Concerto pour piano no 1 de Chopin

Concerto pour piano en mi mineur
Opus 11
Image illustrative de l’article Concerto pour piano no 1 de Chopin
Édition allemande de 5 œuvres concertantes de Chopin (1880) dont le concerto chez Breitkopf & Härtel. Ce 12e tome d'une édition complète des œuvres du compositeur polonais encore indiquée pour le Piano forte fut rédigée entre autres par Franchomme, Liszt et Brahms. Le prénom du compositeur est germanisé en Friedrich.

Genre Concerto
Nb. de mouvements 3
Musique Frédéric Chopin
Effectif Piano et orchestre
Durée approximative De 30 à 40 minutes
Dates de composition 1830
Dédicataire Frédéric Kalkbrenner
Création
Drapeau de la Pologne Varsovie (Pologne)
Interprètes Frédéric Chopin (piano)
Orchestre inconnu,
sous la direction de Carlo Evasio Soliva

Le Concerto pour piano no 1 en mi mineur, op. 11 de Frédéric Chopin, est un concerto pour piano composé en 1830.

Le compositeur en donne la création le à Varsovie, au Théâtre national, lors de son concert d'adieu[1]. En effet, il quitte dans les jours qui suivent la ville pour Vienne. Le concert ne suscite pas dans la presse polonaise des réactions aussi enthousiastes que pour son Concerto pour piano no 2, car elle est déjà préoccupée par l'effervescence révolutionnaire qui régnait dans la capitale : la Pologne se révoltera contre la domination russe quelques semaines plus tard, le . Chopin ne reverra plus jamais son pays natal.

Ce concerto est, contrairement à ce que semble indiquer son numéro d'opus, chronologiquement le deuxième du compositeur, le Concerto en fa mineur, opus 21, ayant été composé un an auparavant en 1829[2]. La raison de cette inversion chronologique n'est pas très claire ; il semble que Chopin, qui a emporté avec lui les deux partitions dans son voyage, les ait proposées toutes les deux à un éditeur quand il s'établit à Paris, mais que seul l'opus 11 fut sélectionné et édité dans un premier temps, en 1833, en raison de la difficulté de l'opus 21 (chronologiquement le premier), qui ne se prête pas à l'« usage domestique » des pianistes amateurs.

Le concerto est écrit pour piano solo, paires de flûtes, hautbois, clarinettes et bassons, quatre cors, deux trompettes, trombone ténor, timbales et cordes. Une représentation typique dure environ 40 minutes[3].

Genèse[modifier | modifier le code]

Influence[modifier | modifier le code]

L'œuvre est dédiée à Friedrich Wilhelm Kalkbrenner, ami du jeune compositeur à Paris[4]. Une autre influence est apparemment celle de Johann Nepomuk Hummel. Harold C. Schonberg, dans The Great Pianists, écrit « ...les ouvertures des concertos en la mineur de Hummel et en mi mineur de Chopin sont trop proches pour être une coïncidence »[5].

Pendant qu'il la composait, Chopin écrivait à Tytus Woyciechowski : « Vous observez sans doute ici ma tendance à faire le mal contre ma volonté. Comme quelque chose s'est involontairement glissé dans ma tête à travers mes yeux, j'aime m'y adonner, même si c'est tout à fait faux »[6].

Première et accueil critique[modifier | modifier le code]

La première, le 12 octobre 1830, fut « un succès.... une salle pleine ». Il y avait « un public d'environ 700 personnes », selon le Kurier Warszawski. Le concerto a été créé avec Chopin lui-même au piano et Carlo Evasio Soliva au pupitre. La pièce a été suivie d'un « tonnerre d'applaudissements ». Sept semaines plus tard, à Paris, après les éruptions politiques en Pologne, Chopin a joué son concerto pour la première fois en France à la salle Pleyel. Elle fut bien accueillie, une fois de plus. François-Joseph Fétis écrivait le lendemain dans La Revue musicale : « Il y a de l'esprit dans ces mélodies, il y a de la fantaisie dans ces passages, et partout il y a de l'originalité »[7].

Les opinions sur ce concerto diffèrent. Certains critiques estiment que le support orchestral tel qu'il est écrit est sec et inintéressant, par exemple le critique James Huneker, qui a écrit dans Chopin : The Man and his Music que ce n'était « pas Chopin à son meilleur »[8]. Parfois, des musiciens comme Mikhail Pletnev ressentent le besoin de modifier l'orchestration de Chopin[9],[10]. D'un autre côté, beaucoup d'autres pensent que le support orchestral est soigneusement et délibérément écrit pour s'adapter au son du piano, et que la simplicité de l'arrangement contraste délibérément avec la complexité de l'harmonie. Il a été suggéré que l'écriture orchestrale rappelle les concertos de Hummel en soutenant le piano plutôt qu'en apportant une touche dramatique. Cependant, Robert Schumann a adopté un point de vue assez différent lorsqu'il a critiqué les concerti de Chopin en 1836 pour la Neue Zeitschrift für Musik, déclarant que « Chopin introduit l'esprit de Beethoven dans la salle de concert »[11].

Forme[modifier | modifier le code]

Ce concerto comporte trois mouvements :

  1. Allegro maestoso
  2. Romance : Larghetto
  3. Rondo : Vivace

L'exécution dure entre environ trente à quarante minutes.

Orchestration[12][modifier | modifier le code]

Nomenclature du Concerto pour piano no 1 de Chopin
Cordes
Premiers violons, seconds violons, altos,

violoncelles, contrebasses,

Bois
2 flûtes, 2 hautbois

2 clarinettes en do, 2 bassons,

Cuivres
4 cors en mi et do, 2 trompettes en do

1 trombone

Percussions
Timbales en si, do et mi

Analyse[modifier | modifier le code]

Frédéric Chopin dans sa jeunesse.

1er mouvement : Allegro maestoso[modifier | modifier le code]

Après une courte introduction orchestrale, le piano s'installe et ainsi est développé le thème principal du premier mouvement, qui reviendra quelques fois tout au long de ce mouvement.

2e mouvement : Romance : Larghetto[modifier | modifier le code]

Dans la Romance, bien qu'elle ne soit pas strictement de forme sonate, le deuxième thème de l'exposition suit le modèle classique de modulation à la dominante (I-V) et, lorsqu'il revient, il module à la médiante (III). Dans la même lettre à Tytus, Chopin écrivait : « Ce n'est pas destiné à créer un effet puissant ; c'est plutôt une romance, calme et mélancolique, donnant l'impression de quelqu'un qui regarde doucement vers un endroit qui lui rappelle mille souvenirs heureux. C'est une sorte de rêverie au clair de lune lors d'une belle soirée de printemps »[13] Le deuxième mouvement a été décrit comme « un morceau de cœur sans complexe »[14].

3e mouvement : Vivace[modifier | modifier le code]

Écrit avec beaucoup de procrastination, d'hésitation et de difficulté, le troisième mouvement présente des rythmes de Krakowiak, une danse syncopée à double temps populaire dans la Cracovie contemporaine[15].

Dans la culture populaire[modifier | modifier le code]

On peut entendre un extrait du premier mouvement de ce concerto dans le film Le Pianiste de Roman Polanski. En effet, le musicien, en interprète une brève partie (le début du solo), dans la scène du restaurant. Le morceau est d'ailleurs interrompu par deux hommes voulant départager une poignée de pièces en les faisant « sonner » sur la table. On peut également en entendre le second mouvement dans The Truman Show de Peter Weir.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « Chopin Biography on NIFC », sur NIFC (consulté le )
  2. (en) « Poetry in Motion: Chopin's Piano Concerto No. 2 in F minor, Opus 21 », sur Houston Symphony,
  3. (en) « 5 Interesting Things To Know About Chopin's Concertos », sur Chopin Foundation of the United States
  4. Jacqueline Waeber, Frédéric Chopin: interprétations : symposium international, Université de Genève, Librairie Droz, (ISBN 978-2-600-00945-4, lire en ligne)
  5. Harold C. Schonberg, The Great Pianists, p. 110
  6. (en) « Quotes by Chopin », sur Chopin Project (consulté le )
  7. (en) Mieczysław Tomaszewski, « Piano Concerto in E Minor », sur The Fryderyk Chopin Institute (consulté le )
  8. James Huneker, Chopin: The Man and his Music, C. Scribner's Sons, , First éd. (lire en ligne), 303 :

    « not Chopin at his very best. »

  9. (en) « Chopin Evocations »
  10. (en) « Trifonov », sur The High Arts Review (consulté le )
  11. (en) James M. Keller, « Chopin: Piano Concerto No. 1 in E minor, Opus 11 » [archive du ], sur San Francisco Symphony (consulté le )
  12. (en) « Piano Concerto No.1, Op.11 (Chopin, Frédéric) - IMSLP : Free Sheet Music PDF Download », sur imslp.org (consulté le ).
  13. (en) Alan Beggerow, « Chopin - Piano Concerto No. 1 In E Minor », sur Musical Musings, Blogspot (consulté le )
  14. (en) « Frédéric Chopin: Piano Concerto No. 1 in E minor », sur Classic FM (consulté le )
  15. (en) Michael Quinn, « Chopin: Piano Concertos », sur Linn Records, Linn (consulté le )

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (pl) Zofia Jezewska, Frédéric Chopin, Varsovie, Interpress, , 128 p.
  • Jacqueline Waeber et Jean Jacques Eigeldinger, Frédéric Chopin, interprétations : Actes du symposium international, Genève, Droz, , 201 p. (ISBN 2-600-00945-0, lire en ligne), chap. 6 (« Chopin et la manufacture Pleyel »), p. 89 - 106. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Liens externes[modifier | modifier le code]