Yoshihiko Amino

Yoshihiko Amino
Biographie
Naissance
Décès
(à 76 ans)
TokyoVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom dans la langue maternelle
網野 善彦
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Idéologie

Yoshihiko Amino (網野 善彦, Amino Yoshihiko?), né le 22 janvier 1928 dans la préfecture de Yamanashi et mort le 27 février 2004, est un historien marxiste japonais, surtout connu pour son analyse novatrice de l'histoire médiévale japonaise[1].

Bien que les travaux d'Amino aient peu été publiés en Occident, il est considéré par ses pairs comme l'un des historiens du Japon les plus importants du XXe siècle[1],[2],[3]. Certains de ses travaux sont disponibles en anglais[4].

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance et formation[modifier | modifier le code]

Amino a fait ses études supérieures à l'Université de Tokyo[5], où il a notamment suivi les cours de l'historien marxiste Ishimoda Shō (1912-1986). Il s'est aussi engagé dans les cercles historiographiques marxistes et dans le mouvement étudiant du début de l'après-guerre[5]. Après avoir obtenu son diplôme, Amino a enseigné plusieurs années dans des lycées, avant de commencer sa carrière universitaire comme professeur adjoint à l'Université de Nagoya en 1956. En 1980, il a rejoint l'Université de Kanagawa en tant qu'enseignant-chercheur, passant ainsi d'un poste principalement éducatif à une opportunité de se consacrer pleinement à la recherche. Sur place, avec son collègue, l'anthropologue Miyata Noboru (1936-2000), il dirige un séminaire interdisciplinaire au Nouvel Institut d'étude du Folklore Japonais (日本常民文化研究所), créé en 1982. Il prend sa retraite de professeur en 1998.

Carrière[modifier | modifier le code]

Amino a commencé sa carrière en étudiant les modes de vie des populations villageoises marginalisées. Se basant sur une analyse détaillée des sources primaires, il a mis en lumière une diversité remarquable de modes de vie au sein des communautés villageoises médiévales, bien loin de l'image d'un "peuple japonais" monolithique, construite par l'historiographie nationaliste. Ces recherches l'ont conduit à la conclusion que le Japon médiéval ne se caractérisait pas par une uniformité sociale et culturelle, mais plutôt par une mosaïque de sociétés distinctes, certaines ignorant même l'existence de l’Empereur. À partir de ces thèses, il entreprit une révision en profondeur de l'historiographie japonaise traditionnelle, qui prévalait dans les cercles universitaires depuis l'époque Meiji.

Il est décédé d'un cancer du poumon le 27 février 2004, à l'âge de 76 ans [3]

Historien prolifique, Amino est à l'origine d'au moins 486 productions écrites, notamment plusieurs centaines d'articles et plus de vingt livres[5]. William Johnston, professeur d'histoire à l'Université Wesleyenne, écrit qu '«une introduction complète à l'œuvre d'Amino nécessiterait probablement un livre en soi»[5].

Simultanément, Johnston écrit que

Malgré sa production prolifique et son aura au Japon, seuls une poignée d'articles et un unique livre (et celui-ci reste inédit) d'Amino ont été traduits en anglais. Comme me l'a dit un jour un éminent spécialiste du Japon moderne, tout le monde parle de Muen, kugai, raku, l'un des livres les plus importants d'Amino, mais peu de gens l'ont lu. On pourrait en dire autant d’une grande partie de son œuvre. Au moins deux raisons de cet état de fait découlent du travail d'Amino lui-même. L’une est qu’une grande partie de son ouvrage se concentre de manière très spécifique sur le Japon médiéval. L'autre est le contexte dans lequel son œuvre est lue. Beaucoup de ses essais et monographies expliquent, de manière très détaillée, les détails des types de propriété foncière, des formes de fiscalité, des relations de pouvoir locales, des changements dans les codes juridiques... et par conséquent, même au Japon, seuls les spécialistes ont un intérêt à les lire. Et même si une grande partie de ses travaux ultérieurs séduisent une large partie du public de lecteurs japonais, ça ne se vaut pas pour le grand public en dehors du Japon. Cela est particulièrement vrai pour ses travaux sur les questions concernant les origines ethniques japonaises, le tenno, la culture et la consommation du riz, la géographie et d'autres sujets... Enfin, même si une grande partie de son travail intéresserait certainement les étudiants et les spécialistes de l’histoire du Japon en dehors du Japon, le manque de traductions reste un obstacle.

Comme mentionné plus haut, un compte rendu de certaines des principales découvertes d'Amino est disponible en anglais.

Œuvres choisies[modifier | modifier le code]

Livres[modifier | modifier le code]

  • 1991 : 日本の歴史をよみなおす (Réinterprétation de l'histoire japonaise). Tokyo : Chikuma Shobo.
  • 1990 : 日本論の視座――列島の社会と国家 ( Un nouveau point de vue sur Nihon-ron : la société et l'État sur l'archipel ). Shogakkukan.
  • 1978 : 無縁・公界・楽――日本中世の自由と平和 ( Muen, Kugai, Raku : Liberté et paix dans le Japon médiéval ). Heibonsha.
  • 1966 : 中世荘園の様相 ( Conditions sur les domaines médiévaux ).

Articles[modifier | modifier le code]

  • 2007 : « Constructions japonaises médiévales de paix et de liberté : Muen, Kugai et Raku ». Revue internationale d'études asiatiques 4 (1) : 3-14.
  • 2001 : « Commerce et finance au Moyen Âge : les débuts du « capitalisme » ». Actes asiatiques 81 : 1-19.
  • 1995 : « Les Japonais et la mer ». Annales 50 (2) : 235-258. (Français)
  • 1992 : « Déconstruire le Japon » . Histoire de l'Asie de l'Est 3 : 121-142. Traduit par Gavan McCormack, pdf disponible
  • 1983 : « Quelques problèmes concernant l'histoire de la vie populaire dans le Japon médiéval ». Actes asiatiques 44 : 77-97.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b William Johnston, « From Feudal Fishing Villagers to an Archipelago's Peoples: The Historiographical Journey of Amino Yoshihiko » (consulté le )
  2. Sakurai, Eiji. "Foreword to 'Medieval Japanese Constructions of Peace and Liberty: Muen, Kugai, and Raku". International Journal of Asian Studies 4 (1). 2007
  3. a et b Souyri, Pierre F. "Yoshihiko Amino" Le Monde. Mar. 4, 2004. LeMonde.fr. Retrieved Mar. 30, 2009. http://www.lemonde.fr/cgi-bin/ACHATS/acheter.cgi?offre=ARCHIVES&type_item=ART_ARCH_30J&objet_id=842817&clef=ARC-TRK-NC_01 (French)
  4. Amino Yoshihiko, Rethinking Japanese History, translated by Alan S. Christy (Ann Arbor: Center for Japanese Studies, University of Michigan, 2012)
  5. a b c et d Johnston, « From Feudal Fishing Villagers to an Archipelago's Peoples: The Historiographical Journey of Amino Yoshihiko » (consulté le )