Éric Drouet

Éric Drouet
Éric Drouet lors d'un rassemblement des gilets jaunes à Bordeaux en mars 2019.
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Éric Drouet est un militant français qui compte parmi les principales figures du mouvement des Gilets jaunes, lancé en France en .

Biographie[modifier | modifier le code]

Situation personnelle[modifier | modifier le code]

En 2019, Éric Drouet vit à Melun, en Seine-et-Marne, avec son épouse et leur fille. Il est conducteur de poids lourd[1], salarié à plein temps, et membre actif de l'association de tuning « Muster Crew »[2].

Mouvement des Gilets jaunes[modifier | modifier le code]

Relais de la contestation[modifier | modifier le code]

Fin , il lance un appel à un rassemblement d'automobilistes sur le boulevard périphérique de Paris[2] pour protester contre la hausse de la taxe sur les carburants, décidée par le gouvernement pour favoriser la transition énergétique, dans le cadre des engagements de la France découlant de l'accord de Paris.

Cet appel est à l'origine du lancement du mouvement des Gilets jaunes le , ce qui vaudra à Éric Drouet d'être présenté dans les médias comme l'un des principaux fondateurs du mouvement. Cet événement lui confère, avec notamment Priscillia Ludosky et Maxime Nicolle, une stature médiatique singulière au sein du mouvement.

Toutefois, son rôle de meneur du mouvement social n'est pas reconnu par la justice en 2020 pour deux manifestations, la cour d’appel de Paris considérant qu'il peut avoir simplement relayé une information sans être organisateur des rassemblements[3].

Influence sur les réseaux sociaux[modifier | modifier le code]

Éric Drouet intervient régulièrement pour échanger via des vidéos en direct avec les membres du groupe Facebook de « La France en colère !!! », qu'il administre avec sa mère[2]. Avec 300 000 membres début [2], ce groupe est l'un des plus importants en nombre de membres. En raison de sa capacité à relayer les informations sur le mouvement, ce groupe est souvent considéré comme le principal vecteur de mobilisation de son animateur.

Souvent présenté comme l'un des leaders des Gilets jaunes, Éric Drouet conteste ce qualificatif et défend l'organisation horizontale du mouvement[2], lequel s'appuie sur la prise de décisions par les participants, en particulier par le biais des consultations en ligne via le groupe « La France en colère !!! ». Le , il représente néanmoins le mouvement des Gilets jaunes, avec Priscillia Ludosky, lors d'une rencontre avec le ministre de la Transition écologique et solidaire François de Rugy[2].

Autour d'Éric Drouet s'est constitué un groupe de plusieurs personnalités considérées elles aussi comme figures du mouvement ou qui le soutiennent dans l'organisation et la préparation des actions : Jérôme Rodrigues, Farouk Largo, Laëtitia Dewalle, cette dernière présentée par les médias depuis l'origine comme co-initiatrice du mouvement, François Boulo, avocat rouennais, ainsi que Maxime Nicolle et Priscillia Ludosky, avec lesquels il mène, le plus souvent, des actions coordonnées[2].

Dans la nuit du 18 au , son domicile et son véhicule sont dégradés, notamment avec de la peinture jaune[4].

En retrait du mouvement et candidat à l'élection présidentielle[modifier | modifier le code]

Dans une vidéo postée le , Éric Drouet annonce se retirer du mouvement des Gilets jaunes en expliquant que « se mettre en avant, ça apporte plus de problèmes qu'autre chose »[5]. En , il administre toujours le groupe Facebook « La France en colère!!! » qui compte plus de 300 000 membres[6].

En , il se déclare candidat à l'élection présidentielle de 2022, « hors de tout parti » ; il se présente alors comme le porte-parole d'un mouvement citoyen qui a pour but « de ramener des idées »[7]. Il se réclame de Coluche et souhaite faire campagne majoritairement sur les réseaux sociaux[7]. Pour ce qui est de ses revendications politiques, il souhaiterait baisser les salaires des élus, instaurer un référendum d'initiative citoyenne (RIC) et rapprocher le peuple du pouvoir politique[7].

Positionnement politique[modifier | modifier le code]

Éric Drouet se revendique comme étranger à tout engagement partisan[2]. Présenté par certains médias comme sympathisant du Rassemblement national (RN) ou de La France insoumise (FI), il dément avoir voté pour la candidate FN à l'élection présidentielle de 2017, Marine Le Pen, contrant une fausse information lancée par l'éditorialiste Jean-Michel Aphatie[8].

Le , il lui est reproché une réaction « aux relents xénophobes » à des propos tenus par Maxime Nicolle, autre figure du mouvement, sur le Pacte de Marrakech[2],[9].

Jean-Luc Mélenchon lui rend hommage sur sa page Facebook le [10]. Éric Drouet affirme par la suite avoir été contacté par La France insoumise et le Rassemblement national pour figurer sur leur liste aux élections européennes, ce qu'il a refusé[11].

Affaires Judiciaires[modifier | modifier le code]

Le , il est interpellé à Paris en possession d'un bâton de 30 centimètres dans son sac, une « matraque » qui lui vaut d'être convoqué le au tribunal correctionnel pour « participation à un groupement en vue de commettre des violences » et « port d'arme prohibé de catégorie D »[12],[2],[13],[14]. Questionné sur l'« arme prohibée », il répond : « En tant que routier on a tous quelque chose pour se défendre, pour se protéger. Il était dans mon sac de travail, avec ma gamelle, et j'avais oublié qu'elle était là. Ce bâton, c'était un souvenir de mon père[13]. » Le , il est relaxé pour le premier chef d'accusation, ayant estimé que c'est son interpellation qui a créé un climat de violence, mais il est condamné à 500 euros d'amende avec sursis pour port d'arme prohibé[12],[15]. Il fait appel de cette condamnation et se voit relaxé en septembre 2020[3].

Il est à nouveau interpellé le et placé en garde à vue alors qu'il est l'initiateur d'un attroupement sur les Champs-Élysées en hommage à ceux qu'il considère comme victimes des violences policières durant les opérations de maintien de l'ordre public survenues lors des manifestations de Gilets jaunes. Il est jugé le pour « organisation d'une manifestation sans déclaration préalable »[16],[17]. À la suite de cette interpellation, en , une polémique naît quant à une éventuelle manipulation préméditée par Éric Drouet, qui aurait volontairement organisé l'événement sur les Champs-Élysées et enfreint la loi, dans le but de se faire arrêter et réaliser ainsi un coup médiatique[16] ; il semble le reconnaître dans une vidéo postée puis supprimée le [2].

Le 29 mars 2019, Éric Drouet est condamné à 2 000 euros d'amende dont 500 avec sursis pour avoir organisé – ce qu'il conteste – les manifestations non-déclarées du 22 décembre 2018 et du 2 janvier 2019. Mais, finalement, Éric Drouet est relaxé en en appel[3].

La même année, il est condamné à cinq mois de prison avec sursis pour avoir frappé son beau-fils de 13 ans alors que ce dernier se disputait avec sa mère. L'adolescent avait alors reçu quatre jours d'incapacité totale de travail. Éric Drouet reconnaît les faits, tout en affirmant qu'il considère comme une valeur essentielle le respect des enfants pour leurs parents[18],[19],[20].

Critiques et polémiques[modifier | modifier le code]

Intentions insurrectionnelles[modifier | modifier le code]

Le , il déclare sur BFM TV être prêt à « entrer [à l'Élysée] », ce qui est largement interprété comme un appel à prendre par la force le siège de la présidence de la République, ce dont il se défend : « Je vois un peu tout ce qui se dit sur mon sujet à la télé, que je serais un anarchiste ou je ne sais quoi. Je veux remettre les choses au clair : je n'ai jamais dit que je voulais aller à l'Élysée pour tout casser, mais pour se faire entendre »[2].

Le , il relaie un communiqué lançant un « appel au soulèvement » à la suite de l'éborgnement dont a été victime Jérôme Rodrigues au cours d'une manifestation des Gilets jaunes à Paris ce même jour. Cet appel est critiqué par Christophe Castaner, ministre de l'Intérieur, qui y voit une incitation à l’insurrection[2].

Rapports avec les médias[modifier | modifier le code]

Éric Drouet est l'invité de plusieurs médias traditionnels, puis contestant leur objectivité dans le traitement du mouvement, rompt l'essentiel de ses contacts, notamment avec France Info dès [2], pour privilégier des interventions sur Brut, RT et auprès du journaliste controversé Vincent Lapierre[21]. Le , il intervient néanmoins dans l'émission Les Grandes Gueules, diffusée sur RMC et RMC Story[22].

Tensions avec d'autres personnalités du mouvement des Gilets jaunes[modifier | modifier le code]

À plusieurs reprises des membres et « figures » du mouvement se sont opposés aux positions prises par Éric Drouet. En , Priscillia Ludosky a déclaré vouloir rompre sa collaboration avec lui[23], avant de renouer début février. Selon Europe 1, Éric Drouet fait partie de la « frange radicale », ceux qui veulent aller plus loin, en manifestant par exemple la nuit pour fatiguer les forces de l'ordre, et dont l'objectif final est le renversement du gouvernement. Fin , ces « purs et durs » ne sont pas d'accord avec les modérés sur la suite à donner au mouvement de contestation[24].

Cagnotte en faveur des blessés[modifier | modifier le code]

Début , Éric Drouet lance une cagnotte PayPal pour lever des dons en faveur des blessés lors des manifestations du mouvement des Gilets jaunes. Cette initiative est critiquée par d'autres membres du mouvement, qui s’interrogent sur la répartition de l'argent allant être collecté[2].

Orthographe[modifier | modifier le code]

Éric Drouet est souvent critiqué et moqué en raison des nombreuses fautes d'orthographe et de grammaire qu'il commet dans la rédaction des messages qu'il poste sur Facebook[25]. Ces railleries sont considérées par le journaliste Vincent Glad comme l'expression d'un « mépris social » visant à « exclure les classes populaires de l’espace politique légitime »[26].

En conséquence, d'après le maître de conférences Christophe Benzitoun, les lecteurs adoptent deux attitudes différentes : « Il y a des groupes sociaux que ça ne dérange pas. En revanche, d’autres groupes vont estimer que le message est illisible et vont refuser de le lire jusqu’au bout »[25].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Perrine Storme, « Éric Drouet est-il un leader ? (1/2) », BFM TV, .
  2. a b c d e f g h i j k l m n et o Kocila Makdeche, « Enquête France Info. Du tuning aux « gilets jaunes », comment Éric Drouet est devenu le « premier opposant à Emmanuel Macron » », France Info, .
  3. a b et c « Manifestations de gilets jaunes: Éric Drouet relaxé en appel », sur huffingtonpost.fr, (consulté le ).
  4. « Seine-et-Marne. Le domicile et la voiture de la figure des Gilets jaunes Eric Drouet dégradés pendant la nuit à Melun », sur actu.fr (consulté le )
  5. « Gilets jaunes : Éric Drouet abandonne le mouvement », sur lepoint.fr, Le Point, 25-26 janvier 2020 (consulté le ).
  6. Stanislas Poyet, « Que sont devenus les meneurs des «gilets jaunes» ? », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
  7. a b et c « Gilets jaunes : Eric Drouet se déclare candidat à la présidentielle de 2022 », Midi libre, (consulté le ).
  8. Louis Nadau, « « Éric Drouet, gilet jaune et électeur du FN » : récit d'une hallucination politico-médiatique », Marianne,‎ (lire en ligne).
  9. Valentine Pasquesoone, « Chaos total », « remplacement des peuples » : trois questions sur le pacte de Marrakech, qui affole certains « gilets jaunes », sur France Info, .
  10. « Mélenchon exprime sa « fascination » pour le « gilet jaune » Éric Drouet », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  11. « Éric Drouet affirme avoir été approché par Mélenchon et le RN (vidéo) », France-Soir, (version du sur Internet Archive).
  12. a et b « Éric Drouet condamné à 500 euros d'amende avec sursis pour « port d'arme prohibé » », sur LCI, (consulté le ).
  13. a et b « Procès d’Eric Drouet : était-ce une matraque ou un bâton ? », L'Obs, .
  14. « Gilets jaunes : Éric Drouet, adulé par les uns, honni par les autres », Le Point, (consulté le )
  15. « Gilets jaunes : Éric Drouet condamné pour sa « matraque » mais relaxé pour « groupement en vue de violences » », sur Europe 1, (consulté le ).
  16. a et b Michaël Bloch, « Éric Drouet : le Gilet jaune avait prévu de se faire arrêter », Le Journal du dimanche,‎ (lire en ligne)
  17. « Récit d'audience: le drôle de procès d'Eric Drouet », sur LExpress.fr, (consulté le )
  18. « « Gilets jaunes » : Éric Drouet condamné pour avoir frappé son beau-fils », sur rtl.fr (consulté le ).
  19. Mélanie Vecchio, Rym Bey et Hugo Septier, « L'ancien gilet jaune Éric Drouet en comparution immédiate ce mercredi pour violences sur mineur », sur bfmtv.com, BFM TV, (consulté le ).
  20. Catherine Unac, « L'ancien « gilet jaune » Éric Drouet en comparution immédiate ce mercredi pour violences sur mineur », Midi libre, 19-20 mai 2020 (consulté le ).
  21. Kocila Makdeche, « Hommages à Chavez, brouille avec Alain Soral et Quenelles d'or : le parcours sinueux de Vincent Lapierre, le reporter star chez les « gilets jaunes » », sur France Info, .
  22. « « Gilets jaunes » : Éric Drouet est l'invité exceptionnel des « Grandes Gueules » sur RMC », sur BFM TV, .
  23. Yannick Vely, « « Gilets jaunes » : rien ne va plus entre Priscilla Ludosky et Éric Drouet », Paris Match,‎ (lire en ligne)
  24. « Ludosky, Mouraud, Nicolle… Les figures des « gilets jaunes » plus divisées que jamais », sur Europe 1, (consulté le ).
  25. a et b Frédéric Jacq, « Gilets jaunes. Une polémique sur les fautes d’orthographe exagérée ? », Le Télégramme,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  26. Vincent Glad, « Gilets jaunes : mon courrier des lecteurs est rempli de mépris social », Libération, (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]