Achille III de Harlay

Achille de Harlay
Buste en marbre de Bougron d’après un original de la première moitié du dix-huitième siècle, 1838.
Fonction
Premier président du Parlement de Paris
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Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 72 ans)
ParisVoir et modifier les données sur Wikidata
Activité
Père
Achille II de Harlay (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Jeanne Marie de Bellièvre (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Achille IV de Harlay, comte de Beaumont (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
D’argent à deux pals de sable.

Achille III de Harlay, comte de Beaumont, seigneur de Grosbois, né le à Paris où il est mort le , est un jurisconsulte et magistrat français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Petit-neveu du Premier président du Parlement de Paris Achille de Harlay, fils de Marie de Bellièvre et d’Achille II, procureur général en la même cour, il a été procureur général au parlement de Paris, il a été reçu conseiller le , avant de remplacer son père en sa charge de procureur général[a], le puis, comme son grand-oncle, Premier président, de 1689 à 1707.

Doué d’une rare érudition comme jurisconsulte et d’une connaissance approfondie des belles-lettres, il exerçait un grand empire sur sa compagnie qu’il savait très bien diriger suivant les volontés de Louis XIV, auquel il était très dévoué.

Ami de Madame de Maintenon[2], appelé par le roi aux fonctions de premier président, le , en remplacement de Potier de Novion, accusé d’abus de pouvoir, il a beaucoup contribué par ses conseils à la légitimation des enfants de Louis XIV, lors de l’affaire des bâtards du roi[3], rédigeant, de concert avec le chancelier d’Aguesseau, le projet qui assurait aux bâtards royaux un rang immédiat après les princes du sang et avant les ducs et pairs dans le Parlement, ce qui lui a valu la faveur du souverain, mais aussi la haine de Saint-Simon[b].

Lors de l’excommunication du marquis de Lavardin, ambassadeur de France à Rome, à la suite de sa contre le retrait des franchises des ambassadeurs par le pape Innocent XI, dans le contexte d'intenses tensions diplomatiques entre la France et la papauté[c], Harlay a provoqué un appel comme d'abus contre Innocent XI, pour conclure devant toutes les chambres assemblées à sa formulation, cette fois non « du pape mal informé au pape mieux informé », mais « du pape mal informé à un concile œcuménique[d], le  », rappelant ainsi les principes établis six ans auparavant par l’assemblée du clergé de France, dans la célèbre déclaration des libertés gallicanes[1].

Impliqué dans le procès du duché d’Épernon et à celui du duché de Piney-Luxembourg, il parait avoir pris parti, dans le dernier, pour le maréchal de Luxembourg, dont il était l’ami, car sa récusation, poursuivie et obtenue par les adversaires du maréchal, constitue l’un des principaux incidents de cette interminable affaire.

Sévère et despotique dans ses fonctions, mais intègre[4], il s’est fait beaucoup d’ennemis[e]. Il s’est rendu célèbre pour son esprit fin et mordant[5], et ses traits d’esprit brillant souvent par la finesse, mais pas toujours par la pureté du gout[2]. On cite de lui une foule de bons mots, de mots piquants[f], dont il a été fait un recueil sous le titre d’Harlœana, que l’éditeur a peut-être enrichi de quelques traits étrangers[2].

En avril 1707, il s’est démis de sa charge, dont il était devenu physiquement inapte à remplir les fonctions[4]. Il avait épousé, le , la fille du premier président de Lamoignon. Son fils, conseiller au parlement, a eu une fille, mariée au dernier fils du maréchal de Luxembourg, le prince de Tingry[1].

Ce bibliophile avisé a légué sa magnifique bibliothèque au collège des jésuites de Paris[7].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Il sera remplacé dans cette charge par Arnaud de Labriffe, à sa nomination comme président[1].
  2. Saint-Simon a laissé de lui ce portrait, dans ses Mémoires : « Une austérité pharisaïque le rendoit redoutable par la vigueur des répréhensions qu’il adressoit aux gens qui lui étoient soumis. C’étoit un petit homme vigoureux et maigre, un visage en losange, un nez grand et aquilin, des yeux beaux, parlants, perçants, qui ne regardoient qu’à la dérobée, mais qui, fixés sur un client ou sur un magistrat, étoient pour le faire rentrer en terre. Des yeux de vautour, dit-il ailleurs, qui sembloient dévorer les objets et percer les murs. Un habit peu ample, un rabat presque ecclésiastique des manchettes plates comme eux. Il se tenoit en marchant un peu courbé ; un air faux, plus humble que modeste, l’odeur hypocrite. Chez le roi, il rasoit, toujours les murailles n’avançoit qu’en courbettes, à force de révérences respectueuses et comme honteuses, à droite et à gauche ; mais il avoit grand soin de regarder du coin de l’œil si on le remarquoit[4]. »
  3. Lavardin sera rappelé au début de l'année 1689, peu avant la mort d'Innocent XI, du fait de la politique d'apaisement pratiquée par Louis XIV[1].
  4. .
  5. Même Saint-Simon, peu suspect d’indulgence à son égard, lui reconnait une grande étendue d'esprit, une grande connaissance du monde, beaucoup de belles-lettres , une merveilleuse promptitude de repartie, et l'attention toujours présente[4].
  6. Ainsi lors de son accès à la dignité de premier président, au corps des procureurs venu lui demander sa protection : « Ma protection, leur dit-il, les fripons ne l’auront pas, les gens de bien n’en ont pas besoin[6]. »

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Ferdinand Höfer, « Harlay (Achille III de.) », Nouvelle Biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours avec les renseignements bibliographiques et l’indication des sources à consulter, Paris, Firmin Didot, t. 23,‎ , p. 405-6 (lire en ligne).
  2. a b et c Encyclopédie du dix-neuvième siècle : répertoire universel des sciences des lettres et des arts : avec la biographie et de nombreuses gravures, t. 12, Paris, Bureau de l’Encyclopédie, , 3e éd., 26 vol. ; in-4º (lire en ligne sur Gallica), p. 172.
  3. Charles Dezobry et Théodore Bachelet, Dictionnaire général de biographie et d’histoire, de mythologie, de géographie ancienne moderne et comparée, t. 1, Paris, Charles Delagrave, , viii-3018, 2 vol. ; gr. in-8º (lire en ligne sur Gallica), p. 1347.
  4. a b c et d Philippe Le Bas, L’Univers. Histoire et description de tous les peuples : Dictionnaire encyclopédique de la France, t. 9, GOD-LAL, Paris, Firmin Didot frères, , 880 p., 15 vol. dont 3 de planches ; in-16 (lire en ligne sur Gallica), p. 333.
  5. Jules-Pizzetta Houzé et Louis Barré, éd., Encyclopédie nationale des sciences, des lettres et des arts : résumé complet des connaissances humaines, t. 3, Paris, J. Bry, 1851-1853, 639 p., 4 vol. : fig. ; gr. in-8º (lire en ligne sur Gallica), p. 122.
  6. Barnabé Warée (d), Curiosités judiciaires historiques, anecdotiques recueillies et mises en ordre, Paris, Adolphe Delahays, , 504 p. (lire en ligne), p. 72.
  7. Joannis Guigard, Armorial du bibliophile, t. 3, Paris, Bachelin-Deflorenne, , 144 p. (lire en ligne).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Edouard Pilastre, Achille III de Harlay, 1er président du Parlement de Paris sous le règne de Louis XIV, sans date [1904], Paris, Calmann-Levy, IV-190 pages, lire en ligne ;
  • Lucien Auvray (Mss. français 15499-15533 de la Bibliothèque nationale), Inventaire sommaire d'une collection du président de Harlay sur diverses matières ecclésiastiques, politiques, etc., Paris, Émile Bouillon, , 32-48 p., 1 vol. ; in-8º (lire en ligne sur Gallica).
  • Catalogue de la Bibliothèque du président de Harlay, rangé par ordre de format. Manuscrit in-fº, Bibliothèque de l’Arsenal.
  • Correspondance de Achille III de Harlay, procureur-général, puis premier-président du Parlement de Paris : 1663-1707, t. XVIII, 1694-1695, 105 feuillets (lire en ligne sur Gallica).
  • Correspondance de Achille III de Harlay, procureur-général, puis premier-président du Parlement de Paris : 1663-1707, t. XX, 1696-1697, 77 feuillets (lire en ligne sur Gallica).
  • Correspondance de Achille III de Harlay, procureur-général, puis premier-président du Parlement de Paris : 1663-1707, t. XXIV, 1699-1701, 172 feuillets (lire en ligne sur Gallica).
  • Dépouillement numérique des manuscrits du président Achille III de Harlay : Notices des mss 221-232 du fonds Saint-Germain-Harlay, t. VIII, 308 feuillets (lire en ligne sur Gallica).
  • Dépouillement numérique des manuscrits du président Achille III de Harlay : Notices des mss 249-308 du fonds Saint-Germain-Harlay, t. X, 431 feuillets (lire en ligne sur Gallica).

Liens externes[modifier | modifier le code]