Adolphe Yvon

Adolphe Yvon
Adolphe Yvon photographié par les frères Bisson
(vers 1860), Paris, musée Carnavalet.
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Frédéric Adolphe Yvon
Nationalité
Formation
Activités
Enfant
Maurice Yvon (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Maître
Élève
Genre artistique
Distinction
Médaille de 1re classe au Salon en 1848 et médaille d'honneur au Salon de 1857.
Officier de la Légion d'honneur en 1867.
Tombe d'Adolphe Yvon, Paris, cimetière d'Auteuil.
Adolphe Yvon, Autoportrait paru dans la revue L'Artiste de .

Frédéric Adolphe Yvon né le à Eschviller et mort le à Paris[1] est un peintre français.

Connu pour ses tableaux de batailles, Adolphe Yvon épouse vers 1835 à Rome Henriette Edmée Vernet (1812-1855), devenant ainsi le gendre du peintre Horace Vernet. Veuf, c'est de son second mariage avec Eugénie Rambaud en que naît son fils, l'architecte Maurice Yvon (1857-1911)[2].

Biographie[modifier | modifier le code]

En 1837, Adolphe Yvon est fonctionnaire à Dreux dans les Eaux et Forêts, mais cette carrière ne l'intéresse pas et, fin 1838, il entre dans l'atelier du peintre Paul Delaroche — son beau-frère par leurs mariages avec les sœurs Vernet — auprès duquel il apprend l'art du portrait et des fresques historiques. Il expose au Salon à partir de 1841. Il y obtient une médaille de 1re classe en 1848, puis une médaille d'honneur en 1857.

L'histoire, qu'elle soit profane ou religieuse, lui offre d'ailleurs le sujet de ses premiers tableaux (La Bataille de Koulikovo, exposé au Salon de 1849[3] et acquise en 1857 par le tsar Alexandre II[4], Le Maréchal Ney soutenant l'arrière-garde de la Grande Armée pendant la Retraite de Russie peint en 1856), puis il se consacre aux événements militaires et aux batailles, les épisodes essentiels de la guerre de Crimée pour lesquelles il séjourne dans la péninsule de la mer Noire en 1856[4], les batailles livrées par les armées françaises pendant les guerres du Second Empire, participant pour cela à la campagne d'Italie[4] (La Courtine de Malakoff en 1859, La Bataille de Solférino en 1861, la Bataille de Magenta en 1863), tout en peignant des portraits de personnalités françaises de l'époque. Le tableau Le Prince impérial en enfant de troupe est en 1855 répertorié dans la collection privée de Napoléon III conservée au château de Saint-Cloud[5].

Sans que les dates en soient précisément cernées, il est acquis qu'Adolphe Yvon effectue alors, étalés dans le temps, plusieurs longs séjours en Angleterre (expositions à la Royal Academy) et à New York où s'étend sa renommée, aussi bien en tant que peintre de sujets historiques que de portraits : c'est David Karel qui, citant Blumenthal, rapporte qu'il est « l'un des artistes français les plus célèbres à avoir vécu aux États-Unis au milieu du XIXe siècle[6] ». Son lien le plus connu avec New York résidera dans une première commande en 1858 par l'homme d'affaires Alexander Turney Stewart (1803-1876) du tableau allégorique le Génie de l'Amérique, que Stewart fera suivre en 1870 d'une seconde commande du même tableau dans un format monumental pour la salle de bal de son Grand Union Hotel (en)[7] où il demeurera jusqu'à la démolition du site en 1952[8]. Un autre grand tableau commandé par Stewart, La Réconciliation du Nord et du Sud, est aujourd'hui disparu.

Devenu un peintre de batailles réputé, Adolphe Yvon est nommé membre de l'Académie impériale des beaux-arts de Saint-Pétersbourg en 1860. C'est vers 1861 qu'il se trouve chargé de la réalisation des tableaux de la salle du Conseil municipal de l'hôtel de ville de Paris et qui, achevés en 1865 et payés 35 000 francs à l'artiste, ont pour thème quatre grands événements de l'histoire de la capitale. Ce sont : Clovis fait de Lutèce la capitale de son royaume, Philippe II Auguste, avant de partir en Terre sainte, confie à son peuple la tutelle de son fils, François Ier pose la première pierre de l'hôtel de ville de Paris, enfin, de sorte de positionner l'empereur en grand continuateur de l'histoire, Napoléon III remettant le à Monsieur Haussmann, préfet de Seine, le décret d'annexion des communes limitrophes de Paris. Ces quatre œuvres disparaissent dans l'incendie de l'hôtel de ville du , des dessins préparatoires pour les deuxième et troisième, conservés à Paris au Petit Palais, en restant un témoignage[9].

En 1863, Adolphe devient professeur à l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris et publie chez Hachette, en 1867, en collaboration avec le lithographe Louis-Emmanuel Soulange-Tessier (1814-1898), une Méthode de dessin à l'usage des écoles et des lycées contenant l'enseignement analytique de l'art du dessin[10]. Vers la fin des années 1860, il abandonne le genre qui a fait son succès et présente au Salon de 1870 un tableau allégorique monumental de 15 mètres, Les États-Unis d'Amérique, qui est très mal accueilli. À l'issue de la guerre franco-allemande de 1870 et à la suite de l'annexion de l'Alsace par l'Allemagne, il opte pour la nationalité française et peint quelques tableaux sur ce conflit (Le Curé de Bazeilles et Charge de Reischoffen en 1871). L'Orient l'inspire également (Scène de rue à Constantinople (1873)). On lui doit aussi un tableau commémorant la guerre anglo-zouloue de 1879 où fut tué le prince impérial, alors attaché à l'état-major de l'armée anglaise[11] (tableau conservé à Londresau National Army Museum sous le titre La Bataille d'Ulundi[6]).

En 1881, Adolphe Yvon est nommé professeur de dessin d'imitation à l'École Polytechnique[12], par quoi l'on rétablit un poste qui avait été supprimé en 1861, fonction qu'il quittera en 1887 à cause de la limite d'âge. La pédagogie d’Yvon va alors reposer sur le retour à un dessin simple, sur l'étude d'après nature. Instituant le dessin d'après la bosse aux concours d'admission — épreuve qui, appelée influence dans les établissements, demeurera jusqu'à la décennie 1960 — et privilégiant l'art sur la géométrie, « Yvon voulut donner aux élèves les notions d'anatomie humaine qu'il jugeait indispensables. Pour leur en montrer l'utilité, il les groupait autour de lui et, sur un carton qu'on dressait dans un coin de la salle, il traçait à grands traits, en quelques minutes, une esquisse d'après le modèle en accompagnant chaque coup de crayon d'une explication relative aux proportions du corps humain ainsi qu'aux divers angles déterminés par les mouvements. Il crut aussi utile de leur donner quelques notions de l'anatomie du cheval. Dans cette intention, il composa pour eux de grands tableaux d'études. Le but qu'il se proposait d'atteindre était de leur apprendre, par un petit nombre d'exercices préliminaires, à exécuter rapidement des croquis d'après nature. « Il faut les instruire en les amusant », se plaisait-il à répéter aux maîtres sous ses ordres. Ce fut dans cette pensée qu'il imagina de leur faire dessiner dans la cour, au lieu du modèle habillé en zouave ou en chasseur à pied, un cavalier monté de l'un des régiments casernés dans Paris[13] ».

Entré au Conseil supérieur de l'École des beaux-arts en , Adolphe Yvon meurt en 1893 et repose au cimetière d'Auteuil à Paris[14]. Outre son autoportrait, ses traits restent fixés par un portrait-charge, statuette œuvre de 1862 de Jean-Pierre Dantan que conserve le musée Carnavalet à Paris[15], par la photographie que fit de lui vers 1865 Robert Jefferson Bingham[16] et par le buste en plâtre exécuté en 1883 par Amédée Doublemard que conserve le château de Versailles.

Il reste à voir en Yvon, avec « Alfred de Dreux, Ernest Meissonier, Ange Tissier et Franz Xaver Winterhalter, celui qui demeure parmi les peintres que Napoléon III considéra comme l'un des plus doués serviteurs de la gloire impériale »[17].

Œuvres[modifier | modifier le code]

Collections publiques[modifier | modifier le code]

Salons[modifier | modifier le code]

Adolphe Yvon exposa également au Salon de la Royal Academy de Londres entre 1851 et 1874[6]. Le tableau Le Président Sadi Carnot fut exposé à la World's Columbian Exposition de Chicago en 1893.

Expositions posthumes[modifier | modifier le code]

Réception critique[modifier | modifier le code]

  • « Yvon's pictures are full of movement, and the painting is sober and straight - forward, quite free from every kind of affectation ; it has, however, very little interest derived from intellect or feeling. » - Philip Gilbert Hamerton[34]
  • « Yvons's enormous oil-picture of Marshal Ney heading the Rear-Guard of the Grand Army in the Retreat from Russia is one of those nightmare displays of physical energy and horror which the French painters affect, and in which the Englishman scarcely knows whether most to wonder at the display of force or reprobate the unalloyed and valueless monstrosity. » - William Michael Rossetti[35]

Récompenses[modifier | modifier le code]

Élèves[modifier | modifier le code]

Hommages[modifier | modifier le code]

La rue Adolphe-Yvon à Paris.

Philatélie[modifier | modifier le code]

  • Georges-Eugène Haussmann, timbre-poste dessiné et gravé par René Cottet d'après le tableau-portrait d'Adolphe Yvon, 1952.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Archives de Paris, État-civil numérisé du 16e arrondissement, registre des décès de l'année 1893, acte no 1070.
  2. Pierre de Laubier, « Adolphe Yvon, approche généalogique », sur geneanet.org (consulté le ).
  3. a et b Explication des ouvrages de peinture, sculpture, architecture… des artistes vivants exposés au palais des Tuileries le 15 juin 1849, Paris, Vinchon, 1849, p. 252 (voir en ligne).
  4. a b et c Gérald Schurr, Les petits maîtres de la peinture, valeur de demain, Les Éditions de l'Amateur, 1972, tome 2, p. 14.
  5. Catherine Granger, « Le palais de Saint-Cloud sous le Second Empire : décor intérieur », Livraisons de l'histoire de l'architecture, vol. 1, n° 1, année 2001, pp. 51-59.
  6. a b c d et e David Karel, Dictionnaire des artistes de langue française en Amérique du Nord, Éditions Musée de Québec/Presses de l'Université Laval, 1992.
  7. a b et c Darren R. Rousar, La Méthode de dessin Adolphe Yvon, Studio Rousar, 2014.
  8. a b et c Le Génie de l'Amérique dans la salle de bal du Grand Union Hotel
  9. Galerie Terrades, Paris, Adolphe Yvon.
  10. BnF, La méthode de dessin d'Adolphe Yvon.
  11. Lynne Thornton, Les africanistes, peintres voyageurs, ACR Édition, 1990.
  12. École polytechnique, Cours de dessin : le dessin d'imitation à l'École polytechnique
  13. Hervé Loilier, « L'enseignement du dessin et des arts à l'École polytechnique », Bulletin de la Sabix, no 52, 2013.
  14. Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, Les Éditions de Minuit, septième édition, 1963, t. 1 (« A-K »), « Rue Claude-Lorrain », p. 352.
  15. Musée Carnavalet, Adolphe Yvon par Jean-Pierre Dantan dans les collections.
  16. Musée d'Orsay, Adolphe Yvon par Robert Jefferson Bingham, épreuve sur papier albuminé.
  17. Yann Kerlau, Chercheurs d'art. Les marchands d'hier et d'aujourd'hui, Flammarion, 2014.
  18. Marc Maison, Baron Haussmann (1809-1891).
  19. a et b Jean-Claude Daufresne, Théâtre de l'Odéon : architecture, décors, musée, Éditions Pierre Mardaga, 2004, pp. 173-174.
  20. Adolphe Yvon, Hommage de Paganini à Berlioz, présentation du tableau d'après Le Monde illustré, 22 mars 1884.
  21. a et b Art-U.K., Adolphe Yvon dans les collections du Royaume-Uni
  22. Lori Symcox, Adolphe Yvon : portrait de l'invasion russe, Manchester Art Gallery, avril 2014.
  23. Dictionnaire Bénézit, Gründ, 1999, tome 14, p. 824.
  24. (en) Julia Thoma, « Panorama de la guerre - La salle de Crimée à Versailles », Nineteenth-century Art Worldwide, vol.15, n°1, printemps 2016.
  25. Catherine Granger, L'Empereur et les arts. La liste civile de Napoléon III, Paris, École des chartes, 2005.
  26. Napoléon sites, La traversée du Grand-Saint-Bernard.
  27. Provenance : collection Alexandre Turney Stewart, New York.
  28. Provenance : Grand Union Hotel, Saratoga Springs, New York.
  29. Walters Art Museum, Adolphe Yvon dans les collections.
  30. Explication des ouvrages de peinture, sculpture, gravure… des artistes vivants, exposés aux Menus-Plaisirs le 15 mai 1853, Paris, Vinchon, 1853, p. 205 (voir en ligne).
  31. Palais de Compiègne, Le pourpre et l'exil - L'Aiglon et le Prince impérial, catalogue de l'exposition, 2004.
  32. Michel Guérin, « Ici l'image fabrique l'événement », Le Monde, 20 janvier 2007.
  33. Vanja Luksic, « À la gloire de Jules, le conquérant », Le Soir, 17 novembre 2008.
  34. Philip Gilbert Hamerton, Contemporary French painters - An essay, Roberts Brothers, 1895.
  35. William Michael Rossetti, Fine art, chiefly contemporary, Éditions Mac Millan, 1867.
  36. Catalogue de la 27e Exposition d'Amiens de 1885, organisée par la Société des Amis des Arts de la Somme, p.4.
  37. Wikimanche, Armand-Auguste Fréret
  38. André Roussard, Dictionnaire des peintres à Montmartre, Éd. A. Roussard, Paris, 1999, p.361/639.p (ISBN 9782951360105)
  39. « Portrait de Ferdinand Barrot (1806-1883), homme politique », sur Paris Musées (consulté le ).
  40. « In The Harem », sur Art Renewal Center (consulté le ).
  41. Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, Éditions de Minuit, septième édition, 1963, t. 1 (« A-K »), « Rue Adolphe-Yvon », p. 67.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) William Michael Rossetti, Fine art, chiefly contemporary, Éditions Mac Millan, 1867.
  • Clara Erskine Clement (en) et Laurence Hutton (en), Artists of the nineteenth century and their works - A handbook containing 250 biographical sketches, Houghton, Osgood & Cie, Boston, 1879.
  • Henry Jouin, Adolphe Yvon : discours prononcé le au nom de l'École des beaux-arts, précédé de pages extraites des souvenirs inédits du peintre, Éditions L'Artiste, 1893.
  • (en) Philip Gilbert Hamerton, Contemporary French painters. An essay, Roberts Brothers, 1895, réédition par Tomlin Press, 2010.
  • Adolphe Yvon, Souvenirs d'un peintre militaire Revue des Deux Mondes .
  • Émile Bellier de La Chavignerie et Louis Auvray, Dictionnaire général des artistes de l'école française depuis l'origine des arts du dessin jusqu'à nos jours, Paris, Librairie Renouard, 1885, tome 2, p. 729-730.
  • (de) Ulrich Thieme et Felix Becker, Allgemeines Lexikon der Bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenwart, Verlag von Wilhelm Engelmann, Leipzig, 1950.
  • Gérald Schurr, Les petits maîtres de la peinture, valeur de demain, Les Éditions de l'Amateur, 1972.
  • Eugène Heiser, Peintre de batailles et portraitiste - Adolphe Yvon et les siens, Imprimerie Haman, 1974.
  • Louis Delpérier, « Yvon, le dernier des classiques », dans la revue Uniformes, nº68, juillet-.
  • David Karel, Dictionnaire des artistes de langue française en Amérique du Nord, Éditions Musée du Québec/Presses de l'Université Laval, 1992.
  • Sous la direction de Jean Tulard (l'article Adolphe Yvon en pages 1338-1341 est de Philippe-Jean Vidal), Dictionnaire du Second Empire, Fayard, 1995.
  • Gérald Schurr, Le guidargus de la peinture, Les Éditions de l'Amateur, 1996.
  • Catherine Granger (préface de Jean-Michel Leniaud), L'Empereur et les arts - La liste civile de Napoléon III, École des chartes, Paris, 2005.
  • Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Gründ, 1999.
  • Frank Trapp, From Monet to Cézanne - Late 19th century french artists - The Grove dictionary of art, Mac Millan, Londres, 2000.
  • Jean-Claude Daufresne, Théâtre de l'Odéon : architecture, décors, musée, Éditions Pierre Mardaga, 2004.
  • Louis Delperier, « Yvon, le dernier des classiques », dans la revue Napoléon III, n° 36, .

Liens externes[modifier | modifier le code]

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