Violette Nozière (film)

Violette Nozière

Réalisation Claude Chabrol
Scénario Odile Barski
Hervé Bromberger
Frédéric Grendel
Acteurs principaux
Sociétés de production Filmel-FR3 Cinéma (Paris)
Cinévidéo (Montréal)
Pays de production Drapeau de la France France
Drapeau du Canada Canada
Genre Drame, bopic
Durée 124 minutes
Sortie 1978

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Violette Nozière est un film franco-québécois, réalisé par Claude Chabrol, sorti en 1978.

Synopsis[modifier | modifier le code]

Le film est inspiré de l’histoire réelle de Violette Nozière qui défraya la chronique judiciaire et criminelle en 1933 et 1934. Au cours des années 1930, Violette Nozière est une adolescente qui se prostitue en secret. Ses parents, Baptiste et Germaine Nozière, chez qui elle vit, ne remarquent rien. En révolte contre leur mode de vie et leur mentalité étriqués, elle tombe amoureuse d’un jeune panier-percé, Jean Dabin, qu’elle fait pratiquement vivre grâce à de petits vols chez ses parents ainsi qu’avec le bénéfice issu de la prostitution occasionnelle.

Pendant ce temps, ses parents sont informés par le médecin de Violette qu’elle a la syphilis. Violette réussit à convaincre plus ou moins sa mère, tout de même méfiante, et son père, plus indulgent, que d’une manière ou d’une autre, c’est d’eux qu’elle a hérité la maladie. Grâce à ce prétexte, elle arrive à leur faire prendre un médicament qui est en fait du poison. Son père meurt mais sa mère en réchappe, et Violette se voit arrêtée et accusée du meurtre. Lors de son procès, elle avoue que son père l'agressait sexuellement pendant son enfance. Mais du fait du poids du patriarcat de l'époque (les femmes n'ont pas de droit de vote et elles sont considérées comme mineures, soumises à l'autorité du père ou du mari), son aveu des viols répétés par son père n'est pas pris en compte, et elle sera convaincue d’empoisonnement et parricide. Violette Nozière est ainsi condamnée à la peine de mort. Mais à la fin du long-métrage une voix off, Claude Chabrol, nous fait savoir[note 1] :

« Condamnée à mort le 13 octobre 1934, Violette Nozière fut graciée le 24 décembre par le président Albert Lebrun et sa peine commuée en travaux forcés à perpétuité. À la suite de sa conduite exemplaire en prison, le maréchal Pétain ramène sa condamnation à douze ans. Résolue à prendre le voile dès l'expiration de sa peine, libérée le 29 août 1945, puis graciée le 1er septembre par le général de Gaulle qui signe en sa faveur un décret annulant les vingt-cinq ans d'interdiction de séjour auxquels elle était condamnée, Violette Nozière épouse finalement le fils du greffier comptable de la prison, qui lui donnera cinq enfants. Ils ouvriront un commerce. En 1963, peu avant sa mort, la Cour de Rouen, fait unique dans l'histoire de la justice française s'agissant d'un condamné à mort de droit commun, prononce sa réhabilitation. »

Fiche technique[modifier | modifier le code]

Distribution[modifier | modifier le code]

Musique[modifier | modifier le code]

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Distinctions[modifier | modifier le code]

Genèse du film[modifier | modifier le code]

Claude Chabrol connaissait « l'affaire Violette Nozière », mais c'est Pierre Brasseur qui lui parla sérieusement de réaliser un film sur ce personnage fascinant[6].

Violette Nozière a laissé son empreinte, propre à émouvoir et passionner Pierre Brasseur. Ce qui ne pouvait pas laisser indifférent Claude Chabrol qui s'intéresse aux faits divers. Pour le cinéaste, le fait divers assure une authenticité, une crédibilité aux personnages et une bonne base pour un film.

Les enfants de Violette Nozière ne souhaitaient pas un film sur l'histoire de leur mère. Leur autorisation était nécessaire pour que ce film vît le jour. Claude Chabrol a dissipé toute inquiétude et réussi à convaincre les enfants, sur le bien-fondé de son entreprise[7].

L'impression qui se dégage de ce film, est celle de la compassion pour Violette. Isabelle Huppert donne son sentiment au sujet de Violette Nozière : « L'horreur de son acte n'a d'égal que sa souffrance »[8].

Le réalisateur souhaitait Isabelle Huppert pour jouer le rôle de Violette et Jean Carmet pour interpréter celui de son père. Nous retrouvons précédemment ces deux acteurs dans le film Dupont Lajoie, d'Yves Boisset, où Jean Carmet violait Isabelle Huppert. Claude Chabrol reconnaît avoir choisi ses acteurs en référence à ce film, ce qui lui permettait de suggérer dans l'inconscient du public, la relation incestueuse, même s'il ne croit pas à la version de Violette[note 2].

Claude Chabrol par son utilisation brusque de flash-backs, fait qu'on ne sait pas au juste, si c'est un mensonge pur et simple de Violette ou s'il s'agit de la vérité, conservant ainsi toute l'ambiguïté des personnages[8].

Ce film sur fond d'étude sociale est aussi un réquisitoire contre la peine de mort.

Succès du film[modifier | modifier le code]

Le succès du film a été immédiat, avec plus d'un million d'entrées dans les salles de cinéma. Claude Chabrol cultive la légende et en cela, succède aux surréalistes. L'écrivain Bernard Hautecloque[9] explique que « dans bien des esprits, Violette Nozière a désormais les traits de la comédienne Isabelle Huppert, avec laquelle pourtant, elle n'avait physiquement rien en commun ». Avec ce film, le nom de Violette Nozière connaît de nouveau un formidable retentissement. Depuis près de huit décennies, Violette Nozière, « l'Ange Noir », continue d'inspirer et de fasciner.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • François de la Bretèque, « L'affreux nœud de serpent des liens du sang : Violette Nozière », Les Cahiers de la Cinémathèque, Institut Jean-Vigo, no 58 « les grandes affaires criminelles françaises »,‎ , p. 78-82 (ISSN 0764-8499).

Documentaires[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Base de données[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Le réalisateur Claude Chabrol, commet trois erreurs dans son commentaire :
    - La condamnation à mort est prononcée le vendredi et non le .
    - La grâce présidentielle du général de Gaulle est signée le et non le 1er septembre. Consulter : « Ministère de la Justice : décrets de grâce et d'amnistie », sur Archives nationales.
    - L'interdiction de séjour de Violette Nozière était de vingt ans et non de vingt-cinq ans.
  2. Le chroniqueur et producteur Maurice Leroux reçoit le réalisateur Claude Chabrol et la comédienne Isabelle Huppert au cours de son émission sur le festival international du film, le 19 mai 1978 (France 3 Régions Marseille). Claude Chabrol explique pourquoi il s'arrête à la moitié de la vie de Violette Nozière, son choix concernant Jean Carmet dans le rôle du père, la question de l'inceste, les trois grâces présidentielles et la réhabilitation. Isabelle Huppert évoque son personnage et le compare à celui de La Dentellière. Elle donne également son avis sur Violette Nozière.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Jean-Marie Fitère, Violette Nozière, Paris, Presses de la Cité, , 222 p. (ISBN 2-258-00423-3)
  2. Aurore Paquiss est le pseudonyme d’actrice de Aurore Pajot. Elle était l’épouse de François Maistre. En 1983, Aurore Pajot épouse Claude Chabrol, qui venait de divorcer de Stéphane Audran.
  3. Se reporter à la fiche technique du film sur le site : Allociné, « Violette Nozière »
  4. « Violette Nozière : Visas et Classification », sur CNC (consulté le ).
  5. Dominique Zardi a également écrit la chanson du film : Les Fauvettes.
  6. Interview de Claude Chabrol sur son film : « Violette Nozière »
  7. Consulter à ce propos, le site d'Isabelle Huppert.
  8. a et b Entretien télévisé du 19 mai 1978 : Claude Chabrol et Isabelle Huppert à propos du film Violette Nozière.
  9. Bernard Hautecloque, Violette Nozière, la célèbre empoisonneuse des années trente, Éditions Normant,