Wandji

Le wandji ou plus exactement le liwanzi[1] est une langue bantoue parlée par un peuple qui habite le Gabon, en Afrique centrale et qui se donne à lui-même le nom de Bawanzi (Muwanzi au singulier). Les appellations Awandjis, Aouandjis ou Baouandjis, qui ont cours depuis l'époque coloniale, sont erronées et doivent donc être considérées comme des abus de langage[1].

Au Gabon, les Bawanzi ont pour habitat traditionnel une zone à cheval sur les provinces du Haut-Ogooué et de l'Ogooué-Lolo au Sud-Est du pays. L'organisation sociale du peuple wanzi est fondée sur les clans et les lignages. Le lieu de résidence du chef clanique ou lignager est la "capitale" politique ou religieuse où se rassemblent les gens issus du même clan pour régler leurs affaires familiales.

Aujourd'hui, les jeunes générations tendent à délaisser le liwanzi au profit du français qui est la langue dominante au Gabon.

Histoire[modifier | modifier le code]

Médard Mouele, chercheur en linguistique, a proposé la première étude phonologique sur le liwanzi en 1990. Le même auteur poursuivra ce travail de description dans le cadre d'une thèse de doctorat[2] soutenue en 1997. À l'heure actuelle, la langue wanzi est scientifiquement documentée phonologiquement et morphologiquement.

Classification[modifier | modifier le code]

Système phonologique[modifier | modifier le code]

Les consonnes[modifier | modifier le code]

Le système phonologique du liwanzi comprend 23 phonèmes consonantiques (20 pour le parler occidental) qui s’organisent comme il suit :

    labiales dentales palatales vélaires
occlusives sourdes p t   k
  sonores b d    
fricatives sourdes (f) s    
  sonores β     ɣ
affriquée     ts    
Nasales   m n ɲ (η)
mi-nasales occlusives mb nd   ng
  fricatives (mv) nz    
sonantes   w l y  
vibrante     r    

N.B. Les consonnes entre parenthèses ne se rencontrent guère dans la système phonologique du liwanzi de Lastourville.

Chez certaines personnes, les consonnes mb et nd sont prononcées mbr et ndr, soit :

ndooti ou ndrooti rêve
kuumbu ou kuumbru nom

Par ailleurs, devant la voyelle i, les consonnes nz, s et ts sont prononcés respectivement par certains locuteurs sous forme de nj, sh et tsh. Ainsi :

poonzi ou poonji panier
muwaanzi ou muwaanji ressortissant de la communauté wanzi
musi ou mushi habitant de
kesi ou keshi colère
tsina ou tshina dessous
tsindi ou tshindi écureuil

 Les voyelles[modifier | modifier le code]

Le vocalisme du liwanzi compte 14 unités qui se présentent comme il suit :

    antérieures centrales postérieures
Fermées brèves i   u
  longues ii   uu
mi-fermées brèves e   o
  longues ee   oo
mi-ouvertes brèves ɛ   ɔ
  longues ɛ ɛ   ɔ ɔ
ouvertes brèves   a  
  longues   aa  

En liwanzi, la longueur vocalique a une valeur distinctive. Exemples :

muleli celui qui berce vs muleeli celui qui dit
iboga / uboga terrain vs ibooga / ubooga grandir
utala compter vs utaala apercevoir

Les tons[modifier | modifier le code]

La langue wanzi possède deux tons simples, soit : un ton haut (H) et un ton bas (B). Exemples :

Mot à ton haut (H) likáká La main
Mot à ton bas (B) likaká L'espèce

Ces tons simples peuvent se combiner suivant les options H + B et B + H. Les tons modulés qui en résultent sont à considérer comme des successions de tons ponctuels.

Orthographe du liwanzi[modifier | modifier le code]

Le liwanzi s’écrit en caractères latins. Son alphabet comprend 22 caractères. Le système se présente ainsi qu’il suit :

A ; B ; ; E  ; ; G ; H ; I ; K ; L ; M ; N ; O ; P ; R ; S ; T ; U ; V ; W ; Y ; Z.

A noter que :

- les lettres C, J, Q et X n’en font pas partie.

- les lettres H et Z, bien qu’attestées, ne s’emploient jamais seules :   H est toujours en combinaison avec E et N, et Z l’est seulement avec N.

Les voyelles[modifier | modifier le code]

Le liwanzi se distingue par cinq voyelles, toutes brèves et orales.

lettres prononciation contexte exemples Équivalent français
A « â » Tous likaya (feuille) tabac
 

 

E

« é » S’il y a un i, un a ou un u dans la syllabe qui suit. muyendi (voyageur)

mutema (cœur)

pesu (peu)

thé
« è » Dans les autres contextes. yende (va !)

byoole (deux)

 baie
I « i » Tous malimi (langues) midi
 

 

O

« ô » S’il y a un i, un a ou un u dans la syllabe qui suit. tsomi (premier)

bola (village)

nzoku (éléphant)

beau
« o » Dans les autres contextes. toto (terre)

kove (urne)

 bol
U « ou » Tous yulu (ciel) boubou

A. les groupes de voyelles[modifier | modifier le code]

Les diphtongues n’existent pas en liwanzi. Lorsque deux voyelles identiques sont mises en séquence, elles correspondent à un son unique dont la durée de prononciation est longue. Exemple : likiingu cou, poonzi panier, muutu être humain.

B. La semi-vocalisation[modifier | modifier le code]

Quand un mot se termine par un i, cette voyelles se transforme en semi-voyelle y lorsqu’elle entre en contact avec l’initiale vocalique du mot suivant. Exemples : 

tsindi ame devient tsindy’ame mon écureuil
mulumi a mukaasu devient mulumy’ a mukaasu le mari de la femme
nzali a bangaandu devient nzaly’a bangandu la rivière des crocodiles

C. L’élision[modifier | modifier le code]

Dans un mot, il s’agit de l’effacement d’une voyelle finale au contact de la voyelle ou de la semi-voyelle commençant le mot suivant. Les cas d’élision sont très courants en liwanzi où la voyelle élidée est marquée par l’apostrophe. A l’exception de i, toutes les autres voyelles sont susceptibles d’être élidées.

kumbu a muutu devient kumb’a muutu le nom de la personne
nzala unza devient nzal’unza envie de manger
nzela yimve devient nzel’yimve le bon chemin

Les consonnes[modifier | modifier le code]

A. Les consonnes simples[modifier | modifier le code]

lettres prononciation exemple équivalent français
B « b » bola (les enfants) beau
D « d » doole (argent) dur
F « f » feeti (fête) fer
G « gh » mugeege (cadet) gente « gens » en espagnol
K « k » kala (crabe) cou
L « l » lilimi (langue) lune
M « m » maama (maman) montagne
N « n » binunu (vieillards) noix
P « p » pala (co-épouse) papier
R « r » muraambu (piège) riche
S « ss » seti (gazelle) tesson
T « t » taata (père) tête
V « vh » muvovi (orateur) vaca « vache » en espagnol
W « w » we (tu, toi) watt
Y « y » mayele (ruse) yard

Toutes ces consonnes se prononcent de la même façon que leurs équivalents français. A noter toutefois que :

G      est toujours grasseyé comme « j » espagnol ; il n’est donc jamais dur comme le « g » français dans « gare »

R       représente un son vibrant identique au r espagnol dans « perro » ou italien dans « amore ». Il ne doit jamais être prononcé au niveau de la glotte comme en français.

S       est toujours prononcé ss comme dans « soie » ; jamais z comme dans « oiseau ».

V       est toujours prononcé comme le « v » espagnol dans « vaca » ou « volver ». On ne le prononce jamais à la française comme dans « vie » ou « avoir ».

B. Les consonnes combinées[modifier | modifier le code]

Il s’agit de digraphes (groupes de deux ou trois lettres) représentant des sons qui sont couramment employés en liwanzi et plus généralement dans les langues africaines. Ainsi :

1° les sons pré-nasalisés sont représentés par cinq (5) digraphes :

digraphes exemple
MB mbera (aigle)
MV mvi (cheveu blanc)
ND ndumi (frère pour une femme)
NG ngaanga (médecin)
NZ nzo (maison)

2° de nombreux sons labialisés ou palatalisés sont représentés par des groupes associant des consonnes ordinaires avec les lettres W ou Y. Exemples :

BW bubwe (beauté, bonté)
MW mwana (enfant)
LW balwaani (guerriers)
NGW lingwala (clochette, genre de danse)
BY byeela (nourriture)
SY syeeno (miroir)
GY gyeeni (miroir)
NY nyama (animal, viande)
TSY tsyaambu (histoire, affaire)

Note :

- NY se prononce comme gn en français dans « agneau » ou « igname ».

- TSY s’entend très souvent dans le liwanzi de Lastourville.

C. Emploi de H[modifier | modifier le code]

Lorsque la consonne H est précédé par E ou O, les combinaisons qui en résultent sont prononcés respectivement « é » et « oh ». Ce digraphe se rencontre le plus souvent en finale de certains mots. D’autre part, la combinaison NH sert à restituer la nasale vélaire ŋ que l’on entend, en anglais, dans « king » par exemple.

EH muteh mbulu (joueur de ballon), nzweh (le départ)
OH muboh (preneur), muyoh (nom d’un clan)
NH unhaana (préméditer)

Le ton ou accent de hauteur[modifier | modifier le code]

Le liwanzi, comme d’autres langues bantu, possède des tons qui sont employés pour distinguer les mots. De façon courante, il existe deux niveaux tonals dans la langue : un ton bas et un ton haut. Exemple : kàlà le passé opposable à kálá le crabe.

Les tons ne sont pas pris en compte dans l’actuelle présentation de la langue[pas clair]. Cependant, dans l’écriture usuelle, le ton haut est marqué par l’accent aigu sur la voyelle alors que le ton bas est omis.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Musibola, « Liwanzi de Moanda Langue - Language - Ndaga », sur liwanzi.blogspot.com, 13 avrili 2014 (consulté le )
  2. M. Mouele, Étude synchronique et diachronique des parlers duma (groupe bantu B.50), Lyon, Université Lyon II,

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • M. Mouele, Étude phonétique et phonologique du wanzi-est (parler bantu du groupe B.50), Lyon, Université Lumière Lyon 2 — Mémoire de DEA de Sciences du langage
  • M. Mouele, Étude synchronique et diachronique des parlers dúmá (groupe bantu B.50), Lyon, Université Lumière Lyon 2, — Thèse de doctorat

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]