Georges Lévy-Alphandéry

Georges Lévy-Alphandéry
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ChaumontVoir et modifier les données sur Wikidata
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Georges Lévy-Alphandéry est un homme politique français, né le à Bischwiller (Bas-Rhin), mort le à Chaumont (Haute-Marne).

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse, formation et famille[modifier | modifier le code]

Georges Lévy est issu d'une famille d'optants alsaciens juifs qui s'installèrent à Elbeuf, en Seine-Maritime après 1871[1]. Il est élève au lycée de Rouen[2].

Après une licence en droit, il exerce comme avocat à Chaumont en Haute-Marne, où il épouse en 1890 Louise Alphandéry, fille d'un avocat devenu juge d'instruction chaumontais. Ils prennent le nom de Lévy-Alphandéry ; un décret du Conseil d'État les y autorise. Louise Alphandéry est la petite-nièce de Jules Tréfousse, fondateur de la ganterie Tréfousse à Chaumont et maire de cette localité[3],[4],[1]. Georges Lévy-Alphandéry va faire partie des actionnaires de la ganterie, dont le capital est possédé par plusieurs familles juives apparentées (Bloch-Tréfousse, Cahen, May et Alphandéry)[5]. Il s'agit de la seule grosse firme industrielle à Chaumont. Après la mort de Jules Tréfousse en 1894, elle est dirigée par son associé Emile Goguenheim, également maire de Chaumont de 1900 à sa mort en 1910 et conseiller général (1907-1910)[6].

De 1900 à 1940[modifier | modifier le code]

Il entame sa vie politique en devenant conseiller municipal de la ville en 1900. Il devient franc-maçon à cette date : il est initié dans la loge L’Étoile de la Haute-Marne installée dans cette commune[7]. Il est élu conseiller général du canton de Chaumont en 1910[8], succédant à Emile Goguenheim, et le demeure jusqu'en 1941. Adjoint en 1910, il fait fonction de maire de la ville de Chaumont au cours de la Première Guerre mondiale et préside le groupement des maires de la zone des armées, constitué en 1917[9].

Il est maire de Chaumont de 1919 jusqu'au début de la Seconde Guerre mondiale. Après un échec en 1919[10], il est également élu député radical-socialiste de la Haute-Marne en 1924, dans le contexte du Cartel des gauches, seul élu de la liste qu'il mène[11]. Il est alors le leader des radicaux-socialistes en Haute-Marne[1]. Il est réélu député en 1928, au second tour, en 1932, au premier tour, et en 1936, au second tour, bénéficiant du désistement des candidats socialiste et communiste en sa faveur, dans le contexte du Front populaire[12],[13]. Il préside le comité de rédaction du périodique La Parole, organe du groupe parlementaire radical[14] et administre à Chaumont Le Petit Haut-Marnais, quotidien fondé en 1903[15].

Avec sa femme et ses enfants, il fait partie des membres du gouvernement et des députés qui, en juin 1940, alors qu'une partie du territoire français est envahi par l'armée allemande, ont embarqué à Bordeaux à bord du paquebot Massilia. Il est révoqué de toutes ses fonctions politiques, du fait de l'antisémitisme du régime de Vichy, et déchu de la nationalité française[1],[16],[17].

De 1940 à 1948[modifier | modifier le code]

Sous l'Occupation, il est dénoncé comme franc-maçon du 30e grade, ancien vénérable de la loge L’Étoile de la Haute-Marne en 1921-1922[18],[19].

Il est aussi révoqué en de son poste d'administrateur de la ganterie Tréfousse, constituée en société anonyme depuis 1929. Elle employait plus de mille ouvriers avant la guerre et était le deuxième plus gros employeur du département. Les actionnaires vendent leurs titres entre et 1941. C'est le député Jean Desbons, dont l'épouse, née Cahen, est apparentée aux anciens propriétaires, qui prend la présidence du conseil d'administration de la société aryanisée, remplaçant Charles May. D'aucuns estiment qu'il s'agit d'une fausse aryanisation mais Pierre Lévy-Alphandéry, fils de Georges et avocat, déposera une plainte à la Libération contre Desbons, qui était appuyé par Xavier Vallat, Georges Scapini - nouvel actionnaire de l'entreprise - et les autorités allemandes. En revanche, les autres anciens administrateurs juifs soutiendront Desbons[20],[5].

Après la Libération de la France, il fait partie des 24 jurés au procès de Philippe Pétain en 1945. Il n'aurait pas voté la mort du maréchal Pétain[1],[21].

Il est le grand-père de Claude Alphandéry.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e Notice biographique de la Fédération des sociétés d'histoire et d'archéologie d'Alsace
  2. Qui êtes-vous ?: Annuaire des contemporains ; notices biographiques, 1924
  3. Claude Alphandéry, Une famille engagée : Secrets et transmission, Odile Jacob, 2015
  4. Gil Blas, 12 février 1890
  5. a et b Philippe Verheyde, Les Mauvais Comptes de Vichy : L'aryanisation des entreprises juives, Perrin, 1999
  6. Dossier de la Légion d'honneur d'E. Goguenheim dans la base Léonore
  7. Jean-Philippe Schreiber, Les élites politiques juives et la franc-maçonnerie dans la France du XIXe siècle, dans Archives juives, 2010/2, vol. 43 (Lire en ligne)
  8. Le radical, 19 septembre 1910
  9. L'Humanité, 24 janvier 1917, Ibid., 1er mars 1917, Le Matin, 30 novembre 1917, Ibid., 30 mai 1918, Le Temps, 8 mai 1919
  10. Le Phare de la Loire, 18 novembre 1919
  11. L'Homme libre, 13 mai 1924, Paris-Soir, 11 juin 1925, L'Univers israélite, 16 mai 1924
  12. Notice biographique sur le site de l'Assemblée nationale
  13. Le Populaire, 2 mai 1936
  14. Serge Berstein, Histoire du parti radical, PFNSP, 1982
  15. Notice de la BNF
  16. « Plus de sénateurs et de députés juifs », L'Action française, 29 novembre 1941
  17. « Les juifs Jules Moch et Lévy-Alphandéry ne sont plus conseillers généraux », Le Matin, 10 décembre 1941
  18. L'Echo de Nancy, 19 septembre 1941
  19. Journal officiel, 14 septembre 1941
  20. Florent Le Bot, La fabrique réactionnaire : Antisémitisme, spoliations et corporatisme dans le cuir (1930-1950), Presses de Sciences Po, 2007.
  21. Paris-presse, L’Intransigeant, 27 avril 1966

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]