Alexandre Vinet

Alexandre Vinet
Portrait de Alexandre Vinet
Biographie
Naissance
Lausanne, Suisse
Décès (à 49 ans)
Clarens
Sépulture Cimetière de Clarens (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité Suisse
Thématique
Formation Théologie
Titres Professeur de théologie
Université de Bâle
Profession Théologien (en), philosophe, journaliste, écrivain, critique littéraire (d), historien et professeur d'université (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Employeur Université de Bâle et Université de LausanneVoir et modifier les données sur Wikidata

Alexandre Rodolphe Vinet, né le à Lausanne et mort le à Clarens, est un théologien, philosophe, journaliste, critique littéraire et historien suisse.

Biographie[modifier | modifier le code]

Formation et carrière professionnelle[modifier | modifier le code]

Alexandre Vinet naît à Lausanne, à Ouchy. Son père, Louis-Marc, d'origine française, était bourgeois de Crassier. Ayant fait des études pour devenir pasteur à la Faculté de théologie de Lausanne, Alexandre Vinet enseigne le français et la littérature française au gymnase de Bâle dès 1817, avant d'être consacré au ministère dans sa ville natale en 1819. Il enseigne en 1819 en qualité de privat-docent à l'université de Bâle puis en tant que professeur extraordinaire en 1835. En parallèle, il se met à disposition des pasteurs bâlois pour des remplacements.

Écrits[modifier | modifier le code]

Il écrit de nombreux ouvrages : Chrestomathie française (1829), Études sur la littérature française au XIXe siècle (1840-51), Histoire de la littérature française au XVIIe siècle, Études sur Pascal, Études sur les moralistes aux XVIe et XVIIe siècles, Histoire de la prédication parmi les Réformés de France, etc. Vinet est aussi un grand poète, il enrichit de ses œuvres de nombreux recueils de cantique protestant. [1]

Il participe également à la rédaction de certains périodiques, comme Le Semeur, dont il a refusé la direction[1],[2].

Orientation des travaux de recherche théologique[modifier | modifier le code]

Il donne une impulsion nouvelle à la théologie protestante francophone, mais aussi en Angleterre et ailleurs[3]. Lord Acton le compare à Richard Rothe. Sa philosophie s’appuie d'abord sur la conscience, définie comme ce qui permet à l'homme de rester dans une relation personnelle directe avec Dieu ; c'est elle qui régit la morale et rien ni personne n'a le droit d'attenter à la conscience de l'individu. Il préconise une liberté complète en matière de croyance religieuse et donc la séparation officielle entre l'Église et l'État, idéologie qu'il défend dans Mémoire en faveur de la liberté des cultes (1826), Essai sur la conscience (1829) et Essai sur la manifestation des convictions religieuses (1842). Il est l'objet de sanctions pour avoir prêché la tolérance envers les piétistes et les méthodistes.

Dès 1831, quand il publie Discours sur quelques sujets religieux, son influence commence à s'exercer au-delà des limites du canton de Vaud, dans le sens de la libéralisation et de l'approfondissement de la pensée religieuse, car il apporte à la doctrine traditionnelle une expérience vivante et personnelle. Il succède à Alexandre Leresche à la chaire de théologie pratique à Lausanne de septembre 1837 à 1844. Elle est refusée[réf. souhaitée]. La même année, il remplace temporairement comme professeur de littérature française son ancien maître Charles Monnard, en congé à Paris. Il quitte l'Église officielle en 1840 et, en 1845, lorsque le pouvoir civil du canton de Vaud veut s'en prendre à l'autonomie de l'Église, il conduit la sécession qui prend le nom d'Église libre et présente à nouveau sa démission au Conseil d'État. Le gouvernement tenant à sa présence dans le corps professoral, on lui propose la chaire de littérature française abandonnée par Monnard[réf. souhaitée].

Vue de la sépulture.

Malgré tout, en , la fermeté de ses choix religieux entraîne sa destitution, avec celle d'autres professeurs dont Charles Secrétan. On lui reproche d'avoir participé à des assemblées en marge de l'Église officielle.

Affaibli par la maladie, Vinet part se reposer à Clarens. Il y meurt le et y est enterré. Une grande partie de son œuvre n'est imprimée qu'après sa mort.

Vie privée[modifier | modifier le code]

Le 7 octobre 1819, il épouse Sophie de la Rottaz, fille de Jean Rodolphe de la Rottaz, de Veytaux, et de Louise née Baud. Née en 1796, Sophie est sa cousine germaine par les mères. Le couple a deux enfants, Stéphanie (1820-1838) et Auguste (1821-1859)[4]. Sa fille bien aimée meurt à l'âge de 17 ans alors que son fils est atteint de surdité et d'épilepsie[5]. À la suite de ces douloureuses épreuves il va composer ce fameux cantique :

Pourquoi reprendre, Ô père tendre

Les biens dont Tu m'as couronné ?

Postérité[modifier | modifier le code]

  • Une rue Alexandre-Vinet à Lausanne, entre la rue du Valentin et l'avenue Antoine-Henri-Jomini, depuis 1885.
  • Une statue érigée en 1900 à Lausanne (à l'extrémité orientale de la promenade de Montbenon) par la société d'étudiants Belles-Lettres.
  • Un buste de Vinet, réalisé par le sculpteur veveysan David IV Doret et longtemps exposé à Lausanne dans l'ancienne Faculté de théologie libre (1864-1866), a été détruit par ignorance en 2016[6].
  • À Montreux, où il décéda, une avenue et un collège portent son nom.
  • Sa conception de la séparation de l'Église et de l'État a influencé tant le Dr A. G. Rudelbach et son plaidoyer pour le mariage civil, que Soren Kierkegaard qui le lit à partir de 1851. Cette lecture fait partie de l'arrière-plan théologique et intellectuel des volumes de L'Instant publiés par Kierkegaard de mai 1855 à sa mort[7].

Publications[modifier | modifier le code]

Histoire de la littérature[modifier | modifier le code]

  • Chrestomathie française (1829)
  • Études sur la littérature française au XIXe siècle (1849-51)
  • Histoire de la littérature française au XVIIe siècle
  • Études sur Blaise Pascal, Paris : chez les éditeurs, 1848, 351 p. [2]
  • Moralistes des XVIe et XVIIe siècles, 1859, 388 pages
  • Histoire de la prédication parmi les réformés de France au dix-septième siècle, Paris : chez les éditeurs, 1860, 718 p. [3]

Théologie[modifier | modifier le code]

  • Nouveaux discours sur quelques sujets religieux (1841)
  • Études évangéliques (1847)
  • Mémoire en faveur de la liberté des cultes (1826)
  • Essai sur la conscience (1829)
  • Essai sur la manifestation des convictions religieuses et sur la séparation de l'Église et de l'État (1842)
  • Discours sur quelques sujets religieux (1831) et Nouveaux discours (1841)
  • Étude sur l'épître aux Colossiens (éd. 1841).
  • Méditations évangéliques (éd. 1849).
  • Cours d'Homilétique (éd. 1853).
  • Cours de Théologie Pastorale (éd. 1854).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Alexandre Vinet (1797-1847) », sur Musée protestant (consulté le )
  2. Eugène Rambert, Alexandre Vinet: histoire de sa vie et de ses ouvrages, Lausanne, G. Bridel éditeur, , p. 261-262 et 286
  3. Bernard Reymond, « Alexandre Vinet » (1797-1847), notice du Musée virtuel du protestantisme, en ligne.
  4. Olivier Gaillard (2020), Une histoire de Veytaux, anecdote et documents découverts dans les pas de la famille Delarottaz, Antipodes, p. 286.
  5. Gustave Isely, Ainsi sont nés nos cantiques, 45000 Orléans, 128 p. (ISBN 2-9521100-0X), p. 30
  6. Journal 24 Heures, 30 décembre 2016, p. 15: « Un buste d’Alexandre Vinet finit à la déchetterie ».
  7. (en) Soren Kierkegaard, Kierkegaard's Writings XIII, The Corsair Affair., press.princeton.edu, pp.257-258.. Voir aussi Théologie de Søren Kierkegaard.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Eugène Rambert, Alexandre Vinet. Histoire de sa vie et de ses ouvrages, Lausanne, Payot, 1930.
  • Charles Secrétan et Eugène Rambert (éd.) Lettres de Alexandre Vinet, Lausanne, Georges Bridel, 1882.
  • Prosper-Émile Serre. Apologétique d'Alexandre Vinet. Essai historique et critique (Paris 1887). Thèse présentée à la Faculté de Théologie protestante de Paris.
  • LM Lane, Life and Writings of A. Vinet (1890).
  • L. Molines, Étude sur Alexandre Vinet (Paris, 1890).
  • V. Rossel, Histoire de la littérature française hors de France Lausanne, 1895).
  • V. Rivet, Études sur les origines de la pensée religieuse de Vinet (Paris, 1896).
  • A. Schumann, Alexandre Vinet (1907).
  • Ernest Seilliere, Alexandre Vinet, historien de la pensée française (Paris, 1925).
  • W.P. Keijzer, Vinet en Hollande (Groningen, 1941).
  • W.P. Keijzer, Alexandre Rodolphe Vinet (Amsterdam, 1947).
  • Bernard Reymond, « Alexandre Vinet » (1797-1847), notice du Musée virtuel du protestantisme, en ligne.

Liens externes[modifier | modifier le code]

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