Zandé (peuple)

Zandé
Description de cette image, également commentée ci-après
Azandé avec boucliers et harpe (1880)

Populations importantes par région
Drapeau de la république démocratique du Congo République démocratique du Congo 2 061 000
Drapeau du Soudan du Sud Soudan du Sud 1 040 000
Drapeau de la République centrafricaine République centrafricaine 96 500
Population totale 3,8 millions (fin du XXe siècle[1])
Autres
Langues Pazande
Religions Christianisme, animisme
Ethnies liées Bangalas, Nzakara, Mangbetu

Zandé est le nom d'un peuple d'Afrique centrale, vivant principalement en République démocratique du Congo, sur le Haut Congo, dans l'ouest du Soudan du Sud⁣⁣, autour des rives de l'Uelé, ainsi qu'en République centrafricaine[2].

Ethnonymie[modifier | modifier le code]

L'endonyme « Zandé » (pluriel « Azandé »)[3] signifie « qui possède beaucoup de terre », et se rapporte à l'histoire du peuple zandé, conquérant et guerrier. L'exonyme « Niam-Niam » signifie « grands mangeurs » en dinka et se rapporte à la réputation de cannibales sur laquelle les Azandé ont joué pour terroriser leurs ennemis et conquérir des territoires. Cet ethnonyme, largement utilisé par les Occidentaux (en particulier Britanniques et Français) au début du XXe siècle, est aujourd'hui tombé en désuétude en raison de son caractère péjoratif[4]. Il subsiste néanmoins au travers de la langue turque et du mot Yamyam (« cannibale »)[5].

Selon les sources et le contexte, on observe de multiples variantes des noms Zandé et Niam-Niam : A-Zandeh, Asande, Azande, Azandé, Azandés, Azanga Bazenda, Bazande, Baazande, Wazande Mozandé Niam-Niam, NiamNiam, Nyam-Nyam, NyamNyam, Sande, Zande, Zandé, Sandeh, Zandeh, Zandés[6].

Origine[modifier | modifier le code]

L'origine du peuple Zandé reste hypothétique, car il ne s'agit pas d'un peuple proprement dit, mais plutôt d'un groupe de tribus vaincues par des guerriers venus du Lac Tchad qui, par chaque passage dans un territoire, imposent leur langue, coutumes et cultures aux tribus qui les adoptent[7]. Selon le géographe français Paul Pollacchi, les Zandé sont de race chamitique[8].

Histoire[modifier | modifier le code]

Selon l'ingénieur et ethnologue Adolphe de Calonne-Beaufaict[9] ayant vécu en Uélé (1881 - mort au Congo en 1915)[10], les Zande Avungura (ou encore Avungara) sont les descendants de Gura qui aurait régné de 1755 à 1780 ; les plus importants d'entre eux sont Tombo et Mabenge. De Tombo descendent les Zande Amokuma, Abèli ou Avuru Kipa et Embili. De Mabenge viennent les Zande Ambomu, Anunga et Auro. Les Zande Amokuna sont sur la Bima en territoire de Bambesa, chefferie Mange.

Les Zande Abèli ou Avuru Kipa, sont sur le Bomokandi en territoire de Poko, la chefferie Avuru Bakenga et en territoire de Niangara, les chefferies Boemi et Manziga. Les Zande Embili sont en territoire d'Ango, chefferie Ezo.

Les Zande Ambomu, venus du Bomu, occupent maintenant l'est du pays zande soit le territoire de Dungu et comprennent les chefferies Wando, [Malingindo] et Doruma dont les chefs en 1959 étaient pour la chefferie Wando le chef Dekpe, fils de [Ngilima], petit-fils de [Ranzi], arrière-petit-fils de Wando, pour la chefferie [Malingindo] comprenant l'ex-chefferie Dika et l'ex-chefferie [Malingindo] le chef Sadi, fils de Dika, petit-fils de Bagboro, arrière-petit-fils de [Malingindo], pour la chefferie Doruma le chef Ukwatutu, fils de [Yakpati], petit-fils de Doruma, arrière-petit-fils d'Ezo. Les Zande Anunga sont en territoire d'Ango, chefferies Mopoy et Sasa. Les Zande Auro ou Avuru Nindu sont également en territoire d'Ango, chefferie Gindu.

Les Zande Bandia ou Abandya sont en territoire de Bondo, chefferies Bamange, Boso, Deni, Duaru, Gaya, Goa, Kasa, Mobenge-Mondila, et Soa, en territoire de Buta, chefferie Nguru et en territoire d'Aketi, chefferies Avuru Gatanga et Avuru Duma.

Langue[modifier | modifier le code]

Les Zande parlent le Pazande, dont le nombre de locuteurs a été estimé à 1 142 000[11].

Culture[modifier | modifier le code]

Leurs croyances tournent la plupart du temps autour de la magie, des oracles et de la sorcellerie. Ils pensent que la sorcellerie est une substance héritée dans le ventre qui vit une vie assez autonome, exécutant la mauvaise magie sur les ennemis des personnes. Une sorcière peut parfois être ignorante de ses pouvoirs et peut accidentellement frapper les personnes à qui elle ne souhaite aucun mal. Puisque cette substance est toujours présente, il existe plusieurs rituels reliés à la protection et à l'annulation de la sorcellerie, effectués presque quotidiennement. Les oracles sont une manière de déterminer d'où la sorcellerie suspectée vient et ils étaient pendant longtemps l'autorité légale, celle disant comment répondre aux menaces[12].

Edward Evan Evans-Pritchard a effectué une enquête de terrain en milieu Zandé de 1926 à 1930, y consacrant sa thèse, soutenue en 1927, puis plusieurs ouvrages, dont un sur Sorcellerie, oracles et magie. Quarante ans après son enquête, un article sur l'homosexualité institutionnelle zande (alors disparue, mais que ses informateurs lui avaient rapporté), dans laquelle « les hommes célibataires des compagnies militaires de la cour royale prenaient provisoirement pour "épouses" de jeunes garçons en raison de la difficulté d’accès aux femmes »[13]. Il lui oppose l'homosexualité féminine, réprimée, car elles sont associées à la sorcellerie[13].

Iconographie[modifier | modifier le code]

Les Zandé ont été photographiés notamment au XIXe siècle par l'explorateur autrichien Richard Buchta[17].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « Zande », sur Encyclopædia Britannica Online (consulté le )
  2. « ZANDÉ ou AZANDÉ - Encyclopædia Universalis », sur www.universalis.fr (consulté le )
  3. R. P. G. Van Bulck, Orthographie des noms ethniques au Congo Belge, Institut Royal Colonial Belge, 1954 (lire en ligne, consulté le 15 avril 2023), p. 9
  4. (en) Robert S. Kramer, Richard A. Lobban Jr. (en) et Carolyn Fluehr-Lobban (en), Historical dictionary of the Sudan, Lanham, Scarecrow Press, coll. « Historical dictionaries of Africa », , 4e éd., 546 p. (ISBN 978-0-8108-6180-0 et 978-0-8108-7940-9, lire en ligne), p. 319
  5. (tr) « Yamyam Ne Demek, Tdk Sözlük Anlamı Nedir? Yamyam Kime Denir? », Milliyet, (consulté le )
  6. Source RAMEAU, BnF [1]
  7. « ZANDÉ ou AZANDÉ - Encyclopædia Universalis », sur www.universalis.fr (consulté le )
  8. Paul Pollacchi, Atlas colonial français, Paris, L'Illustration, , 318 p. (lire en ligne), PL. 4
  9. « de Calonne-Beaufaict, Adolphe »
  10. « de Calonne-Beaufaict, Adolphe | AfricaMuseum - Archives », sur archives.africamuseum.be (consulté le )
  11. (en) Fiche langue[zne]dans la base de données linguistique Ethnologue.
  12. Evans-Pritchard, E. E. Sorcellerie, oracles et magie chez les Azandé
  13. a et b Christophe Broqua, « Evans-Pritchard et « l'inversion sexuelle » chez les Azandé », Politique africaine, vol. 126, no. 2, 2012, pp. 121-137.
  14. Musée royal de l'Afrique centrale
  15. a et b Brooklyn Museum
  16. Tropenmuseum
  17. Voir de:Richard Buchta ; en:Richard Buchta et, ci-dessous, les photographies sur Commons

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Jan-Lodewijk Grootaers, A history and ethnography of modernity among the Zande (Central African Republic), University of Chicago, 1996, 2 vol. (thèse)
  • Adolphe de Calonne-Beaufaict, Azande : introduction à une ethnographie générale des bassins de l'Ubangi-Uele et de l'Aruwimi, M. Lamertin, Bruxelles, 1921, 281 p.
  • Éric de Dampierre, Une esthétique perdue : harpes et harpistes du Haut-Oubangui, École normale supérieure, Nanterre, 1995, 239 p. (ISBN 2-7288-0206-8)
  • Louis Du Couret, (Hadji-Abd-El-Hamid-Bey), Voyage au pays des Niam-Niams ou Hommes à queue, avec un portrait d'un Niam-Niam et une notice biographique sur l'auteur par Alexandre Dumas, Martinon, Paris, 1854, 104 p.
  • E. E. Evans-Pritchard, Sorcellerie, oracles et magie chez les Azandé (traduit de l'anglais par Louis Évrard), Gallimard, Paris, 1972, 642 p.
  • E. E. Evans-Pritchard, « Sexual Inversion among the Azande », American Anthropologist, vol. 72, n° 6, 1970, p. 1428-1434.
  • Claudine Huysecom-Wolter et Andrée Annaert-Bruder, L'emploi du temps du paysan Zande dans le bassin de l'Uélé en 1959-1960 : enquête de la 8e Section du CEMUBAC, de 1958 à 1961 dans le nord-est du Zaïre, Musée royal de l'Afrique centrale, Tervuren, 1980, 72 p.
  • Koen Impens, « Essai de bibliographie des Azande », in Annales Aequatoria, no 22, 2001, p. 449-514
  • Fabrice Marandola, La musique de xylophone Zandé (Centrafrique), Université Paris 4, 1993, 153 p. (mémoire de maîtrise de Musicologie)
  • Jean-Dominique Pénel, Homo caudatus : les hommes à queue d'Afrique centrale : un avatar de l'imaginaire occidental, Société d'études linguistiques et anthropologiques de France, Paris, 1982, 232 p. (ISBN 2-85297-108-9) (texte remanié d'une thèse d'Anthropologie)

Discographie[modifier | modifier le code]

Filmographie[modifier | modifier le code]

  • (de) Azande (Äquatorialafrika, Nordost-Zaire) : Termiten-Orakel, film documentaire d'Armin Prinz, IWF Wissen und Medien gGmbH, Göttingen, 1978 (tournage 1974), 4 min 08 s (DVD)
  • (de) Azande (Äquaorialafrika, Nordost-Zaire) : Gift-Orakel, ilm documentaire d'Armin Prinz, IWF Wissen und Medien gGmbH, Göttingen, 1978 (tournage 1974), 5 min 09 s (DVD)
  • (de) Herstellen von Maniokmehl und Manikfladen bei den Azande, Nordost-Zaire, film documentaire d'Armin Prinz, IWF Wissen und Medien gGmbH, Göttingen, 1989 (tournage Zaïre, 1986), 9 min 18 s (DVD)
  • (en) Strange beliefs : Sir Edward Evans-Pritchard, 1902-1973, film documentaire d'André Singer, Royal Anthropological Institute, Londres, 200X, 52 min (DVD)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]