Abbaye de Stavelot

Ancienne abbaye de Stavelot
Ancien palais abbatial de Stavelot
Ancien palais abbatial de Stavelot
Existence et aspect du monastère
Existence L'abbaye n'est plus en activité, l'abbatiale a été vendue et démolie.
État de conservation Il subsiste la base de l'abbatiale, le porche d'entrée, la cour d'honneur, le préau, le réfectoire, d'autres bâtiments sont en ruines.
Affectation ultérieure Le site abrite trois musées.
Site web http://www.abbayedestavelot.be
Identité ecclésiale
Culte Culte catholique
Type Abbaye de moines
Présentation monastique
Fondateur Saint Remacle
Origine de la communauté Le monastère est fondé grâce aux libéralités de Sigebert III, roi d'Austrasie.
Ordre bénédictin
Historique
Date(s) de la fondation 651
Personnes évoquées Sigebert III, Childéric II, Christian de Stavelot, Régnier Ier de Hainaut, Henri Ier du Saint-Empire, Henri III du Saint-Empire, Louis XIV de France
Essaimage
  • 1501 : construction du château de Stavelot où les princes de Bavière puis ceux de Furstenberg se sont succédé ;
  • 1659 : construction du couvent des Capucins.
Fermeture 1804
Architecture
Éléments reconstruits Reconstruction de toute l'abbaye entre 1741 et 1753.
Styles rencontrés L'imposante abbatiale romane du XIe siècle a été reconstruite en style gothique au XVIe siècle, détruite depuis.
Localisation
Pays Drapeau de la Belgique Belgique
Région Drapeau de la Région wallonne Région wallonne
Province Drapeau de la province de Liège Province de Liège
Commune Stavelot
Coordonnées 50° 23′ 37″ nord, 5° 55′ 54″ est
Géolocalisation sur la carte : Belgique
(Voir situation sur carte : Belgique)
Ancienne abbaye de Stavelot
Géolocalisation sur la carte : province de Liège
(Voir situation sur carte : province de Liège)
Ancienne abbaye de Stavelot

L'abbaye de Stavelot est un monastère bénédictin ayant existé entre 651 et 1804. L'ancien monastère est situé à Stavelot, dans la province de Liège, en Région wallonne de Belgique. Fondé en 651, le monastère était associé à celui de Malmedy, c'est-à-dire qu'un même abbé présidait aux destinées des deux monastères.

Au IXe siècle, l'abbaye joua un rôle culturel important en Lotharingie. Mais en 881 et 883, l'abbaye subit successivement deux invasions par les Normands et se retrouva en ruine. Après la périodes des comtes-abbés, en 962, l'abbaye de Stavelot devint impériale et, dès lors, ses abbés portèrent le titre de « Prince de l'Empire ». L'abbaye fut donc le siège d'une principauté ecclésiastique qui régna sur une grande partie du nord de l'Ardenne et une petite partie du Condroz, jusqu'à Logne.

Du XIIe au XVe siècle, l'abbaye de Stavelot connaitra un long déclin, puis une période de renouveau entre 1500 et 1650. Cependant, de 1793 à 1804, à la suite de la révolution française, les moines furent expulsés de leur abbaye, qui fut saccagée et pillée par les révolutionnaires. L'abbatiale fut vendue et démolie ; c'est la fin de la principauté de Stavelot-Malmedy.

Historique[modifier | modifier le code]

Fondation et rayonnement culturel (650-850)[modifier | modifier le code]

Le monastère est fondé en 651 par saint Remacle, grâce aux libéralités de Sigebert III, roi d'Austrasie entre 647 et 650[1]. En effet, dès le VIIe siècle, les donations royales avaient doté Stavelot d'un domaine que les immunités mérovingiennes et carolingiennes soustrayaient à l'action directe des fonctionnaires. Ce domaine, d'après le diplôme de Childéric II, de 670, s'étendait de la Baraque Michel à la Warche, à la Salm, à l'Amblève et au Roannay[2].

Un même abbé préside aux destinées des monastères de Stavelot et de Malmedy[1],[note 1]. En 685, est construite la première église abbatiale par l'abbé Goduin, dédiée aux saints Martin, Pierre et Paul. Les reliques de saint Remacle y sont conservées.

Au IXe siècle, l'abbaye joue un rôle culturel important en Lotharingie, notamment grâce à Christian de Stavelot.

Invasions des Normands (850-880)[modifier | modifier le code]

En décembre 881, l'abbaye subit les invasions des Normands. Les moines s'enfuient avec leurs trésors et leurs reliques. En 883, nouvelle invasion des Normands. L'abbé Odilon fait reconstruire l'abbaye en ruine, laquelle se relèvera en 938[1].

Période des comtes-abbés (880-960)[modifier | modifier le code]

Entre-temps, les catalogues des abbés de Stavelot citent dans les dernières années du IXe siècle, en 891 et en 895, un comte-abbé Liutfrid ; il avait possédé un bénéfice royal à Bihain[3]. Après lui, Régnier Ier fut doté de l'abbaye jusqu'à sa mort en 915 ; il y eut pour successeur Évrard, dans lequel il faut voir probablement le personnage auquel Henri Ier confia, en 925, la pacification de la Lotharingie[3]. Gislebert reprit ensuite la succession de son père et conserva l'abbaye jusque vers 939. Le duc Conrad le Roux obtint ce même bénéfice, mais on sait qu'il fut disgracié en 953[4].

Les comtes-abbés de cette première période n'étaient pas nécessairement les chefs immédiats du territoire ; mais lorsqu'ils disparurent, c'est-à-dire au milieu du Xe siècle, ce furent en règle générale les comtes qui exercèrent l'avouerie sur les établissements ecclésiastiques de leur circonscription. Les premiers avoués de cette espèce à Stavelot sont des membres de la famille dite de Luxembourg (descendants de Sigefroid de Luxembourg)[5].

Période des abbés, princes de l'Empire (960-1150)[modifier | modifier le code]

Henri III du Saint-Empire, se considère comme le chef temporel et spirituel de la chrétienté

Notons qu'en 962, l'abbaye de Stavelot devient impériale et, dès lors, ses abbés portent le titre de Princes de l'Empire[1].

  • 1021 : Avènement de l'abbé Poppon. Mort en 1048, il est connu pour avoir sauvé la fondation de Saint-Remacle[1]. Grand bâtisseur, Poppon fera construire une imposante abbatiale romane de plus de cent mètres de long. Cette nouvelle église fut consacrée le en présence de l'Empereur d'Allemagne Henri III.
  • 1098 : naissance de Wibald de Stavelot à Chevrouheid, petit hameau des environs de Stavelot. Wibald jouera sur la scène internationale un rôle religieux capital pour la région et notamment pour les abbayes de Stavelot-Malmedy. Il y est abbé entre 1130 et 1158, reconnu comme une des grandes figures monastiques de son temps, en tant qu'humaniste, théologien, protecteur des arts et des artistes, conseiller des empereurs[1]. L'abbaye connut ainsi un grand éclat au XIIe siècle[1].

Long déclin (1150-1500)[modifier | modifier le code]

Du XIIe au XVe siècle, l'abbaye de Stavelot va connaitre un long déclin.

Stavelot et son abbaye (gravure de M.A. Xhrouet.

Renouveau (1500-1650)[modifier | modifier le code]

  • 1501 : Guillaume de Manderscheidt, abbé entre 1499 et 1546[1], reconstruit l'église abbatiale vétuste, en style gothique. Il est un abbé remarquable, restaurant matériellement et spirituellement les deux abbayes[1]. La discipline religieuse est ainsi rétablie. Il fait bâtir en outre le château de Stavelot où les princes de Bavière (1581-1660), puis ceux de Furstenberg se succédèrent[1].
  • 1659 : construction du couvent des Capucins.

Vicissitudes et fin (1650-1800)[modifier | modifier le code]

  • 1689 : le les troupes de Louis XIV ravagent et incendient la ville, il ne restera que l'abbaye, la basse-cour… Plus de 360 maisons sont détruites.
  •  : le pape Alexandre VIII promulgue que, désormais, l'abbaye sera remise à la libre élection des moines[1].
  • 1701 : la foudre détruit en partie le clocher de l'église abbatiale.
  • De 1741 à 1753 : construction de la nouvelle abbaye de Stavelot, plus vaste, par l'abbé Joseph de Nollet[1].
  • 1750 : construction de la nouvelle église primaire dédiée à Saint Sébastien.
  • 1793 à 1804 : les moines sont expulsés de leur abbaye. Elle est saccagée et pillée par les révolutionnaires. L'abbatiale est vendue et démolie. Fin de la principauté de Stavelot-Malmedy.

Liste des abbés[modifier | modifier le code]

Rétablissement de la tradition monastique[modifier | modifier le code]

Patrimoine architectural[modifier | modifier le code]

Le souvenir de l'abbaye se perpétue, au travers de son architecture, par un ensemble d'édifices dont certains sont en ruines[6].

De l'ancienne abbatiale subsiste la base de la tour, datée 1536 au-dessus de la porte d'entrée[1]. L'abbatial portait son clocher à plus de 100 m de hauteur. On y remarque aussi une voûte en étoile du XVIe siècle et une tourelle contenant un escalier en spirale[1]. Un Musée de la Tannerie y est installé[1].

Le porche d'entrée de l'abbaye, daté 1522 et 1677, porte l'écu des Manderscheidt[1]. Dans la cour d'honneur, on aperçoit, du côté nord, les dépendances datant de 1714 ; à droite, le local du conseil de la principauté (1717) qui contient le musée ; en face, une construction à fronton armorié (1780-1786), l'hôtel de ville[1].

Une seconde cour, jadis le préau, est entourée d'anciens bâtiments monastiques du XVIIIe siècle, où se sont installés l'hospice, l'orphelinat, l'hôpital, ces grands bâtiments présentant des caves voutées. Dans l'aile sud, on trouve une grande salle ayant servi de réfectoire, contenant des stucs remarquables du Liégeois Duckers[6]. On peut découvrir à cet endroit un grand poêle armorié en fonte, de 1708[1].

Patrimoine culturel[modifier | modifier le code]

Timbre représentant le médaillon OPERATIO

Une partie des œuvres sont dispersées entre des musées de New-York, Londres, Berlin, Francfort et Paris.

L’église Saint-Sébastien de Stavelot (paroissiale) abrite cependant en ses murs un riche patrimoine culturel et sacré, dont une partie importante provient de l’ancienne abbaye de Stavelot :

  • la châsse de saint Remacle, datant de 1268 et provenant de l’ancienne abbaye, contient les reliques du saint. Elle se trouve dans le sanctuaire de l'église. Sur les côtés de la châsse, aux deux extrémités se trouvent le Christ, et sa mère Marie. Sur les flancs latéraux, dans des niches, les 12 apôtres avec saint Remacle et saint Lambert. La châsse est longue de 2,07 mètres, large de 0,60 mètre, et haute de 0,94 mètre. Cet objet d’art fait en cuivre doré est un beau spécimen d’art mosan ;
  • la chaire de vérité en chêne sculpté, provient de l'ancienne église abbatiale (XVIIIe siècle). Les bustes des quatre Pères latins de l'Église y sont représentés : saint Ambroise, saint Jérôme, saint Augustin et saint Grégoire le Grand ;
  • le buste-reliquaire de saint Poppon, célèbre abbé de l’abbaye de Stavelot (1628), dû à l'orfèvre liégeois Goesvin (XVIIIe siècle)[1].

Le retable de la Pentecôte, issu de l'abbaye de Stavelot, est conservé au musée de Cluny à Paris. Réalisé vers le milieu du XIIe siècle, c'est l'une des plus belles productions de l'art mosan. Placé à l'arrière de l'autel, il représente la descente de l'Esprit Saint sur les apôtres le jour de la Pentecôte. La structure symbolise également l'Église, dont les apôtres sont les colonnes. Les figures en cuivre, individualisées et dotées de nimbes émaillés, sont travaillées au repoussé et dorées[7].

Musées[modifier | modifier le code]

Bâtiments du XVIIIe siècle et fondations de l'église abbatiale

L'abbaye actuelle abrite trois musées :

  • Le musée historique de la principauté de Stavelot-Malmedy. De nombreux panneaux explicatifs, des présentations audiovisuelles, objets divers et reconstitutions en trois dimensions illustrent de façon claire les périodes-clés qui ont marqué l'histoire de l'abbaye. On peut y découvrir entre autres deux sarcophages, six portraits d'abbés du XVIIIe siècle, un antiphonaire, des taques de cheminée, gravures, etc[1].
  • Le musée Guillaume Apollinaire.
  • Le musée du circuit de Spa-Francorchamps. Une exposition présente l'histoire du circuit de vitesse de 1896 à nos jours. Des documents inédits, une présentation sans cesse renouvelée de véhicules d'exception retracent la passion de la compétition, des pionniers à nos jours.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Note[modifier | modifier le code]

  1. L'ensemble est qualifié de monastère double dans la source d'Émile Poumon, mais il s'agirait plutôt de monastères jumeaux, puisqu'ils n'accueillent que des moines et pas de moniales.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s et t Émile Poumon, Abbayes de Belgique, Office de publicité, S.A, éditeurs, Bruxelles, 1954, p. 107-108.
  2. Vanderkindere 1902, p. 88
  3. a et b Vanderkindere 1902, p. 230
  4. Vanderkindere 1902, p. 230-231
  5. Vanderkindere 1902, p. 231
  6. a et b Joseph Delmelle, Abbayes et béguinages de Belgique, Rossel Édition, Bruxelles, 1973, p. 81.
  7. « Retable de la Pentecôte », sur Musée de Cluny (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Luc-Francis Genicot, « Un « cas » de l'architecture mosane : l'ancienne abbatiale de Stavelot », Bulletin de la Commission royale des Monuments et des Sites, Bruxelles, Commission royale des Monuments et des Sites, t. XVII,‎ 1967-1698, p. 71-140 (lire en ligne [PDF])
  • Pierre Henrion, "Stavelot. L'abbaye", dans Jean-Patrick Duchesne et Pierre Henrion (dir.), Patrimoine et réaffectation en Wallonie, Namur, Division du Patrimoine D.G.A.T.L.P., 2005, pp. 185-189.
  • Léon Vanderkindere, La Formation territoriale des principautés belges au Moyen Âge, vol. II, Bruxelles, H. Lamertin, (réimpr. 1981) (lire en ligne)
  • C.-G. Roland, Les anciennes propriétés de l'Abbaye de Stavelot-Malmedy dans les Ardennes françaises, dans la Revue historique ardennaise, vol. 5, publiée par Paul Laurent, Paris : Librairie Alphonse Picard et fils, 1898, pp. 53-77 [1]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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Liens externes[modifier | modifier le code]