Wahdat al-wujud

La notion de Wahdat al-wujud ou Unicité de l'Être (waḥda al-wujūd, وحدة الوجود en arabe) est, dans le soufisme, l'affirmation qu'il n'y a que Dieu qui est (« Al hayyou-l-Quayyoum »), c'est-à-dire qui est par Lui-même, sans antécédent, de manière absolue. La création, quant à elle, est qualifiée de Mujud, c'est-à-dire qu'elle n'est que par la volonté de l'Être suprême.

Hypothèse philosophique[modifier | modifier le code]

Souâd Ayada, dans son ouvrage L'islam des théophanies, soutient que la wahdat al-wujud est une « hypothèse philosophique rendue nécessaire par l'impossibilité de concevoir la moindre existence en dehors de l'existence absolue ». Elle veut montrer que cette hypothèse n'est ni un monisme, ni un panthéisme arabe, parce qu'elle ne supprime pas en réalité la « pluralité irréductible des existants »[1].

Louis Massignon, relève Ayada, s'est intéressé de près à cette notion chez Ibn Arabi. Il la qualifie de « monisme existentiel »[1]. Il lui oppose cependant l'anti-philosophie de Mansur al-Hallaj. Son argument est que la wahdat al-wujud est une tentative d'abolir ce qui sépare la créature de son Créateur, rejoignant en fait une forme de panthéisme. Chez Hallaj au contraire, « nulle trace de platonisme, nulle survivance de schèmes émanatistes d'inspiration néoplatonicienne » selon Massignon[2].

Histoire de la notion[modifier | modifier le code]

Origine[modifier | modifier le code]

L'un des dogmes fondamentaux de l'islam est le Tawhid, le dogme du Dieu unique ou monothéisme (Coran 59, 22 par exemple). La réflexion sur cette idée d'unité a mené certains théologiens à l'interpréter en termes d'unicité de l'être.

La notion de l'unicité de l'Être a été abordée un demi-siècle avant Ibn Arabi par Al-Ghazâlî, dans son ouvrage Michkat Al-anwar, traduit par Roger Deladrière sous le titre Le Tabernacle des lumières. Cette notion a été systématisée par Sadr al-Dîn al-Qûnawî, selon l'enseignement de son maître et beau-père Ibn Arabi[3].

Awahad al-dîn Balyânî, au XIIIe siècle, a écrit une épître sur l'Unicité absolue qui fut un temps attribuée à Ibn Arabi. Elle a été traduite par Ivan Aguéli en 1911, puis par Michel Chodkiewicz qui a montré que le soufi andalou n'en était pas l'auteur, dans son édition du texte en 1982.

La doctrine de l'unicité de l'être est d'inspiration néoplatonicienne, et est une interprétation islamique de la doctrine de l'Un, selon Ian Richard Netton, spécialiste de philosophie islamique. Ce dernier affirme que les vues des néoplatoniciens musulmans (Al-Kindi, Al-Fârâbî, Ibn Sina) « are later developed (or metamorphosed) by later thinkers into an emanative hierarchy of lights, as with Shihab al-Din al-Suhrawardi, or the doctrine of the Unity of Being espoused by Ibn al-'Arabi »[4].

L'un de ses adversaires a été Ibn Taymiyya[réf. nécessaire].

Successeurs tardifs[modifier | modifier le code]

Au XVIIe siècle, Molla Sadra Shirazi approfondit la notion et la réinterprète[5].

Ahmad ibn Ajiba, auteur du XVIIIe siècle, est l'auteur de Deux traités sur l'Unicité de l'existence.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Traités anciens[modifier | modifier le code]

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Études[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]