Zhou Yongkang

Zhou Yongkang
周永康
Illustration.
Fonctions
Membre du Comité permanent du 17e Politburo du Parti communiste chinois

(5 ans et 30 jours)
Président Hu Jintao
Premier ministre Wen Jiabao
Prédécesseur Luo Gan
Successeur Meng Jianzhu
Ministre de la Sécurité publique

(4 ans et 10 mois)
Premier ministre Wen Jiabao
Prédécesseur Jia Chunwang
Successeur Meng Jianzhu
Ministre du Territoire et des Ressources naturelles

(1 an)
Premier ministre Zhu Rongji
Successeur Tian Fengshan
Biographie
Date de naissance (81 ans)
Lieu de naissance Wuxi (Jiangsu)
Nationalité Chinoise
Parti politique Parti communiste chinois (1964-2014)
Conjoint Wang Shuhua (jusqu'à 2001)
Jia Xiaoye (depuis 2001)
Enfants Zhou Bin
Zhou Han
Diplômé de Université de Chine du pétrole

Zhou Yongkang
Membre du Bureau politique du 17e Comité central du PCC

Zhou Yongkang (周永康) (Xu Yongyue), né le à Wuxi dans la province de Jiangsu, est un homme politique chinois. PDG du géant pétrolier CNPC, responsable de la sécurité d'État, il est un ancien membre du Comité permanent du bureau politique du Parti communiste chinois. Il est ministre de la Sécurité publique de la république populaire de 2002 à 2007. Il est membre du Conseil des affaires de l'État. Il était maire de la ville de Panjin, de 1983 à 1985.

Zhou Yongkang est arrêté en 2014, puis condamné à la prison à vie lors d'un procès à huis clos.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance, études et carrière d'ingénieur[modifier | modifier le code]

Zhou Yongkang naît en 1942. D'abord prénommé « Yuangen », il est renommé « Zhou » par un instituteur pour éviter une confusion avec un élève homonyme. Issu d'une famille modeste (son père est pêcheur d'anguilles), il grandit loin des « princes rouges » qu'il va côtoyer durant sa carrière politique[1]. Il fait ses études au département d'exploration de l'Institut du pétrole de Beijing, spécialisé en exploration géophysique de 1961 à 1966. Il travaille comme ingénieur supérieur au rang équivalent à celui de professeur : comme technicien de l'équipe d'étude géologique de l'usine no 673 (de 1967 à 1970), comme technicien et secrétaire de la cellule du Parti et dirigeant de la brigade du bureau régional du commandement de la campagne d'exploration de pétrole de Liaohe (de 1970 à 1973).

Carrière ministérielle et politique[modifier | modifier le code]

Il adhère au PCC en [1]. De 1976 à 1979, il est directeur adjoint du Département politique du BEPL. De 1979 à 1983, il est directeur général adjoint du BEPL et également secrétaire du Parti du centre de forage du BEPL, secrétaire du Parti et également commandant du Centre d'exploration géophysique du BEPL. De 1983 à 1985, il devient directeur général et secrétaire adjoint du PCC du BEPL, et secrétaire adjoint du PCC et maire de Panjin, dans la province du Liaoning[2].

De 1985 à 1988, il est vice-ministre au ministère de l'Industrie pétrolière et membre de l'équipe dirigeante du PCC du ministère. De 1988 à 1996, il est directeur général adjoint et secrétaire adjoint de l'équipe dirigeante du PCC de China National Petroleum and Natural Gas Corporation. De 1996 à 1998, il est directeur général et secrétaire de groupe dirigeant du PCC de China National Petroleum and Natural Gas Corporation[3].

De 1998 à 1999, il est ministre et secrétaire du groupe dirigeant du PCC du Territoire et des Ressources naturelles. De 1999 à 2002, il est secrétaire du Comité du PCC pour la province du Sichuan. De 2002 à 2003, il est membre du bureau politique et membre du secrétariat du Comité central du PCC, secrétaire adjoint du Comité des Affaires politiques et législatives du Comité central du PCC, ministre de la Sécurité publique et secrétaire du groupe dirigeant du Parti du ministère.

À la fin des années 1990, il est mis en accusation pour une affaire de corruption par les députés de l'Assemblée nationale populaire et quelque temps démis de ses fonctions[1].

De 2003 à 2007, membre du Bureau politique et membre du secrétariat du Comité central du PCC, conseiller d'État et membre du groupe dirigeant du PCC du Conseil des Affaires d'État, secrétaire adjoint du Comité des Affaires politiques et législatives du Comité central du PCC, et ministre de la Sécurité publique (à partir de 2002) et secrétaire du groupe dirigeant du Parti du ministère.

À la tête du ministère de la Sécurité publique, il exerce une influence importante, l'amenant à être comparé à Kang Sheng, le chef des services secrets de Mao Zedong. Il est proche de la « bande de Shanghai », un cercle d'influence rassemblée autour de l'ancien président Jiang Zemin, dont il a épousé la nièce, une journaliste de télévision, en 2001. Il exerce également une diplomatie parallèle en multipliant les rencontres avec ses homologues ministériels des grandes puissances mondiales[1].

À partir d', il est membre du Comité permanent du Bureau politique du Comité central du PCC, conseiller d'État et membre du groupe dirigeant du PCC du Conseil des Affaires d'État, et secrétaire adjoint du Comité des Affaires politiques et législatives du Comité central du PCC.

Il prépare l'organisation de la sécurité des Jeux olympiques d'été de 2008 qui se tiennent à Pékin, devant toutefois collaborer avec le Guoanbu dirigé par Geng Huichang[1].

En 2011, il obtient d'importants crédits pour financer les forces sécuritaires sous son autorité. Il agite alors la peur d'une contagion du Printemps arabe dans le pays pour arriver à ses fins. Une partie des fonds disparaît dans des circuits financiers dont il est le bénéficiaire. Après sa chute en 2013, 12 milliards d'euros seront retrouvés chez lui et ses alliés[1].

Il est membre du 16e Politburo et du 17e et n'est pas reconduit dans le suivant, en 2012[4].

Enquêtes pour corruption[modifier | modifier le code]

En , le gouvernement chinois ouvre une enquête pour corruption à l'encontre de Zhou Yongkang ; elle coïncide avec le procès mené contre Bo Xilai, l'un de ses proches. Elle entre dans le cadre de la campagne anti-corruption menée par le nouveau président Xi Jinping, qui avait déclaré lors de son arrivée qu'elle viserait « aussi bien les tigres que les mouches », à savoir des personnalités politiques importantes. Si la procédure se poursuit, il s'agirait de la première inculpation d'un membre du Politburo (la plus haute instance dirigeante du pays) depuis la révolution culturelle[5].

Jiang Jiemin ou Li Dongsheng, des proches de Zhou, sont « placés sous enquête » dans des affaires de corruption[6]. De même, Li Chongxi (en), un autre de ses protégés, président du Comité de la conférence consultative politique du peuple chinois pour la province du Sichuan, est placé sous enquête en [7].

Cette lutte anti-corruption sert aussi des intérêts politiques. Jiang Jiemin, comme la majorité des responsables incriminés, est un proche de Zhou ; lui-même étant considéré comme un proche de Bo Xilai[8]. Zhou Yongkang serait le seul dirigeant du Politburo à s'être opposé à la mise à l'écart de Bo Xilai[3]. Divers observateurs considèrent que la campagne anticorruption permet à Xi Jinping d'éliminer certains opposants politiques[9].

En , le New York Times annonce la mise en résidence surveillée de Zhou Yongkang et de sa femme[10].

Le dissident Qin Yongmin se félicite de l'arrestation de Zhou Yongkang, qu'il considère comme le premier responsable de la répression contre les dissidents chinois[11].

Les autorités chinoises auraient saisi 90 milliards de yuans d'actifs[12] soit 10,5 milliards d'euros chez des proches de Zhou Yongkang, 300 d'entre eux auraient été arrêtés[13]. Ainsi, outre Jiang Jiemin ou Li Dongsheng, son propre frère Zhou Yuanqing et son épouse ont été arrêtés en [14].

Le , une enquête a été ouverte sur Zhou Yongkang, il est accusé de « violations graves de la discipline », formule désignant habituellement des faits de corruption[15].

Le , Zhou Yongkang est arrêté et exclu du PCC. Il sera traduit en justice. Au préalable, selon la terminologie du Parti, Xi Jinping lui a « arraché les dents et les griffes » à savoir éradiquer ses soutiens en particulier dans l'appareil d'État[16]. Le lendemain, Xinhua annonce que Zhou Yongkang était exclu du Parti pour « corruption, comportement immoral, divulgation de secrets d’État et violation de la discipline du parti en matière d’organisation et de confidentialité »[17]. En , Ma Jian, un de ses proches, est arrêté après des accusations de corruption[18].

Le , il est condamné à la prison à perpétuité pour « recel de corruption, abus de pouvoir, et révélation intentionnelle de secrets d’État » par un tribunal de Tianjin, à l'issue d'un procès s'étant déroulé à huis-clos[19].

Famille[modifier | modifier le code]

Zhou Yongkang est marié à Jia Xiaoye, une ancienne présentatrice de la CCTV, de 28 ans sa cadette[20]. Sa première femme est décédée, dans des circonstances suspectes, lors d'un accident de voiture[21].

Son fils, Zhou Bin, né en 1972, est chargé des affaires familiales. Il est soupçonné de détournement de dizaines de millions d’euros. Il posséderait dix-huit propriétés à Pékin dont une estimée à vingt-cinq millions d’euros et de nombreux comptes bancaires à l’étranger[22].

À la suite de la condamnation de Zhou Yongkang, sa femme et son fils Zhou Bin sont condamnés à 9 et 18 ans de prison pour corruption. Son fils doit payer une amende de 47 millions d'euros et ses biens « illégalement acquis » lui sont retirés[23].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Pin Ho et Wenguang Huang, Coup d'état à Pékin, trad. de Georges Liebert, Slatkine & Cie, 2017.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e et f Roger Faligot, « Le complot des tigres », Vanity Fair no 22, avril 2015, pages 142-149 et 194-196.
  2. « Repères. Chine. Corruption », Libération, 2 avril 2014.
  3. a et b Régis Soubrouillard, « Zhou Yongkang, le « Beria » chinois victime d'une purge », Marianne, 17 décembre 2013.
  4. Biographie sur China Vitæ.
  5. Patrick Saint-Paul, Chine : un autre "tigre" menacé par la campagne anti-corruption, in Le Figaro, samedi 31 août / dimanche 1er septembre 2013, page 7.
  6. « Chine : Zhou Yongkang entraîné dans la chute du prince rouge », Libération, 2 septembre 2013.
  7. « Chine : l'étau se resserre autour de l'ex-ministre de la Sécurité publique », RFI, 30 décembre 2013.
  8. « Soupçons de corruption autour de l’ex-patron de la China National Petroleum » RFI, septembre 2013.
  9. « En Chine, le très puissant Zhou Yongkang tombe pour corruption », Le Monde, 24 juillet 2014 « En ordonnant une enquête à l'encontre de M. Zhou, le président chinois brise une règle tacite voulant que les membres du comité permanent du politburo ne soient pas inquiétés même après leur retraite, et étaye les soupçons de nombreux observateurs selon lesquels la campagne anticorruption qu'il a lancée lui sert aussi à éliminer ses adversaires politiques. »
  10. Jonathan Ansfield et Chris Buckley, « China Focusing Graft Inquiry on Ex-Official » New York Times, 15 décembre 2013.
  11. « Lettre ouverte d'un dissident chinois pour « la protection des droits de l’homme » dans son pays », Église d'Asie, 11 mars 2014 « À ce titre, la Lettre se félicite de la sanction prise par le Parti à l’encontre du membre du Politburo et chef de la Sécurité publique, Zhou Yongkang, auquel Qin Yongmin attribue la plus grande part des responsabilités dans le durcissement du régime et la répression de toute dissidence. »
  12. China seizes $US14.5bn « China: assets linked to ex-spy chief Zhou Yongkang - report », The Guardian, 30 mars 2014.
  13. « Pékin saisit €10,5 milliards d'actifs dans le dossier Zhou », Capital.fr, mars 2014.
  14. « Chine : le frère de l'ex-chef des services de sécurité arrêté », Le Monde, 3 mars 2014.
  15. : « Chine : ouverture d’une enquête sur Zhou Yongkang, ex-patron de la sécurité », Libération, 29 juillet 2014.
  16. « Chine : le président Xi obtient la tête de l'ancien tsar de la sécurité », Le Figaro, 6 décembre 2014.
  17. François Danjou, « Coup d’État à Pékin. Sexe, meurtre et corruption en Chine », questionchine.net, 22 mai 2017.
  18. « Le patron de l’espionnage chinois tombe pour corruption », Le Monde, 14 janvier 2015.
  19. « Zhou Yongkang, l’ex-tsar de la Sécurité chinoise, condamné en secret à la perpétuité » (consulté le ).
  20. « Le numéro trois de la police chinoise tombe pour corruption », Le Monde, 21 décembre 2013.
  21. François Danjou, « Zhou Yongkang, la chute », QuestionChine.net, 15 décembre 2013.
  22. « Repères. Chine. Corruption », Libération.fr, 2 septembre 2013.
  23. « Chine : le fils et la femme de Zhou Yongkang condamnés pour corruption », RFI, 16 juin 2016 « En Chine, les procès pour corruption se suivent et se ressemblent : cette fois ce sont la femme et le fils de Zhou Yongkang, l’ancien et tout puissant chef de la sécurité intérieure chinoise, qui ont écopé respectivement de 9 et 18 ans de prison. Zhou Yongkang avait lui-même été condamné l’an dernier à la prison à vie, lors d’un procès tenu secret ».

Liens externes[modifier | modifier le code]