Église de la Panagía Pantánassa

Panagía Pantánassa
Image illustrative de l’article Église de la Panagía Pantánassa
Vue de l'église depuis le sud-ouest
Présentation
Nom local Εκκλησία της Παναγίας Παντανάσσης
Culte Christianisme orthodoxe
Dédicataire Marie
Type Église
Fin des travaux Vers le Xe siècle (incertain)
Autres campagnes de travaux Rénovations : XVe siècle, début du XVIIe et fin du XIXe siècle
Clocher : début du XXe siècle
Restauration : fin du XXe siècle
Style dominant Byzantin, plan basilical à trois vaisseaux
Protection Bâtiment protégé en Grèce
Site archéologique de Grèce
Géographie
Pays Drapeau de la Grèce Grèce
Région Attique
Ville Athènes
Coordonnées 37° 58′ 35″ nord, 23° 43′ 34″ est

Carte

L’église de la Panagía Pantánassa (en grec moderne : Εκκλησία της Παναγίας Παντανάσσης, « église de la Vierge Souveraine »), ou simplement Pantánassa (Παντάνασσα), est un édifice religieux byzantin dédié à la Dormition de Marie situé sur la place Monastiráki, dans le centre historique d'Athènes.

Histoire[modifier | modifier le code]

Une origine pour le moins incertaine[modifier | modifier le code]

Plusieurs hypothèses de datation de l'église originelle existent[1]. D'après la maçonnerie et les ressemblances architecturales des voûtes avec d'autres basiliques athéniennes, Geórgios Sotiríou (el) fait remonter le monument initial aux VIIe – VIIIe siècles[1], tandis que l'historien de l'art Oskar Wulff défend une origine des VIIIe – IXe siècles[2]. Anastásios Orlándos et Andréas Xyngópoulos (el) datent quant à eux l'édifice primitif du Xe siècle[3], alors que Gabriel Millet opte pour l'hypothèse des XIe – XIIe siècles en se conformant à l'observation des chapiteaux[2],[4].

Récusant une datation aussi lointaine, John Freely souligne le manque de preuves historiques et architecturales en dehors de la tradition orale[5]. À l'occasion de fouilles, le Ier Éphorat des antiquités byzantines a mis au jour des vestiges de deux phases architecturales de la période intermédiaire (el) (843-1204), plusieurs tombes[6], ainsi qu'une mosaïque du Ve siècle[7]. Il apparaît toutefois difficile de retracer avec certitude la vocation des vestiges découverts.

De multiples rénovations[modifier | modifier le code]

Durant la période franque du duché d'Athènes (1205-1311), le lieu constitua une dépendance du monastère d'hommes de Kaisarianí[2]. Au XVe siècle, une église post-byzantine au toit en bois est érigée sur les ruines des précédents édifices[8].

Au début du XVIIe siècle, une nouvelle structure relativement proche de l'église actuelle est vraisemblablement érigée[9], empruntant à l'architecture ottomane certains éléments de conception des voûtes[10],[11]. En 1678, un sigillion (en) du Patriarche Dionysios IV de Constantinople mentionne le lieu comme katholicon du « Grand monastère » (Μεγάλο Μοναστήρι)[2] de femmes, propriété de Nicolas Bonefaci[11]. L'institution monastique tirait sa renommée du tissage[8] et les nombreux magasins qu'elle possédait dans la zone lui garantissaient des richesses considérables[12]. À partir de 1690, l'église principale du monastère devint église paroissiale au même titre que le monastère de Kaisarianí[2].

Des fouilles furent conduites vers 1885, ce qui entraina la démolition des nombreux bâtiments qui formaient le complexe monastique[12]. Une décennie plus tard, l'inauguration de la gare de Monastiráki participa également au bouleversement du monastère en déclin depuis l'indépendance grecque[12],[13]. Jadis « Grand monastère », l'institution prit peu à peu le nom populaire actuel de « Petit monastère » (Μοναστηράκι)[2], qui désigne aussi par extension le quartier environnant[8]. L'église fut une nouvelle fois rénovée en 1890[12]. En 1907, des travaux d'aménagement de la place[14] donnèrent à l'endroit une physionomie plus proche des espaces publics actuels. Enfin, en 1911, sous la direction de l'architecte Ioánnis Kolliniátis[15], un nouveau clocher néoclassique remplaça le précédent[12],[16].

Ces multiples rénovations modernes furent toutefois atténuées par des opérations de restauration, menées à la fin du siècle dernier, afin de redonner à l'édifice l'aspect qu'il devait présenter au XVIIe siècle[17]. Bien que décrié, le clocher néoclassique observable de nos jours fut préservé[17],[18]. Les dommages causés par le séisme de 1999 (en) et le chantier de la ligne 3 du métro d'Athènes inaugurée en 2003 entrainèrent la fermeture du lieu pendant 12 ans pour travaux. L'église rouvrit au culte en 2011[19].

Personnalités liées au lieu[modifier | modifier le code]

L'église de la Panagía Pantánassa est associée à plusieurs personnages notables. Vers 912, Luc de Steirion (en), fondateur du monastère d’Ósios Loukás plusieurs décennies plus tard, y aurait pris l'habit monacal de novice à l'âge de 15 ans[20],[21]. Des siècles plus tard, vers 1551, sainte Philothée d'Athènes y aurait aussi été faite religieuse par le métropolite d'Athènes Kallistos[22]. Nectaire d'Égine, l'un des saints les plus populaires de l'Église grecque, y officia comme diacre entre 1881 et 1885[12],[23]. L'écrivain Aléxandros Papadiamándis et son cousin Aléxandros Moraïtídis (el) fréquentèrent également l'église[12],[24].

Architecture et décoration[modifier | modifier le code]

L'église actuelle présente un plan basilical avec une nef à trois vaisseaux. Le vaisseau central à la voûte en berceau est séparé des collatéraux aux voûtes d'arêtes par deux rangées de trois colonnes reliées par des arcades[25],[26]. La voûte en berceau occupe tout l'espace intérieur central, de la façade au sanctuaire, et se termine à l'est et à l'ouest par deux conques latérales[10],[11].

Comme d'autres églises byzantines d'Athènes, l'édifice est situé à un niveau inférieur par rapport au sol actuel de la place[18],[27]. Dépourvu de narthex, il mesure 16 × 11,2 m[28] et l'épaisseur des murs varie entre 0,85 et 0,90 m[10]. La maçonnerie extérieure en pierre calcaire[29] intègre de nombreux remplois, notamment des chapiteaux antiques dans les angles[8] et deux tambours de colonne en marbre remontant au IVe siècle av. J.-C.[30].

La décoration intérieure actuelle est constituée de fresques réalisées par Spyrídon Chatzigiannópoulos dans le cadre des rénovations de la fin du XIXe siècle. Certaines icônes de l'iconostase sont l'œuvre de Fótis Kóntoglou[12]. Par ailleurs, le lieu abrite depuis 2015 la copie d'une icône de la Panagía Gorgoepíkoos qui fut possiblement adorée en son sein à l'époque byzantine et qui se trouve actuellement au musée de l'église Saint-Georges du Caire[31].

Galerie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b John Travlos et al., 1965, p. 174 et 175.
  2. a b c d e et f (en) « Byzantine monuments of Attica – Pantanassa, Monastiraki », sur www.byzantineattica.eie.gr (consulté le ).
  3. Selon une autre source, Orlándos tendrait plutôt pour la fin du IXe siècle (John Travlos et al. 1965, p. 175-176).
  4. Andréas Xyngópoulos 1929, p. 61.
  5. John Freely 1991, p. 228.
  6. (en) Archibald Dunn, « Byzantine Greece », British Archaeological Reports, vol. 58,‎ , p. 107-115 (lire en ligne [PDF]), p. 113.
  7. (el) « Παναγίας Παντάνασσας Μοναστηρακίου » [« Panagía Pantánassa de Monastiráki »], sur www.byzantineathens.com (consulté le ).
  8. a b c et d (en) « Follow me… to the Panagia Pantanassa Church (‘Monastiraki’) » [PDF], sur www.followodysseus.culture.gr (consulté le ).
  9. (en) « Panagia Pantanassa in Monastiraki », sur www.greekcitytimes.com, (consulté le ).
  10. a b et c John Travlos et al., 1965, p. 177.
  11. a b et c Raymond Janin 1975, p. 316.
  12. a b c d e f g et h (el) Élena Dákoula, « Βόλτα στην πλατεία Μοναστηρακίου και στην άγνωστη ιστορία της » [« Promenade sur la place Monastiráki et son histoire inconnue »], sur www.athensvoice.gr,‎ (consulté le ).
  13. (el) « Η πλατεία Μοναστηρακίου όταν δεν ήταν πλατεία » [« La place Monastiráki lorsque celle-ci n'était pas une place »], sur lifo.gr,‎ (consulté le ).
  14. (en) Eugenía Drakopoúlou, « British School at Athens research into Byzantine Attica », dans Michael-Llewellyn Smith, Paschalis Kitromilides et Eleni Calligas, Scholars, travels, archives: greek history and culture through the British School at Athens (Actes de la conférence à la Fondation nationale de la recherche, 6-7 octobre 2006, Athènes), Athènes, British School at Athens, , 244 p. (ISBN 978-090-488-760-0, lire en ligne), p. 145-151, p. 145-146.
  15. (el) « Αρχείο Νεωτέρων Μνημείων – Ναός Κοιμήσεως Θεοτόκου ("Παντάνασσα", "Μοναστηράκι") » [« Archives des monuments modernes – Église de la Dormition de la Vierge (Pantánassa, Monastiráki) »], sur www.archaeologia.eie.gr (consulté le ).
  16. Andréas Xyngópoulos 1929, p. 65.
  17. a et b (en) « Pantanassa », sur www.athensattica.com (consulté le ).
  18. a et b (en) Denis Roubien, Creating Modern Athens: A Capital Between East and West, Londres, Taylor & Francis (Routledge), , 144 p. (ISBN 978-1-351-96617-7, lire en ligne), p. 54.
  19. (el) Chará Tzanavára, « Το μοναστήρι έγινε μοναστηράκι » [« Le monastère est devenu petit monastère »], sur www.efsyn.gr,‎ (consulté le ).
  20. (el) Vasilikí Mitropoúlou, Γεωμετρική τεκμηρίωση και χρονολόγηση των Ναών της Ιεράς Μονής του Οσίου Λουκά στο Στείρι της Λιβαδειάς: δημιουργία ιστοσελίδας προσανατολισμένων μνημείων της Ελλάδας [« Documentation géométrique et datation des églises du monastère d'Ósios Loukás à Stíri de Livadiá : création d'un site Internet des monuments orientés de la Grèce »] (mémoire de master de l'université polytechnique nationale d'Athènes), Athènes,‎ , 161 p. (lire en ligne [PDF]), p. 21.
  21. La principale source hagiographique (anonyme, Vie de saint Luc de Steirion, chap. 10) demeure toutefois vague sur la description du monastère athénien. Il apparaît ainsi difficile d'attribuer de manière certaine à la Panagía Pantánassa cet événement de la vie de saint Luc (voir (el) Ioánna Stoufí-Pouliménou, « Παρατηρήσεις στο καθολικό της μονής Αστερίου » [« Remarques sur le katholicon du monastère d'Asteríou »], Bulletin de la Société chrétienne d'archéologie, vol. 30,‎ , p. 109-118 (ISSN 1105-5758, lire en ligne), p. 109).
  22. (el) « Λιτάνευση της εικόνας της Κοιμήσεως της Θεοτόκου στο Μοναστηράκι » [« Procession de l'icône de l'Assomption de la Vierge Marie à Monastiráki »], sur www.eleftherostypos.gr,‎ (consulté le ).
  23. (el) Eléni Bístika, « Τάμα στη Μεγαλόχαρη για τη σωτηρία της Παντάνασσας στο Μοναστηράκι » [« Offrandes à la Vierge pour le salut de la Pantánassa à Monastiráki »], sur www.kathimerini.gr,‎ (consulté le ).
  24. (el) Chrístos Tsapakídis, « Οι atenistas μας ξενάγησαν στην Αθήνα των βυζαντινών χρόνων » [« Les athenistas nous ont fait visiter Athènes à l'époque byzantine »], sur www.protothema.gr,‎ (consulté le ).
  25. John Travlos et al., 1965, p. 172 et 177.
  26. John Freely mentionne lui quatre colonnes par rangée, intégrant probablement dans le comptage le pilier du sanctuaire (John Freely 1991, p. 229).
  27. (el) Karabátsos Thanásis, « Μεγάλη Εβδομάδα στη βυζαντινή Αθήνα » [« Semaine sainte dans l'Athènes byzantine »], sur www.tovima.gr,‎ (consulté le ).
  28. John Travlos et al., 1965, p. 173.
  29. (en) George Kontokostas, Asimina Antonarakou, Marisa Fountopoulou et Chara Drinia, « Urban geology: educational proposal for Geoscience. A case study from the inner city of Athens, Greece. », Bulletin of the Geological Society of Greece, vol. 56, no 1,‎ , p. 133-146 (ISSN 2529-1718, lire en ligne), p. 141.
  30. Jean Bousquet, « Delphes et les Aglaurides d'Athènes », Bulletin de correspondance hellénique, vol. 88, no 2,‎ , p. 655-675 (lire en ligne), p. 667.
  31. Ioannis Vitaliotis, « L’icône de la Vierge Gorgoépékoos au Vieux-Caire et l’archéologie de l’Athènes byzantine », dans Helen Saradi et Ekaterini Dellaporta (eds.), Actes de la conférence « Athènes byzantine », 21-23 octobre 2016, Athènes, , 403 p. (ISBN 978-960-386-492-9, lire en ligne), p. 361-377, p. 375.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (el) Dimítrios Kaboúroglou, Ιστορία των Αθηναίων [« Histoire des Athéniens »], t. II, Athènes, Pelekanos Books,‎ (1re éd. 1890), 331 p. (ISBN 978-960-400-680-9, lire en ligne), p. 280-281. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • (en) John Freely, Strolling through Athens: Fourteen Unforgettable Walks through Europe's Oldest City, Londres, Penguin Books, , 363 p. (ISBN 9780140126501), p. 228-229. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • Raymond Janin, Les Eglises et les monastères des grands centres byzantins : Bithynie, Hellespont, Latros, Galèsios, Trébizonde, Athènes, Thessalonique, Paris, Institut français d'études byzantines, , 492 p. (ISBN 90-429-3119-1). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • (en) John Travlos, Edward W. Bodnar et Alison Frantz, « The Church of St. Dionysios the Areopagite and the Palace of the Archbishop of Athens in the 16th Century », Hesperia: The Journal of the American School of Classical Studies at Athens, vol. 34, no 3,‎ , p. 157-202. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • (el) Andréas Xyngópoulos (el), « Τα βυζαντινά και τουρκικά μνημεία των Αθηνών [« Les monuments byzantins et ottomans d'Athènes »] », dans Konstantínos Kourouniótis et Geórgios Sotiríou (el) (eds.), Ευρετήριον των μνημείων της Ελλάδος [« Index des monuments de Grèce »], t. 2,‎ , 230 p. (lire en ligne), p. 59–122. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article