.
  5. Guillaume Piobert, Traité d’artillerie théorique et pratique, 1836, p. 25.
  6. a et b Jean Schneider, La ville de Metz aux XIIIe et XIVe siècles, Imprimerie Thomas, Nancy, 1950, p. 464-471.
  7. Porte du Pont Rengmont ou Rémont : porte Sainte-Barbe (Auguste Prost : Étude sur l’histoire de Metz : les légendes, p. 143-145).
  8. Defor = dehors.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • René Bour, Histoire de Metz, Metz, 1950.
  • Jean Schneider, La ville de Metz aux XIIIe et XIVe siècles, Imprimerie Thomas, Nancy, 1950.
  • François-Yves Le Moigne, Histoire de Metz, 1986.
  • Georg Wolfram, Die Metzer Chronik des Jaique Dex (Jacques D’Esch) über die Kaiser und Könige aus dem Luxemburger Hause, Leipzig [1906] (Quellen zur lothringischen Geschichte 4)
  • Ernest de Bouteiller, François Bonnardot, La guerre de Metz en 1324, poème du XIVe siècle, Paris, Firmin-Didot, 1875.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]