Yasmine Motarjemi

Yasmine Motarjemi, née en 1955 à Chiraz en Iran, est une spécialiste des toxi-infections alimentaires et lanceuse d'alerte.

Biographie[modifier | modifier le code]

Elle étudie la chimie et la biologie à l'Université Claude-Bernard à Lyon ainsi que les techniques des industries alimentaires à l'université Montpellier-II, avant de faire une thèse en technologie alimentaire à l'Université de Lund. Elle est ensuite assistante de recherche dans cette même université.[citation nécessaire]

En 1990, elle rejoint l'Organisation mondiale de la santé à Genève, où elle devient experte scientifique et directrice de la sécurité alimentaire et de l'aide alimentaire. En 1998, elle rejoint la multinationale Nestlé [1]. À partir de 2000, elle devient responsable de la sécurité alimentaire au niveau mondial et membre de la direction au siège de Vevey[2],[3].

En 2003, elle est mise au courant de deux cas de bébés qui ont failli s'étouffer avec des biscuits fabriqués en France par la multinationale de marque P'tits Biscuits. Nestlé affirme que ces cas sont isolés[4]. Elle découvre qu'une quarantaine d'autres réclamations sur le même produit n'ont pas été prises en compte[5]. Elle fait modifier la composition des biscuits[3]. En 2005, Nestlé doit retirer de la vente du lait infantile en Chine à la suite de la découverte d'excès d'iode[6].

À partir de 2006, elle demande un audit sur la toxicité des produits infantiles. En 2008, une intoxication alimentaire de grande ampleur touche 300 000 bébés en Chine, dont 13 en meurent[2]. Le directeur des produits incriminés est promu et devient son directeur hiérarchique. Celui-ci lui retire ses responsabilités pour la reléguer à des tâches subalternes[7]. En 2010, elle est licenciée pour divergence d'opinions[8]. Elle refuse l'indemnité de départ de 300 000 francs suisses censé acheter son silence[3].

En , elle dépose une plainte contre Nestlé auprès du tribunal du canton de Vaud pour harcèlement moral et psychologique. Elle réclame 2,1 millions de francs suisses (1,7 million d'euros) pour ses frais et sa perte de gain à son ex-employeur[3] et un franc symbolique pour tort moral[9]. En février 2015, elle publie une tribune Mon devoir envers la société et l'humanité dans le journal suisse L'essor pour expliquer son parcours[10]

Le procès débute en 2015[11]. Par un arrêt du 7 janvier 2020, les motifs de harcèlement moral et psychologique, l'absence de protection de sa personnalité et qu'elle a été intimidée de « manière insidieuse » sont reconnus par la cour d'appel [12],[13].

Elle fait partie de l'association le Mur des insoumis, qui soutient les lanceuses et lanceurs d'alerte[1],[2].

Elle est une des cofondatrices de l'association DEW (Defending Employees and Whistleblowers), une structure qui défend les lanceuses et lanceurs d'alerte en Suisse[14]

Récompenses[modifier | modifier le code]

En 2019, elle reçoit le prix GUE/NGL décerné par le groupe de la gauche au parlement européen pour les journalistes, les lanceuses et lanceurs d'alerte et les personnes qui défendent du droit à l'information[15].

En 2020, elle est retenue comme candidate pour le prix courage décerné par le magazine suisse Beobachter, prix qui veut honorer et promouvoir des personnalités « qui se battent sans peur et avec dévouement pour une idée - en faveur d'une Suisse ouverte, solidaire et juste »[16].

Publications[modifier | modifier le code]

  • Encyclopedia of Food Safety, Academic Press, 2013, (ISBN 978-0123786128)
  • Food Safety Management: A Practical Guide for the Food Industry, Academic Press, 2013, (ISBN 978-0123815040)

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b « Lanceuses d’alerte : ces héroïnes dont la vie bascule », sur Marie Claire (consulté le )
  2. a b et c « Yasmine Motarjemi, seule contre Nestlé », sur France Culture,
  3. a b c et d « Une ancienne de Nestlé dénonce la gestion défaillante du groupe en matière de sécurité alimentaire », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. « Une ancienne de Nestlé dénonce la gestion défaillante du groupe en matière de sécurité alimentaire », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)
  5. « Entre prison et millions, 12 destins de lanceurs d’alerte », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne)
  6. (en) « Nestle apologises for excess iodine in baby milk », sur www.abc.net.au, (consulté le )
  7. (de) « Whistleblowerin zerzaust neues Gesetz », Der Bund,‎ (ISSN 0774-6156, lire en ligne, consulté le )
  8. « Quand Nestlé refusait d’écouter l’experte de la santé des consommateurs », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
  9. « Tribunal fédéral – Nestlé recourt dans une affaire de harcèlement », 24 heures,‎ (ISSN 1424-4039, lire en ligne)
  10. « Mon devoir envers la soiété et l'humanité », L'essor,‎ (lire en ligne)
  11. « La lourde charge d’une ancienne employée contre Nestlé », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
  12. (en) « Former Nestlé food safety expert wins long-running dismissal », Financial Times,‎ (lire en ligne)
  13. « Motarjemi contre Nestlé - humanrights.ch », sur www.humanrights.ch (consulté le )
  14. Antoine Grosjean, « Solution – Les lanceurs d’alerte unissent leurs forces », sur Tribune de Genève (consulté le )
  15. (en) « GUE/NGL awards its Journalists, Whistleblowers and Defenders of the Right to Information prize », sur The Parliament Magazine,
  16. (de) Birthe Homann, « Prix Courage 2020 – Kandidatin 4: Jetzt für Yasmine Motarjemi abstimmen », sur der Beobachter,

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]