Valery Tarsis

Valery Tarsis
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Université d'État de Rostov (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Valery Yakovlevich Tarsis (en ukrainien : Валерій Яковлевич Тарсіс, en russe : Вале́рий Я́ковлевич Та́рсис), né le à Kiev (Empire russe, aujourd'hui Kyïv, en Ukraine) et mort le à Berne (Suisse), est un écrivain, critique littéraire et traducteur soviétique et ukrainien. Après avoir fait partie du Parti communiste de l'Union soviétique, il devient un opposant du régime communiste.

Biographie[modifier | modifier le code]

Valery Tarsis naît à Kiev en 1906 et devient diplômé de l'Université d'État de Rostov en 1929[1]:65

Il traduit trente-quatre livres en russe[2]:193

Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est grièvement blessé à deux reprises.

Dans sa jeunesse, il rejoint le Parti communiste de l'URSS mais il perd ses illusions dans les années 1930. Il rompt officiellement avec le parti en 1960[1]:65 En 1966, il affirme que son objectif en écrivant est de "lutter contre le communisme"[3]. Il parvient à faire sortir ses textes à l'étranger afin d'échapper à la censure du régime[4].

La parution à l'étranger en 1962 de son roman satirique The Bluebottle dans lequel il critique la bureaucratisation et l'absurdité du système communiste provoque son internement pendant huit mois dans un hôpital psychiatrique[5]. Il décrit son internement dans son roman autobiographique Salle 7 : "All around him were faces exposed by sleep or distorted by nightmares ... it is always hard to be the only one awake, and it is almost unbearable to stand the third watch of the world in a madhouse..."[6]

Salle 7 (en référence à Salle 6 de Tchékov) critique l'utilisation de la psychiatrie pour réprimer la dissidence[7]. Il s'agit d'un des premiers livres littéraires qui évoque les abus politiques de la psychiatrie en URSS[8]:208. Tarsis laisse entendre que ce sont les docteurs qui sont fous tandis que les patients sont parfaitement sains d'esprit bien qu'inadaptés à la vie d'esclaves[8]:208. L'hôpital est décrit comme une prison et les médecins comme des geôliers et comme des policiers qui espionnent[8]:208. La plupart des médecins n'y connaissent rien à la psychiatrie et font des diagnostics arbitraires donnant à tous les patients le même médicament[8]:208. Tarsis dénonce la psychiatrie soviétique en tant que pseudo-science et charlatanisme[8]:208.

En 1966, Tarsis obtient l'autorisation d'émigrer à l'Ouest et il est bientôt déchu de sa nationalité soviétique[9]. Il est maître de conférences à l'Université de Leicester[10] et au Gettysburg College[3],[11].

Le KGB avait l'intention de compromettre sa carrière littéraire à l'étranger en diffusant des rumeurs sur son état mental[12]:279. Un mémorandum daté de 1966 adressé au Politburo du Parti communiste de l'Union soviétique confirme que le "KGB continue l'opération pour compromettre Tarsis à l'étranger en tant que personne malade mentale"[13],[14]. Il s'installe à Berne (Suisse) où il meurt le à l'âge de 76 ans d'une crise cardiaque[15]

Citation[modifier | modifier le code]

Dans le roman The bluebottle, un écrivain est affecté de façon forcée au ministère du logement et son supérieur lui explique ainsi sa position :

« Vous êtes la forme inférieure de l’existence. Vous devez recueillir les documents habituels des postulants. Rosalia Grib, l’inspectrice est votre supérieure. Vous êtes tous les deux contrôlés à votre tour par le conseiller juridique. Vous êtes tous contrôlés par moi et mes deux assistants. Je suis moi-même contrôlé, disait-il en comptant avec les doigts, par l’inspecteur de district (un), l’inspecteur du comité de district du Parti (deux), le suppléant du soviet du district, Ivan Soloviey (trois), le président lui-même (quatre) et enfin de nombreux fonctionnaires de l’administration du logement à Moscou, du soviet de la ville de Moscou, de la commission d’Etat de contrôle et d’une commission du soviet suprême... et ainsi de suite, sans fin. » - The bluebottle

Œuvres[modifier | modifier le code]

  • The Bluebottle (1962)
  • Salle 7. La perspective des fous (1965)
  • The Pleasure Factory (1967)
  • The Gay life (1968)

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Bloch, Sidney et Reddaway, Peter, Russia's political hospitals : The abuse of psychiatry in the Soviet Union, Victor Gollancz Ltd, (ISBN 0-575-02318-X), p. 65
  2. (ru) Artyomova, A.; Slavinsky, M.; Rar, L. [А. Артёмова, М. Славинский, Л. Рар], Казнимые сумасшествием: Сборник документальных материалов о психиатрических преследованиях инакомыслящих в СССР [« The executed by madness: a collection of documentary materials about psychiatric persecutions of dissenters in the USSR »], Frankfurt am Main, Посев [Seeding],‎ (lire en ligne), p. 193
  3. a et b « Students to hear Russian on Wednesday », The Gettysburg Times,‎ (lire en ligne)
  4. « Alive now, says Russian novelist », The Tuscaloosa News,‎ (lire en ligne)
  5. Szasz, Thomas, Ideology and Insanity : Essays on the Psychiatric Dehumanization of Man, Syracuse University Press, , 30 (ISBN 978-0-8156-0256-9, lire en ligne Inscription nécessaire)
  6. Tarsis, Valeriy (Trans. Katya Brown, 1965), Ward 7 : An Autobiographical Novel, London & Glasgow, Collins and Harvill Press,
  7. Belkin, Gary, « Writing about their science: American interest in Soviet psychiatry during the post-Stalin Cold War », Perspectives in Biology and Medicine, vol. 43, no 1,‎ , p. 31–46 (PMID 10701220, DOI 10.1353/pbm.1999.0041)
  8. a b c d et e (en) Marsh, Rosalind, Soviet fiction since Stalin : science, politics and literature, London ; Sydney, Croom Helm, , 208 p. (ISBN 0-7099-1776-7, lire en ligne)
  9. (en) Voren, Robert van, Cold War in psychiatry : human factors, secret actors, Amsterdam—New York, Rodopi, , 512 p. (ISBN 978-90-420-3046-6 et 90-420-3046-1, lire en ligne), p. 140
  10. « Tarsis amenable to Canadian visit », The Montreal Gazette,‎ (lire en ligne)
  11. « Soviet critic draws crowd », The Gettysburg Times,‎ (lire en ligne)
  12. Pietikäinen, Petteri, Madness : A History, Routledge, , 346 p. (ISBN 978-1-317-48444-8 et 1-317-48444-4, lire en ligne), p. 279
  13. (ru) « Смотрели за каждым… "Палата № 7" » [« They watched anyone… "Ward 7" »], Вопросы литературы [Questions of Literature], no 2,‎ (lire en ligne)
  14. (ru) « О мерах в связи с антисоветскими материалами в английской печати (Тарсиса): Решение Президиума ЦК КПСС № 238/132 от 8 апреля 1966 по записке Николая Степановича Захарова и Романа Андреевича Руденко от 14 февраля 1966 и записке Андрея Андреевича Громыко от 5 апреля 1966] » [« On measures in connection with anti-Soviet materials (by Tarsis) in the British press: The resolution by the Presidium of the Central Committee of the Communist Party of the Soviet Union No. 238/132 of 8 April 1966 in response to the note by Nikolai Zakharov and Roman Roudenko of 14 February 1966 and in response to the note by Andrei Gromyko of 5 April 1966 »], Soviet Archives, collected by Vladimir Bukovsky,‎
  15. « Valery Tarsis is dead; Soviet emigre novelist », The New York Times,‎ (lire en ligne)

Liens externes[modifier | modifier le code]