William Moulton Marston

William Moulton Marston
Description de cette image, également commentée ci-après
William Moulton Marston en 1938.
Alias
Charles Moulton
Naissance
Saugus (Massachusetts)
Décès (à 53 ans)
Rye, État de New York
Nationalité Drapeau des États-Unis États-Unis
Profession
psychologue, écrivain, scénariste, professeur d'université
Formation
Distinctions
Comic Book Hall of Fame 2006
Conjoint
Elizabeth Holloway Marston (1893-1993)
Olive Byrne (partenaire)
Descendants
Pete et Olive Ann (enfants avec Elizabeth)
Byrne et Donn (enfants avec Olive)

Compléments

Wonder Woman

William Moulton Marston, dit Charles Moulton, né le à Saugus (Massachusetts) et mort le à Rye (État de New York), est un psychologue, inventeur et écrivain américain. Féministe et scénariste de comics, il est notamment connu comme créateur de la super-héroïne Wonder Woman en 1941.

Biographie[modifier | modifier le code]

Le jeune William Moulton Marston.

Études[modifier | modifier le code]

Après un diplôme de Bachelor of Arts en 1915 et un diplôme en droit en 1918, William Moulton Marston est diplômé d'un doctorat en psychologie à l'université Harvard en 1921[1].

En 1911, commençant à étudier à Harvard, il vend des scénarios de film.

En 1915, il gagne un concours national universitaire de scénario, ce qui donne naissance au film Jack Kennard, Coward[2].

En 1916, il a pour tuteur de premier cycle le psychologue Hugo Münsterberg, qui écrit une théorie psychologique du cinéma ; notoirement anti-féministe, il inspire le Doctor Psycho (en), ennemi de Wonder Woman[3].

Vie amoureuse[modifier | modifier le code]

C'est un partisan du polyamour avec sa femme Elizabeth Holloway Marston et Olive Byrne (fille de Ethel Byrne (en) et nièce de Margaret Sanger[3]). Il a deux enfants avec Elizabeth et deux avec Olive[4].

William Moulton Marston (à droite) testant son détecteur de mensonge en 1922.

Carrière universitaire[modifier | modifier le code]

En 1922, il est le créateur du test de pression sanguine systolique, qui amena à la création du détecteur de mensonge[1].
Il use de son invention dans des procès, mais aussi dans une publicité pour les rasoirs Gillette, qui seraient « sans l'ombre d'un doute » les meilleurs[1].
Il est aussi à l'origine d'une théorie du comportement humain nommé Dispositif d'Ingénierie Socio-Cognitive, plus connu sous le nom de DISC (Dominance, Influence, Steadiness, Compliance)[5].

Il est convaincu que les femmes sont plus honnêtes et plus fiables que les hommes et peuvent travailler avec plus de rapidité et de précision ; son test de pression sanguine le conforte dans cette idée[réf. nécessaire]. Alors que les femmes n'ont pas le droit de faire partie de jurys populaires dans 31 des États américains, il mène en 1925 avec son épouse (diplômée de l'université de Boston) des expériences pour démontrer que les femmes jurées sont plus fiables que les jurés masculins.

Arrêté pour une affaire de fraude dont les accusations sont finalement abandonnées, il est renvoyé de l'université où il travaille, enchaînant ensuite plusieurs universités (université Tufts, American University ou encore université Columbia) en raison de sa vie conjugale qui fait scandale[3].

Dans le cinéma[modifier | modifier le code]

En 1926, alors qu'il comprend que sa carrière universitaire est finie, il tente de percer dans le cinéma, faisant des expériences avec Olive Byrne dans un théâtre de New York : menottant des participantes volontaires devant regarder un film afin de mesurer leur niveau d'excitation, il conclut que les brunes sont plus aisément excitées que les blondes ; son contrat universitaire à Columbia n'est après ça pas renouvelé.

En 1928, il publie Emotions of Normal People [6], livre dans lequel il affirme que beaucoup d'éléments liés aux vies affective et sexuelle et considérés comme anormaux dépendent en réalité du système nerveux. La même année, il est embauché comme psychologue par les studios Universal. Il fait des expériences, comme par exemple couper la scène finale d'un film aux spectateurs pour mesurer la frustration du public; ou mesurer la différence d'émotivité entre une blonde (Claudia Dell) et une brune (Jean Ackerman) qui regardent des scènes de films d'amour[7],[8].

En 1929, il publie avec Walter B. Pitkin, professeur à l'école de journalisme de Columbia, The Art of Sound Pictures [9], manuel d'écriture de scénarios expliquant notamment comment éviter la censure dans chaque État des États-Unis, où la législation varie. Les deux hommes créent ensuite la société de production Equitable Pictures, travaillant sur un premier film qui présenterait une femme économiquement et érotiquement indépendante, mais la crise de 1929 précipite sa fermeture[3].

À la fin des années 1930, il écrit plusieurs articles pour la revue Family Circle (en) dont un Don't laugh at the comics attire l'attention de Max Gaines. Ce dernier, après avoir inventé le format du comic book et aidé Jerry Siegel et Joe Shuster à présenter leur personnage de Superman à l'éditeur DC Comics, est devenu éditeur lui-même. Gaines engage Marston en tant que conseiller éditorial.

Wonder Woman[modifier | modifier le code]

William Moulton Marston, photographie publiée dans le New York Times, 3 mai 1947.

En 1941, Marston propose à Sheldon Mayer, responsable éditorial de All-American Publications, le concept d'une super-héroïne qui serait une « alternative à toute la violence masculine » qui se retrouve dans les comics de l'époque (et pour répondre aux critiques présentant le personnage imaginaire Superman comme un héros fasciste). Le personnage est nommé Suprema the Wonder Woman mais Mayer préfère ne garder que la seconde partie du nom, Wonder Woman[10]. Max Gaines et Jack Liebowitz directeurs de All-American Publications publient les premières aventures de l'amazone dans All Star Comics #8, dessiné par H. G. Peter, Sheldon Mayer est l'éditeur[11]. Pour créer son personnage, il s'inspire également du mouvement féministe, qui, à une époque, croyait que les Amazones avaient réellement existé ; par ailleurs, son épouse Elizabeth était elle-même féministe. Il dote le personnage d'un lasso magique forçant les captifs à dire la vérité. On peut y voir un parallèle avec le détecteur de mensonge dont il favorise la création.

En 1943, il écrit un épisode de Wonder Woman où elle finit par devenir présidente des États-Unis[3]. Cette même année, Marston, qui a du mal à tenir le rythme soutenu d'écriture imposé par le comic book et le comic strip de Wonder Woman, demande à une de ses étudiantes en psychologie Joye Hummel de l'aider. Elle accepte mais son nom n'apparaît jamais. C'est seulement en 1947, à la mort de Marston, que son travail est reconnu et qu'elle devient scénariste à part entière de la série[12].

Décès[modifier | modifier le code]

En 1947, Marston meurt d'un cancer de la peau. Sa veuve, Elizabeth Holloway Marston, tente alors de se faire embaucher par DC Comics, en vain. L'héroïne sort alors de ce côté féministe pour jouer des rôles de baby-sitter, de mannequin ou d'actrice.

En 1948, Elizabeth Holloway Marston rejoint une compagnie d'assurance et Olive Byrne une clinique[3].

Distinction[modifier | modifier le code]

Ouvrages[modifier | modifier le code]

Psychologie
  • Emotions of Normal People, 1999 - (1928), (Taylor & Francis Ltd)
  • Walter B. Pitkin & William M. Marston, The Art of Sound Pictures, 1930, New York, Appleton.
  • Integrative Psychology: A Study of Unit Response (avec C. Daly King et Elizabeth Holloway Marston), 1931
  • Venus with us; a tale of the Caesar, 1932, New York, Sears.
  • You can be popular, 1936, New York, Home Institute.
  • Try living, 1937, New York, Crowell.
  • The lie detector test, 1938, New York, Smith.
  • March on! Facing life with courage, 1941, New York, Doubleday, Doran.
  • F.F. Proctor, vaudeville pioneer (avec J. H. Feller), 1943, New York, Smith.
Articles de magazines / Journaux

Comics[modifier | modifier le code]

Autres médias[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Hanley 2014, p. 11.
  2. Jack Kennard, Coward'
  3. a b c d e et f Jill Lepore, « La chienne de garde de l'Amérique », Vanity Fair n°20, février 2015, pages 116-125 et 164.
  4. Hanley 2014, p. 12.
  5. Patrice Fabart, « Le DISC », dans Stéphanie Brouard et Fabrice Daverio, Les outils du développement personnel pour manager : Méthodes, modèles, repères, Paris, Eyrolles, (ISBN 978-2-212-54713-9), p. 55-56.
  6. Emotions of Normal People
  7. (en) « The Chicago tribune and the Daily News New York », sur Gallica, (consulté le )
  8. « Comoedia », sur Gallica, (consulté le )
  9. [archive.org/stream/artofsoundpictur00walt The Art of Sound Pictures]
  10. Hanley 2014, p. 13.
  11. Marguerite Lamb. (Fall 2001) Who Was Wonder Woman? Bostonia. Retrouvé sur l'Internet Archive le .
  12. (en) Lambiek comic shop and studio in Amsterdam, The Netherlands, « Comic creator: Joye Hummel », sur lambiek.net, (consulté le )
  13. (en) « Hall of Fame:page 7 », sur comic-con.org (consulté le ).

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Tim Hanley, Wonder Woman Unbound : The Curious History of the World's Most Famous Heroine, Chicago, Chicago Review Press, , 320 p. (ISBN 978-1-61374-909-8, lire en ligne).

Liens externes[modifier | modifier le code]